LES COLLINES DE TANAH PASIR par Ali GADARI


Première nouvelle éditée par Ali GADARI


LES COLLINES DE TANAH PASIR par Ali GADARI
LES COLLINES DE TANAH PASIR

Zohra Daghri est jeune personne avec une belle personnalité qui refusait de se ranger aux avis de la famille traditionnelle marocaine, études, mariages, enfants et maison. Son père était médecin avec une belle clientèle bourgeoise à Kénitra. Sa mère restait à la maison, c’était le schéma type des familles aisées du Maroc. Zohra avait dix-huit ans avec un caractère bien trempé, elle souhaitait entrer dans l’armée pour le goût de l’aventure et une envie de servir son pays autrement que de lui donner une kyrielle d’enfants, position anachronique au Maghreb. Elle savait où se diriger, sportive accomplie la tête bien remplie, elle avait intégré l’école militaire de Meknès avec l’option d’ingénieur en électronique et le corps de parachutistes pour l’option militaire. L’école était ouverte aux femmes et aux hommes célibataires de dix- huit à vingt-deux ans. Quatre ans cela passe vite, comme à Saint-Cyr- Coetquïdan les élèves portaient une marque de couleur suivant leur différent niveau. Zohra avait terminé major de sa promotion comme ingénieur en électronique. Sur le plan militaire, son premier saut à quatre cent mètres de hauteur avec le ventre noué comme une envie de vomir puis la révélation de la descente et la découverte du paysage l’avait convaincu de la justesse de son choix ! En plus de ses cours de parachutisme, des cours intensifs lui permirent d’obtenir ses permis de conduire moto et voiture en dix jours. Elle s’était passionnée pour la moto avec laquelle elle dévalait les creux et les bosses de la carrière à briques d’à côté. À la fin de ses quatre années à l’école elle comptabilisait trente sauts à trois mille mètres et un à cinq-mille avec ouverture commandée. Elle avait surpris ses instructeurs sur quatre chapitres qui ont donné lieu à des colloques entre instructeurs et directeur de l’École Militaire. *Le premier était sa très grande facilité à nager, tout en souplesse, sans faire de vagues, comme un dauphin, elle pouvait sans effort faire une dizaine de longueurs de bassin sans s’arrêter. Elle avait une résistance à l’effort remarquablement étonnante pour une jeune fille. Elle pouvait également nager en apnée durant plusieurs minutes. Elle expliquait que son père était médecin et que très vite il l’avait initié à la nage. À deux ans Zohra fréquentait la piscine olympique de Kénitra, elle nageait avec un maillot flottant, à sept ans elle nageait toute seule, elle expliquait que quand elle était toute petite elle voulait être un poisson, rêve d’enfant c’est pour cela qu’elle nageait en apnée surveillée par son père. Avec son accord, l’école lui proposa une formation de plongeur de combats en plus de celle de parachutiste, elle s’en trouva flattée elle accepta avec joie et fierté. *Cette formation est toujours classée secret défense, l’on en connaît juste que des généralités : -Utilisation de tous les appareils de plongées de la marine -Mise en œuvre d’explosifs et d’artifices sous-marins -Parachutage en mer de jour comme de nuit, pendant ce stage et à force d’entraînements elle avait augmenté sa durée d’apnée jusqu’à sept minutes, exceptionnel ! *Le deuxième c’était sa science du close-combat, du karaté, ils ont découvert avec surprise que ce n’était pas une débutante, Zohra avait la faculté de lever ses jambes au-dessus de sa tête, de faire le grand écart et de tenir en équilibre entre deux chaises sa vitesse d’exécution risquait de faire de gros dégâts à ses adversaires. C’était dû à l’âge où elle avait commencé à faire du karaté et obtenu sa ceinture de troisième dan avec une extraordinaire élasticité de ses muscles. Ses instructeurs l’informèrent des différentes parties du corps les plus sensibles dans un combat sur un tableau avec les endroits dessinés qu’il fallait frapper, ils l’éduquèrent plus durement encore que les autres élèves. Elle s’en servirait par la suite dans des combats de proximité. Le futur lui donna raison. *Le troisième, elle était ambidextre, écrivait et tirait au pistolet de la main gauche ou de la main droite ou des deux en même temps avec une très grande précision, c’était inné ! Des deux mains elle touchait à chaque fois le cercle du carton de tirs. *Le quatrième, elle parlait italien, français, anglais et espagnol en plus de l’arabe ! Son père médecin parlait l’arabe et le français, sa mère un temps professeur parlait l’arabe, l’anglais et l’espagnol, la sœur de sa mère vivait en Italie tout un programme. L’école avait là une pépite ! À sa sortie de l’école militaire au grade de lieutenant elle s’engagea rapidement dans le corps de parachutistes. Elle subit un entraînement physique intensif, marches, courses, musculation et une série de sauts successifs de quatre cents mètres à trois mille mètres, ainsi que la prise en mains d’armes automatiques lourdes, lances grenades, fusils d’assauts, bazooka, démontages, remontages, armements. C'était difficile, mais elle aimait cela, c’était ce qu’elle avait voulu ! Après quatorze mois passés en entraînements intensifs avec les sous- officiers de la base de Salé elle prit part aux combats en Irak avec le spectacle des morts et des blessés. Elle comprit là l’essence même de l’honneur et du sang versé pour sa patrie. Le Maroc s’était engagé dans ce conflit meurtrier avec plusieurs milliers de combattants et de quelques chars d’assaut. Au cours de ce conflit, il aurait eu vingt mille morts et soixante mille blessés parmi la population civile et les combattants entraînant une épidémie de choléra et de typhoïde, chiffres diffusés par les journalistes. Trente -huit pays ont participé à ce conflit en engageant trente mille hommes. Une vingtaine de jours suffirent pour liquider le pouvoir de Saddam Hussein en Irak Quand elle revint à sa base elle se recueillit à la mosquée fit une prière pour tous les morts aux combats et pour le rétablissement rapide des blessés. Le souvenir de camarades tombés au combat la hantait toujours. Ce n’était pas facile d’oublier ceux avec qui elle avait sauté dans le vide, vécu, souffert, le ventre noué par la peur, le bruit de la mitraille des explosions, des hommes qui tombaient, qui gémissaient, le bruit des chenilles des blindés et des tirs des obus, des maisons qui s’écroulaient sous le feu de la puissance des armes de destruction, il y avait-il encore des habitants, elle se posait souvent la question, des femmes, des enfants ? Un soldat ne devait pas se poser de questions, obéir aux ordres, un point c’est tout ! Zohra DAGHRI après sa première épreuve du feu demanda auprès de son commandant un stage dans les commandos d’élites parachutistes, elle avait été marquée par ces épreuves, il essaya de l’en dissuader. C’était risqué, c’était un stage très dur il ne restera que très peu d’élus tellement les conditions étaient difficiles parmi les plus difficiles du système militaire dans le monde, il ne laissait pas de place aux plus faibles, seuls les plus forts se démarquaient, pas seulement pour la force physique, mais aussi, et surtout par le mental et une volonté exceptionnelle de réussite, était-il machiste ? Véhiculés dans une camionnette de l’armée avec une trentaine de soldats pendant près de deux heures dans un endroit du Gharb tenu secret, Ils se retrouvèrent devant le drapeau en rang bien alignés. -Je suis l’adjudant-chef Ali Bouali chargé de vous entraîner, ça passe ou ça casse ! Il n’y aura pas de rattrapage. Ne vous attendez pas à des attendrissements, je suis passé par là avant vous, l’on avait de la peine à le croire tant il était imposant. À partir de maintenant vous êtes tous des soldats vos grades ont disparu. Vous me répondrez toujours par oui adjudant- chef, c’est compris ? -Oui adjudant- chef. -Allez prendre vos quartiers Zohra avait le seul privilège d’avoir une douche dans sa chambre pour éviter de la partager avec les soldats. Il n’y avait pas quinze minutes qu’ils étaient dans leur quartier que l’adjudant-chef appelait au rassemblement avec une voix tonitruante à faire tomber les plafonds et n’appelant pas à rester à l’arrière. -Petite promenade apéritive de dix kilomètres, allez et que ça saute, dans cinq minutes je veux voir tout le monde dehors ! L’adjudant-chef donnait le rythme il participait avec dynamisme, il avait l’air de danser tellement il alignait allégrement ses jambes sur le bitume de la route. - Pas question de dormir, nom d’un chien réveillez-vous, ce n’est pas l’heure de la brosse à dents. Il rythmait la marche par des encouragements à faire peur aux oiseaux ! -Mais qu’est-ce qui m’a foutu cette bande de pieds nicklés ? Allez au trot, ne m’obligez pas à vous botter le cul, nom de Zeus! Au bout de trois heures de marche intensive rythmée par les aboiements de l’adjudant- Chef Ali Bouali et de son exemple, l’arrivée au village de Dar El Gueddari en pleine nuit presque au galop était la récompense attendue. -Bien, soldats nous dormirons ici et départ demain matin à l’aube. Vous dormirez dans l’herbe c’est très bon pour la santé, c’est le paradis des sauterelles et des coccinelles, et c’est une grande chance de dormir sous la lune, vous êtes des privilégiés. Il montra l’exemple. Les hommes exténués s’affalèrent sur l’herbe et s’endormirent sans sourciller. Le lendemain à quatre heures du matin. -Debout tout le monde, le cuistot vous attend et que ça saute, si vous croyez qu’il refera chauffer le café et le thé pour vous vous n’avez rien compris, pas question de rester en arrière ! Dès le premier jour, chacun savait à quoi s’attendre. L’adjudant- chef avait raison, ça passe ou ça casse ! Le retour s’était fait beaucoup plus rapidement que la veille avec de sérieux passages au pas de course rythmés par les coups de gueule de l’adjudant-chef. Arrivés à la base exténués, nouveau défi. - Le cuistot est en grève, faut attendre que ce corniaud- là se décide, on l’a foutu en cabane, en attendant chacun va s’équiper d’un sac à dos de vingt -cinq kilogrammes, du fusil d’assauts et de votre équipement, casque et tout le toutim, le tout est dans la pièce du fond. Après avoir vérifié, c’est bon, tout le monde est équipé ! Allez suivez-moi, petit exercice de gymnastique aquatique. Une rivière puante alimentait un marigot surplombé de rouleaux de barbelés alimentée par les rejets d’une ferme limitrophe. -Vous avez compris à quoi vous allez jouer, allez, zou, barbotez, foutez -vous là-dedans et avancez, les grenouilles et les canards le font bien, pourquoi pas vous, vous êtes plus intelligents qu’eux, non, c’est très rigolo vous verrez ! Cette affirmation n’était pas faite pour rassurer les soldats. Les soldats rampaient dans l’eau nauséabonde sous les barbelés et surtout de ne pas mettre les fusils dans l’eau. Une fois l’exercice commencé impossible de faire marche