LES ANGES PLEURENT AUSSI


 C

                                                                    Synopsis

Zohra combat un groupe de terroristes, anciens militaires voulant implanter au Maroc la charia type afganistan, un retour à l'arrière de deux cents ans et chasser le Roi de son trône.



                LES ANGES PLEURENT AUSSI

                                             DE Ali GADARI

 

 

            J’ai une affaire délicate à vous confier capitaine : une équipe de dangereux malfaiteurs s’attaque aux commerçants, ils sont armés, et l’un des leurs a blessé un client la semaine dernière. Les membres de cette bande pratiquent le rançonnage, disparaissent en emportant la caisse du jour et reviennent la semaine suivante pour réclamer leur rançon sous la menace. C’est une bande fortement organisée, qui s’inspire de la Camora. Tu paies où tu meurs !  Ils se sont diversifiés, rançons et attaques spécialisées, mais n’appartiennent pas à la mafia marocaine d’après les renseignements obtenus auprès des caïds. Lors de leur dernière action, l’attaque de la poste de Sidi Kacem , le gardien qui voulait s’interposer a été tué, et ils sont repartis avec quinze millions de dirhams.

                ZOHRA était prévenue. C’étaient des individus dangereux. Elle commença son enquête par la poste. Leur technique était simple, neutraliser le gardien, tenir en respect la clientèle et le personnel, prendre le directeur en otage et lui faire ouvrir le coffre après avoir bloqué tous les signaux de sécurité et détruit les caméras de surveillance. Elle se rendit compte qu’ils agissaient comme des commandos militaires. De ce fait, elle pensait qu’ils avaient une idée derrière la tête, leurs attaques n’étaient pas claires, quel était leur objectif final ? Elle disposait des descriptions des auteurs. L’un deux, qui semblait être le patron de la bande, était grand, un mètre quatre-vingt si ce n’est plus, maigre, les épaules légèrement voûtées, une démarche avec le buste penché en avant, avec les yeux profondément enfoncés dans les orbites, et rehaussé de lunettes de verre grossissant à monture d’acier. Un autre était plus petit et de corpulence moyenne, avec des cheveux blonds obtenus par décoloration. Ces détails étaient importants ! C’étaient deux petits riens, mais qui pouvaient s’avérer payants !

Le mercredi suivant, ils attaquaient le bureau de Wafa  Cash de Souk El Arbaa procédé, vitesse et efficacité de professionnels, plusieurs millions de dirhams envolés, volatilisés. Zohra se rendit sur place, où les mêmes indices se retrouvaient : un type très grand, légèrement voûté, avec des lunettes à verres grossissants, Kalachnikov à la main qui commandait quatre sbires méchants comme des teignes.  Un client avait eu le temps de noter une partie du numéro du véhicule, une MercédèsS blanche, 62174. C’était peu, mais la police pourrait peut-être faire un lien ? Le client n’en était pas sûr, mais les derniers numéros semblaient se terminer par 33, le véhicule devait être d’AGADIR. Deux jours après, ils s’attaquaient au Wafa Cash de Sidi Slimane. Même procédé, même technique, mais ils avaient changé de véhicule. C’étaient incontestablement des professionnels. Indice non remarqué jusqu’à ce jour : l’un des malfrats boitait très légèrement. Le samedi en fin de la même semaine, ils récidivèrent sur le distributeur automatique de la Société Générale de Sidi Yayha Du Gharb. A deux heures du matin, arrivés avec un camion, ils crochetèrent le distributeur arrimé au camion par des câbles en acier. Le camion en marche arracha le distributeur, mais ils n’eurent pas le temps de ramasser l’argent, car une ronde de  policiers les avait surpris lors de leur forfait. Une fusillade éclata, tuant un policier, et l’un des malfrats, touché gravement, s’écroula sur le trottoir et  la tête sur le côté. Cette fois -ci c’était un échec pour les voyous, mais quel foutoir, deux morts au cours de cette fusillade ! Le voyou tué allait sans doute en apprendre beaucoup à la police et à Zohra. Il n’avait pas de papier d’identité sur lui l’habitude des assassins. Les photographies transmises au dossier du grand banditisme ne donnèrent rien. Individu inconnu, un zombi. Zohra envoya la photo au colonel, elle ne pensait toujours qu’ils fussent membres ou anciens membres de l’armée. Plusieurs jours après, Zohra reçut une réponse positive et intéressante. Le mort, libéré en deux mille dix-huit, était Saïd Amlouch, ancien sous-officier du régiment d’artillerie de marine de Guercif, groupe d’escadron blindé, dit le GEB. Les comparses devaient être sans aucun doute du même régiment. Sans photographies des autres membres, il serait difficile de les localiser ! Une enquête du sergent recruteur de Guercif devrait éclairer les lanternes de Zohra. Amlouch était copain comme cochon avec Amin Terkich, adjudant-chef. Elle connaissait des détails : c’était un homme grand, maigre, portant des lunettes à verres grossissants. Elle demanda au colonel une photo qui lui parvint rapidement. Il avait quitté l’armée la même année qu’Amlouch. Son adresse, fournie par le sergent recruteur, se trouvait à Sidi Bouknadel, route nationale, au lotissement Al Mountazah. C’était trop beau. Elle s’y rendit et avec les renseignements du voisinage, arriva devant la maison d’Amin. Elle informa le colonel et fit le guet. Il n’était pas question de l’arrêter sans preuve tangible. Il sortit de sa maison. C’était bien lui, un grand escogriffe à lunettes, qui effectivement marchait légèrement penché en avant. Elle le suivit jusqu’au grand café de Sidi Bouknadel, où il s’assit à côté d’un homme corpulent, barbu, habillé d’une djellaba, avec qui il entama une discussion animée. Elle arrêta la surveillance, revint à la Boutique, et rendit compte au colonel de ses investigations. Il faudrait revenir, pister le grand escogriffe, s’asseoir à une table, et pour cela elle avait besoin d’Abdéramane car elle ne pouvait par convenance s’asseoir seule au café. Ils amèneraient avec eux le petit appareil d’écoute à distance, qui avait une capacité d’écoute d’environ dix mètres. La discussion d’Amin avec son ou ses amis de table serait automatiquement enregistrée et analysée à la boutique. Le lendemain, Zohra et Abdéramane étaient déjà au café, buvant un thé à la menthe lorsqu’Amin fit son apparition,il s’assit à la table du barbu. Toute la discussion fut enregistrée. Après le dépouillement de la bande, ce fut la surprise. En fait Amin et sa bande de marlous travaillaient avec des religieux extrémistes qui refusaient le progrès, accusaient le Roi et le gouvernement de s’être vendus à Shaiitane, à l’occident. Ils refusaient le rôle des femmes au Maroc, elles ne devaient pas travailler, et s’occuper de la maison et des enfants, un point c’est tout ! C’était une théorie rétrograde, venue du Moyen- Age. Ce n’étaient plus des malfrats en quête de flous, mais leurs attaques servaient les intérêts de quelques terroristes en quête de reconnaissance. Leur idée était de s’attaquer à l’école de police de Sidi Bouknadel, les policiers étant les protecteurs du régime.  La technique serait la surprise, un camion bélier détruirait la porte d’entrée, ils tueraient les gardiens avant de tirer à la mitraillette sur tous les policiers présents, puis feraient demi-tour et s’enfuiraient. Le colonel prévint le directeur de l’école qui prit immédiatement les mesures nécessaires. Comment expliquer cette envie de meurtre au nom d’Allah ? Shaiitane leur bloquait-il le cerveau et leur commandait-il de faire le mal ?  Il faudrait remonter jusqu’à la source et détruire jusqu’au dernier ces guerriers de l’enfer. Le barbu était l’un des dirigeants de cette conspiration.

