LDLC veut passer 1.000 salariés à la semaine de quatre jours

LDLC veut passer 1.000 salariés à la semaine de quatre jours

Laurent de la Clergerie, président du vendeur en ligne de matériel informatique, a surpris ce mercredi en annonçant la baisse du temps de travail, à l'heure où certains reparlent des 39 heures. Pour lui, il faut travailler moins pour travailler mieux.

Le patron de l'enseigne prévoit 600 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, contre 494 l'année dernière, et de doubler son Ebitda à 33 millions d'euros.Le patron de l'enseigne prévoit 600 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, contre 494 l'année dernière, et de doubler son Ebitda à 33 millions d'euros.
Le patron de l'enseigne prévoit 600 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, contre 494 l'année dernière, et de doubler son Ebitda à 33 millions d'euros. (Sebastien ORTOLA/REA)
Publié le 1 juil. 2020 à 13h13

La semaine de quatre jours ? « Je ne sais pas si la Bourse va aimer », glisse Laurent de la Clergerie, président du groupe LDLC côté sur Euronext Growth. Il vient d'annoncer le passage aux 32 heures en 2021 pour ses 1.000 salariés. Culotté, quand certains lorgnent un retour aux 39 heures pour surmonter la crise .

Le patron lyonnais du leader français du e-commerce informatique précise : « Mon projet, c'est la semaine de quatre jours, pas les 32 heures, qui en sont la conséquence ». Il y songeait depuis un an, après avoir lu des retours d'expérience positifs sur un test mené par Microsoft au Japon. L'annonce aurait du avoir lieu le 22 mars, si la Covid-19 ne l'avait pas retardée. A la clef, « quelques dizaines d'embauches » pour combler les trous à la logistique, la relation clientèle, en boutique. « Avec un jour en moins, ça créera forcément des problèmes de planning », concède le dirigeant. 

Managers inquiets

Il est persuadé du bien-fondé de la démarche pour la productivité : « On améliore le confort de vie des employés, et donc leur efficacité les quatre jours restants, pour le bénéfice de l'entreprise. C'est gagnant-gagnant ». Laurent de la Clergerie, « très soucieux du bien-être au travail », avait déjà inauguré un nouveau siège en 2017, au dernier cri des nouvelles tendance, avec terrasses, jardin, salle de sport, terrain de pétanque, salle de réunion thématisées Pac-Mac Mario ou Zelda, escaliers à l'ambiance tropicale, toit végétalisé et espaces pour flâner sans mauvaise conscience. « Mais le cadre, ça ne suffit pas ».

Les salariés sont ravis, les managers inquiets. « Ils me traitent de fou. Ils se demandent comment ils vont gérer leurs équipes ». Pour lui, ce sont les mêmes réticences, infondées, que pour le télétravail : « On en a parlé il y a 18 mois, les cadres étaient hostiles, craignant les tire-aux-flancs, les profiteurs. Mais le travail à distance finalement imposé par le confinement a montré que ça fonctionnait parfaitement ».

Boule de neige

Le pari est osé. Mais LDLC se porte bien, après un passage à vide en 2019. La crise lui a profité . Le président prévoit 600 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2020, contre 494 l'année dernière, et de doubler son Ebitda à 33 millions d'euros. Et ce malgré un trimestre à quatre jours, son exercice comptable courant d'avril à avril. Au point qu'il envisage même une augmentation des salaires, de 2 %.

« Si mon initiative peut servir de modèle, créer un effet boule de neige, tant mieux, mais ca n'est pas forcément le bon format pour tout le monde », dit prudemment Laurent de la Clergerie, conscient des réactions virulentes à son annonce. « Ca s'applique à notre organisation. Mais je me souviens du passage aux 35 heures. On était cinq chez LDLC à l'époque, j'ai pensé que c'était n'importe quoi ».

Il reste persuadé que « les quatre jours seraient bénéfiques à long terme pour les entreprises », même celles affectées par la crise. « Ca pourrait leur donner de l'énergie pour repartir, si la situation n'est pas encore irrémédiable. En tout cas, que ça ne peut pas leur faire de mal ».

Léa Delpont (Correspondante à Lyon)


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