Notre-Dame de Paris : pourquoi la charpente doit renaître en bois et à l’identique

VIDÉO. Notre-Dame de Paris : pourquoi la charpente doit renaître en bois et à l’identique

Selon les Charpentiers sans frontières, en Normandie, la reconstruction de la « forêt » de la cathédrale serait plus économique, plus écologique… et surtout plus rapide. Démonstration.

Une nouvelle charpente en bois pour Notre-Dame en moins d'un an? A cheval sur leurs poutres sculptées avec de petites haches, des charpentiers assurent avoir démontré en Normandie que la « forêt » de Notre-Dame de Paris pouvait être reconstruite à l'identique à l'ancienne dans un délai raisonnable.

« En moins d'une semaine, avec 25 charpentiers nous avons réalisé entièrement l'une des 25 fermes (structures triangulaires de 10 mètres de haut pour 14 de large) de la nef de Notre-Dame telle qu'elle était avant l'incendie. Ça dissipe la désinformation ! », s'enthousiasme François Calame, ethnologue au ministère de la Culture et fondateur de Charpentiers sans frontières.

L'association est à l'origine de ce chantier installé dans le bois d'un château à Ermenouville (Seine-Maritime) et financé par l'interprofession France Bois Forêt (20 000 €).

Derrière lui, les artisans, tous bénévoles, parachèvent l'équarrissage de poutres à coups de doloires (petite hache) alors que monte une odeur de copeaux.

« C'est une démonstration que les méthodes traditionnelles de travail du bois consomment très peu de bois et que ça va très vite », renchérit Frédéric Epaud, chercheur au CNRS. Au passage, « cela redonne du sens au métier de charpentier », ajoute-t-il.

Une nouvelle charpente en 5 à 8 mois

Alors que l'Élysée vise une restauration de Notre-Dame d'ici à avril 2024, la charpente pourrait être reconstruite « strictement à l'identique », « en cinq à huit mois », affirme l'universitaire chargé du suivi scientifique de ce chantier.

Pour fabriquer la ferme de trois tonnes, les charpentiers ont utilisé moins de bois que prévu : huit arbres de 30 à 40 cm de diamètre soit de 80 à 120 ans d'âge, affirme M. Epaud. Pour l'ensemble de la charpente, il faudrait un millier de chênes, « une goutte d'eau dans l'océan » du gros million que compte la France, souligne-t-il.

Pour quel coût au final ? « Les questions d'argent ne sont pas un problème » dans ce dossier, répond M. Calame.

« C'est très économique », et écologique, renchérit M. Epaud. Si les promesses sont tenues, le bois serait donné. Et les grumes pourraient directement arriver au pied de Notre-Dame par la Seine et être travaillées au pied du monument, au lieu de transiter par une scierie, suggère-t-il.

Une structure plus résistante

Surtout, « on fait de meilleurs ouvrages. On a vu que ces charpentes peuvent durer huit siècles », poursuit le chercheur, soulignant que le bois est travaillé vert sans temps de séchage.

« C'est du boulot et c'est plus lent (qu'une scie, NDLR) mais le résultat que vous obtenez quand vous pouvez suivre la fibre naturelle de l'arbre est tellement meilleur. Vous obtenez une structure plus résistante », explique Mike Dennis, un des charpentiers du chantier, un Britannique de 39 ans.

A la main, on choisit son arbre en forêt en fonction des besoins plutôt que de téléphoner à la scierie, « on peut travailler des courbes, des poutres de 20 mètres de long, et c'est beaucoup plus sympa au toucher », renchérit Léonard Rousseau, responsable de l'équarrissage. « On repère des défauts qui permettent d'éliminer une pièce » ou de modifier son usage, ajoute à ses côtés Pierre Cabreolier, 36 ans.

Resterait à trouver une entreprise prête à former ses salariés à ces techniques quasi disparues. Charpentiers sans frontière promet de transmettre ses compétences en « quelques semaines ».

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