            Premièrement, il faudrait éviter qu’Amin soit présent lors de l’arrestation du barbu. Il fallait le pister pour connaître sa destination. Il logeait dans un appartement du centre-ville à côté du souk. Il faudrait l’y appréhender. Deux heures du matin. Zohra et Abdéramane montèrent doucement les deux étages, s’arrêtèrent devant la porte du barbu. Abdéramane enfonça la porte et tous les deux foncèrent dans l’appartement. Des coups de feu claquèrent et résonnèrent dans l’appartement. Ce n’était pas un imam, mais un soldat du crime. Zohra et Abdéramane avaient localisé le départ des coups de feu. Ils se rangèrent derrière des meubles et tirèrent à leur tour, voulant le prendre vivant. Le barbu répliqua avec une arme automatique. Abdéramane s’allongea à terre, rampa jusqu’à proximité du barbu et lui logea une balle dans la cuisse, le rendant incapable de se mouvoir. Ils le transportèrent jusqu’à la voiture et prirent la tangente.  Il n’était pas question de l’amener à la Boutique. Ils s’arrêtèrent dans le bois d’eucalyptus après Sidi Bouknadel, descendirent le barbu et commencèrent à lui poser des questions. Il refusa de parler, Abdéramane lui logea une balle de son Berretta dans l’autre cuisse. Il hurla de douleur. Tahduth, parle, où je continue. Une balle dans l’épaule, une autre dans le pied, tu verras c’est très amusant. Allez parlez, lui enjoignit de nouveau Zohra. Il n’y avait rien à en tirer, il restait muet comme une carpe de l’oued Sébou. Abdéramane lui logea une balle dans la tête, fin de l’épisode. Ils le laissèrent dans le bois et rentrèrent à la Boutique où ils firent leur rapport au colonel. Zohra avait pris une photo avec sa montre connectée à la Boutique. Dès le lendemain ils recevaient des renseignements au sujet du barbu. Il se nommait Abdelkhrim Al Salal, connu pour son fondamentalisme, suivi par la police spéciale depuis des mois. Les journaux exploitaient l’évènement : un homme abattu sauvagement dans la forêt de Sidi Bouknadel, la police s’oriente vers un conflit religieux. Abdelkhrim Al Salal était connu pour ses propos radicaux fondamentalistes. Sa mort stoppait les investigations. Qui étaient les autres membres du réseau ? Il fallait repartir à zéro. La police était appelée à surveiller Amin en permanence, qui seule pouvait amener Zohra sur une piste. Il devait être retors sous des dehors paternes de bonhomme tranquille. Ce grand escogriffe issu du régiment d’artillerie avait plus d’un tour dans son sac. Il fallait s’en méfier comme de la peste, Zohra en avait entièrement conscience. Le barbu mort, Abdelkhrim allait changer de méthode, être beaucoup plus prudent dans ses relations avec les extrémistes et ce serait plus difficile à le pister. Il continuerait à se montrer, faire semblant tout en surveillant ses arrières. Zohra et Abdéramane devraient se couvrir, ne pas se laisser repérer, et les déguisements et les caches seraient indispensables. Effectivement, Amin ne se cachait pas, il continuait à se rendre au grand café de Sidi Bouknadel. Zohra accompagnée d’Abdéramane avec une fausse barbe, avait mis sa perruque blonde achetée à Tarifa lors de son enquête sur les lupanars espagnols. Elle était couverte d’un foulard, revêtue d’une robe longue noire couvrant les mollets et descendant jusqu’à ses chaussures basses. Amin était seul, il buvait un thé bouillant en lisant le journal. Il reçut un coup de téléphone sur son portable, mais ils étaient trop loin pour entendre la conversation. Il se leva, héla un taxi qui prit la direction de Kénitra. Sa trace était perdue, une journée pour rien. Ils rentrèrent à la Boutique et prirent la décision d’amener avec eux chaque jour le récepteur afin d’enregistrer toutes les conversations. Là, ils avaient commis une erreur, n’ayant pu enregistrer la conversation au téléphone d’Amin. Il avait dû rencontrer des comparses à Kénitra pour fignoler l’attaque de l’école de police. Mardi matin, un camion fonça sur le portail de l’école de police. Les policiers avisés par la Boutique tirèrent sur la vitre de la cabine, tuant deux hommes. A l’arrière deux autres malfrats tirèrent en rafales, tuant un policier et en blessant un autre, avant d’être exécutés à leur tour par la mitraille des policiers. Le camion sans chauffeur au volant devenu fou s’encastra dans le mur d’un bâtiment et s’enflamma. L’école avait quand même évité le pire, malgré la perte du policier. Le blessé fut transporté en urgence à l’hôpital Mohamed V à Rabat, ses jours ne semblaient pas en danger. Le bilan était maigre pour l’organisation salafiste, mais c’était toute une victoire pour les extrémistes fondamentalistes, une signature ! Amin ne dérogeait pas à ses habitudes. Assis à une table du grand café de Sidi Bouknadel, il lisait son journal en buvant un thé à la menthe. Zohra était habillée d’une burka et de gants fins de couleur noire, invisible sous cet habillement. Abdéramane portait une gandoura grise à rayures et était coiffé d’une chéchia rouge. Il portait des lunettes noires et une fausse barbe mi- longue rousse, teintée au henné. Amin mit son portable à l’oreille, la conversation fut immédiatement enregistrée. De retour vers la Boutique, ils furent assaillis par une grêle de projectiles tirés par des fusils mitrailleurs dans la forêt de Sidi Boukinadel. Leur automobile fit une embardée et s’encastra dans un gros eucalyptus, heureusement sans dommage pour eux. Ils plongèrent à terre et se dissimulèrent derrière les eucalyptus de la forêt. Les tirs n’arrêtaient pas, ils avaient été découverts malgré leurs déguisements. L’un des assaillants, sûr de lui, se mit rapidement à découvert, et ZOHRA l’atteignit de deux balles de son Glock 18 dans la tête. Les assaillants avaient l’avantage de la surprise. Zohra avisa le colonel de cette embuscade et de la destruction du véhicule. Ils rampèrent conjointement jusqu’à un ruisseau pratiquement à sec et se jetèrent dedans. Protégés par la berge et momentanément invisibles, ils attendirent l’arrivée des malfrats. Ils étaient trois, Zohra remarqua le voyou qui claudiquait légèrement ; il correspondait parfaitement à la description d’un témoin lors de l’attaque de la poste de Sidi Kacem. Les deux autres étaient ordinaires. Ils s’approchèrent à quarante mètres, Abdéramane et Zohra firent feu, le boiteux s’écroula, un autre homme roula à terre mortellement blessé, Le troisième homme s’enfuit en courant, mais le Glock ne lui laissa aucune chance ! Abdéramane et Zohra remercièrent Allah de les avoir épargnés. Ils étaient sales, crottés par la boue du ruisseau. Pas question de prendre un taxi ! Ils demandèrent de l’aide au colonel. Les profils des assassins laissés sur le carreau étaient intéressants. Le boiteux se nommait Hassan Chidmi, domicilié à Kénitra, le deuxième se nommait Malak Benséghir, domicilié à Salé et le troisième, Kalid Boukili, était domicilié depuis peu à Tiflet. Tous étaient d’anciens militaires de la base d’artillerie de Guercif. Le colonel demanda à l’Etat- Major général l’identité de tous les hommes libérés depuis deux mille huit de leurs obligations militaires du camp de Guercif. Il y en avait quarante-quatre, soldats et sous-officiers. Le colonel s’occupa de l’affaire. Il signala leur identité aux régions militaires, capables de fournir rapidement des renseignements. Six semaines après, le colonel avait les éléments désirés. Il apparaissait que seuls onze militaires étaient amis avec Amine, Hassan, Malak et Kakid en particulier. C’était donc parmi ces onze qu’était née la bande de crapules et d’assassins, avides d’en découdre avec la population. Dans ce genre d’affaires, chaque indice, chaque recoupement était important ! L’un d’eux était signalé comme extrémiste et suivi de près par la police spéciale, Salid Noir, Renseignements Généraux (RG) du Maroc services secrets de renseignements faisant partie de la DGSN (Direction générale de sûreté nationale), la police marocaine. Leurs missions consistaient à collecter et analyser les informations de tous genres ainsi que le suivi d’individus.

                Zohra et Abdéramane prirent la route jusqu’à la ville de Tiflet. Ils s’enquérirent de l’adresse de Nourdine à Sidi Yayha. Devant l’immeuble, ils firent une pose avant de gagner l’étage. Devant la porte, ils armèrent leur main de leur arme, au cas où. Ils frappèrent à la porte et attendirent. Nourdine ouvrit la porte, surpris de trouver deux individus armés.  Zohra et Abdéramane le poussèrent et entrèrent dans l’appartement. Salem Alékoum Nourdine, juste une question 

-Quel rapport as-tu avec Amine Terkich ?

-Aucun, depuis que j’ai quitté l’armée

-Ne nous ment pas Nourdine, nous savons que tu es fiché comme extrémiste religieux et suivi par le Said Noir en permanence.

-C’est vrai, mais je n’ai aucune relation avec Amine

-Abdéramane lui balança une gifle magistrale

-Je ne sais rien de lui

-Abdéramane récidiva

-Puisque je vous dis ne rien savoir d’Amine

-Abdéramane lui logea une balle de son Berretta muni de son silencieux dans la cuisse. Tant que tu continueras à mentir, nous te ferons mal !

-Que voulez-vous à la fin, en se tenant la cuisse pour chasser la douleur, je ne comprends rien à vos questions, je ne côtoie plus Amine depuis longtemps

-Une balle lui transperça l’autre cuisse ; il hurla de douleur. Je ne sais rien du tout ! Il saignait beaucoup.

-Nous allons continuer dit Abdéramane, taquarar binafik, décide-toi

-Baraka, je ne répondrai plus à vos questions

-Très bien dit Nourdine, moi je continue, et il lui tira dans l’épaule qui le fit souffrir énormément. Des larmes coulaient de ses yeux. Pourquoi veux-tu souffrir, nous te demandons si tu as des rapports avec Amine.

-Awa, je n’ai rien à voir avec Amine

-Tu veux jouer les héros, c’est bête tu vas encore souffrir pour protéger cet individu

-Allez au diable, Allah vous punira.

-Je ne crois pas Nourdine, nous sommes du côté d’Allah, adhab watahdath, allez, parle !

-Là, non, vous êtes envoyés par Shaiitane

-Très bien Nourdine il lui logea une balle dans l’autre épaule, le faisant énormément souffrir.

-Baraka, baraka, je travaille avec Amine, nous voulons un Maroc propre comme le voulait le prophète. J’ai participé à l’organisation du groupe.

-Tu vois quand tu veux ajouta Zohra et ce groupe, comment est-il constitué ?

-Comme un régiment avec des sections différentes, chacune avec des objectifs précis

-Y a-t-il des officiers dans ce groupe ?

-Amine m’a dit qu’il y avait un colonel qui dirigeait tout cela. Ils ne pouvaient plus l’arrêter de parler.

-Le connaissez-vous ?

-Non, il reste inconnu pour la majorité des membres du groupe

-Donne-nous leur nom d’un des membres du groupe pour le contacter

-Tmer à Sidi Kacem

-Que Dieu ait pitié de toi, dit Abdéramane en mettant à sa vie d’une balle en pleine tête.

 Le colonel fut satisfait de cette avancée dans les investigations.