arrière, les camarades à la queue leu leu suivaient. Arrivés au bout il fallait courir jusqu’au quartier et se mettre en rang. Soudain, l’adjudant-chef aboya : -Abdelkader, t’es vraiment un stroumpf, un bon à rien, un trou du cul, t’es viré, je t’ai vu quand t’as foutu ton fusil dans l’eau, tu repartiras demain dans tes quartiers habituels, mais avant tu nettoieras ton fusil que tu as trempé dans la merde, et tu me le feras voir compris ! Je veux voir un petit bijou compris ? -Oui mon adjudant-chef ! Il y avait déjà trois soldats qui avaient abandonné en si peu de temps. -C’est bon comme ça les enfants, pas question de manger, allez-vous- doucher et vous reposer un peu, mais vous n’avez rien vu encore et pas de jérémiades, vous l’avez voulu et réclamé ce stage, vous l’avez ! Dans la bouche de l’adjudant-chef, c’étaient des paroles agréables. Le lendemain matin cinq heures tapantes -debout là-dedans et que ça saute crénom de Zeus, il adorait cette expression, si vous croyez que le cuistot sorti de tôle va vous faire réchauffer le café et le thé ? Le même exercice qu’hier, équipement complet, casque, fusil allez ouste. Ramper dans l’eau croupie, éviter de tremper son fusil dans l’eau, de s’arracher les yeux avec les barbelés et une fois sortis du marigot d’embarquer son camarade sur le dos et de le porter en courant jusqu’au mur. Zohra comme les autres prit son camarade sur l’épaule et courut jusqu’au mur sous le regard goguenard, mais satisfait de l’adjudant-chef. -Vous avez vu à quoi ça ressemble la vie d’un commando, sacrifice et ne jamais laisser un camarade derrière vous. L’honneur c’est ça, tous frères jusqu’au bout, pas de laissés pour compte ! Bon à la cantine les derniers n’auront rien à bouffer, après vous prendrez une bonne douche, elle est froide ça calmera vos ardeurs revendicatives et au pieu. Les sauts se succédaient jusqu’à cinq mille mètres d’altitude avec ouverture commandée, il fallait avoir les yeux ouverts sur son altimètre. Les entraînements de karaté et de close -combats s’enchaînaient également. Cela ne gênait pas Zohra elle pratiquait ce sport depuis l’âge de sept ans et avait la particularité d’avoir une souplesse de jambes étonnantes en effet elle était capable à répétition de lever les jambes au-dessus de sa tête et de faire le grand écart ce qui la rendait particulièrement dangereuse en combat de proximité. Le dernier entraînement consistait à sauver un camarade blessé resté sur le toit sous les tirs de l’ennemi. Zohra s’approcha en rasant les murs après avoir slalomé entre les arbres elle lança une corde équipée d’un crochet à trois branches, la lança vers le toit à quatre mètres de hauteur. La corde s’accrocha au rebord du toit Zohra monta en s’aidant de sauts à répétitions en appuyant à chaque fois ses pieds sur le mur faisant de cette action office de ressort. Elle se rétablit sur le toit, traîna le blessé sur les tuiles en position horizontale jusqu’au vasistas près de la cheminée. Là elle laissa glisser le blessé et descendit après lui. Une fois debout elle porta le blessé sur son dos jusqu’à l’escalier qu’elle descendit doucement. Cet exercice au naturel comporterait plusieurs soldats pour couvrir Zohra. Après quatre mois d’exercices de ce type, il ne restait que onze soldats qui feront partie des commandos d’élites parachutistes, dont Zohra. Alignés en face du drapeau au garde à vous les onze soldats attendaient le commandant des commandos parachutistes Abdelkader Belbachi. -Repos, fixe ! Soldats, je suis fier de vous, vous avez réussi cette épreuve que peu réussissent, vous faites maintenant partie de l’élite militaire marocaine. Chacun allait rejoindre son unité, le commandant de l’instruction décida d’organiser une petite fête pour la fin de l’instruction. Il y avait des instruments de musique au quartier que certains soldats s’emparèrent avec joie, guitare, flûte et castagnettes marocaines avec de petits tambourins. Ils se mirent d’accord sur l’air et ensemble ils firent jaillir la musique et là quelle surprise, l’adjudant-chef Ali Bouali, l’aboyeur se mit à chanter d’une voix grave, mais souple appuyée par les claquements de mains des autres soldats. Quelques soldats levèrent les bras en l’air et dansèrent, c’était réussi, les nouveaux commandos n’oublieront pas ce petit évènement. Le lendemain matin après le salut au drapeau les nouveaux commandos saluèrent le commandant du stage et l’adjudant- chef Ali Bouali. Zohra serra la main de l‘adjudant-chef avec un sourire complice et lui dit tout simplement schoukrane. C’était un aboyeur, mais il avait un cœur gros comme un château fort L’Afrique était secouée depuis des décennies par des coups d’État ravageant les territoires acculant les populations à la misère et les poussant à l’exode. Au Dasir N’Gara, le pays des sables était convoité depuis plusieurs mois par des commandos de rebelles Libyens, Algériens et Sahraouis en rupture d’identité commandée par le général félon Nyang-Ngai. Prendre le pouvoir au Dasir N’Gara c’était contrôler une immense région de la Mauritanie au Sénégal en s’emparant des richesses apportées par les mines d’uranium trouvées en son temps par Georges Prost un géologue français. Caï- Tengah, l’eau du milieu, la capitale Tanah Pasir avait été créée sur et autour de l’oasis Caï-Tengah. Un oued, Walunga Dewa, la rivière de Dieu, coulait sous le sable à une trentaine de mètres de la surface du sol qui alimente la capitale. L’eau remontait par capillarité, mais aussi par une pompe qui remontait l’eau dans un réservoir. L’eau était réservée aux habitants de huit heures du matin à dix heures, ensuite l’eau était coupée par souci d’alimentation quotidienne. Depuis le dix-huitième siècle des accords de défense et commerciaux avaient été signés entre le Dasir N’Gara et le Maroc l’époque où le sultan était d’origine marocaine, aîné d’une grande famille de Fes. Le sultan actuel Abir M’Gar avait demandé de l’aide à ses amis du Maroc pour contenir les appétits de Nyang-Ngai déserteur et prédateur. L’électricité de la ville était fournie par deux gigantesques groupes électrogènes, les fréquentes incursions des rebelles rendaient la distribution de gasoil difficile. Les collines de sable qui entouraient Tanah Pasir permettaient une défense naturelle et efficace de la ville, mais les rebelles campaient derrière ces collines. Avec des tirs de mortiers ils endommageaient la cité, tuaient des habitants et leur présence empêchait le ravitaillement nécessaire en vivres et en gasoil. Avec l’accord du pays chérifien, au jour dit, deux cents parachutistes marocains sautèrent sur et tout autour de Tanah Pasir. Les rebelles se replièrent pour la plupart dans l’est du pays loin des collines. Séparés en petits groupes très mobiles, frappant les endroits stratégiques ou des villages isolés, prenant les villageois en otages, ils restaient un danger permanent, changeant sans arrêt de position. Ce jour-là un commando d’élite de vingt parachutistes marocains sous le commandement du lieutenant Zohra Daghir était parachuté en renfort après la reprise de Tanah Pasir au nettoyage de ses environs. Leur mission consistait à s’occuper d’une poignée de rebelles restés dans les environs qui semaient la terreur dans les villages et les douars des collines aux alentours de Tanah Pasir. Le saut était devenu une routine pour ces fantassins aéroportés. Les rebelles possédaient des lance-grenades de 40 millimètres MK 19 de 325 coups par minutes atteignant des cibles jusqu’à 2200 mètres fournis par l’Algérie et la Libye. Les hélicoptères en avaient payé le prix fort dans les premiers jours de combats. Dans le Transall qui les transportait, le lieutenant énonça ses dernières recommandations. Zohra Daghir avait acquis auprès de ses hommes une aura tout à fait particulière ceux-ci lui obéissaient comme un seul homme et avec un grand respect depuis son statut de commando. -Une fois à terre vous vous disperserez, séparez- vous et marchez en binôme, d’accord ? -Oui mon lieutenant. Avant le saut du commando, le pilote de l’avion avait procédé à un arrosage intensif d’explosifs sur la zone d’atterrissage pour éviter tous problèmes. À quatre cents mètres d’altitude un par un les paras se jetèrent dans le vide, vitesse du vent trente-cinq kilomètres-heure, vitesse de l’avion deux cents kilomètres à l’heure. Dans le vide, le lieutenant Zohra Daghir s’aperçut que son parachute ne s’était pas complètement ouvert elle descendait trop vite. C’était un parachute très utilisé dans l’armée française, avec sa voilure de quatre-vingt-dix mètres carrés, un diamètre de dix mètres, avec sa gaine et un sac à dos ils pouvaient soutenir un gros matériel comme une arme automatique, un lance-roquettes antichar ou le fusil d’un tireur d’élite pesait quarante kilogrammes, ce n’était pas un saut pour les sénateurs ! Elle tira la poignée de libération pour enclencher l’ouverture de la voilure de secours, elle était déjà trop basse, elle arriva à la stabiliser à une centaine de mètres du sol, l’atterrissage fut difficile pour éviter de se briser les jambes elle fit un roulé-boulé sur plusieurs mètres, le vent l’avait déporté de son objectif. Un peu sonnée elle avait eu du mal à se débarrasser de la voile qu’elle commença à la plier. C’est alors qu’elle s’aperçut être entourée de sept rebelles qui avaient échappés au bombardement, par reflex et comme à l’entraînement elle attaqua la première, le premier homme reçu son pied avec violence dans la gorge lui brisant le larynx, le second s’avança vers elle en courant un couteau à la main. Elle écarta rapidement le bras muni du couteau bloqua son élan en lui plaquant le pied au sol et il s’effondra à la suite d’un coup de poing enseigné au karaté dans un endroit précis du thorax, il s’effondra sans vie, puis elle perdit connaissance. Réveillée elle était ficelée comme de la mortadelle dans une Jeep entourée de cinq mercenaires armées d’un lance grenades automatique de 40 mm. