Les wagons de l’Oued des oliviers





Les wagons de l’Oued des oliviers
Nouvelle de  Paul Edouard GOETTMANN 
tirée du recueil de nouvelles érotiques le sentier des désirs

Le Duster,(2), haut sur pattes, battait la campagne doucement sans heurts sur la route goudronnée, Saida, conduisait bien, attentionnée tout en entretenant une discussion de tout et de rien. Il est de faits notoires que la vie est faite d’aventures où le hasard n’a rien à faire dans ce paramètre !
Il y avait des mois que je faisais mes achats au super marché de la ville, un grand magasin de deux étages fortement achalandé. A ma première visite, je fus bousculé par une employée poussant un chariot lourd de produits domestiques, elle s’excusa, smerlhi, (3) et repris sa route zigzagante entre la clientèle nombreuse à cette heure. Elle m’avait fait mal aux jambes, je la regardais s’éloigner. Comme de nombreuses marocaines, elle avait une chevelure de geais, longue qui devait tomber à la ceinture, elle était à cette heure ceinturée sous un foulard de couleur bleu, laissant dépasser quelques mèches. J’avais vu son visage lors de ses excuses, ovale, légèrement teinté, sans doute métissée, cette jeune femme était jolie,  valorisés par des yeux  cernés au khol, (4), comme beaucoup de marocaines, là aussi, une taille légèrement arrondie. J’eu l’occasion de la revoir plusieurs fois officiant à une caisse, rarement la même avec le sourire et une dextérité stupéfiante dans la présentation du code barres au lecteur magnétique de la caisse.
Plusieurs mois s’étaient écoulés depuis ce premier incident, mes salam alékoum avaient contribué à détendre l’atmosphère. Un après midi je tombais nez à nez avec elle poussant un chariot, sans réfléchir, je criais, taxi avec le signe de main habituel! Du tac au tac elle fit semblant de descendre la glace du véhicule et me dit avec le sourire de circonstance, désolé, je ne vais pas dans cette direction…...pan, touché ! Cette jeune femme jouait à merveille sa partition de séduction. C’était un samedi vers treize heures peu de monde dans le magasin, alors que  je m’engageais seul dans le couloir réservé à cette caisse, elle barra l’accès avec son bras en me disant li makay yetkalmouch al arabiya mayhadrouch, (6). Surpris, inquiet presque je me tournais vers le vigile, un colosse de près de deux mètres de haut qui me dit sérieusement, Saida vous dit que cette caisse est fermée aux étrangers ne parlant pas arabe ! Devant ma surprise, il continua, la direction fait un essai, si cela est concluant, le magasin sera fermé aux étrangers ne parlant pas l’arabe, car cela est une perte de temps, la rentabilité de l’établissement est en jeu. Le rire me secoua le corps, je m’étais fait avoir de belle façon, le vigile de connivence avec Saida avait préparés et joués cette  comédie. Il faut dire que j’étais assez copain avec le vigile, de temps en temps, je l’amenais dans un endroit pour boire une bière. Je rangeais mes achats dans mon cabas, je payais, pris le ticket puis, je pris le taxi pour rentrer chez moi. Rangeant mes produits dans le frigidaire et le placard, je découvris sur le ticket de caisse un numéro de téléphone ? Je compris que c’était celui de Saida. Le magasin fermant à vingt deux heures, j’eu la patience d’attendre la fermeture du magasin pour l’appeler. Je ne croyais plus à ton appel me dit elle, j’ai terminé à dix huit heures aujourd’hui, je voulais faire un tour dans un endroit sympa, tu es d’accord, non ? Je n’avais pas de voiture, nous nous sommes retrouvés dans l’endroit choisi.
Dans les phares de la Duster s’alignaient les forêts d’eucalyptus et de chênes liège aux troncs lisses de chaque côté de la route sur des kilomètres avant de suivre la ligne de chemin de fer en  direction de l’Oued des oliviers, petite station régionale mais carrefour important de transit de marchandises, particulièrement de machines agricoles et outils de levages. Quatre ou cinq voies de garages attendaient les puissantes locomotives électriques souvent attelées deux par deux pour amener ces wagons lourdement chargés vers  les destinations programmées. Sur la voie extrême, aucune barrière ou clôture ne séparait la voie du domaine public, des vieux wagons de voyageurs étaient là pour certains depuis plusieurs années. Saida m’expliqua que ces wagons étaient devenus des hôtels pour les jeunes lycéens, chaque compartiment se transformait en chambre d’hôtel. Ils ne recherchaient pas le confort, mais seulement un lieu pour donner libre court à leurs désirs. La loi au Maroc, interdisait toujours les amours hors mariage, d’où les wagons hôtels des Oliviers !