                La visite à Bachir Tmer fut mouvementée. La mort de Nourdine l’avait alerté, et il se tenait sur ses gardes. Quand Zohra et Abdéramane frappèrent à sa porte, il répondit par des tirs nourris sans même ouvrir, mais Zohra et Abdéramane, habitués de ce genre d’intrusion, s’étaient mis à l’abri sur les côtés de la porte. Bachir continuait ses tirs, la porte en bois s’était déchirée par les impacts de balles. Cet assassin était dangereux. Zohra jeta un œil sur la pièce, Bachir, ce dangereux assassin, était en face prêt à faire feu sur tout ce qui bougeait. Il mitrailla à nouveau, cette fois la porte se disloqua, laissant une ouverture béante. Zohra laissa passer son bras et tira une salve vers Bachir sans l’atteindre. La situation était critique, mais au moment où Zohra et Abdéramane se décidaient à forcer le passage, Bachir se logea une balle dans la tête. Ils se dépêchèrent de fouiller les lieux, les documents, les cassettes. Ils ne trouvèrent rien et prirent la fuite avant l’arrivée de la police. Cette action n’avait pas duré plus de cinq minutes. Le colonel n’était pas satisfait de la tournure des évènements. Les indications de Nourdine restaient vagues et généralistes. Pas de nom, et qui était ce colonel ? Un officier de cette qualité au service du Roi et de la nation qui trafiquait dans la clandestinité pour l’établissement d’un régime salafiste extrémiste était d’une extrême gravité. La Boutique ne disposait d’aucun nom sur lequel s’appuyer, le suicide de Bachir avait fermé le chemin de la connaissance. Zohra et Abdéramane retournèrent à Sidi Kacem interroger les voisins et les commerçants au sujet des activités journalières de Bachir. Celui-ci était un homme généralement souriant, parlant peu. Il avait un ami avec lequel il prenait le thé de temps en temps au café Qahuat Mugharba, le café du Maghreb sur la place de la mosquée. Les interlocuteurs de Zohra ignoraient le nom de cet ami. Ils étaient unanimes sur son aspect : pas très grand, corpulent, les cheveux blonds teints, coiffés d’une chéchia blanche. Ce dernier détail rappela à Zohra un indice rapporté par un témoin lors de l’attaque de la poste de Sidi Kacem. Serait-ce le même homme ? Si c’était le cas, le fil était renoué ! Ces cheveux teints en blond devraient être remarqués par la population et permettre à Zohra et Abdéramane de joindre l’individu. De questions en interrogations, ils aboutirent à une adresse, rue NX23 dans le nouveau quartier de Sidi Kacem, tout à côté du café. Ils se devaient d’être prudents et surtout de ne pas perdre la trace de leur cible. Assis au café, ils virent le blondinet sortir de chez lui, la chéchia bien posée sur sa tête, rondouillard, joufflu, l’air gentil et avenant. Les locataires de la Boutique le virent trottiner jusqu’à la station de taxis. Une fois le blondinet parti, ils montèrent au premier étage de son immeuble, ouvrirent sa porte à l’aide de clefs universelles et entrèrent dans l’appartement. Ils commencèrent à fouiller, à ouvrir les placards et les armoires. Le bureau situé dans le salon réservait des surprises, toute une liste de suspects et leurs adresses, leurs téléphones, le nom de l’officier supérieur, le donneur d’ordre, une aubaine. Ce devait être une pointure, proche du patron, pour posséder de tels documents. Ils s’emparèrent des documents, s’assirent sur le canapé et attendirent le retour du blondinet qui se nommait Ossama Ouriarhli. Plus de deux heures après, celui-ci franchit la porte de son appartement, et se trouva devant Zohra et Abdéramane, sidéré, quand il eut refermé la porte. Zohra logea une aiguille d’acier dans son crâne à l’aide de son pistolet pneumatique, occasionnant une paralysie et pour être sûr qu’il ne parlerait plus, une autre aiguille lui traversa le cœur, Inch Allah. Ils repartirent satisfaits à la Boutique. Le colonel aurait sauté de joie si cela n’était inconvenant, en particulier en apprenant le nom du colonel félon, le Colonel Abdenour Haraou, commandant la première division blindée de Marrakech, héros de la guerre Irak où il avait eu une attitude exemplaire à la tête de ses troupes. Les honneurs semblaient lui être montés à la tête. Le colonel patron de la Boutique le connaissait bien, ils avaient combattu ensemble, mais il avait maintenant du mépris pour ce soldat pourri et félon. Il faudrait du temps, mais il serait châtié. Les autres n’étaient que de la broutille, des petits soldats à la solde d’extrémistes religieux persuasifs. Ils étaient vingt et un, disséminés dans un rayon de trente kilomètres. Zohra et Abdéramane étaient chargés de les éliminer, c’étaient les ordres. Il fallait éviter qu’ils disparaissent du Maroc. Ils commencèrent par Kénitra, trois sbires logeaient dans cette ville et il fallait faire le ménage. Aucun d’eux ne s’attendait à l’entrée de Zohra et d'Abdéramane dans leur jeu. Ils furent exécutés l’un après l’autre dans leur appartement. A la suite de l’assassinat de ces malfrats, les autres membres de la confrérie se tenaient sur leur garde. D’abord  et  ensuite les membres de Kénitra. Plusieurs avaient déménagé sans demander leur reste et disparu de la circulation. La chasse à l’homme continuait inexorablement, destination Tiflet, un membre logeait à côté de la mairie, dorénavant il fallait les abattre à l’extérieur de leur logement. Moustaid allait chaque jour palabrer avec des voisins et amis au café de Rabat, le matin de onze heures à deux heures de l’après-midi. Zohra et Abdéramane se postèrent à une table à proximité d’eux. Abdéramane sortit son Beretta muni de son silencieux sous la table et attendit le moment propice. Le coup de feu atteignit Zakaria à la poitrine. Personne n’avait rien vu ni rien entendu. Transporté à l’hôpital, il décéda durant son transport. Tout de suite après, ils se dirigèrent vers une petite commune limitrophe de Tiflet, Ait Bou, deux autres membres habitaient là. Le premier, prudent, ne sortait plus de chez lui, ce n’était pas du goût des locataires de la Boutique. Sa petite maison était située en bordure d’un champ de maïs, Zohra employa les grands moyens, elle balança une bille explosive, fabrication de la boutique sur le mur de façade de la maison. Après l’explosion, l’incendie, l’homme sorti en courant, hébété, comme fou, Zohra le cueillit avec son Glock 18, l’homme s’écroula dans les flammes. Le deuxième sbire logeait à côté de la gendarmerie, elle répéta son action, le mur de façade explosa et l’incendie ravagea la maison. L’homme avait dû mourir lors de l’explosion. Les gendarmes sortirent en courant et appelèrent les pompiers, sans doute une fuite de gaz ? Ils eurent quand même des doutes, une deuxième explosion la même journée. Ils rentrèrent à la Boutique et firent leur rapport au colonel. La presse s’en donnait à cœur joie, crimes, explosions, les unes étaient des bijoux. Crimes de voyous pourvoyeurs de drogues, vengeance de bandes organisées, quant aux explosions, elles étaient pour le moment inexplicable, la police enquête. Zohra et Abdéramane comme d’habitude n’avaient laissé aucun indice, un travail bien fait. Lorsqu’ils arrivèrent à Dar El Gueddari, quatre membres de l’organisation habitaient dans ce village. Beaucoup de ces fils de paysans étaient analphabètes relativement faciles à endoctriner. Ils allèrent dans un douar à quelques kilomètres du village, juste une dizaine d’habitations, des petites fermes, quelques vaches et des moutons. L’homme à abattre était un paysan possédant plusieurs hectares de champs, une dizaine de vaches et une trentaine de moutons. Il était marié avec trois enfants, cela chagrinait énormément Zohra, mais elle était un soldat, elle exécutait les ordres. Youssef Abdellati devait être supprimé. Il était sur son tracteur dans un champ voisin, la voiture de Zohra et Abdéramane roula sur le chemin, quand le tracteur arriva à proximité, Zohra fusilla le quidam, l’automobile roula tranquillement jusqu’à la nationale pour rejoindre  le village. Il en restait trois dans le village, l’un d’eux était boucher. Arrivés devant l’étal, Abdéramane tira, l’homme s’écroula à terre, ils s’éclipsèrent. Un autre résidait dans un nouveau bâtiment au deuxième étage, il fallait qu’il sortît pour l’atteindre, il n’était pas question de monter. Kanza Yessef comme les hommes du village se rendait au café de Gueddari boire le thé et parler de tout et de rien durant des heures. Il était attablé sur la terrasse contre la vitrine du café, c’était risqué, trop de risques de dommages collatéraux. Zohra s’avança, sortit son pistolet pneumatique et envoya une aiguille dans le crâne de l’extrémiste. Ces voisins de table le virent subitement chuter de sa chaise, ils se précipitèrent pour le relever, mais ils constatèrent qu’il était décédé. Ils parlèrent fort, appelant du renfort. Une ambulance arriva très vite, le secouriste constata également le décès de Kanza. Lors de l’autopsie, le chirurgien trouva une aiguille d’acier de trois millimètres de diamètre sur deux centimètres de longueur, il se trouvait devant un meurtre, choqué, il appela la gendarmerie qui lui intima l’ordre de se taire, de faire le silence sur cette affaire, c’était à eux maintenant à faire le travail. La gendarmerie de Dar El Gueddari transmit le dossier au quartier général, le retour fut concis et très clair : laissez tomber l’affaire, secret d’Etat ! La gendarmerie de Dar El Gueddari transmit l’ordre au chirurgien qui s’inclina devant les ordres donnés et la raison d’Etat. Le troisième larron était déjà au courant il fuyait, mais au moment de monter dans sa voiture, ABDERAMANE lui logea une balle dans le cœur, il s’écroula sur la banquette avant de son automobile. Au quatrième, maintenant. c'était le serrurier forgeron du village, religieux forcené tenant des propos hostiles au royaume et à son régime avec ses proches. Il s’était laissé pousser la barbe qu’il teignait au henné, le crâne rasé, il allait à la mosquée chaque jour bien habillé et parfumé. Il portait sur lui un Walter PK380 depuis les disparitions tragiques de ses compagnons. Inquiet, même dans son travail, il se méfiait, la main toujours sur son Walter dans la poche de son pantalon à la moindre approche, il était sur ses gardes. Zohra et Abdéramane s’approchèrent pour parler avec lui, ils se retrouvèrent devant un homme armé prêt à faire feu. Pas commode le sieur Alaoui, un ouistiti de mauvaise allure. Les deux locataires de la Boutique levèrent les mains en l’air, ils firent mauvaise mine en lui demandant ce qui se passait et qu’ils n’avaient aucune mauvaise intention. Zineb d’un air rogue leur demanda de circuler, de s’éloigner de la forge séance tenante. Ce qu’ils firent, en s’éloignant, Zohra prit son GLOCK dans son sac, se retourna et tira, Zinzb ne s’attendait pas à cela, il chuta lourdement sur le béton de son atelier, du sang s’écoulait de sa blessure. La foule s’amassait autour de l’atelier de Zineb, il n’y avait eu aucun bruit, tout était feutré même le départ de Zohra et d’Abdéramane. De retour à la Boutique, ils communiquèrent avec le colonel. Ces meurtres commençaient à faire du bruit, la police était sur les dents, il y a lieu de stopper momentanément l’opération balayage. Trop c’est trop, il faut savoir s’arrêter.

Durant deux mois ils mirent les fichiers à jour. Les renseignements qu’ils tirèrent des profils des extrémistes étaient intéressants. L’un d’eux était défavorablement connu de la justice pour vols avec récidives ayant écopé de deux années d’emprisonnement. Il avait connu en prison Hassan Zaoui emprisonné pour des propos et des actes contre la royauté. C’était un salafiste convaincu et prêchait à l’intérieur de la prison auprès des autres prisonniers pour un Islam rénové, c'est-à-dire un retour à l’arrière, un retour vers le Moyen-Age. Certains dont Ahmed Sarkaoui s’était laissé convaincre. Dès sa sortie de prison au bout de deux ans, il avait fréquenté les individus indiqués par Hassan et rejoint rapidement le groupe de la dissidence. Le directeur de la prison le décrivait comme intolérant et bagarreur ayant goûté plusieurs fois à la cellule d’isolement. Il habitait à Salé. Zohra et Abdéramane avaient fait le tour de ces loustics sans les approcher, quatre de ceux-ci avaient disparu, volatilisés. Il faudra voir lors de la reprise du nettoyage s’ils avaient pu se réfugier dans la famille, il faudra commencer par eux. L’un des leurs était voyageur de commerce, se déplaçant beaucoup, il avait la possibilité d’avoir facilement des contacts avec les autres membres du groupe. Il y avait intérêt à le suivre, ce devait être également un porteur d’ordres. Les autres étaient commerçants ou fonctionnaires, sauf un iman, chassé pour des appels successifs à la violence. Plus de trois mois étaient passés, les choses s’étaient calmées.

                Mardi, le Maroc était sous le choc, une quarantaine d’individus et de militaires, prenaient d’assaut le Palais du Roi à Rabat, tuant les militaires qui gardaient la porte du château, entrés à l’intérieur du château, ils se heurtèrent aux tirailleurs qui étaient à l’intérieur, la bataille fut terrible, de nombreux militaires furent tués et blessés. Les parachutistes de Salé prévenus arrivèrent en hélicoptères, une fois à terre ils sonnèrent la charge, les assaillants succombèrent sous le nombre, aucun ne resta en vie. La population en larmes, suffoquée par l’attaque contre leur Roi se sont rendus en masse dans les mosquées, priant Dieu de lui avoir conservé la vie. Des obsèques nationales eurent lieu pour les militaires tués au service du ROI et de la nation. Les drapeaux marocains ornaient les façades des Services Publics. Le colonel Abdenour Harraou était resté dans l’ombre, seuls Zohra et le colonel de la boutique connaissaient le rôle qu’il jouait en secret. Il faudra qu’il paie l’attaque du palais royal. La garde fut doublée à l’extérieur du palais avec des ordres précis. Cinq hommes fichés dans les dossiers de la boutique après les confessions de Nourdine avaient été abattus par les parachutistes. Beaucoup étaient des militaires du même régiment que le colonel Abdenour Harraou après enquête de l’Etat- Major, il s’avéra que le colonel n’était pas au courant des activités occultes de ces soldats et sous-officiers, passer l’éponge ! Toutes les troupes du Maroc avaient été mises en alerte et consignées dans leurs casernes. L’un des officiers du service secret militaire ne croyait pas un seul instant que des hommes et sous-officiers sous commandement du colonel Abdenour Harraou aient pu agirent dans la clandestinité sans que le colonel ne soit au courant de rien. Soit que le colonel fermait les yeux, soit qu’il était en accord avec eux. Il devenait le suspect numéro un ! L’un des tués dans le palais était le capitaine Anas Rmili chef de la sécurité au régiment du premier régiment de blindés de Marrakech. Akim Bourafa l’officier des services secrets militaires avait également fait le rapprochement. Si cet agent continuait son enquête, tout le travail de la Boutique tombait à l’eau. Le colonel s’arrangea pour que cet officier stoppe son enquête sous le signe : Secret d’Etat. Zohra et Abdéramane reprirent la chasse à l’homme nécessaire au nettoyage de cet organisme extrémiste, ils se dirigèrent vers Marrakech, la cible était une femme militaire lieutenant de la base de Marrakech, Anissa Mosse Duaq. Elle avait de la famille à Asni, les locataires de la Boutique allèrent faire un tour à Asni. Elle fut facile à trouver, Anissa était bien là, elle ne se cachait pas. Ils se présentèrent, ils furent reçus comme chez les Berbères avec du thé à la menthe, cela changeait des coups de feu. Ils n’y allèrent pas par quatre chemins.