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée inconsciente, elle avait un affreux mal de tête. Ils roulèrent encore plusieurs heures avant d’arriver en bas d’une colline dans un douar qui semblait vide de ses occupants. Poussée sans ménagement à l’intérieur d’une masure en torchis par un mercenaire avec une longue barbe qui lui dit presque avec gentillesse, eh ma petite janggol, putain, tu connais le jeu du manège nous allons te l’apprendre, mais celle-là c'était la pire de toutes et en plus avec cette injure de putain en soudanais en prime. Les cinq hommes la violèrent, elle ne se défendit pas, c’était inutile, elle resta comme une planche, presque inanimée, elle pensa à ses parents, à ses années à l’école militaire, à son engagement dans les troupes aéroportées, à son accession au grade de lieutenant, aux sauts qu’elle avait exécutée ceux en particulier à cinq mille mètres d’altitude avec ouverture sur commande. C’était terminé, elle se sentait salie, humiliée, mais c’était un soldat ! Elle n’aurait pas les yeux mouillés devant eux, ils en seront tous pour leurs frais. Les mercenaires s’assirent en rond sur une natte, dévorèrent des dattes séchées en buvant du thé et s’exprimant sans relâche en soudanais et en arabe. Les reins, les jambes et le dos encore douloureux Zohra sombra dans un profond sommeil. Le lendemain matin, l’un des mercenaires la kalachnikov entre les mains la réveilla en la poussant du pied et la crosse du fusil nous sommes tous seuls quelle chance hein ma petite janggol, les copains sont partis en observation, nous allons pouvoir nous amuser un peu avec un sourire grand comme une assiette laissant apparaître ses dents blanches et tellement sûr de lui. Au moment où il voulut la chevaucher Zohra lui saisit la tête d’un coup sec elle lui tordit le cou, il tomba sur le côté du matelas le cou brisé, elle était seule ! Il avait oublié les leçons de leur première rencontre. Elle remonta ses sous-vêtements s’habilla de son pantalon kaki, pris le temps de mettre sa ceinture dans la petite pièce d’à côté, de ranger son Beretta dans son holster ainsi que son poignard, ramassa son fusil d’assauts posé contre le mur qu’ils n’avaient même pas eu l’idée de ramasser, sûrs de sa présence à leur retour. Elle sortit prudemment, elle était vraiment seule, une Jeep munie de son lance-grenades était là, ils devaient lorsqu’ils étaient sept parcourir la campagne avec les deux véhicules. Sur le côté de la masure il y avait une citerne d’eau et deux fûts d’essence elle en profita pour remplir le réservoir de la Jeep avec la pompe à bras installée dans l’un des fûts, de boire un peu d’eau fade chauffée par le soleil et de faire une rapide toilette. Elle monta dans la Jeep pour s’éloigner des fûts d’essence d’une centaine de mètres, son fusil cracha le feu sur les fûts qui s’enflammèrent et explosèrent ainsi que la citerne d’eau et la masure en torchis. En quittant les lieux, elle aperçut plus haut sur la colline un village. Elle roula deux heures vers l’ouest, le soleil la guidait, arrivée en haut du plateau elle aperçut une Jeep de mercenaires sans doute les mêmes que la veille, elle n’hésita pas, elle sauta rapidement à l’arrière de la Jeep, pointa la mire électronique du lance-roquettes sur la Jeep des mercenaires, appuya sur la détente, les grenades giclèrent à la vitesse du son, une seconde après la Jeep explosa avec ses occupants, et à haute voix presque en hurlant, elle cria manures en soudanais, fumiers vous ne m’appellerez plus jamais janggol ! Elle n’avait pas l’habitude de la vulgarité c’était sorti naturellement. Soulagée elle reprit le volant de la jeep en se dirigeant toujours vers l’ouest. Elle traversa nombre de paysages arides parsemés de collines et de rares arbustes puis une grande zone de forêts avec quelques okapis aux rayures de zèbres. Elle déboucha à nouveau dans une savane, dans la plaine elle aperçut trois Jeeps et un véhicule blindé léger type Panhard VBL lance grenades de 40 millimètres qui balançaient ses grenades à deux mille mètres de distance fourni par la France, arborant le drapeau marocain, elle tira en l’air avec le fusil d’assauts en faisant de grands gestes. C’étaient des parachutistes de son commando venus tenter de la récupérer. L’une des Jeeps était équipée de petites télévisions qui relayaient les informations de deux mini drones de dix centimètres de long pesant seulement 33 grammes. Ils avaient une autonomie de vingt-cinq minutes ils se rechargeaient sur l’allume-cigare de la jeep ils étaient dotés de trois caméras pour prendre diverses positions du survol. Il pouvait s’introduire dans les bâtiments sans bruit. C’était un espion efficace, le lieutenant Zohra Daghri avait déjà été repéré par cet outil, lorsque le lieutenant avait tiré en l’air, les commandos marocains se dirigeaient vers elle ! Les soldats venus à sa rencontre l’applaudirent longuement, lui donnèrent de l’eau fraîche et la félicitèrent de sa libération sans lui demander les conditions de sa libération. Un soldat prit sa place au volant de sa Jeep pour qu’elle se repose. À l’approche du minuscule village de Bwawa La Papyrus, seulement cinq ou six maisons en torchis des tirs dans leur direction se firent entendre. Oh les salauds dit l’adjudant-chef qui pilotait les drones, nous sommes passés tranquilles ce matin comme une lettre à la poste, ils nous ont attendu ces crapules. -Ils sont trop loin pour nous atteindre, mais nous allongerons les tirs. Vous ferez tomber une avalanche de projectiles en automatique sur les cases, ils ne répliqueront pas. Combien sont- ils ? -Voulez-vous que j’envoie un drone mon lieutenant -Nous verrons cela après les bombardements Sur son commandement le blindé commença les tirs à la vitesse de vingt-quatre mille mètres à la minute à la sortie du canon, le feu se propagea aux maisons les servants des Jeeps joignirent leurs tirs à ceux du blindé. Il était peu probable qu’il reste encore des insurgés, ce n’était plus que cendres et fumées. -Maintenant, envoie un drone Adjudant-chef Silencieusement un black Hornet s’envola télécommandé par le pilote de la Jeep, sur l’écran ce n’était que désolation. Le drone revint se nicher sur les genoux du pilote. -Allons, nous allons voir par nous-même enchaîna Zohra. Le blindé et les deux Jeeps restèrent par prudence à une cinquantaine de mètres des ruines fumantes malgré les images rassurantes du drone. -Vous vous déplacerez deux par deux en binôme, vous surveillerez avec attention les alentours, la forêt et les marais peuvent cacher quelques insurgés rescapés des bombardements. Pas d’action kamikaze, je ne veux pas de blessé ou de mort. -Oui mon lieutenant Zohra était accompagnée de l’adjudant-chef, armés d’un fusil d’assauts automatique ils avançaient dans une région boisée avec un ruisseau en bordure de nombreux marais à papyrus situés à trois cents mètres des véhicules. Ils avançaient doucement soudain l’adjudant-chef empoigna le corps du lieutenant la poussa et sauta avec elle dans un marais. Il avait vu un éclair dans les hautes herbes les balles sifflèrent au-dessus de leurs têtes, ils virent arriver en courant deux insurgés, qui n’étaient pas dans les maisons au moment des tirs, ceux-ci n’avaient pas prévu que les militaires sont formés pour pallier à toutes les situations, ils furent fauchés dans leur élan à quatre mètres du marais par les fusils du lieutenant et de l’adjudant. Ils se relevèrent trempés et couverts de boue, Zohra eu un sourire envers l’adjudant et le salua rapidement en signe de reconnaissance. Tout allait bien du côté des autres binômes, ils revinrent vers les véhicules. Quelques kilomètres plus loin, un chat jaune du désert bondit devant la jeep, dérangé par le bruit des moteurs. -Vous savez mon lieutenant ce chat-là est un drôle de numéro, il porte un nom latin à coucher dehors, Félis Margarita. -Racontes moi ça adjudant-chef ça va nous faire descendre l’adrénaline. -Ben mon lieutenant, il ne boit jamais, il trouve l’eau nécessaire dans la chair de ses proies. C’est un prédateur particulier il n’est pas difficile, il bouffe de tout, il avale les lézards les insectes, les gerboises qu’il va même déniché au fond de son terrier il s’attaque aussi aux serpents dont il est très friands comme les vipères des sables pourtant très venimeuses. J’ai lu ça dans un magazine en arrivant ici. -Vous auriez dû-être naturaliste adjudant-chef Quand ils arrivèrent au camp longtemps après les vêtements secs, mais couverts de boue. Avant de faire son rapport au commandant de la base, elle entra dans sa chambre, se déshabilla et prit une douche longue et réconfortante en prenant soin de se savonner soigneusement pour éliminer les sévices qu’elle avait subis. Dans le bureau du commandant : -Il n’y a pas de raison de mettre en doute le rapport de l’adjudant-chef depuis vos retrouvailles et l’embuscade de Bawa La Papyrus, j’aimerai connaître les raisons de votre disparition même si je crois en connaître les raisons Devant le commandant du groupe, elle raconta tout en détail en n’oubliant rien. Elle ajouta, j’aimerai que l’adjudant-chef soit récompensé, il m’a sauvé la vie. J’en ferai part aux autorités supérieures lieutenant. -Vous êtes très courageuse lieutenant, vous faites honneur aux troupes aéroportées, j’en informerai l’État-Major, allez à l’infirmerie je fais appeler le médecin-chef pour vous examiner. Petite barbe courte sur un visage poupin chaussé de petites lunettes aux montures d’acier, le capitaine Ali Boubaker entama l’examen. Ce fut long et méticuleux, au bout d’un long moment il lui dit je ne vois pas de déchirures lieutenant, vous aurez juste quelques brûlures qui disparaîtront dans quelques jours. Après avoir fait un prélèvement, je vais demander des analyses complètes vous serez renseignée demain, en attendant prenez ce cachet, il vous évidera un œdème indésirable, elle avait compris où il voulait en venir. Le lendemain après-midi le médecin revint la voir et tout de go -Vous n’avez pas contracté de virus, vous n’êtes pas contaminée à ce que je sache, vous récupérerez vite lieutenant, Inch Allah, mais par prudence vous prendrez ces cachets d’antibiotiques durant trois jours ! Il entreprit de nettoyer une nouvelle fois la plaie de derrière la tête qu’elle avait reçue lors de sa rencontre avec les mercenaires. Le commandant la mit au repos sur ordre du médecin-chef, elle en profita pour relire les poèmes de Fatima Chahid en français sans oublier de s’entraîner, close combat, course, exercices corporels le matin de bonne heure. Une semaine plus tard, - Lieutenant nous avons une expédition punitive sur les hauts plateaux, je vous charge de me remplacer et de régler tous les détails de la base. -Mon commandant, je ne veux pas vous manquer de respect, mais je suis un soldat, je souhaite participer à cette expédition, je vous serais beaucoup plus utile qu’au bureau. Après avis du médecin, l’aspect psychologique ayant joué en sa faveur l’affaire fut entendue, Zohra avait besoin d’actions pour oublier ! Le commandant réunit les sous- officiers et les soldats qui participeront à l’opération : - Les mercenaires profitent de la proximité de la Mauritanie et de sa zone humide pour s’y réfugier, échapper ainsi aux représailles, mais ils se réfugient également dans la forêt humide du Dasir N’Gara avant la chute du plateau de 400 mètres de hauteur au niveau de la rivière. Des informations sérieuses nous indiquaient qu’ils auraient créé un camp de retranchement dans la région de Syasya, informations satellitaires transmis par la France et des deux satellites marocains lancés à Kourou qui tournent à neuf cents kilomètres au-dessus de nos têtes confirment ces informations. Nous nous diviserons en deux groupes de dix commandos, je prendrais