Saida connaissait bien l’Oued des Oliviers, elle se dirigeait sans coup faillir jusqu’un établissement composé d’une boîte de nuit, d’un restaurant et d’un hôtel. Là encore nous aurions du être mariés pour prendre une chambre d’hôtel, nous étions adultes et le backchich,  de deux cents dirhams a suffi pour refouler efficacement les scrupules du responsable de l’hôtel. Les affaires posées sur le lit, nous sommes allés nous restaurer. Une pizza aux fruits de mer gigantesque pour Saida je me contentais de tagliatelles également aux fruits de mer, je n’ai pas pu tout manger ! Il était plus de minuit, Saida m’entraîna dans la boîte nuit attenante. La musique disco ne m’a jamais emballé, après deux ou trois danses, assis sur nos chaises, nous dégustions une bière de qualité. Ce fut le moment des confidences. Elle m’avoua qu’elle avait habité le bled, (8) du côté de Fes qu’elle s’était mariée, puis divorcée il y avait maintenant deux ans. Pour ne pas avoir de représailles toujours possibles de sa belle famille, elle avait disparue de la région pour s’installer dans le sud à Marrakech), dans un petit appartement qui lui suffisait largement. Personne ne rentrait dans son logis, c’était la règle qu’elle s’était fixée, lorsqu’elle avait des envies elles les passaient à l’Oued des Oliviers, le responsable de l’hôtel faisait semblant de ne pas la reconnaître. Elle avait trente huit ans, trouvée rapidement du travail dans ce super marché qui lui assurait une vie agréable sans plus. Elle ne me posait pas de questions, l’heure était venue de faire également des confidences. Veuf, je m’étais établis au Maroc par curiosité, mieux connaître la culture, les gens, puis au fil des mois, j’étais devenu marocain, un certificat de résident me permettait de séjourner sans problème au Maroc. En France, j’avais occupé  un poste de maîtrise dans une entreprise de construction.
Elle m’a prise la main, l’invitation était claire, le responsable de l’hôtel nous salua tous les deux. La porte de la chambre refermée, elle m’embrassa goulument entreprenant de m’enlever ma chemise, mon pantalon et mes sous vêtements. Ses mains étaient chaudes et douces, je profitais de son déshabillage pour me rincer la bouche. Elle m’apparu telle que je l’avais imaginée, plus encore, la poitrine forte, c’était effectivement une métisse, sa peau était très légèrement colorée, ses cheveux noirs très longs descendaient jusqu’aux reins, de grandes jambes aux mollets parfaits soutenaient un corps bien fait ! Elle m’accompagna sous la douche, armée d’un gan de crin, elle entreprit  de me frotter le dos, le ventre et les cuisses c’était délicieux, je fis de même avec plus de douceur sur le corps de Saida surtout sur sa poitrine, nous étions enduits de savon parfumé des pieds à la tête. Nous commencions à perdre la raison, nos lèvres scellées refusaient de parler, avec un geste précis, elle s’enfonça, ne me laissant pas le temps à la réflexion elle commença des allers et venues développant en nous des fantasmes interdits. Elle monta ses fesses encore plus haut, ses cuisses enveloppa mes cuisses, risquant de nous faire glisser, je lâchais Saida pour agripper les robinets de la douche. Je ne lâchais pas Saida des yeux jusqu’au moment ou un imperceptible tremblement dans une ultime secousse lui rendit sa lucidité. L’eau chaude de la douche nous remis en état, séché je m’allongeais sur le lit, Saida se séchait les cheveux avec le séchoir de l’hôtel en les lissant délicatement avec un peigne adapté. Après dix minutes, elle vint se coucher près de moi, mutine, tous sourires, laissant percer ses dents d’une grande blancheur. C’était plus fort que moi, le désir revenait, je ne pouvais et avait nulle envie de le réfréner.  Nos langues mêlées orchestraient nos fantasmes, nos obscénités cachées, ma main prenait possession de sa poitrine, jonglant avec l’un et l’autre fruit offert à ma convoitise, titillant les cerises posées comme un défi sur le bout de ses seins. Ma langue aussi goûtait avec délice ces fruits que Dieu avait donnés aux femmes pour que nos enfants trouvent après nous les voies de la vie, de l’amour ! Mes doigts descendaient doucement sur son ventre rencontrant un petit buisson taillé court défendant  une vallée heureuse où logeait le génie des plaisirs. Mes doigts continuaient leurs vas et viens doucereux dans une vallée de plus en plus humide. Saida s’abandonnait en ouvrant les jambes, la bouche ouverte aspirant l’air doucement me rendant son souffle tendrement au creux de l’oreille.  Plus vite me glissa – t – elle à l’oreille, j’obtempérai de bonnes grâces, il ne fallu pas longtemps à Saida pour qu’elle chasse ma main d’entre ses cuisses. Un large sourire éclairait son joli visage. Au bout de quelques instants, elle rampa sur le lit en écrasant mes jambes  pour les ouvrir, délicatement elle commença une succion. Elle m’amena au vertige par une savante fellation. Je ne me souvenais plus le matin au réveil, du moment où je m’étais endormi tant ces moments avaient été forts ! 
Je continuais à aller faire mes achats au même magasin, rencontrant Saida mais n’échangeant que des banalités, c’était elle qui me téléphonait lorsqu’elle avait envie de me rencontrer pour partager nos corps et nos phantasmes.




Source:forums.irpresse.fr





Duster, véhicule 4/4 Renault/Dacia fabriqué à Tanger, vendu dans les pays émergents
 Smerlhi, pardon
 Khol, crème de maquillage noir pour les yeux
li makay yetkalmouch al arabiya mayhadrouch, cette caisse est interdite aux étrangers ne parlant pas l’arabe, (formule humoristique dans le récit)
Bled, campagne loin des villes, isolée

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