-Nous venons vous poser des questions sur le groupement extrémiste commandé par le colonel Abdenour Harraou. Vous êtes l’un de ses officiers et suspectée d’être membre de cette organisation.

-Je n’ai rien à voir avec cette organisation, je sais que le colonel à des positions rétrogrades par des propos que je ne soutiens pas. Je suis seulement sa maîtresse, je ne suis pas toute seule d’ailleurs, il aime les plaisirs de la chair. Il pratique activement la fornication !

-Vous êtes seulement sa maîtresse, connaissez-vous les autres membres de l’organisation à l’intérieur du contingent ?

-Non, je connais seulement ses plus proches collaborateurs à l’intérieur de la base.

-Nous vous croyons et nous vous faisons confiance, ne parlez à personne de notre visite

-C’est entendu.

Ils croyaient en elle, elle avait des paroles de sincérité.

Ils se dirigèrent ensuite vers Imlil, chez un autre individu qui avait fui son domicile. Ce serait sans doute plus difficile qu’avec Anissa. Il habitait chez son frère une petite maison basse en pierres. Ils frappèrent à la porte, ils attendirent longtemps avant que celle-ci s’ouvre. Le bonhomme était seul, vêtu d’une blouse avec une grande poche sur le devant.

-Etes-vous Youssef Hajjama ?

-Il mit la main dans la poche de sa blouse, Abdéramane le cueillit avec son Beretta, dans la poche de sa blouse un Moser, Abdéramane avait eu de bons réflexes.

De retour à la boutique, ils firent leur rapport au colonel en narrant l’épisode d’Anissa, si elle nous a menti, nous pourrons facilement la récupérer. Bon, dit le colonel, la chasse à courre est terminée, nous transmettons la liste à la police qui s’occupera de ces individus, suivis et arrestations, nous avons terminé notre travail. Il restait toujours le colonel Abdenour Harraou, à l’intérieur de la caserne c’était impossible de l’atteindre, il fallait attendre l’opportunité. Le colonel avait eu des renseignements complémentaires concernant l’un de ses officiers, le lieutenant Akim Bouarafa qui avait également participé à la campagne d’Irak. Fortement radicalisé, il avait une audience particulière parmi ses hommes de troupe, adulé il était suivi et écouté comme un seul homme. Il était chargé de la popote du régiment, c’était un rôle important, s’occuper de plusieurs centaines de soldats le midi et le soir ne supportait pas de défaillances. La viande arrivait chaque semaine par camions frigorifiques, bœufs et poulets découpée par les militaires préposés à la boucherie et mis au congélateur. Les œufs étaient de même entreposés, seuls les légumes nécessaires à la troupe devaient être achetés frais chaque jour. Bouarafa avait trouvé un grossiste qui le fournissait chaque jour en priorité, en carottes, pommes de terre, navets, tomates, salades, betteraves, aubergines par camion entier. Il sortait de la caserne à six heures du matin avec un aide pour examiner la marchandise, il revenait à la caserne vers neuf heures. Tous ces renseignements étaient consignés dans un rapport sur le bureau du colonel. Zohra reprit la route de Marrakech. Elle suivit prudemment Akim jusqu’au grossiste, il y avait beaucoup d’animations autour des primeurs et des fruits. Elle se mêla à la foule, se rapprochant d’Akim. Il s’était penché sur un lot de pastèques, le Glock muni de son silencieux le jeta à terre, personne n’avait rien vu, ni rien entendu. Le grossiste s’était penché sur Akim, mais il constata qu’il était mort avec une plaie dans la poitrine. Zohra prit le chemin du retour sans être inquiétée. Le colonel Abdenour Harraou avec la mort d’Akim savait que cette mort annonçait également la sienne s’il ne prenait pas des précautions élémentaires, même dans la caserne il ne sortait plus que le bras armé de son pistolet. Cette bande extrémiste fanatique organisée en commando militaire déclinait avec la destruction d’un bon nombre de ses éléments. Certains se posaient même la question de savoir s’ils avaient eu raison de s’enrôler, ils pensaient que ce serait facile alors que l’attaque du palais royal avait lamentablement échoué avec un nombre considérable de morts. Leur constat faisait état, que le Maroc n’était pas prêt au changement préconisé par le colonel Haraou. Le Maroc était un pays libre, moderne, en constante évolution, son peuple ne voulait pas revenir en arrière, au temps de l’esclavage, des femmes soumises, de caïds barbares, des mains coupées pour un vol d’œuf de poule. C’était la débandade dans le camp salafiste, beaucoup émigrèrent en Europe pour échapper à la justice, la Belgique et la Hollande en recueillirent beaucoup. Le balayage avait accéléré le mouvement. La peur s’installait au creux du ventre des adeptes, ils étaient devenus la cible d’inconnus qui voulaient les éliminer. Terminées les paroles et les sollicitudes du guide, elles n’étaient que du vent activé par Allah. Ils se rendirent compte un peu tard qu’ils avaient choisi le mauvais chemin, celui qui les menait à Shaiitane, au feu éternel, aux ricanements grinçants de Lucifer. Plutôt que de faire amende honorable, ils avaient choisi de faire front et de se battre contre l’ennemi. Divisés, ils n’avaient aucune chance de s’en sortir, mais maintenant que c’était la police qui était à leur trousse, ils auront sans doute la possibilité de s’en sortir vivants ?

                A la Boutique, le colonel Akim Sertaoui le patron de la Boutique, Zohra et Abdéramane passaient de longues heures à rechercher les moyens de liquider Abdenour Harraou, en faisant des plans sur la comète, celui-ci ne sortait plus de la caserne, cherchant une solution à son problème, fuir serait une honte, ce n’était pas dans son éthique de soldat, il préférait mourir en héros s’il le fallait. Une idée lui titillait l’esprit, mais il était trop tôt pour y penser plus avant.  Zohra avait repris l’entraînement, allers-retours dans le Sébou aux eaux froides en ce moment, course le long de la berge, attaques de combats rapprochés avec le maître d’armes de la Boutique, lectures de poèmes, en attendant l’action contre le colonel Abdenour Harraou. Le maître d’armes lui avait enseigné une nouvelle technique d’attaque avec les pieds qu’elle avait très vite assimilée. La stratégie du colonel Abdenour Harraou la laissait pantoise, ce soldat, héros de la guerre d’Irak qui complotait contre le royaume, quel intérêt avait-il à se comporter ainsi ? Prendre la direction du pays ? Cela semblait un cliché ringard de bandes dessinées. Quel était l’iman qui l’avait influencé à ce point ? C’était un immense gâchis ! Elle avait un sentiment mitigé, à la fois de la pitié pour cet homme qui avait sombré dans l’extrémisme fanatique et un rejet catégorique pour ce colonel félon ennemi du Roi et de son régime tolérant pour le Maroc. Elle devra faire son travail, éliminer cet homme sans sourciller, restait à déterminer les circonstances de son assassinat ! Il y avait encore autour de lui une garde rapprochée inconnue qui se fondera dans la masse après l’assassinat d’Abdel Harraou et deviendra définitivement invisible. Ce mouvement fanatique perdurera longtemps encore sans inquiéter le régime Marocain noyé dans la population et ressurgir un jour à l’occasion d’un fait divers.

Le colonel Abdenour Harraou après moult interrogations avait pris une décision capitale. Il prendra sa retraite et rejoindra la vie civile, ainsi il ne sera plus un danger, ne tenant plus les rênes du pouvoir militaire. Il rejoindra la maison familiale à Sidi Kacem. Une fête somptueuse a eu lieu au casernement devant toute la troupe et les officiers. Il fit ses adieux et un long discours, le général commandant le régiment d’artillerie était là et le remercia pour ses faits d’armes. Débarrassé d’un poids, il se rendit à Sidi Kacem retrouver ses origines. Il renoua avec sa famille, ses amis et une ancienne amie avec qui il passa plusieurs nuits. Le colonel Akim Sertaoui, patron de la Boutique, demanda de la patience, de ne pas bouger pour l’instant, c’était trop tôt. C’était la technique de la panthère qui arrivait doucement, patte après patte et attendait le bon moment pour bondir à coup sûr et capturer sa proie. Il fallait savoir attendre, patienter, observer et liquider la cible. Parfois c’était long, mais cela faisait partie du jeu. Zohra avait été formée pour cela, elle connaissait la musique. Le colonel Abdenour Harraou était suivi à la trace par un autre  agent de la Boutique. Chaque geste était noté, répertorié et enregistré à la Boutique ainsi que ses allées et venues. Rien n’échappait au colonel Sertaoui, patron de la Boutique, même les femmes qu’Abdenour entraînait chez lui, il connaissait leur nom, leur adresse et leur photographie. C’était un travail de pro, de haut vol. La maison d’Abdenour Harraou avait été photographiée également sous tous les angles, au cas où il faudrait donner l’assaut. L’agent de la Boutique faisait du très bon boulot. Pour le moment Abdenour Harraou laissait aller, les choses allaient forcément s’accélérer. Le colonel  avait une autre idée, ne rien abandonner de ses projets meurtriers, en restant plus que jamais dans l’ombre, sacrifiant ses hommes au bénéfice de son idéal. Le match de football battait son plein devant des supporters électrisés et Abdenour Harraou juché sur les gradins bien en vue de la population. Une terrible explosion a eu lieu à peu près à la mi-temps du match, une fumée noire grimpait dans le ciel. Un attentat avait eu lieu à la gare ONCF de Sidi Kacem faisant onze morts et vingt-quatre blessés, dont sept dans un état critique. Aucune preuve contre Harraou, mais le colonel Akim Sertaoui, mangeait sa cuillère, il fallait en finir avec cet individu.