la tête d’un de ces groupes, le lieutenant Daghiri prendra la tête de l’autre groupe. Nous nous déplacerons la nuit, nous laisserons les véhicules en bas du plateau dissimulé au maximum en arrivant sur nos positions, ne rien laisser à l’intérieur des véhicules d’accord ? Deux jours furent nécessaires pour arriver au but avec toutes les précautions nécessaires. Le groupe du commandant commença à gravir le plateau par l’est, Zohra et son commando monta par l’ouest, la forêt était relativement dense sur la pente ils pouvaient s’accrocher et monter plus facilement. En haut du plateau, ils apercevaient les lumières de Syasya au loin. Ils marchèrent en silence durant au moins six kilomètres dans la forêt, une marche aidée par leurs nouvelles lunettes balistiques fixées sur leur casque. Sur la rivière, il fallait traverser sur un pont de lianes tressées sur une vingtaine de mètres par les autochtones pour traverser au-dessus de l’oued à cinquante mètres de hauteur protégé par deux rebelles. Elle fit signe aux tireurs d’élite qui prirent position avec leurs fusils AKM munis de leurs silencieux, ils prirent tout leur temps pour régler la mire, bon c’était prêt, sur un signe du lieutenant les flammes jaillirent des AKM, les rebelles s’écroulèrent le corps et le visage contre terre touchés par les balles des fusils. Zohra examina le pont, quatre lianes, deux pour les pieds de cinq centimètres de diamètre à peu près, et pour se tenir sur les côtés de trois centimètres de diamètre, à cinquante mètres au-dessus de la rivière ce ne sera pas facile, ces exercices étaient exécutés à l’entraînement des commandos, certes, mais seulement à cinq mètres de hauteur, là il fallait qu’ils passent coûte que coûte ! La technique était de passer ensemble, que le poids se déplace en même temps, les pieds de travers sur les lianes du dessous et de se tenir aux deux autres lianes pour éviter de faire chavirer le pont d’un côté ou de l’autre. Ce fut difficile et long, mais le commando était passé. Ils jetèrent dans la rivière les corps des deux rebelles exécutés silencieusement par les tireurs d’élite. Ils firent halte et attendirent les nouvelles du commandant. -Zéro 1 appelle Zéro 2 -C’est bon Zéro 1 -décollez Le commando de Zohra s’avança sans bruit en ayant pris de la largeur en binôme sur cent mètres de large. À deux cent mètres un feu éclairait la clairière et des huttes de branches et de feuilles, des fusils étaient posés en faisceaux devant une grande hutte juste derrière une trentaine de mercenaires. Ils s’avancèrent entre les arbres et les grandes herbes jusqu’à une distance raisonnable. De l’autre côté du campement le commandant tenait sa position -Prêt -Prêt -Zou, démolissez-moi tout ça ! Un torrent de feu et de bruits secoua la forêt habituellement si calme. Les rebelles s’emparèrent de leurs armes, mais avec un temps de retard. Le bruit des tirs automatiques faisait rage. Pas de quartier l’on avait à faire à des égorgeurs, ce n’étaient pas des soldats. C’était terminé, vingt minutes avaient suffi, l’on visita les huttes avec prudence et stupeur l’on trouva des jeunes filles qui avaient été enlevées dont l’une devait avoir à peine treize ans et violée qui leur servaient d’esclaves. Le commandant avait déjà appelé les hélicoptères pour les cinq blessés lors des visites des huttes. Ils se firent d’ailleurs entendre au-dessus de la clairière. Embarqués rapidement pour l’hôpital les hélicoptères redécollèrent immédiatement. Le commandant félicita les hommes des deux commandos de leur courage. Il regretta vivement les blessés en espérant qu’ils s’en sortiront rapidement. Le commando de Zohra pour éviter le pont de lianes revint avec celui du commandant. Il faisait jour le trajet fut plus facile. Arrivés en bas du plateau, ils retrouvèrent leurs véhicules. Le commandant avisa l’État-Major du succès de l’opération ! Arrivés à la base, les hommes se rendirent en groupe à la cantine boire des jus de fruits et manger des poulets frits. Zohra entra dans son quartier, prit une longue douche, fit sa prière, lut quelques poèmes de Fatima Chahid et s’allongea pour un sommeil réparateur. Les jeunes filles trouvées dans les huttes seront remises à une organisation humanitaire. Zohra fut rapatriée une semaine plus tard sur ordre de l’État-Major avec une vingtaine de soldats des commandos dans un Skylander, un avion aux ailes hautes tous terrains capables d’atterrir dans un champ et de redécoller dans ce champ. Une escale eut lieu à Dakar et Agadir pour le carburant. À Salé, elle reprit avec acharnement l’entraînement physique, le karaté, la natation en apnée et participa à quatre sauts, dont l’un à cinq mille mètres. Au bout de deux mois, elle eut la surprise d’être convoquée auprès du colonel Abdou Melik chef d’un service de renseignements. Elle le salua, le Colonel la pria de s’asseoir. Il la regarda longuement. -Lieutenant je dois avoir une longue conversation avec vous, mais elle doit rester secrète à tout jamais, je vous demande de jurer sur le Saint Coran. -Zohra se leva mis la main droite sur le Coran et elle jura. -J’ai en mains vos états de services lieutenant, mais je vous avoue que vous ne m’êtes pas inconnue je vous suis depuis pas mal de temps, brillante, courageuse, volontaire, officier exemplaire, capable de prendre rapidement des décisions. Vos hommes ont beaucoup d’estime et d’admiration pour vous. Le rapport note que vous êtes adepte de sports, la natation en immersion où vous atteignez un plafond de sept minutes, troisième dan de karaté et spécialiste des sauts en altitude également adepte du moto-cross. Je vois aussi que vous êtes ambidextre, capable de tirer de n’importe quelle main, mais aussi des deux mains avec beaucoup de précision. Vous parlez également quatre langues en plus de l’arabe, le français, l’italien, l’espagnol et l’anglais, mais ce qui me plaît le mieux en vous c’est d’avoir réussi le stage d’entraînement des commandos d’élite parachutistes, seules deux femmes ont réussi ce parcours. Vous me plaisez dit-il, j’aurai besoin de vous pour un travail spécial. Après un court silence, voilà : -je suis chargé de créer un service spécial qui n’apparaîtra dans aucune nomenclature, ce service sera chargé de terminer le travail des deux autres services existants ou de le précéder, ceux-ci travaillant conformément avec la loi en vigueur au Maroc. Nous, nous travaillerons à notre façon. Le Maroc est confronté à des groupes de terroristes dangereux pour le royaume. Il y aura très peu d’agents, vous ne vous connaîtrez pas les uns les autres, sécurité oblige, a contrario, nous aurons une dizaine d’ingénieurs, les meilleurs des armées royales qui mettront au point certains outils encore inconnus. Lieutenant j’ai besoin de spécialistes prêts à tout, voulez-vous être des nôtres ? -Sans hésitation Zohra se leva et répondit, je suis à votre service mon Colonel, prête à servir mon pays. -Je n’en attendais pas moins de vous. Mais le métier d’agent spécial comprend des risques, de gros risques c’est un métier difficile, il faudra vous couler dans un monde que vous n’avez pas l’habitude de côtoyer, la haute société, les ambassades, la grande truanderie, l’armée. Vous devrez vous infiltrer dans certains milieux, trahir des amis, tuer même. Qu’en dites- vous ? -Je ne reviens pas à l’arrière mon Colonel, ma décision est prise. - Dans cette optique, vous devez rester pour le moment invisible aux yeux des Marocains, je vous envoie en France auprès de la DGSE, j’ai un ami à la direction du service il sera heureux de vous accueillir et de s’occuper de vous. Durant huit mois Lieutenant, un de leurs agents vous apprendra à suivre une cible sans vous faire repérer, de surveiller vos arrières, de liquider en silence le suspect sans laisser de traces. Vous resterez un soldat, mais vous agirez seule. À son retour, transformée, pas un mot sur ce stage impromptu, c’était inutile le colonel connaissait déjà exactement son parcours. --Maintenant lui dit le colonel sans lui laisser le temps de souffler, deuxième partie de votre mue profonde et de sortir de votre chrysalide, ce sera de vous transformer en femme du monde, Miss MAROC, en femme fatale en sorte, mettre des robes à la mode occidentale, porter des chaussures à talons hauts, je sais que ce n’est pas l’habitude des femmes musulmanes, mais c’est ainsi ! Je vous envoie dès demain à TANGER, j’ai une amie qui vous apprendra les rudiments de la mode féminine en occident, ah lieutenant laissez-vous pousser les cheveux pour acquérir une nouvelle silhouette dans votre nouveau métier. -Je dois vous signaler que nous avons acheté sous une fausse identité un entrepôt désaffecté au bord du fleuve Sébou à Sidi Yaya El Gharb. Les murs ont été doublés en béton d’aluminate de calcium et autres éléments qui lui permettront de résister aux chocs, les vitres sont également en matériaux spéciaux. Il y aura une chambre qui sera réservée aux agents pour vous mettre à l’abri quelques heures ou quelques jours. Nous aurons également un cabinet médical d’urgence pour une chirurgie bénigne et un atelier de recherches pour nos ingénieurs. Cela doit être terminé dans quelques semaines, je vous le ferai savoir, à bientôt lieutenant. La Jeep qui était venue chercher Zohra à la base était maintenant sur un chemin de terres et de cailloux donnant accès à la boutique comme l’appelait le Colonel, une porte en titane peinte en vert télécommandée de l’intérieur permettait d’entrer dans la boutique. Les ingénieurs avaient mis au point des caméras miniatures de surveillance indécelables tout autour de la boutique, grosses comme des boutons de chemise. Le Sébou coulait à une centaine de mètres de là. Lorsque Zohra était à la boutique, elle profitait du fleuve pour s’entraîner activement dans ses eaux tout en sachant que le fleuve était pollué, elle évitait l’apnée. -Vous y êtes lui dit le militaire affecté à la boutique. Le Colonel l’attendait - Bienvenue parmi nous lieutenant. Il lui fit faire le tour de la Boutique avec présentation des ingénieurs et leur qualification et de retour au bureau : -Donnez-moi votre poignet dit il sur un ton autoritaire il lui posa une très jolie montre rectangulaire de dernière mode. Lieutenant cette montre vous vous en doutez est spéciale, dès maintenant elle vous appartient en propre, elle fait corps avec vous. Nos ingénieurs ont trouvé le moyen de la rendre indisponible à tout autre. Elle a la mémoire de votre épiderme et de votre ADN, nul ne pourra s’en servir au cas où elle vous échapperait. Outre l’heure, elle est complètement étanche, elle est également équipée d’un GPS et surtout d’un système de communications sophistiquées enregistrant en continu vos conversations qui seront enregistrées à la boutique ainsi que la possibilité de photographier discrètement les évènements. Je serai seul à vous appeler et vous serez la