José Bové : "Le GIEC s'époumone à alerter et les gouvernants font du 'business as usual'"




José Bové : "Le GIEC s'époumone à alerter et les gouvernants font du 'business as usual'"

Le groupe d’experts internationaux a publié ce jeudi 8 août un nouveau rapport sur l’état des sols et la façon dont leur surexploitation menace la sécurité alimentaire, appauvrit la biodiversité et amplifie les émissions de CO2. Entretien avec l’eurodéputé écologiste José Bové.
Une gestion plus durable des terres de la planète. C’est ce que préconise le nouveau rapport du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié ce jeudi 8 août. Les principales conclusions du GIEC pointent notamment la surexploitation des sols qui contribue grandement au réchauffement climatique. Pendant près d’une semaine, des délégations de 195 pays membres du GIEC se sont réunis à Genève pour approuver le rapport. L’eurodéputé écologiste José Bové analyse pour Marianne le paradoxe entre l’alerte du GIEC et les très récentes signatures d’accord de libre échange par nos Etats, comme le Ceta et le Mercosur, qui s’annoncent plus bénéfiques pour l’agro-industrie et pas pour la viabilité de nos sols.
Marianne : Cela fait des années que vous alertez sur la gestion durable des terres. Quelle a été votre première réaction au rapport du GIEC ?
C’était évident que le GIEC allait sortir un rapport là-dessus. Le modèle agricole agro-industriel continue son œuvre destructrice et clairement c’est un appauvrissement des terres. Tout ce qu’on voit à l’œuvre aujourd’hui, que ce soit en Indonésie avec l’huile de palme dévastatrice, ou encore au Brésil avec le défrichement des forêts, est catastrophique. On peut aussi parler des engrais qui stérilisent des millions d’hectares de sols. D’ici à quelques années, on pourrait arriver à 25% de rendements agricoles en moins si l’on continue comme cela, car notre sol est considérablement affaiblit par toutes ces pratiques. Les sols deviennent morts. Le fait que le GIEC le dise me paraît très important, le problème c’est que dans le même temps on voit les accords de libre échange s’établir. Nos gouvernants n’assument absolument pas leurs responsabilités.
Justement, dans un article du Monde, Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du GIEC parle d’une certaine "prise de conscience, partout dans le monde, des enjeux d’une transformation profonde de l’usage des terres". Est-ce vraiment le cas quand on voit les signatures récentes d’accords comme le Mercosur, le Ceta ou encore la hausse des importations de bœufs américains vers l’Union européenne ?
Tout ça est catastrophique ! Il y a un paradoxe entre ce que dit le GIEC et les accords de libre échange signés par nos Etats. Ces accords vont totalement à l’encontre de ce que préconise le GIEC. On nous fait de très beaux discours toutes les semaines sur le réchauffement climatique, mais les ministres de l’agriculture qui se sont succédé depuis deux ans, et bien avant, n’ont pas bougé d'une ligne. Les lobbys continuent à pousser pour toujours plus d’agro-industries, pour toujours plus de pesticides. Regardez le glyphosate, l’interdiction est reportée à la Saint-Glinglin.
"Il y a un paradoxe entre ce que dit le GIEC et les accords de libre échange signés par nos Etats"
Par ailleurs, ce comportement très paradoxal de nos Etats, qui signent toujours plus d’accords de libre échange qui accélèrent le réchauffement climatique, éloigne les citoyens de la politique. Les gens se demandent comment ils peuvent croire aux discours de leurs dirigeants si dans le même temps ils signent de tels accords. C’est la même hypocrisie lorsque les députés reçoivent Greta Thunberg à l’Assemblée nationale et que dans le même temps on signe le Ceta. Les députés qui ont signé et qui disent que c’est parce que dans l’accord, il y a des clauses environnementales, c’est faux ! Le but du Ceta ce n’est pas de protéger l’environnement, c’est de faire du business.

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