                La situation allait changer, Abdenour Harraou était également un gros mégalomane. Il décida après ce coup d’éclat meurtrier d’offrir une fête somptueuse dans les salons du Grand Hôtel de Sidi Kacem pour fêter son départ à la retraite de l’armée avec ses amis de sa villégiature. Beaux habits, grand orchestre arabe, vingt-deux musiciens, tables choisies de treize convives posées sur tapis précieux, les murs recouverts de mosaïques précieuses, petites en plusieurs couleurs chatoyantes. Les plafonds en bois ouverts sur des vitres de couleurs laissaient venir une lumière chatoyante qui semblait caresser chaque client. Chaque participant avait été particulièrement choisi, rien n’avait été laissé au hasard. Le Maire de la ville de Sidi Kacem, le commandant de la brigade de gendarmerie, le colonel commandant le régiment de Sidi Kacem, le directeur de la télévision locale, les journalistes de la presse locale, la famille, les amis proches. Le colonel de la Boutique Akim Sertaoui avait été invité. Il avait décliné l’offre sous prétexte d’affaires à régler, mais il envoyait la capitaine Zohra Daghri sa secrétaire pour le remplacer. Tout était en place, Abdenaour Harraou avait ouvert le bal, Inch Allah, c’était à lui de le terminer ! Zohra se présenta en uniforme de parachutiste, elle salua le colonel, il la pria de s’asseoir près de lui à sa table. Il lui rapprocha la chaise, Zohra enleva son béret, le roula et le glissa dans son épaulette, ses cheveux retombèrent souplement sur son dos. Elle était magnifique, beaucoup trop jolie pour un capitaine. Abdenaour s’absenta quelques instants. Il avait reçu la confirmation à sa réponse, Zohra était bien capitaine dans le corps des parachutistes de sa Majesté le Roi du Maroc et secrétaire du colonel Akim Sertaoui. Il s’en trouva soulagé, il était toujours méfiant. La fête pouvait commencer. Le repas était splendide, une entrée de salades et de fruits glacés nappés de mayonnaise maison. Des vins de Sidi Kacem de toutes les couleurs, pour satisfaire les yeux et les palais. Zohra se suffisait d’eau de source gazeuse d’Oulmes. Elle répondait avec le sourire et répartie au colonel Abdenaour et ses invités flattés d’être placés auprès d’un si joli capitaine. Bien que cela l’ennuyait, elle répondit sur son activité de parachutiste en Irak, ponctuée par des ha et des ho, le colonel pouvait approuver les déclarations de la capitaine Zohra Daghri sur l’étendue des dégâts de cette guerre. Le repas continuait avec des gigots d’agneau à l’ail cuits au four d’argile accompagnés de boulettes de bœufs roulées dans du riz du Gharb. Le riz était agrémenté de grosses rondelles d’oignons et de carottes. L’orchestre était magnifique, les vingt et un musiciens transportaient l’assistance au paradis. Les violons accompagnaient la voix aiguë

de la chanteuse avec des glissements feutrés et bien orchestrés. La chanteuse était magnifiquement habillée, une robe en soie rouge descendant jusqu’aux chaussures, laissant deviner par transparence une jolie paire de jambes soutenant un corps très légèrement arrondi. Une magnifique coiffure longtemps travaillée, rehaussée par des colliers amazighs de différents modèles qui s’envolaient autour de son cou, lorsqu’elle haussait la voix jusqu’à l’aigu, ponctué par des gestes des bras et des mains très gracieux. Elle était applaudie longuement par les convives. Après chaque chanson, elle s’inclinait devant le public et le chef d’orchestre avec un beau sourire, en reprenant sa place au sein de l’orchestre. Six danseurs mêlaient leurs pas avec grâce et souplesse avec le son des tambourins, leurs jambes semblaient s’envoler au-dessus de leurs têtes pour retomber sur la pointe de leurs pieds. Ce grand orchestre, uwrikstira 'atlis ealiatan kabiratan, le Grand Orchestre de l’Atlas était connu dans tout le Moyen- Orient pour ses nombreux talents. Le dîner se termina par une glace composée surmontée d’un colifichet animé et allumé. La salle s’éteignit et donna lieu à un feu d’artifice de salon. Les convives gagnèrent les grands fauteuils du salon, s’affalèrent, certains sortirent des cigares de Havane, les taillèrent et aspirèrent la fumée que renfermaient les Havanes, mais beaucoup plus des cigarettes américaines. Beaucoup de bavardages autour de la retraite surprise du colonel Abdenaour. Durant toute la soirée, Zohra avait été sollicitée par le colonel soit insidieusement, soit par des glissements de pieds. Toutes ces attentions la gênaient au maximum, mais entraient dans le plan mis au point à la Boutique. Il fallait jouer le jeu jusqu’au bout. Le colonel s’échauffait, elle ne pourrait plus différer encore très longtemps. Il lui caressait les mains, lui caressait les épaules, tentait de l’embrasser devant les invités, elle ne souhaitait pas cela, donner ce spectacle, c’était un officier, il fallait que cela se fasse dans le silence de la chambre à coucher. Elle arrivait jusqu’à maintenant à calmer le jeu, mais la libido du colonel était passée au-dessus du secret défense’’. Il fallait continuer à contenir ses attaques, tout était dans la suite des évènements.

L’heure était venue, elle chuchota à l’oreille du colonel un mot, il eut un hochement de tête. Elle dit au revoir d’un signe de tête à l’assemblée avec un gros sourire et sortit de la salle de réception. Elle monta au deuxième étage, alla aux toilettes et se revêtit de sa burka au-dessus de son uniforme, elle était complètement anonyme ainsi. Elle redescendit au rez de- chaussée et se dirigea vers le véhicule du colonel qui l’attendait impatiemment. Le chauffeur était déjà à bord les mains sur le volant. Il l’a prise dans ses bras, tentant de l’embrasser. Elle le repoussa gentiment avec le sourire, nous arrivons- lui dit-elle, ne sois pas trop pressé, nous avons toute la nuit. L’arrivée à sa villa n’était pas anonyme, toutes les lumières étaient allumées. Le chauffeur resta dehors, ils entrèrent dans le salon, le colonel Abdenaour sortit une bouteille de Champagne, elle n’aimait pas le champagne et ne buvait pas d’alcool, mais c’était un jour spécial. Elle se saisit du verre et but une gorgée. Il mit sa main sur sa cuisse qu’elle retira très vite, allons dans la chambre, lui dit-elle. Il retira sa cravate, sa chemise, se mit à l’aise et se jeta sur le lit. Zohra jeta son sac sur la chaise et commença lentement à se dévêtir, rangeant soigneusement ses habits militaires sur l’autre chaise et restant ainsi en sous-vêtements, le colonel frisait l’apoplexie. Elle revint fouiller dans son sac comme pour prendre du parfum, quand le colonel l’a vit revenir vers lui le Glock à la main, il eut un geste puéril d’autodéfense et projetant ses deux mains vers l’avant, mais le projectile avait traversé l’os frontal et entré dans le cerveau et pour faire bonne mesure, elle envoya une balle dans le cœur. Elle attendit un peu pour être sûre qu’il était mort ? C’était le cas, elle se rhabilla très vite avec son costume militaire, tellement elle avait honte de s’être fait voir dans une demi- nudité. Elle attendit le temps que l’on puisse croire à la consommation de la chair. Un peu plus de trente minutes et elle rajusta sa burka au-dessus de sa tenue de parachutiste. Elle sortit et demanda au chauffeur de la conduire à la gare. Elle attendit le train de Rabat, tout avait été ciblé, il arriva quinze minutes plus tard. A Rabat elle descendit et alla aux toilettes, enleva sa burka dessus son uniforme et la jeta dans la poubelle. Elle reprit le train de Fes et descendit à Sidi Slimane, un véhicule de la Boutique l’attendait. Elle avait les traits tirés, le colonel comprenait par quel chemin elle avait dû passer. C’est fait, dit-elle ! Il la salua, elle se leva et alla se coucher après avoir fait sa prière.

                Le colonel Abdenaour Harraou a été assassiné cette nuit à son domicile, après avoir fêté son départ à la retraite, titraient les journaux. Pour le moment la police militaire ne put donner de renseignements fiables. La justice militaire enquêtait. Il aura fallu plus d’une semaine pour que le Gouvernement annonce avec prudence les motifs de cet assassinat et ses conséquences. Stupeur dans le peuple marocain, le colonel Abdenaour Harraou l’un des héros de la guerre d’Irak aurait été assassiné par une équipe de fanatiques religieux, contrariée par la retraite du colonel. En fait le colonel était le commanditaire de toutes les attaques depuis plusieurs mois, de l’école de police au palais royal, la gare ONCF de Sidi Kacem, suivi par la police militaire. Chef d’un groupe extrémiste religieux salafistes il souhaitait ramener le Maroc dans le chemin du droit, c'est-à-dire, loin du progrès, revenir aux principes du passé. Les femmes ne devant pas travailler, mais rester à la maison à s’occuper des enfants et de l’époux. Une situation digne du Moyen- Age, bref revenir deux cents ans à l’arrière, tel que l’Arabie Saoudite, l’Afghanistan, le Pakistan ! Les Marocains ont eu du mal à croire ce qu’en faisait le tableau de la police militaire. Sa Majesté le Roi du Maroc prononça un discours sur les institutions du Maroc, il réitéra sa volonté de donner au pays la richesse, la paix civile, il termina par la destitution du colonel au grade de simple soldat sans aucune indemnité et avec des obsèques civiles et d’afficher son mépris pour ceux qui cultivent la trahison.

                Il restait quelques membres du groupe regroupés ou seuls dans la robiya, la campagne du pays. La police militaire traquait les derniers gourous du colonel dans la région de Fes. De nombreux lacs couvraient des hectares de vallées profondes. L’Oued Inoued donna lieu à des combats meurtriers, neuf membres de la communauté du colonel furent abattus, trois s’enfuirent poursuivis par la police militaire. La police militaire était solide, elle commanda un hélicoptère de la base de Sidi Kacem qui repéra très rapidement les fugitifs et après une course poursuite inutile et épuisante, les trois derniers hommes refusant les sommations furent abattus ! Les anges pleurent aussi. Durant ce temps consacré à la police militaire, Zohra assise en tailleur sur le tapis de sa chambre se laissait conquérir par la beauté des vers d’Ahmed Tayeb Laàlaj, elle se laissait bercer par le rythme des mots. Elle avait besoin d’oublier l’épisode crasseux de la soirée de la liquidation du colonel. Cet épisode l’avait traumatisé, elle souffrait toujours plusieurs années après du complexe africain où elle avait été violée par cinq mercenaires. Le fait de se mettre nue devant quelqu’un d’autre la mettait dans un état second, dans un état de violence cérébrale proche d’une sorte de paranoïa, seul le colonel la comprenait, cela avait été difficile de jouer cette comédie pour Zohra. C’était un soldat obéissant aux ordres sans état d’âme, mais jouer avec son intimité, n’était pas dans ses cordes. D’autres s’en servaient très bien, pas elle ! D’autres enquêtes surgiront en attendant le colonel la laissait en état d’hibernation. Elle avait été choquée psychologiquement, elle s’était déshabillée pour tuer. Il la laissait revenir au point zéro, un agent était un être humain même manipulé, conditionné pour tuer, liquider au service de la Nation, mais pour elle se déshabiller était un crime plus haut que le crime lui-même. Son corps était celui qu’Allah lui avait donné, dans ses formes, dans sa douceur, il sera réservé à son époux lorsqu’elle en aura un, à son enfant le jour venu, à aucun moment à un bellâtre prétentieux, décoré, puant l’alcool et ennemi déclaré du régime royal qu’elle défendait avec honneur et courage, même en mission, l’abattre sera du domaine de la foi !