seule à me contacter. Une sonnerie légère vous avertira du besoin de communication par un tressaillement imperceptible au poignet, il vous suffira de porter votre poignet à l’oreille pour écouter et parler. Ce métier est difficile et dangereux, vous aurez toutes libertés pour exécuter vos missions, j’ai dit toutes libertés, vous serez pardonnée pour toutes les actions que vous entreprendrez, pour la défense du Maroc, Inch Allah ! Tout vous sera permis, rien ne devra vous arrêter pour accomplir vos missions. Me suis-je bien fait comprendre lieutenant ? -Oui mon Colonel -Ah, je voulais vous dire que nous avons plusieurs planques au Maroc, tenues par des militaires de toute confiance, armes, automobiles, motos et drones miniatures télécommandés fonctionnant sur batterie, silencieux équipés de caméras infrarouges et pouvant également être chargés de grenades incendiaires. Le stage que vous avez suivi à Tanger chez Zara est l’une de ces planques. Vous accéderez à n’importe quelle heure dans ces refuges tous auront le même code, il ne faudra que quelques secondes pour l’ouverture des portes vous aurez toujours accès sans problème. Ces planques nous permettront d’y loger, un docteur et deux infirmiers seront là en permanence pour les soins des blessures et de la petite chirurgie avec quelques chambres de repos pour se faire oublier. Aucune question ne vous sera posée, le silence est d’or ! Tout le personnel est issu des brigades spéciales de l’armée, je vous l’ai dit le silence est d’or ce sera la règle obligatoire à l’intérieur de ces planques, personne ne doit connaître les tenants et les aboutissants de vos enquêtes, qod nempe nihil vident, ne rien voir ne rien dire ! Quelques mois plus tard -Connaissez- vous les mariages pour le plaisir lieutenant ? -Oui mon Colonel c’est très usité en Syrie, en Irak et en Afganistan. -Nous avons un problème au Maroc, un groupe très efficace conditionne des jeunes filles pour partir en Syrie. La DGSN a de forts soupçons sur un espagnol vivant à Tanger qui serait le patron du trafic, intelligent, prudent, patron d’une agence d’export import au Maghreb et Moyen-Orient il est d’autre part patron de deux sardiniers qui viennent pêcher dans les eaux du Maroc suite à l’accord avec l’Espagne. La DGSN n’a jamais pu le prendre sur le fait, il ne se met jamais en avant, beaucoup de relais travaillent pour lui à travers le Royaume et le protègent. Monsieur Luis Marquès reste intouchable. Je vous charge de mener à bien cette enquête, elle risque de vous intéresser ? Le mariage pour le plaisir était devenu une institution chez les chiites, ce contrat de mariage qui réunissait deux époux pour une heure ou quatre-vingt-dix-neuf ans était considéré comme de la prostitution chez les sunnites. La dote était liée à la durée du contrat pouvant aller de cent euros à mille euros. Le succès était croissant par l’exemple que représentait ce système en Afganistan projeté en Syrie tant il y avait de femmes seules, célibataires ou veuves donnant lieu à tous les trafics possibles, rien que d’y penser Zohra en avait la nausée. Le Nokkor était brillamment éclairé sur le boulevard maritime de Tanger, hôtel quatre étoiles, trois fourchettes pour son restaurant connu aussi pour ses orchestres de salon et d’ambiance. Un orchestre de danses de salon, un orchestre de musique folklorique marocaine, un quartet de guitares sèches et un couple de danseurs pour le flamenco, apprécié des Tangérois comptant de nombreux Espagnols résidant dans la cité. C’était la pause musicale, la gastronomie était à l’honneur. Il y eut quelques secondes de silence à l’entrée d’une jeune femme épanouie, les cheveux glissants sur ses épaules, les yeux entourés légèrement de khôl, les lèvres très légèrement peintes mettaient en valeur un visage de rêve accompagnée d’un serveur du restaurant. Vêtue d’une robe bleue- azur descendant juste à une dizaine de centimètres en dessous des genoux, une grande écharpe bleue plus foncé que la robe nouée autour de la taille donnait à son corps sa véritable valeur. Sa robe courte laissait voir de magnifiques jambes montées sur des souliers à talons hauts de couleur du même bleu que l’écharpe. Le garçon l’aida à s’asseoir, elle commanda un bar aux truffes et au beurre de Bretagne cuit à l’étouffée. Une bouteille d’eau d’Oulmes accompagna son repas. C’était anachronique dans cet établissement où la clientèle buvait de l’alcool et du vin d’Espagne où du Maroc. Les musiciens entamèrent un tango, la visiteuse fut invitée par un jeune hidalgo, elle refusa prétextant qu’elle n’avait pas fini son dîner. Elle dégusta son poisson, c’était un bonheur cette recette lui plaisait à ravir, les truffes laissaient un goût de rêve sous la langue. À la fin de son repas, le jeune espagnol revint l’inviter, elle se leva, se logea dans les bras du danseur elle glissa avec grâce sur le carrelage mosaïque du sol. À la fin de la danse, le jeune homme l’invita à sa table où il recevait quelques amis, elle se laissa convaincre. Le jeune homme se présenta et présenta ses amis, la jeune femme ne donna que son prénom, Maria. Les discussions n’allaient pas bien loin au bout d’une heure, elle se leva, s’excusa, elle devait faire un long voyage le lendemain pour ses affaires. Elle rejoignit sa chambre, pris une douche et se glissa dans les draps frais. Le lendemain après-midi elle demanda un taxi au portier pour se rendre à l’aéroport. Elle susurra au chauffeur de ne pas aller trop vite, elle avait eu raison elle était suivie. Le jeune hidalgo alias Luis Marquès se dévoilait en désirant connaître son identité. Elle devait s’envoler pour Manille, le voyage serait long avec trois escales sur Air Arabia et KLM aller et retour. Tout avait été organisé depuis plusieurs semaines par la boutique. Son identité, ses titres de propriété des établissements qu’elle gérait fictivement. Zohra avait fait la première partie du plan, elle s’était laissé suivre, elle avait remarqué un individu dans l’avion, les stages de la DGSE avaient été utiles, l’hidalgo se devait d’être au courant de ses moindres faits et gestes. À Bruxelles, première escale de deux heures, elle descendit et se rendit aux toilettes. Elle enfila au-dessus de sa robe un sarong rouge à larges fleurs, se coiffa d’une sorte de turban plat de même couleur que le sarong et s’esquiva, pas question d’aller à Manille. Un taxi l’a conduit à l’hôtel à proximité de l’aéroport, elle demanda une chambre à la réceptionniste et l’heure du prochain vol pour Rabat. L’homme de l’hidalgo avait disparu, dupé par la transformation et la disparition de Zohra, continua néanmoins son voyage vers Manille. Elle prit le vol pour Rabat, dès son l’arrivée elle se fit conduire à Kénitra par un grand taxi, là elle changea de taxi pour Sidi Yaya. Elle n’avait toujours pas remarqué de suiveurs. Elle embarqua sur un véhicule du service qu’elle avait demandé au colonel jusqu’à la boutique. Maintenant tout commençait à se mettre en place, elle resta une semaine à la boutique à pratiquer des exercices physiques, de la méditation et aussi histoire de faire bouillir le bel hidalgo. De retour à Tanger chez Zara elle avisa le colonel. Elle attendit quelques jours et se rendit à nouveau au Nokkor. L’hidalgo n’était pas là. Le lendemain matin, la femme de service se présenta avec le plateau du petit déjeuner accompagné d’un magnifique bouquet de roses rouges et de la carte de visite de Luis Marquès, elle voulut le refuser puis se ravisa. Chaque matin, elle recevait son bouquet de roses rouges avec la carte de visite et le petit déjeuner. L’hidalgo n’était pas réapparu, il lui rendait la monnaie de sa pièce c’était de bonne facture. Quinze jours plus tard, Luis Marquès au moment du déjeuner se présenta devant elle en lui demandant l’autorisation de s’asseoir. -Tiens-vous voilà l’interpella Maria d’un air maussade, que me voulez-vous encore ? -Vous ne m’avez pas remercié pour mes fleurs -je n’ai pas à vous remercier, seigneur Dieu je ne tiens pas à tomber dans votre lit, je choisis moi-même mes amants -il éclata de rire, touché, mais j’attends toujours de mieux vous connaître, vous ne m’avez pas encore parlé de vous ! -Mon curriculum vitae ne vous intéresse pas, mes amis me connaissent et cela me suffit. -J’ai besoin de mieux vous connaître, déguisée en femme du monde, vos activités à Manille dévoilent une femme d’affaires de talent avec un gros tempérament. -Arrêtez de jouer au plus fin avec moi, vous ne me plaisez pas, monsieur Marquès, votre méthode de filature est digne de la police spéciale. Seriez-vous un agent de la police spéciale espagnole ? -L’hidalgo éclata de rire une nouvelle fois. Mon job se trouve dans le commerce international entre l’Espagne, le Maghreb et le Moyen-Orient, ajoutez à cela la pêche à la sardine dans les eaux marocaines suite à l’accord bilatéral entre l’Espagne et le Maroc. -Hum, hum dit-elle, en le regardant droit dans les yeux, moi je pense que tout cela doit cacher d’obscures activités autres que la pêche et le transport de conteneurs. - Vous avez raison, j’ai aussi une troisième activité, mais pas plus obscure que celle que vous pratiquez à Manille, ma chère Maria, je travaille avec la Syrie dans la livraison de jeunes filles sous contrat **Mariage pour le plaisir** qui rapporte beaucoup. J’ai besoin de vous pour organiser cette activité, la surveiller, vous aurez l’entière responsabilité de cette branche, vous en serez la patronne. Je vous donnerai tous les détails si vous acceptez ? Encore une façon de se cacher derrière un paravent ! Zohra disparut durant trois jours et après discussion avec le colonel. -Je suis d’accord à une condition, j’ouvre une agence de recrutement, camouflée comme agence immobilière, vos rabatteurs devront obligatoirement signaler toutes nouvelles jeunes filles, elles viendront à l’agence signer le contrat et choisir leur mari, c’est moi qui paierai les familles. Bien entendu c’est vous qui paierez les frais de location, l’aménagement de l’agence et le paiement de l’employée via un quidam de votre smala. -Vous n’y allez pas de main morte, mais je suis d’accord dit-il avec un large sourire. -Autre chose encore je veux les noms et les adresses de vos rabatteurs, j’irai personnellement les voir. -Autre chose ? -Non, c’est bon comme cela ! Il était intelligent, effectivement il ne se mettait jamais en avant, Maria sera un paravent idéal, supplémentaire à ses activités. Elle fit le tour de tous ses rabatteurs, mais elle eut un petit problème à Marrakech, après les vérifications comptables du trafic, elle vit que le responsable de l’hidalgo s’en foutait plein les poches en gardant une partie des sommes allouées aux familles. Ce trafic la dégoûtait et le détournement d’argent à son profit la dégoûtait encore plus. Elle avertit Luis Marquès, il n’était pas question qu’elle s’en occupe elle-même. L’homme