Renault annonce une perte nette record de 7,3 milliards d’euros au premier semestre

Renault annonce une perte nette record de 7,3 milliards d’euros au premier semestre Le constructeur automobile français subit la perte nette la plus lourde de son histoire, plombé par son partenaire japonais Nissan et la crise sanitaire. Par Jean-Michel Normand Publié aujourd’hui à 08h11, mis à jour à 10h51 Temps deLecture 4 min. Partage Partager sur Facebook Envoyer par e-mail Partager sur Messenger Plus d’options Même les plus pessimistes des prévisions n’avaient osé anticiper pareille déconvenue. Au terme du premier semestre, le groupe Renault a accumulé une perte nette de 7,3 milliards d’euros. Jamais dans son histoire, le constructeur n’avait enregistré un résultat aussi catastrophique. Certes, l’impact de la crise engendrée par la situation sanitaire mondiale – le manque à gagner imputable au Covid-19 est évalué à 1,8 milliard d’euros – mais aussi la contribution négative de son partenaire Nissan, qui atteint 4,8 milliards d’euros, ont fortement contribué à plomber les comptes de ce semestre catastrophique. Or, même si l’entreprise fait valoir que « la crise sanitaire et les résultats des entreprises associées expliquent l’essentiel de la perte », ses propres fondamentaux apparaissent très fragilisés. En s’adressant, jeudi 30 juillet aux analystes financiers, Luca De Meo a estimé que ces résultats sonnaient comme « un signal d’alerte préoccupant ». « Je suis convaincu que nous avons touché le point bas d’une phase négative qui a commencé il y a plusieurs années, a assuré le nouveau directeur général de Renault, en poste depuis le début de juillet. Nous savons ce qu’il faut faire pour en sortir : passer d’une approche fondée sur les volumes à une autre vision, fondée sur la création de valeur », a-t-il plaidé, convaincu que si « la situation est sans précédent, elle n’est pas sans appel ». Signe que l’heure est grave, le groupe renonce à se prononcer sur l’ensemble des pertes qui pourraient solder l’exercice 2020 Pour la marque au losange, la situation se dégrade à une vitesse préoccupante. « La crise sanitaire que nous vivons actuellement a fortement impacté les résultats du groupe sur le premier semestre et est venue s’ajouter à nos difficultés préexistantes », a résumé la directrice générale adjointe, Clotilde Delbos. Au premier semestre 2019, Renault affichait un bénéfice net de 790 millions d’euros, mais l’année s’était achevée sur une perte de 141 millions d’euros, la première depuis dix ans. Cette fois, le résultat négatif dépasse 7 milliards pour le seul premier semestre. Signe que l’heure est grave et que le pire peut-être encore à venir, le groupe renonce, « compte tenu des incertitudes qui pèsent sur la situation sanitaire, aussi bien pour l’Europe que pour les marchés émergents », à se prononcer sur l’ensemble des pertes qui pourraient solder l’exercice 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Luca de Meo, le dernier espoir de Renault Plombé par Nissan Tous les signaux sont au rouge. Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires a reculé de 34,3 %, à 18,4 milliards d’euros et la marge opérationnelle, positive de 1,7 milliard au premier semestre 2019, devient fortement négative (à − 1,2 milliard). A travers ses comptes semestriels, Renault passe en revue les vents contraires qu’il lui faut affronter. La crise sanitaire, qui lui a coûté 1,8 milliard, les dépréciations d’actifs (445 millions d’euros) qui prennent en compte la révision à la baisse de ses ventes mais aussi 153 millions d’euros de moins-value liée à la cession des parts de Renault dans sa filiale Dongfeng Motor Corporation. Le résultat de la brutale réduction de voilure décidée sur le marché chinois, où ne seront plus produits que des véhicules électriques et utilitaires. Après avoir largement bénéficié de la « rente Nissan », au temps où son partenaire japonais – dont il détient 43 % du capital – lui assurait de généreuses rentrées financières, le constructeur subit le contrecoup du plongeon des ventes mondiales de son allié qui ont diminué de moitié en un an. Nissan vient d’annoncer une perte de 5,4 milliards d’euros sur l’exercice 2020-2021, comparable à celle enregistrée l’année précédente. Sa contribution négative représente les deux tiers des pertes enregistrées au second semestre par Renault. Vaste plan de reconquête Au milieu de ces mauvaises nouvelles – qui tranchent avec la relative sérénité dont fait preuve son alter ego français PSA, qui est parvenu à dégager un bénéfice net de 595 millions d’euros au premier semestre –, Renault met en exergue quelques signaux encourageants. Le communiqué publié jeudi se félicite du « haut niveau du carnet de commandes au 30 juin 2020 » et évoque la hausse de près de 50 % des ventes de Zoé, son véhicule électrique fétiche. Le groupe assure également être en ligne avec les objectifs de réduction des émissions de CO2 imposés par l’Union européenne grâce à sa nouvelle technologie hybride E-Tech et l’arrivée de la nouvelle plate-forme destinée aux modèles électriques de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi. Par ailleurs, la convention d’ouverture de crédit de 5 milliards d’euros bénéficiant de la garantie de l’Etat français a contribué à sécuriser les réserves de liquidités de l’activité automobile qui s’élèvent à 16,8 milliards d’euros. Lire aussi PSA reste bénéficiaire, malgré la pandémie et la crise économique Le groupe, qui compte réduire ses coûts fixes de 600 millions d’euros dès cette année et procéder, d’ici à 2023, à 15 000 suppressions d’emplois dans le monde (dont 4 600 en France), détaillera, en janvier 2021, un vaste plan de reconquête qui s’étalera sur une demi-douzaine d’années. Il s’agira de tourner la page de l’ère Ghosn, qui, selon les nouveaux dirigeants, privilégiait les parts de marché au détriment de la rentabilité, et a conduit à surdimensionner un appareil industriel aujourd’hui surcapacitaire. La gamme Renault devrait être réduite et se concentrer sur les segments les plus profitables et un effort particulier sera consenti pour développer Dacia. Malgré le faible rythme de renouvellement de sa gamme, le constructeur roumain low cost, dont les résultats n’apparaissent pas dans les comptes du groupe Renault, continue de s’imposer comme l’une de ses rares sources de rentabilité. Lire l’entretien : Jean-Dominique Senard : « Il s’agit de la survie de Renault » Renault n’est pas le seul géant de l’automobile à devoir faire avec des situations comptables dégradées. Jeudi, le groupe Volkswagen a annoncé une perte avant impôts de 1,4 milliard d’euros au premier semestre engendrée par un recul de 23 % de son chiffre d’affaires imputable, selon le constructeur, à la pandémie liée au coronavirus. Pour autant, le groupe allemand n’envisage pas une cure d’austérité aussi sévère que son homologue français. Ni engager une introspection aussi poussée sur la validité de son modèle économique. Jean-Michel Normand Contribuer

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Comment Le Creusot, berceau industriel ravagé, a su rebondir,

**Gilets Jaunes** pourquoi le **bleu**Macron entre dans la zone rouge?

Le chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, pourrait avoir été tué par l'armée russe?