                Depuis quatre jours, le colonel avait bloqué tous ses hommes dans les quartiers de la Boutique. La police militaire avait eu vent d’une intervention possible d’un commando salafiste contre la Boutique après l’assassinat du colonel Abdenaour Harraou et de la destruction de leur commando sur l’Oued Inoued ? Zohra avait l’interdiction de participer à quelques activités que ce soient, ordre du colonel. Les hommes restaient calmes et attentifs, le fusil d’assaut dans les mains. Ces commandos parachutistes étaient l’élite de l’armée Marocaine, ils ne pouvaient décevoir. Jeudi deux heures du matin, les yeux incrustés dans les murs extérieurs de la Boutique avaient déjà signalé leur approche bien avant leurs tirs inefficaces d’Armes lourdes, bazookas, lance -fusées contre les murs doublés en béton d’aluminate de calcium et autres matériaux. Ils s’élancèrent à plusieurs occasions sur les hauts des murs, mais se retrouvèrent très vite à terre électrocutés par des rayons électriques super puissants. Quand les nervis eurent usé leurs munitions mal utilisées contre les murs de la Boutique sans occasionner de dégât, les commandos parachutistes de la Boutique finirent le travail par un balayage du paysage. Les corps furent entrés  en attendant un hélicoptère de la base de Sidi Slimane dont les hommes s’arrangeront pour faire disparaître les corps.                Le mal était sérieux, le colonel avait tissé durant des années sous le couvert de l’armée une organisation extrémiste religieuse dangereuse.

La barque glissait tout doucement sur l’eau du Sébou, cachée par les roseaux de la berge, les bruits des rames étaient inaudibles malgré les tourbillons occasionnés par les coups de pelles. La nuit était propice, une lune cachée par une nuée de nuages. Dans un coude du fleuve, la barque avait heurté accidentellement la berge, occasionnant le remue-ménage des poules d’eau et des grenouilles. La barque stoppée par prudence restant dans l’ombre d’un arbre grandissant près de la berge. Il restait peu de temps avant le chant du coq, avant le matin. Le dépôt de munitions devait sauter rapidement, ils ramèrent plus fort et se retrouvèrent ainsi devant une grange sans personnalité au milieu du champ. Zohra et Abdéramane armèrent leurs lance-grenades de quarante millimètres, visèrent soigneusement la grange qui se trouvait à quarante mètres de distance, ils appuyèrent sur la gâchette, une immense explosion retentit, Abdéramane avait remis les deux petits moteurs de la barque en route et avec toute leur puissance remontaient le Sébou. Des flammes montaient encore de la grange, il fallait qu’ils soient loin quand la gendarmerie interviendrait. Le colonel était soulagé de la destruction de dépôt d’armes découvert par le fermier propriétaire, étonné de voir encore sa grange debout, il y avait bien longtemps qu’il la croyait couchée par le vent. Sa ferme était à une dizaine de kilomètres de son lieu de vie. Cela voulait dire également que la Boutique allait se trouver à nouveau devant des   jihadistes, et de nouveaux dépôts d’armes, en plein inconnu. Ce ne serait pas une autoroute, mais plutôt des chemins escarpés semés d’embûches, de difficultés et de coups fourrés.

Salim Merkaoui était un paisible commerçant de Sidi Yahya, il vendait des fruits et légumes. Il avait sa place dans tous les souks de la région, de Sidi Bouknadel à Sidi Kacem. Il avait une tente carrée en toile qu’il déplaçait à chaque changement de souk. Sous cette guitoune, il avait le chic artistique pour arranger ses fruits et légumes, de jouer avec les couleurs de façon à attirer la clientèle. Son épouse cultivait plusieurs centaines de mètres carrés de bonnes terres qui lui donnaient au moment opportun un rendement intéressant de pommes de terre, de courgettes et de tomates. Son commerce fonctionnait bien, ses déplacements et la qualité de ses produits se retrouvaient dans ses gains. Salim était un commerçant aisé, il se rendait chaque vendredi à la mosquée pour la grande prière, propre et bien parfumé. C’était un homme discret, jamais il ne parlait de l’Islam, sa foi était sincère, cela lui suffisait. Il vivait en famille, pas d’ami. Son bonheur se trouvait auprès de son épouse et de ses trois enfants, deux fils et une fille. Une vie à travers les lunettes d’un autre était sans intérêt ! La Boutique était remontée jusqu’à lui par la sœur de son épouse. Celle-ci résidait également à Sidi Yahya, son mari avait été tué lors de l’attaque du Palais royal de Rabat. Lors de son interrogatoire à la police militaire, elle avait déclaré ne rien connaître des activités de son mari, mais qu’Anissa Merkaoui pouvait les aider. Lors d’un déplacement au souk de Kénitra, la police militaire entra en contact avec elle.

-C’est encore cette traînée de Rachida qui vous a envoyé vers moi, elle est jalouse, tout le mal qu’elle peut me faire, elle le fait.

-Vous n’êtes pas une famille très unie, d’après votre sœur, vous auriez même été la maîtresse de son mari ?

-Et quoi encore, que Dieu m’en préserve.

-Pourtant des témoins vous ont vu sortir de l’hôtel de Kénitra à côté du dancing.

-Ils ne savent pas quoi dire pour faire parler d’eux !

-Vous avez accusé Salim, pourtant très discret d’appartenir au groupe du colonel Abdenaour Harraou tué il y a maintenant sept mois. Pourquoi l’accusez-vous ainsi sans preuve ?

-C’est Hassan avant qu’il soit tué lors de l’attaque du Palais qui m’en avait parlé. Salim avait un rôle pas clair dans l’organisation, je n’ai jamais cherché à savoir. Zohra et Abdéramane décidèrent de revenir chez Salim. Son épouse n’était pas contente, cela faisait deux fois que la police militaire s’enquérait sur les activités de Salim et venait perturber sa vie de famille.

-Répondez- moi, vous êtes visée parmi le voisinage celui-ci confirme de vous avoir vu tromper votre époux, vous avez commis un adultère puni par la loi islamique. De ce fait vous devez en savoir beaucoup plus que vous voulez bien nous dire.

-Je ne sais rien de plus que ce que j’ai dit à vos collègues.

-Nous ne vous croyons pas, c’est impossible en étant la maîtresse de ce terroriste de ne rien connaître de ces activités.

-Il ne me disait rien, nous n’étions réunis que pour les plaisirs de l’amour.

-Salim a un bureau ?

-Oui, fermé constamment à clef

-Cela ne vous surprend pas ?

-Non, après les souks, c’est son lieu de repos.

-Nous reviendrons vous voir Anissa !

Rentrés à la Boutique, ils rendirent compte de la situation au colonel. Il avait un bureau constamment fermé, avec sans doute un ordinateur ? Il nous faut un ordre de réquisition pour entrer dans le bureau et prendre l’ordinateur et les dossiers à l’avenant. Le lendemain matin, accompagnés d’un officier de la police militaire, ils surgirent à nouveau devant Anissa, qui eut un accès de colère. L’officier montra l’ordre de réquisition, à l’aide de clefs universelles, il ouvrit la porte du bureau. Ils ne purent ouvrir la lumière, elle restait éteinte, ils se saisirent de l’ordinateur et de quelques dossiers et rentrèrent à la Boutique. Les techniciens de la Boutique ne purent ouvrirent le PC, il était bloqué par un élément de sécurité pour l’instant inconnu des techniciens. Ceux-ci butèrent de longs jours sur l’ouverture de l’ordinateur. Zohra repartit chez Anissa,

-Que fait Salim en entrant dans son bureau ?

-Nous n’en savons rien, il s’enferme et joue de la musique, toujours le même air, Aicha de Cheb Kaled. Rentré à la boutique avec une disquette de Cheb Kaled, devant le colonel et les techniciens, elle mit en route l’air d’Aicha, l’ordinateur s’ouvrit et livra le passage aux nombreux documents et noms des terroristes fondamentaux. Anissa lui avait ouvert l’esprit, Salim était en fait un informaticien et il avait bloqué toutes ses sécurités, éclairages, caméras, ordinateurs par la musique. C’était de la grande classe, pas grand monde pouvait y songer ! Les techniciens de la Boutique s’étaient mis à l’œuvre, des milliers d’informations étaient disponibles, c’était une manne. Une page spéciale avait été ouverte avec tous les noms des extrémistes qui s’étaient réfugiés à l’étranger, Hollande, Belgique et France. C’était d’autant plus intéressant que ces individus étaient particulièrement dangereux pour les pays où ils s’étaient réfugiés. Trois équipes furent constituées, trois agents avec leurs servants, chaque équipe dans un pays. ZOHRA et Abdéramane étaient en France avec comme les autres agents, ordre de balayer la vermine, mais sans faire de vague. Ils étaient très nombreux en Hollande, l’agent chargé du travail aurait de quoi s’occuper !  En général les réfugiés restaient groupés. C’est par l’ambassade marocaine que Zohra et Abdéramane purent récupérer leurs armes, la valise diplomatique a ceci de bien. Son arbalète en acier flexible était là, une arme de trente centimètres de long capable d’envoyer un trait à cent mètres de distance avec une extraordinaire puissance. Elle était équipée de traits explosifs en plus des flèches classiques. Son pistolet pneumatique et son Glock 18 ne manquaient pas à l’appel. C’était la phase préparatoire du nettoyage classique, liquider les adversaires du Roi, cachés à l’étranger. La première étape serait Toulouse, quatre extrémistes vivaient là. Ils se rencontraient chaque midi au café de la gare. Zohra déploya son arbalète derrière le mur de l’école, assis à la table du café, ils étaient sereins. La corde était tendue, elle appuya sur la gâchette, le trait siffla dans l’air et explosa à la table des salafistes. Il ne restait rien ! Elle avait disparu, Abdéramane se tenait en réserve au cas où elle serait repérée. La presse ne savait pas comment commenter cet épisode. La police connaissait ces hommes et les suivait comme des hommes dangereux. La première fois c’était toujours facile, ensuite, ce ne serait pas le même programme. Direction Grenoble, ville où de nombreux nord africains résidaient, où la propagande religieuse rétrograde avait droit de cité. Onze membres de la secte du colonel Abdenaour Harraou, s’étaient réfugiés. A Grenoble, ils étaient disséminés dans toute la ville rien à voir avec Toulouse. Ils ne fréquentaient pas le même établissement, il faudra réfléchir à l’angle d’attaque. Un groupe fréquentait le Café de l’Université, juste à côté de celle-ci. Ils restaient de longues heures à discuter entre eux et avec des étudiants. La bille explosive était tout indiquée, une petite merveille technologique mise au point par les artificiers de la Boutique. Deux centimètres de diamètre, il suffisait de la lancer et dès qu’elle arrivait à son but, elle explosait par le choc occasionné ! Le problème c’était les dégâts collatéraux produits par l’explosion, les étudiants, les tables alentour. Ils étaient cinq tous les jours à table. Il faudra s’engager et tirer presque à bout portant pour ne toucher que les extrémistes. C’était risqué, cinq personnes à abattre avec le risque d’être reconnu ailleurs. Ils s’avancèrent vers la table, les automatiques crachèrent leurs projectiles, les hommes s’effondrèrent sur leur chaise. Zohra et Abdéramane continuèrent leur chemin comme si de rien n’était ! Deux autres hommes avaient élu domicile à côté de la mosquée d’Echirolles, un petit appartement discret au deuxième étage. Ils montèrent sans faire de bruit, frappèrent à la porte sans résultat. Nos lascars se méfiaient. Abdéramane enfonça la porte et se mit à couvert, nos deux individus étaient armés et n’hésitaient pas à s’en servir. Zohra se coucha à terre, visa celui qui était devant elle, il tomba foudroyé par le feu du Glock. Abdéramane entra en trombe et tira dans la foulée, le deuxième homme s’écroula à terre. Ils redescendirent quatre à quatre, les escaliers et s’esquivèrent, l’opération avait duré à peine trois minutes. Les autres travaillaient dans l’usine à papier de Grenoble. Ils se postèrent à la sortie de l’usine, les ouvriers retrouvaient la liberté de leurs mouvements. Les voici, ils arrivaient groupés en gesticulant. Détachés des autres groupes, Zohra et Abdéramane les abattirent sur le trottoir. C’était terminé, le Maroc était débarrassé d’une gangrène. Sur le plan diplomatique, cette histoire donna lieu à des empoignades, le gouvernement Marocain donna des preuves qu’il n’était pas le commanditaire de ces massacres. Le gouvernement français n’en croyait pas un mot, mais la longue amitié entre les deux pays eu raison de la polémique et que faire contre la raison d’Etat ? Tout était également terminé en Belgique, seuls les problèmes subsistaient en Hollande où de nombreux salafistes s’étaient réfugiés. La boutique n’avait qu’un agent qui parlait le flamand d’où difficultés à régler les problèmes.