disparut mystérieusement quelques jours après, remplacé aussitôt par un autre sbire. L’agence était prête, une employée proche de Luis Marquès tenait l’établissement. Il fallait qu’elle connaisse tout le système du Maroc à la Syrie. Elle connaissait tous les tenants du recrutement au Maroc, elle avait besoin de s’immiscer soigneusement à Tartous lieu de rassemblement des jeunes femmes de compagnie après la rupture du contrat ! Au Maroc la technique était identique, les rabatteurs s’appuyaient sur les enfants largement rétribués qui les renseignaient sur les jeunes filles appartenant aux familles pauvres. Devant une dot de trente mille dirhams, il était difficile de refuser la proposition. C’est ainsi qu’elles étaient envoyées en Syrie et que Dieu les garde ! Elle s’envola pour Damas avec Egyptair, pour rejoindre Tartous elle devait prendre le train qui ne roulait qu’une fois par semaine. Elle voulait examiner minutieusement le système du mariage pour le plaisir sur place connaître l’ABC du système de jeunes filles de compagnie mis en place par le réseau de l’espagnol. Elle avait deux jours à attendre le train pour se rendre à Tartous, elle en profita pour visiter cette cité maintes fois millénaire. Un guide l’accompagna et développa son crédo. Construite sur un plateau autour d’une source, la Barrada, elle reflétait toute une culture authentique et riche. Ainsi Damas se nomme également Le Cham la cité du jasmin. Le guide l’amena à la Grande Mosquée des Omeyyades, au palais Azem à son grand contentement. Finalement elle prit le train pour Tartous au cours ce long du voyage un problème inquiétant s’était infiltré dans ses projets immédiats, la mafia russe, la **Bratva** faisait la loi sur et autour du port de Tartous. Le port avait été complètement monopolisé par les Russes avec un contrat mirifique de plus de quarante ans avec la Syrie, le port en eau profonde avait été modifié, agrandi pour accueillir leurs navires La ville s’était ouverte aux lupanars, aux cafés avec vente d’alcools. Si les commerçants faisaient de l’or avec les souvenirs achetés par les marins et les aviateurs russes, la population musulmane n’était pas d’accord tant s’en faut avec cette transformation des mœurs qui s’impliquait de plus en plus dans leur culture. Toujours habillée d’une burka Zohra tendait l’oreille sur tout ce qui pouvait la renseigner. Elle se rendit compte assez vite que Luis Marquès avait organisé un réseau de demoiselles de compagnie de première main avec les filles répudiées. L’hidalgo lui en avait parlé, celles-ci acceptaient généralement ce nouveau contrat par rapport à l’argent qu’elles gagnaient, leur pays d’origine était bien loin et le mariage avait été consommé, alors, Soixante-dix pour cent pour l’organisation trente pour cent (cinquante mille dirhams marocains, deux millions six cent soixante-trois mille sept cent soixante-huit livres syriennes, cinq mille euros), pour les demoiselles de compagnie. C’était bien préparé, elles vivaient sous la houlette et la protection de Saïd un ancien sbire d’Al Qaïda reconverti dans le trafic d’armes, de drogues et de prostitution, logées dans un hôtel de luxe de Tartous, **Les Mille Et Une Nuits** dont il était propriétaire il avait également un lupanar réservé aux marins de passage le **Ali Baba Club**. Saïd était aidé efficacement y compris et surtout dans des basses œuvres par Chewki toujours appelé par son nom de famille, tous les deux parlaient russe. Mais tout ce système si bien huilé risquait de s’effondrer avec l’arrivée de la Bratva russe réclamant leur dîme ! Les filles étaient imposées sous la menace et Saïd devait s’acquitter d’un gros paquet chaque semaine. Pour Zohra ce n’était pas l’argent qui la préoccupait, mais la sécurité des jeunes femmes qui risquaient d’être blessées, handicapées, tuées même par la Bratva si elles ne s’exécutaient pas. La mafia russe, la Bratva, s’était considérablement développée lors de la perestroïka en prenant le contrôle de secteurs économiques importants et de tenir dans leurs manches de hauts responsables de l’État qui bénéficiaient également de la manne tombée du ciel. Elle régnait aujourd’hui en maître dans d’innombrables domaines. À Tartous, les officiers supérieurs profitaient et aidaient la mafia dans leurs trafics, armes, femmes, alcools, drogues. Toutes les semaines Saïd et les filles étaient rançonnées par deux géants de deux mètres de haut, à la carrure impressionnante, armés ne laissant pas le choix à la discussion. Zohra proposa de les suivre pour connaître leur destination finale, de connaître également le nombre de mafieux. Chewki sortant tout droit des taudis de Tartous et de la société du crime syrien, Il avait le bon profil, il se proposa pour cette opération. Chétif, il portait la gandoura comme la plupart des Syriens de Tartous, l’on ne le remarquerait pas. Les deux colosses rendirent visite à des petites boutiques du souk près du port puis à un restaurant près de l’ancien édifice chrétien avant d’entrer dans le grand restaurant russe La Perestroika ! Il semblerait que l’ensemble des mafieux se retrouvait ici ? Le restaurant était interdit aux Syriens, seuls les Russes avaient le droit d’entrer ce qui n’arrangeait pas les choses de nos trois compères. Une première réunion entre Saïd, Zohra et Chewki ne permit pas de trouver une solution. Abattre les deux hommes à l’hôtel ne ferait que de foutre le feu aux évènements sans concrétiser le problème ? Le lendemain matin Chewki proposa un plan : suivre discrètement les gorilles de la Bratva faire leurs courses auprès des commerçants soumis à la loi de la mafia russe. Quand ChewkiI rentra au bercail, il fit un rapport complet et généreux de la situation. Il y avait vingt-trois établissements soumis à la dîme de la Bratva. Dans la ruelle de l’église, quatre boutiques étaient visitées. La ruelle pavée était étroite et sinueuse au gré des petits immeubles carrés et des murs de l’église qui offrait une multitude de lieux pour se dissimuler. ChewkiI avait raison c’était l’endroit idéal pour en terminer avec la Bratva. Le jour de la paie Chewki alla se poster tout près de l’église, Zohra suivit discrètement les gorilles qui ne se méfiaient pas. Un petit café était niché dans un coude de la ruelle, les gorilles entrèrent pour encaisser leur dû. Au sortir du café, ils furent accueillis par Zohra et Chewki, seulement deux coups de feu et c’était fini ! Chacun d’eux rentra par un bout différent de la ruelle pour rejoindre Les mille et une nuits. La Bratva ne comprenait pas cet attentat, aucun client rançonné n’aurait la force et le courage d’organiser une telle action. Qui avait fomenté ce coup d’éclat, les juifs avec Zwi Migdal, la mafia syrienne ? Ils décidèrent de doubler les effectifs de protection dans les démarches auprès de la clientèle, mais aussi auprès de la Pérestroika. Les pensionnaires des Mille et une Nuits en se débarrassant des deux collecteurs de fonds avaient mis un coup de pied dans la fourmilière russe, ils attendaient de connaître leur réaction ? Devant leur apparente inertie, ils décidèrent d’agir sans attendre. Quatre heures du matin Saïd, Chewki et Zohra avec leurs fusils lancent roquettes, et le bazooka de Chewki firent feu en même temps, en quelques secondes ce ne fut plus que destructions et incendie gigantesque. Revenus avec mille précautions aux Mille et une Nuits ils réfléchirent de la suite à donner. D’abord connaître rapidement le résultat de l’opération, le nombre de disparus et de blessés de mafieux. Ils analyseront ensuite la situation. Le lendemain tout Tartous était sous le choc, onze morts, quatre blessés transportés à l’hôpital, l’effectif de la Pérestroika réduit pratiquement à zéro avec la destruction complète de leur immeuble ! Deux autres membres s’étaient réfugiés dans le quartier militaire, mais les officiers craignant des complications avaient réagi avec cynisme et efficacité. Les deux corps avaient été retrouvés dans une petite rue près de l’église. La Bratva était out ! La mafia russe avait disparu pour un temps à Tartous. La Bratva sera remplacée très rapidement par une autre mafia et tout recommencera. Une rapide enquête de la police conclut à un nouvel attentat d’Al Quaida vu les projectiles employés. La mafia juive, héritière de Zwi Migdal était celle qui tenait le pavé. A l’origine sorte de mutuelle pour les voyous proxénètes ashkénazes elle s’était internationalisée. Jusqu’à maintenant à Tartous elle avait toujours respecté les accords avec les Russes en ne dépassant jamais le cercle rouge, mais maintenant ? Zohra était rassurée sur la santé des demoiselles de compagnie. Saïd, Chewki et Zohra décidèrent de rompre la glace en rendant visite à Joshua le maître de la mafia juive au Jérusalem hôtel restaurant juste à côté de la synagogue. Joshua était amateur de jolies femmes et de cigares de Cuba. Ils se présentèrent accompagnés de Zita une superbe jeune femme brune consentante que Saïd rétribuerait. La rencontre ne fut pas facile il fallut y mettre des formes, les formes de Zita eurent bientôt raison des difficultés passagères et aidèrent à la conversation. Zohra offrit une boîte de véritables havanes, des Cohiba, acheté aux marins russes. Ces petits cadeaux détendirent l’atmosphère passablement coincée depuis leur arrivée. Maître, commença Zohra, notre visite est intéressée vous vous en doutez. Nous avons mis un terme à la Bratva, elle raconta avec force détails les différentes opérations. Vous avez le champ libre avec l’entière possibilité de dépasser le cercle rouge. Nous vous proposons en considération pour l’aide que nous vous avons apportée et celle que nous vous apporterons à chaque fois que vous en aurez besoin, d’oublier Les Mille et une nuit et Ali Baba d’à côté. Joshua regarda ses acolytes qui approuvèrent du chef, la mafia juive allait doubler sa recette. Joshua se leva et tapa dans les mains de Zohra de Saïd et Chewki. Il demanda une bouteille d’arak. Cet accord valait bien une entorse au Coran, ils levèrent leurs verres, c’était fait. En sortant, ils oublièrent Zita. Zohra logeant aux Mille et une nuits, avait remarqué que tous les vendredis un homme de forte stature une longue barbe passée au henné sortait le dernier de la mosquée du port entouré de quelques gardes du corps. Ce n’était plus un secret pour personne à Tartous que le cheik était un terroriste recherché par les USA pour crimes de guerre et apologie du djihad. La politique de la main sale est souvent complice des plus vilaines choses, l’honorable président Bachar El-Assad aurait pu l’éliminer depuis longtemps, mais fin politique il préparait l’avenir après avoir liquidé la rébellion avec l’aide de l’armée russe, il tenait dans sa manche le cheik Samir Belkrich, qui évitait ainsi les bombardements de l’aviation russe et aurait une place de choix dans le futur en servant les