LES MYSTERES DE LA VIE , Ali GADARI, tiré d'un recueil de nouvelles


 


 

            J’ai toujours aimé les mystères de la vie, je suis passionné par la naissance d’une marguerite dans un champ, la naissance d’un petit veau, d’un oisillon. Je suis passionné par les mystères de l’univers immense, tellement inconnu. Je sais que quelque part la vie existe, pas forcément à notre image, mais elle existe, un grand savant a fait remarquer que cet univers est tellement immense qu’il est impossible que la vie n’existe pas ailleurs ! J’y crois. J’y crois tellement fort pour affirmer que des civilisations bien supérieures à la notre viendront un jour nous visiter et nous guider vers un monde meilleur. Un monde où l’on respectera la nature, ou l’on ne coupera plus les arbres, ou les animaux auront retrouvé tous leurs droits, ou les hommes seront fraternels. Je rêve dites-vous, le rêve est une réalité floutée, mais une réalité. Ceux qui ne rêvent pas sont déjà morts, le cœur meurtri par mille blessures non réparées.

            Je ne rêve pas quand le printemps arrive et couvre la planète de milliards de fleurs multicolores, du blanc au rouge vermeille. Pourquoi dénier à ceux qui croient, le droit de rêver au paradis, de retrouver leurs parents. Certains me traitent de fou, les fous ont souvent raison dans leur génie, Mozart, Bizet entre tous ceux géniaux qui ont marqués les siècles, et le sublimissime Léonard de Vinci et Courbet, Monet, Picasso et tellement d’autres comme en musique. Ils étaient fous aussi les Victor Hugo, Lamartine, Verlaine, Rimbaud, La Fontaine, non, non, arrêtez, je ne me compare pas à tous ces fous géniaux qui ont changé l’art de vivre et l’art tout court ! Je voulais décrire, oh si peu, que la folie débouche souvent sur des créations, des découvertes qui changent et changeront le monde ; et en Afrique du Nord cette multitude de poètes aux vers convergeant vers le plaisir comme les vagues sur les plages de l’Atlantique. L’Asie possède ses fous mais que ne connaissons pas, c’est dommageable pour la connaissance.

            Oui, j’aime les mystères de la vie, je vis aujourd’hui au Maroc, un pays accueillant, raffiné. Quand je suis arrivé je me suis installé avec mon épouse dans une petite maison un peu délabrée. J’ai rêvé, j’ai remis cette vieille maison en état, elle revit. Devant cette maison, la terre n’avait jamais été travaillée, c’était comme du béton. J’ai planté une trentaine d’arbres fruitiers et une haie de trente oliviers, avec une barre à mines, j’ai rêvé certes mais aujourd’hui, j’ai des fruits toute l’année, grenades, pommes, mandarines, citrons, raisins noirs, et des espèces de cerises noires dont je ne connais pas le nom en français et des figues délicieuses. Rêver fait avancer, donne à l’âme des aliments pour vivre avec les éléments qui nous entourent. Pourquoi tous ces arbres ont poussé et génèrent tant de gentillesse à notre égard ? Ils savent que nous les aimons, nous les traitons avec délicatesse, un arbre, c’est sacré, ces racines vont chercher au creux de la terre ses commandements. La terre notre mère est à préserver, abandonner les engrais, seraient une très bonne chose, mais la face cachée de l’humanisation fait que l’on continue à détruire ce qui nous nourrit. Un arbre a un cœur, une âme, je le pense vraiment, il étend ses branches vers le ciel comme une prière qui monterait vers lui pour nous protéger du mal. Il y avait un eucalyptus dans le champ d’à côté, un eucalyptus plus que centenaire, j’allais le voir tous les jours. Le paysan a lâché ses moutons dans le champ chaque jour. Le mouton est un terrible prédateur, le troupeau a mangé l’écorce de mon arbre jusqu’à deux mètres de hauteur. Il en est mort, j’en aurai presque pleuré. Ces branches ont jauni, le paysan a coupé l’arbre, maintenant il me manque, il m’appelle par ce vide crée par la tronçonneuse. Serais-je un homme des bois ? J’ai besoin d’eux et de leurs odeurs si différentes qui enchantent mon nez. J’ai besoin d’eux pour leur beauté, leurs formes différentes, leurs feuilles si particulières. Le sapin qui atteint le ciel, le bouleau à l’écorce fragile, l’eucalyptus droit comme un I, et l’arbrisseau penché sur la rivière comme pour le saluer au passage de son eau. Je trouve que l’on va chercher bien loin le bonheur alors qu’il nous côtoie à chaque instant de chaque jour. Le soleil levant nous indique la direction de ce que serait diront certains, le centre du monde par les mélopées religieuses qui s’échappent des temples, des églises, des mosquées. Cela reste du domaine du divin. L’orage qui gronde lançant ses éclairs dans l’espace qu’il a choisi, cet arc en ciel et son demi-cercle géant englobant deux mondes en même temps. Sous les éclairs la pluie tombe et mouille abondamment les cultures et les ruisseaux fugueurs. Le pêcheur surpris tout mouillé s’est mis à l’abri sous le hêtre tout près de lui, en laissant sa canne et son fil plantés dans l’eau s’amusant avec le courant. C’est terminé, le soleil est revenu, chacun vaque à ses occupations, le vieux cheval traînant encore son chariot de fourrages vers le ferme toute proche.

            Regarde l’hirondelle dans son nid de terre accroché sous le toit de la maison, le pinson rigolo sur la branche du figuier, je suis heureux, l’argent n’a rien à voir avec cela. Cela s’appelle le bonheur !

 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Comment Le Creusot, berceau industriel ravagé, a su rebondir,

**Gilets Jaunes** pourquoi le **bleu**Macron entre dans la zone rouge?

Le chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, pourrait avoir été tué par l'armée russe?