                Sa Majesté le , Chef des Armées avait pris une décision capitale et non sans risque. Il dissolvait le régiment de Marrakech auquel avait appartenu le colonel Abdenaour Harraou. Les hommes du régiment seront partagés entre les régiments d‘Al Hoceima, d’Agadir et Darkla. Les soldats seront soumis au régime des commandos de marine. Les militaires n’acceptant pas cette mutation pourront retourner à la vie civile, mais sans indemnité ! L’attaque du Palais Royal avait marqué durablement le monarque.

                Le problème restait en entier sur le plan intérieur, l’ordinateur de Salim livrait beaucoup de noms, plus de deux cents noms. La police militaire devra faire sa part de boulot, la Boutique ne pouvait intervenir partout, seulement sur des cas particuliers. Salim avait été emprisonné depuis la découverte de son ordinateur, il pouvait encore donner des renseignements capitaux, son temps n’était pas encore venu ? Qui était le nouveau gourou de cette mouvance salafiste ? L’on savait que quelque chose se préparait, où, quand, comment ? Pour le moment ils étaient en avance comme pour l’attaque du Palais.

                Dans la nuit du jeudi au vendredi, des dizaines de bateaux en caoutchouc firent des allers- retours en glissant sur l’eau de la côte d’Essaouira aux îles Purpuraires, remplis d’hommes en armes. Environ quatre cents hommes s’installèrent sur les îlots. En mettant les pieds sur la plus grande des îles, Omar Hssain, planta le drapeau de la République Wahhabite du Maroc. Il galvanisa une dernière fois ces hommes prêts à mourir pour leur foi. Vous irez tous au paradis leur dit-il, c’est ici que commence le nouveau Maroc, c’est ici qu’Allah vous attend. Il fit un geste de salut et reprit le chemin d’Essaouira. Le lendemain matin, ce fut la consternation, le Maroc est indivisible, cette République Wahhabite était une insulte au Maroc. Le plus petit caillou, le plus petit grain de sable du territoire appartiennent au royaume, les habitants de toute la côte d’Essaouira s’étaient rassemblés devant les îlots. Ils s’enfuirent rapidement pour se mettre à l’abri à l’arrivée de l’aviation royale qui pilonna sans discontinuer les petites îles. L’arrivée des commandos de marine avec des ordres précis, pas de survivants, jeta encore plus la confusion dans les esprits. Les militaires creusèrent des fosses profondes et larges, ils y entassèrent les morts, puis recouvrirent de terre. C’était leur linceul ! Si Omar, que personne ne connaissait encore, pensait que le Roi allait composer, négocier, il se trompait lourdement, comme son père l’avait fait avant lui, il avait très vite réagi dans l’intérêt de la monarchie et du Maroc. La République Wahhabite du Maroc avait trouvé sa marque au prix de quatre cents tués et martyrs, c’était un coup d’éclat. De son côté le Roi avait rehaussé son prestige en tenant tête aux Wahhabites, en liquidant très vite ces rebelles. Le peuple était de son côté et l’approuvait sans compter ! Tant que la tête de l’hydre ne serait pas coupée, le Maroc se trouverait confronté à cette marginalité. La police spéciale, la police militaire, la Boutique depuis des mois, cherchait le responsable ou les responsables de ces déclenchements de violences salafistes, en vain. Zohra retourna à nouveau vers un iman interdit de pratiquer pour violence et haine envers la Royauté et la religion du Maroc, le sunnisme malékite. Le Roi est Amir Mouminine, commandeur des croyants et à ce titre il défend l’Islam sunnite malékite dans le royaume. Cet iman ne pouvant plus entrer et prêcher dans les mosquées dispensait sa haine dans la rue. Il avait du succès auprès des paysans pauvres, sans travail qui pensaient qu’un retour au Moyen -Age, au temps du prophète arrangerait leur situation. Abir Maksen avait toujours une cour importante venue pour écouter ses discours. Zohra ne pensait pas qu’il était capable de provoquer ces réactions violentes et de les télécommander, mais il aidait à l’insécurité et à la haine de la religion officielle. Abir était devenu gênant, il fallait l’éliminer. Il se déplaçait en vélo de village en village. Un jour il tomba juste devant un camion, l’on ne sut comment, il mourut pendant son transport à l’hôpital !  La situation n’était pas réglée pour autant. Des foyers éclataient par- ci par- là avec quelques agitateurs. La liste de Salim était chaque jour épluchée sans trouver le pion recherché. Ce vendredi c’était à Agadir, une centaine de salafistes défilaient dans les rues du mausolée de Sidi Bouknadel avec le drapeau de la République Wahhabite du Maroc, en demandant un retour au temps du prophète. Ils furent dispersés violemment par la police, l’on déplorait deux morts et sept blessés dont un grave. Ces incidents devenaient de plus en plus fréquents et bien orchestrés, jetant le discrédit sur le gouvernement et sur le Roi. Il fallait reprendre l’enquête dès le départ. Qui était autour du colonel Abdenaour Harraou, se mouvait dans sa sphère, connaissait les moindres détails des opérations ? Avec la dispersion des officiers, et la suppression du régiment d’artillerie de Marrakech réduit en plusieurs groupes, mutés dans d’autres régiments, en particulier dans les commandos de marine, il devenait difficile de repérer des meneurs. 

                Vous devriez allez faire un tour à Darkla rencontrer le lieutenant-colonel -chef du régiment de marine, capitaine, vous y apprendrez sans doute quelque chose d’intéressant. A chaque fois que le colonel employait des phrases sibyllines, il y avait anguille sous roche. Zohra commençait à bien le connaître. Un vol de Rabat la transporta directement à Darkla. C’était la première fois qu’elle se rendait dans cette ville, elle fut impressionnée par cette longue bande de terre, cette péninsule d’une trentaine de kilomètres de long où était construite Darkla. La mer était toujours furieuse et projetait ses vagues sur le littoral au grand plaisir des amateurs de sports nautiques. L’histoire de Darkla était passionnante, citée du Sahara Occidental revendiqué par le Polisario, elle a été annexée par le Maroc depuis son évacuation par la Mauritanie en 1979. Chef-Lieu de la province d’Oued Ed Dahab, elle est devenue très vite une ville touristique grâce aux sports nautiques. Une autre originalité de la cité, elle est la dernière ville marocaine avant la Mauritanie et se trouve seulement à trente kilomètres du tropique du cancer tout comme Cuba ! Elle se dirigea vers le casernement des troupes de marine après avoir revêtu son uniforme de parachutiste à l’hôtel et se présenta au planton. Elle se fit accompagner jusqu’au bureau du lieutenant-colonel Amar Mekhlaoui. Elle le salua, mon colonel,

-capitaine ravi de vous recevoir.

Après ces échanges de politesses, Amar Mekhlaoui aborda immédiatement le sujet pour lequel elle était ici.

-J’ai un sujet délicat capitaine, mon cuistot en chef a demandé à ne plus travailler en cuisine, il demande un autre poste. Pour nous c’est important, c’est un excellent cuisinier, un excellent acheteur, il est aidé par quatre aides -cuisiniers. Ceux-ci proviennent du régiment dissous de Marrakech.

-Vous a-t-il signifié son motif

-Il m’a laissé entendre des incompatibilités d’humeur,

-je ne peux accepter ces doléances !

-Il doit y avoir des motifs beaucoup plus graves que des incompatibilités d’humeur.

-Je le pense aussi, mais je ne peux accepter, si tous les soldats refusaient d’un seul coup le poste qu’ils occupent, où irions-nous ?

-Mon colonel pourrais-je disposer d’une pièce pour m’entretenir seul à seul avec votre cuisinier ?

-Salam alékoum sergent-chef Idriss Nafia,

alékoum salam mon capitaine.

-Sergent-chef je vous ai demandé de venir dans ce bureau pour discuter de votre affaire, j’appartiens au groupe spécial de la police militaire, vous n’avez rien à craindre. Tout ce que vous direz ne sortira pas de cette pièce. Sergent-chef, comment un soldat de votre trempe, j’ai vos états de service en mains fournies par le colonel Amar Meklaoui, blessé en Irak, rapatrié et muté dans les services auxiliaires à cause de votre blessure. Pourquoi voulez-vous abandonner ce poste que nous n’accepterons pas d’ailleurs, ce n’est pas vous qui décidez de la fonction dont vous serez chargée, mais le commandement de la base. Le colonel Amar Mekhlaoui est satisfait de vos services et de la qualité de votre cuisine apportée aux hommes de ce régiment. Ceux-ci sont également satisfaits, c’est bon pour le moral, vous ne serez pas transféré dans un autre poste ! Asmae, écoutez, vous pouvez me faire confiance, je représente l’armée, le Maroc par mon titre et mon grade auprès du Roi, ce que vous me direz, c’est une garantie, restera entre nous deux.

-J’espère que je ne serais pas trahi ? Mon capitaine, les autres aides -cuisiniers qui travaillent avec moi, proviennent du régiment dissous de Marrakech, ils continuent à diffuser les idées du colonel Abdenaour Harrou. Je ne veux plus entendre leurs slogans, leur haine envers le roi et notre religion. Je suis tout seul à entendre cela, personne ne me croira et je risque le tribunal militaire.