intérêts du Président. Zohra téléphona au Colonel pour le mettre au courant qu’il restait un problème de taille avec la présence de Samir Belkrich cet ancien caïd d’Al Quaida officiant dans la zone de la Goutha orientale recherché par les USA qui avait fait allégeance à Bachar El Assad. Voyant son territoire menacé par les Mig, les Sukoï de l’aviation russe et les fantassins de l’armée syrienne, Samir Belkrich se rallia au camp du Président Bachar Al Assad, en oubliant ses hommes sur le terrain. La politique a toujours eu les mains sales, il vivait tranquille à Tartous contre des renseignements vendus et richement payés sur le nom de ses anciens complices les caïds d’Al Quaida et leur zone d’influence. Samir Belkrich était également très impliqué avec la Bratva et des officiers de l’armée russe dans la revente d’armes qu’il obtenait à bon prix et revendait avec un sérieux bénéfice à la Libye qui se faisait une montagne de beurre avec le Polisario. Samir Belkrich était un client coutumier des Mille et une nuits. Le cheik s’adonnait à la pratique de la fornication. Celui qui voulait rallier le peuple à sa cause sur la vraie foi, en assassinant des villageois innocents, en enlevant des jeunes filles, en les mariant de force avec une rançon à la clef et ayant des habitudes contraires aux lois de l’Islam était un renégat, Shaiitane l’attendait ? Il venait toutes les semaines aux Mille et une nuits, quelques fois plusieurs fois ! Zohra avait averti le colonel de sa présence à Tartous avec une photo, elle attendait les ordres. Le colonel avisé demanda réflexion, il rappellerait Zohra plus tard. Le lendemain la petite sonnerie de sa montre attira l’attention de Zohra, elle mit son poignet à l’oreille, aucune présentation elle savait que c’était le colonel. -Le cheik est une menace pour notre pays à travers des ventes d’armes au Polisario et à la Libye, ce sont des armes récupérées parmi les différentes factions de terroristes et achetées auprès d’officiers russes. Il est indispensable qu’il disparaisse pour la sécurité du royaume. Attendez le feu vert ! Vous recevrez de la visite. Il n’avait rien à ajouter elle agirait en conséquence. -Attendez mon Colonel, je ne suis pas encore prête et j’ai une autre solution -C’est bien j’attends votre message Une semaine plus tard -Mon Colonel c’est une histoire de quelques jours. Le cheik a traficoté avec les officiers russes chargés du matériel, il a obtenu une fois de plus la livraison d’un char léger avec un mortier de cent vingt millimètres et une portée de sept mille cinq cents mètres, l’Armoured avec une protection particulière du blindage, l’armement nécessaire ainsi qu’une vingtaine de véhicules armés de fusils lancent roquettes de vingt millimètres. Le matériel était immédiatement mis dans la soute d’un navire algérien, un ro-ro, le Mostaganen, ni vu ni connu ! Zohra se devait de détruire ce chargement qui aboutira entre les mains du Front Polisario. Elle n’avait qu’une solution redevenir un poisson le temps de fixer des explosifs sur la coque du navire. -Elle appela le Colonel, le mit au courant de l’expédition d’armes pour la Libye, et lui suggéra de la laisser redevenir un nageur de combat pour fixer des explosifs sous la coque du navire Mostaganem un roulier moyen. Vous vous souvenez que je suis capable de rester sept minutes en apnée et nager à douze mètres de profondeur ? Saïd me confectionnera les explosifs que je collerai sous la ligne de flottaison à proximité du moteur. C’est la seule solution mon Colonel. -Êtes- vous sûr de vous ? -Oui mon colonel, nous réussirons ! Saïd aidé de Chewki s’occupèrent très rapidement du matériel et le préparèrent minutieusement. Quand ce fut prêt, cela se réduisait à deux boîtes en acier de vingt centimètres de long sur dix de large qui se colleront sur la coque par aimantation. Zohra se rappela qu’elle était ingénieur en électronique elle confectionna un petit bijou de détonateur qui fonctionnera sous l’eau avec seulement quelques impulsions émises par un téléphone portable. Le Mostaganem préparait son départ pour mercredi via Tripoli pour la livraison d’outils de combats livrés au Polisario, c’était dimanche, Zohra avait décidé d’agir cette nuit-là. Deux heures du matin, vêtue d’un collant noir, les boîtes en acier aimantées rangées dans un sac ventral, Zohra s’élança, elle se laissa couler, son altimètre lui indiquait huit mètres de profondeur puis elle rejoignit la surface durant deux cents mètres jusqu’à proximité du Mostaganem. Elle se laissa couler jusqu’à douze mètres de profondeur, elle était invisible, elle s’approcha de l’endroit du moteur et fixa les deux boîtes par aimantation. Le détonateur posé également sur la coque du roro, fera son office en déclenchant l’explosion. Mercredi, le navire s’éloignait doucement de son appontement en éraflant sa coque sur le béton du quai. Zohra, Saïd et Chewki étaient là tapis derrière une vieille coque. Le Mostaganem était sorti du port, Zohra marqua un petit code sur les touches de son téléphone portable, une explosion gigantesque réveilla Tartous, le Mostaganem s’était volatilisé avec tout son chargement. Adios Tripoli, adios Polisario, baslama ! Les explosifs avaient merveilleusement fonctionné. Al Quaida sera une nouvelle fois impliqué. Zohra mit immédiatement le colonel au courant de la situation qui s’épaississait avec la position inconfortable du cheik Samir Belkrich. Les affaires de ce type se faisaient toujours par voie interposée de mandataires puis de ou des officiers qui livreront clandestinement l’armement. C’est le client, en sorte Samir Belkrich qui s’occupait du transport, la marchandise était déchargée à Tripoli, vendue au Polisario contre monnaie sonnante et trébuchante. Entre truands il n’y avait jamais de problème, la confiance régnait. Samir Belkrich payait ensuite rubis sur l’ongle les mandataires qui à leur tour paieront les officiers galeux. Mais là, gros problème, comment Samir allait payer les mandataires ? Le ro-ro coulé irrémédiablement à trois cent mètres de profondeur avec les autos- mitrailleuses, le char léger, les jeeps armées, Samir avait du souci à se faire ! Le lendemain de l’explosion, Samir reçu la visite aux Mille et une nuits de deux individus à l’air peu commode. Zohra appela le Colonel pour lui signaler les ennuis du cheik avec ses mandataires. Les Russes allaient s’occuper du cheik sans tarder, les problèmes de flouss chez les voyous passent avant les histoires de cœur. Zohra n’aurait pas à s’occuper du prédateur, les Russes s’en chargeront. Mais la méfiance prévalait chez Zohra, Samir était vicieux et capable de s’enfuir au Liban ou même en Israel contre des renseignements importants. Chewki avait rassemblé ses amis de la pègre locale pour surveiller discrètement jours et nuits les allées et venues du cheik. Ils n’étaient pas les seuls, les hommes de Chewki avaient remarqué le manège de plusieurs individus autour des Mille et une nuits les Russes avaient eu la même idée. Zohra était persuadée que le cheik essaierait de les couillonner, il était trop vicelard pour en rester là et sa vie en dépendait ! La surveillance continuait autour de lui, mais rien ne semblait bouger le cheik restait cloîtré à l’hôtel cela sentait mauvais. Un jour pourtant il n’était pas revenu aux Mille et une nuits sa disparition était de mauvais présage. Le cheik avait couillonné tout le monde comme le craignait Zohra. Il fallait faire vite pour le liquider avant qu’il devienne complètement invisible. Chewki réunit ses amis de la pègre de Tartous pour obtenir des renseignements, il n’avait pas disparu comme cela ? Ils ne trouvèrent trace nulle part à Tartous. Le soir, Saïd eut une idée : -Tout le monde cherche à Tartous, j’ai idée qu’il a été choisir son bonheur ailleurs. La banlieue de Tartous offre d’innombrables possibilités. Le lendemain toute l’équipe se divisa pour enquêter dans la banlieue. À la réunion du soir, l’un des hommes de Chewki dit, j’ai une information, mais je ne sais pas si elle crédible ? -À Flaaflus la banlieue limitrophe de Tartous, un coiffeur dit qu’il a rasé un homme à la barbe rousse pour qu’il redevienne glabre et rasé complètement ses cheveux ! L’on tenait un bout du fil, il ne fallait pas le casser, c’était ténu, mais cela valait quand même que l’on s’y attarde. Dans les pays musulmans, les artisans, les boutiques ferment très tard, aux alentours de minuit, quelques fois plus. Chewki alla voir l’un de ses amis photographes pour faire le nouveau portrait du cheik. Deux heures plus tard, le photographe avait refait le visage du cheik et fait cent photocopies. Le lendemain matin, toute l’équipe partit en expédition pour retrouver la trace du cheik, tout autour de Tartous. Il fallait faire vite. Ce fut une journée sans, le moral baissait. Flaaflus avait été passé au peigne fin. Où était-il en Israel, cela paraissait impossible, le Liban c’était à majorité chrétienne, difficile à croire, en Turquie, en Jordanie ? Pour l’instant aucun indice ne permettait de suivre sa trace. -Zohra dit et s’il était reparti dans la zone de combat en Syrie ? C’était également une piste à suivre. Le vendredi, jour de grande prière le muezzin appelait à la prière du haut du minaret de cinquante mètres de hauteur de la mosquée. Tous les hommes s’accumulaient devant la fontaine de la mosquée pour faire leurs ablutions, se lavaient les pieds, les mains, les bras et le visage avant d’entrer dans la mosquée, les pieds nus et le corps parfumés. L’un des sbires à Chewki revint en courant à l’hôtel -J’ai vu le cheik il est à la mosquée -C’était bien lui, retord, vicieux, on le cherchait en dehors de Tartous, il n’y avait pas bougé après être passé au coiffeur, il avait trouvé refuge à Tartous c’était un maître de la dissimulation. Saïd et Zohra se cachèrent pour la sortie de la mosquée, l’homme avait raison, c’était bien le cheik sans barbe et sans cheveux, mais reconnaissable. Ils attendront le prochain vendredi pour agir. Zohra mit le Colonel au courant de la situation, à la satisfaction de celui-ci. Il restait à mettre un plan au point pour que tout soit réglé comme du papier à musique pour un concerto joué au piano. Il ne fallait surtout pas qu’il y ait des dommages collatéraux, seul le cheik devait être touché ! À la sortie ce ne sera pas possible, à l’entrée non plus, le suivre paraissait impossible et dangereux, il devait avoir tout prévu. Le seul moment c’était à l’intérieur de la mosquée avec le pistolet pneumatique à aiguilles, mais ce ne pourrait pas être Zohra qui agisse dans ce contexte. Ce serait donc Chewki qui agirait quand le cheik serait à genoux. Le pistolet pneumatique de Zohra est entièrement silencieux, Chewki pourra envoyer ses aiguilles dans le crâne du cheik sans que personne ne s’en aperçoive. Mais cette idée a été très vite abandonnée, perpétrer ce crime à l’intérieur d’un lieu saint n’était pas possible. Le vendredi d’après tout le scénario qui avait été mis au point avait été abandonné. Les fidèles entraient à la mosquée pour entendre l’imam, il restait encore beaucoup de fidèles dehors, d’un seul coup, stupeur, deux coups de feu, le cheik s’écroula abattu sur le parvis de la mosquée. Les Russes avaient conclu leur marché sans s’occuper des problèmes ultérieurs libérant Chewki de ce travail. C’était compter sans la chance, sans le recours de Dieu le cheik blessé de deux balles de pistolet s’en était sorti par miracle, transporté en urgence à l’hôpital de Tartous, opéré il était toujours en vie. Pas question de terminer le travail à l’hôpital. Zohra se préparait à rentrer au Maroc, quatre jeunes femmes de compagnie l’accompagneraient, elles rentraient également au pays rejoindre leur famille et se refaire une nouvelle vie. Elle avait appelé toutes les jeunes femmes à rentrer au pays sans tarder. Il était cinq heures, l’heure de l’arak, deux hommes entrèrent aux Mille et une Nuits en poussant brutalement chaises et tables sur le sol en insultant tous les occupants de l’hôtel. Ils s’approchèrent de Zohra le pistolet en main celle-ci debout adossée au comptoir en essayant de lui faire peur. Chaussée de hauts talons elle se détendit d’un seul coup comme un ressort sa jambe droite atteignit l’œil de son talon lui perforant le cerveau, le deuxième clown n’eut pas à réfléchir un demi-tour et le talon de sa chaussure gauche entra dans l’oreille et lui transperça le tympan, baraka, terminé. Said et Chewki étaient ahuris c’était la première fois qu’ils voyaient Zohra à l’œuvre de cette façon. Elle mit son index devant sa bouche, chut, élémentaire mon cher Watson, parodiant les répliques des œuvres du célèbre auteur anglais Sir Conan Doyle pour les empêcher de poser des questions. Il fallait trouver un moyen de défense cette intrusion était sans nul doute la réponse du cheik à son attentat, il frappait dans tous les sens. Chewki envoya ses amis se mettre en quête de renseignements. Deux de ceux-ci revinrent tard la nuit. Le cheik de son lit d’hôpital avait fait alliance avec la mafia syrienne. La chabiha était une organisation civile dangereuse, mains armées de Bachar E Assad, mais aussi groupuscules de voyous travaillant à leur seul profit. Le cheik à travers la chabiha voulait radier de Tartous tous ses adversaires ou présumés ennemis y compris chez les Russes. La chabiha représentait une menace sérieuse qu’il ne fallait pas prendre à la légère, l’épisode des Mille et une Nuits était anecdotique. Le quartier général de la chabiha se trouvait dans un immeuble au nord de Tartous. Attendre serait suicidaire, il fallait agir et vite. Said ferma les Mille et une Nuits et des amis de Chewki assurèrent la surveillance et se rallièrent par intérêts aux projets de Zohra de Said et Chewki. Cela faisait une quarantaine d’hommes sur qui le trio pouvait compter, ce n’était pas négligeable ! Deux heures du matin, l’immeuble de la chabiha était cerné, des armes lourdes composaient l’armement des vengeurs. Deux lances Grenade firent sauter les murs d’enceinte extérieurs, les hommes s’engouffrèrent dans l’escalier en tirant au pistolet mitrailleur. Zohra nettoyait le premier étage avec Chewki ils auraient pu se croire dans un film ce n’en était point un, la mort dominait sous les coups de feu. Elle donna le signal du repli avant l’arrivée de la police et de la garde. Toute l’équipe se retrouva aux Mille et une Nuits. Il ne fallait pas se retrouver bloqué comme eux, pour cela il fallait que des hommes soient dehors en nombre suffisant pour pallier à l’action de la chabiha. Elle n’avait pas été détruite, seulement blessée, choquée. Zohra par mesure de sécurité fit descendre les jeunes femmes au bord de mer, assez loin des mille et une nuits ! Deux jours après, la chabiha renforcée par la section de Damas s‘attaqua aux Mille et une Nuits ! Deux engins de chantiers sur chenilles un bulldozer et une grue pris sur le port d’à côté accompagnés d'une vingtaine de membres de la chabiha s’avançaient de concert vers les Mille et une Nuits dans le but de détruire rapidement l’hôtel. Une seule solution, stopper l’avance de ces mastodontes. Les deux lances Grenade crachèrent le feu sur les chenilles des machines les anéantissant, elles restèrent sur place démantibulées, leurs conducteurs hors service ! . Il fallait en finir, le combat fut brutal, la chabiha avait été vexée et cherchait à se venger. Pour le moment elle était repoussée grâce aux lances grenades et aux bazookas qui ne faisaient pas que du bruit et comme disait Zohra Dieu vient toujours aider les plus démunis. Devant le bruit et la fureur des combats, la mafia juive avec Joshua en tête est venue prendre part aux réjouissances en cours trop heureux de leur casser la tête. Ils prirent à revers les voyous de la chabiha et l’un ne n'allant pas sans l’autre, les Russes sortirent avec une auto mitrailleuse faire le ménage, Amdouhla. Que Dieu ai leur âme murmura Zohra, la chabiha avait disparu elle avait très mauvaise presse dans leur entourage, trop avaient eu à souffrir de leurs agissements. La chabiha était momentanément hors service, Bashar Al-Assad ne pourrait tolérer que son bras armé à Tartous soit anéanti, elle sera vite reconstituée. Les jeunes femmes priées de remonter aux Mille et une Nuits furent soulagées. Les Russes prirent l’initiative de transporter les épaves encore fumantes sur les lieux de l’immeuble de la chabiha dégageant la place de ces ordures. L’officier commandant le blindé, ses servants ainsi que Joshua s’invitèrent à l’hôtel c’était la première fois. Après les discussions obligées sur ces évènements, le cuisinier servit un plat de tradition syrienne un Frik céréale à l’agneau, arrosé d’arak boisson traditionnelle elle aussi en Syrie composée de jus de raisin avec une infime quantité d’anis. Zohra ne prit qu’un verre par politesse. Elle songeait au retour avec les quatre demoiselles de compagnie quels seront les aléas à s’attendre après la destruction de la chabiha, elle réfléchissait avec quel transport se rendront-elles au Maroc ? Les sbires de Bashar El Assad pensaient eux aussi faire le ménage et se débarrasser du clan des Mille et une Nuits, ils avaient compris que Said et Chewki n’étaient que des comparses ils ne laisseront pas partir Zohra comme cela. La cible pour le moment c’était Zohra, rien que Zohra ! Chewki encore lui avait fait une proposition fuir la Syrie par le Liban. Quelques kilomètres seulement les séparaient du Liban, ensuite prendre l’avion de Beyrouth à RABAT via une escale. Voilà comment il voyait les choses. Il avait un ami qui trafiquait avec un vieux bateau de pêche, il accepterait contre de la monnaie de naviguer jusqu’à El Minie une cinquantaine de kilomètres de Tartous, ensuite Inch Allah ! Chewki se proposa d’accompagner Zorha et les jeunes femmes jusqu’à Beyrouth, ce serait plus sûr. Restait le problème du cheik, en vie il restera un danger constant. Le problème est réglé dit Chewki avec un petit sourire vicieux. Personne ne dit mot. Le lendemain matin la nouvelle se répandit dans tout Tartous le cheik Samir Belkrich n’avait pas survécu à ses blessures. Chewki avala un verre d’arak, passa sa main sur ses cheveux et prit un air innocent. Vendredi à l’heure de la grande prière Samir embarqua Zorha et les quatre jeunes femmes ainsi que Chewki dans son bateau un petit thonier de vingt mètres de long, les rues étaient vides, le muezzin avait appelé à la prière. Les quatre jeunes femmes et Zohra entrèrent dans la cabine devenue ainsi toutes invisibles et anonymes. Hors du port Samir fit ronfler son moteur, il se dirigea tout droit sur le Liban, de là ils apercevaient El Minie, trois heures suffirent pour y arriver. Il fallait trouver un transport pour accéder à Beyrouth. C’était la débrouille tout se vendait au Liban, Chewki arrêta un bon vieux bus, avec du flouss le chauffeur accepta d’aller à Beyrouth. Sur la route Zohra pris Chewki à part et lui dit, nous sommes suivis. Le chauffeur sur commande tourna sur la route de droite, la Mercédès noire était toujours derrière, pas de doute la chabiha les avait retrouvés. Le bus s’arrêta, Chawki ne voyageait pas sans son outil un petit bazooka rangé dans un sac en toile qui envoyait ses obus à soixante mètres. La Mercédès arrivant à proximité du bus, CHEWKI envoya un obus de son petit outil sur la voiture qui se désintégra avec tous ses occupants en flammes, baraka, terminé ! Les jeunes femmes étaient mortes de peur Zohra les rassura c’était terminé. Le bus fit demi-tour pour rejoindrez l’aéroport. À l’aéroport Zorha serra la main de Chewki en le remerciant, choukrane à bientôt. Après avoir pris leur billet pour Rabat, elles se rendirent à l’hôtel pour se changer et déjeuner. Zorha aurait dû liquider Said et Chewki en tant que membres actifs du réseau de Louis Marquès mais cela lui était impossible vu l’aide qu’ils avaient apporté et surtout elle avait constaté que les jeunes femmes n’étaient pas contraintes, elles étaient protégées et soignées. Elle expliquerait tout cela au colonel ! Le voyage de quatre heures trente se passa pour le mieux les jeunes femmes ne savaient pas comment raconter leur histoire à leurs parents, elles se devaient d’effacer l’épisode des demoiselles de compagnie afin de raconter une histoire à dormir debout ! Zohra les encouragea, elles retrouveront leur famille, elles se referont une vie normale, se marieront sans doute, auront des enfants, un nouveau départ, Allah pardonnera. Il restait sept jeunes marocaines à Tartous elle prendrait des nouvelles tous les trois mois et les aiderait à rentrer au Maroc si tel était leur désir. Le Colonel était satisfait du travail de Zohra, il la félicita. Vous avez fait du bon travail en Syrie lieutenant, je constate que vous vous en êtes très bien sortie, pourtant ce ne sont pas les ennuis qui vous ont manqué. Je pense que vous les attirez spontanément, la mafia russe, la chabiha avec un œil rigolard. Zohra coupa court. -Mon colonel lui dit-elle il faudrait s’occuper des émissaires de l’espagnol avant qu’ils disparaissent. -J’ai demandé à la DGST de s’en occuper dès que le cheik eu disparu ils ont tous été arrêtés, jugés en comparution immédiate pour prostitution aggravée en intelligence avec l’ennemi et emprisonnés. Pour Luis Marques ce n’est plus de votre ressort lieutenant, Zara va s’en occuper, chacun son boulot. Le lendemain matin, La gazette du Rif titrait en gros titre : Un attentat a eu lieu cette nuit sur la Rocade maritime de Tanger contre une villa d’un gros exportateur espagnol il ne reste que des ruines. La police pense à un acte criminel de la mafia envers monsieur Luis Marquès qui aurait refusé de payer ? Les drones de Zara avaient fait un bon travail !

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