-Shoukrane, merci sergent-chef, je connais enfin le pourquoi du comment de votre attitude. Je vous félicite pour votre fidélité envers notre Roi et notre religion dont le Roi est le gardien. Je vais vous faire une proposition, je suis sur les traces du commanditaire des émeutes qui éclatent ici et là sur le territoire du Maroc, de Tanger à Safi. Asmae, anabihajat ‘iilaa’adhin, écoutez, j’ai besoin d’une oreille pour m’aider à localiser ces extrémistes salafistes, et leur commanditaire voulez-vous m’aider ? En restant à votre poste, vous écoutez leurs propos, vous vous intégrez même et vous m’en rendez compte. Voici un numéro de téléphone que vous pourrez appeler de nuit comme de jour, n’hésitez pas, même si cela vous paraît anodin, pour le Roi, pour le Roi ! Mettez-le dans votre tête pas d’annotation, pas de papier, pas de téléphone, tout dans cerveau. C’était peut-être le début d’un fil de l’écheveau ? Elle resta quelques jours à la caserne allante et venante d’ici, delà, les soldats étonnés d’apercevoir un capitaine parachutiste dans leurs locaux. Zohra s’aperçut très vite de la cassure entre les membres arrivés de Marrakech et les anciens de Darkla. Tous les Marrakech n’étaient pas des extrémistes de la bande du colonel Abdenaour Harraou, tant s’en faut, mais la sauce ne prenait pas. Il y avait souvent des bagarres réprimées sévèrement par les gendarmes du poste. Trois semaines plus tard, Zohra reçut un appel d’Idriss Nafia, capitaine, il semblerait qu’ils aient appelé à une manifestation à Casablanca devant la Grande Mosquée, mais je ne sais pas quand. Zohra appela le colonel qui avec la police militaire organisa la répression à cette nouvelle manifestation salafiste à venir. Ce fut le vendredi matin, cinq cents manifestants déboulèrent sur le parvis de la mosquée Hassan II, drapeau de la République Wahhabite du Maroc en tête et des slogans tels que Mohamed, abdication.  Tout était prêt du côté du pouvoir, quarante cavaliers au galop se projetèrent sur les manifestants, les jetèrent à terre et les piétinèrent, ceux qui essayèrent de se relever étaient inexorablement piétinés. Les manifestants déboussolés essayèrent de fuir, mais l’armée, le régiment de parachutistes de Casablanca se terminait dans un bain de sang, fustigé par le Roi et le gouvernement. Les extrémistes n’en tiraient que de la publicité pour leur projet de République, mais rien de concret. Idriss Nafia fut récompensé par une nomination au grade d’adjudant. Ses amis le plaisantaient en l’appelant l’adjudant Popote, ce qui le faisait sourire. L’adjudant Popote était arrivé à se faire des copains avec les Marrakech de la cuisine, des tranches de rires entre deux critiques de Mohamed comme ils appelaient le Roi d’une manière irrévérencieuse. Petit à petit, la sauce avait pris entre les Marrakech et Idriss Nafia, à tel point qu’il n’y avait plus de secrets entre eux, mais Idriss se méfiait. Ils parlaient du jour où la République serait proclamée avec un retour au temps du prophète Mohamed. Ils travaillaient pour cela en contact avec un gourou qui gérait toutes les actions, organisaient chaque manifestation et appelaient à l’abdication du Roi Mohamed, commandeur des croyants auquel il ne croyait pas, pour lui pas de filiation entre le roi Mohamed et le prophète, cela n’était qu’une légende. Ce gourou existait donc, mais il était inaccessible pour le moment, invisible, inconnu. Il gérait tout de loin, bien loin des manifestations sanglantes dont il semblait se délecter. Idriss ne savait pas qui était le commanditaire de toutes ces actions, il se gardait bien de toute curiosité auprès des Marrakech.

Zohra fut appelée d’urgence à Darkla, Idriss était à l’hôpital dans un état grave, sa vie était dans les mains d’Allah. Le colonel lui indiqua qu’il avait reçu deux coups de couteau. Le couteau était l’un de ceux avec lesquels l’on dépeçait la viande, pas d’empreintes retrouvées, elles avaient été effacées. Si elle agissait à la caserne, elle serait immédiatement soupçonnée. Elle retourna voir Idriss à l’hôpital, le couteau avait heureusement glissé entre deux côtes épargnant le cœur. Opéré rapidement, il vivra, Zohra était contente, elle se sentait responsable de cet attentat à son endroit. Idriss avait envie de parler, les Marrakech lui avaient signalé qu’ils obéissaient à un chef religieux nommé Omar Hssain, c’était le gourou de l’organisation. Zohra était ravie, elle prévint le colonel qui fit des recherches sur Omar Hssain. Il apparaissait sur la liste de Salim, mais son profil n’avait pas donné lieu à un suivi. Il était évident que les quatre Marrakech aides- cuisiniers seraient soupçonnés en premier. Zohra était persuadée que ce n’était pas de ce côté-là qu’il fallait chercher. Idriss lui communiqua le nom de son agresseur, le lieutenant Amar Beroud, lui aussi transfuge du régiment de Marrakech. Dès qu’il eut la certitude qu’Idriss avait parlé, il déserta sur le champ et rejoignit le groupe de protection d’Omar Hssain. Lorsque l’on aura retrouvé Amar, l’on sera sur la trace d’Omar. Le régiment de Marrakech était pollué par cet esprit religieux partisan et dangereux orchestré par le colonel Abdenaour Harraou. Le Roi avait eu raison de le dissoudre, mais avec le risque de la tache d’huile. C’était une partie habilement constituée, où les pièces étaient avancées suivant un plan mûrement réfléchi. Ils avaient toujours une longueur d’avance. La tentative d’assassinat d’Idriss montrait leur détermination. A Tanger une marche était organisée très vite réprimée par un escadron de la marine, cette marche qui devait réunir plusieurs centaines de participants s’était réduite à quelques dizaines, les Amazighs n’ayant pas voulu se mêler à une manifestation qui risquait de liquider définitivement les Berbères du pays du RIF. Zohara s’aperçut également qu’elle était suivie par deux individus, militaires, civils ?  C’était son tour, en tant qu’officiere de la police militaire, elle posait trop de questions et commençait à en savoir trop. Elle se dirigea vers la mosquée de Darkla, entra dans la partie des femmes, fit une courte prière et ressortit par la petite porte des femmes. Ils étaient adossés au mur de la mosquée, le Glock de Zohra les cueillit debout, ils s’effondrèrent sur les pavés entourant la mosquée. Elle poursuivit son chemin jusqu’à la caserne. Le profil d’Hssain était revenu dans les mains du colonel. Reçu quatrième de sa promotion d’ingénieurs en électronique et informatique de l’école Moha&med V de Rabat, il était souligné entre autres sa grande capacité d’organisateur et de formateur qui devrait le propulser rapidement à un poste de direction d’une grande entreprise. Comment les profileurs de la Boutique et de la police militaire n’avaient pas repéré ce bonhomme ? Pour le moment, il était introuvable, aucun indice ne permettant la plus petite piste.

Le lendemain de l’agression de Zohra, le colonel Amar Mekhloui réunit toute la troupe dans la cour de la caserne.  Soldats, sous-officiers, officiers, depuis que des éléments de l’ancien régiment de Marrakech sont inclus dans notre effectif, les problèmes ne font qu’empirer, le dernier très gravement avec la tentative d’assassinat de l’adjudant Idriss NAFIA et la désertion du lieutenant Amar Béroud. Le capitaine Zohra Daghri qui ne devait rester que quelques jours restera avec nous jusqu’à la fin de son enquête. Vous devrez vous conformer à ses désirs de vérité, elle a tous les pouvoirs de par les ordres du bureau spécial de la police militaire. Vous devrez répondre à ses questions sans vous dérober, en toute logique, en particulier ceux de Marrakech qui sont ciblés en premier. Un adjudant s’avança de deux pas vers le colonel.

-Mon colonel, nous refusons d’obéir à une femme dont nous ne connaissons pas les antécédents.

-Vous obéirez au capitaine, c’est un ordre !

-Nous sommes plusieurs à vous désobéir, qui est ce capitaine que l’on nous met dans les jambes ?

-Un soldat qui a fait ses preuves au feu, qui a mérité ses galons, maintenant rentrer dans le rang. Vous serez jugé pour rébellion et insubordination, en attendant vous êtes mis en quarantaine.

-Vous permettez mon colonel souscrit Zohra, je voudrais mettre des choses au point avec l’adjudant Mohamed Hajjari.

-Je vous en prie capitaine

-Mon adjudant vous semblez avoir une très faible opinion de moi, accepteriez-vous un combat avec moi-même ?

-C’est une plaisanterie mon colonel ?

-Pourquoi pas puisque vous êtes si sûr de votre supériorité de mâle, je vous laisse libre d’accepter, il n’y aura aucune sanction pour le combat, mais les sanctions ne seront pas levées pour insubordination !

Mohamed Hajjari enleva très vite son blouson, se débloqua les épaules à grands coups de roulements sur elles-mêmes. Il s’avança vers Zohra l’air dominateur et tellement sûr de lui.  

-Soldat lui dit-elle comme une insulte alors qu’il était adjudant pour le mettre hors de lui, avez- vous assez de couilles pour m’attaquer. Elle n’avait pas l’habitude de la vulgarité, mais c’était une façon de le mettre en rage. A deux mètres d’elle, sa jambe droite se détendit comme un ressort, le pied droit atteignit son menton, fractura la mandibule, elle tournoya sur elle-même, son pied gauche frappa avec force la mâchoire et lui occasionna également des dégâts importants.

Mohamed Hajjari s’écroula inconscient sur le sable de la cour de rassemblement.

-Soldats dit-elle devons-nous continuer ?

Personne ne s’avança, la démonstration avait été positive ! Mohamed Hajjari avait été conduit à l’infirmerie puis à l’hôpital pour une opération délicate, mais il n’échapperait pas aux sanctions pour insubordination. Zohra s’était fait respecter, restait à tirer le fil ténu de la subversion.  L’adjudant Idriss Nafia sorti de l’hôpital a été transporté en ambulance jusqu’à la caserne, et là surprise tout le régiment réuni avec le colonel entama l’hymne national marocain, ensuite dans un élan de solidarité toute la troupe scanda, pour l’adjudant Popote, hip hip hip hourra, hip hip hip hourra, hip hip hip hourra ! Idriss ne s’attendait pas à cette réception, très ému, il lança un sonore salam alékoum, la main sur le coeur et rejoignit rapidement ses quartiers. Zohra attendit le lendemain pour lui rendre visite. Vous êtes un héros, adjudant Popote, j’en suis heureux pour vous. D’après ce que le docteur m’a dit, vous en aviez encore pour trois semaines de rééducation avant de reprendre votre boulot à la cuisine.

-Hal mazalt adhni, êtes-vous toujours mon oreille ?

- Plus que jamais mon capitaine

Bien, nous reparlerons de tout cela plus tard, reposez-vous adjudant.

                Le lendemain du retour d’Idriss une nouvelle action était prévue, s’emparer du lieutenant -colonel -chef de la base de Darkla, de le destituer et de le remplacer par un Marrrakech au grade le plus élevé. Dès qu’il fut mis au courant de la situation par l’un des Marrakech, Idriss prévint Zohra. Celle-ci mit autour du colonel Amar Mekhlaoui une garde fidèle et fortement armée et de réagir immédiatement en cas d’intervention des terroristes. C’était le dernier coup des extrémistes, heureusement qu’Idriss avait été prévenu. Ils tentaient le tout pour le tout, diminué dans leurs effectifs après leurs différentes attaques réprimées sévèrement, ils cherchaient à s’emparer du régiment et à marcher sur le commandement du port et de prendre l’amiral en otage. Quatre heures du matin, le brouillard enveloppait tout l’environnement du petit matin, les extrémistes s’approchèrent du bâtiment où logeait le colonel. La garde du colonel ne bougeait pas, les Malfrats auront une belle surprise. Ils forcèrent la porte à coups de pied, quand ils furent entrés, ils furent hachés menus par la mitraille de la garde, certains voulurent s’enfuirent peine perdue, ils furent rattrapés et aussitôt occis ! Ils avaient tout perdu, c’était terminé, le groupe de Marrakech était anéanti. L’Etat- major en fut informé, mais cela n’arrêtait pas l’ambition d’Omar Hssain toujours introuvable. Il avait perdu la guerre de Darkla mais il avait dans le cœur cette haine farouche, et ce fanatisme tant qu’il ne serait pas abattu, il sèmerait la terreur et la mort. A plus de mille kilomètres de Darkla à Kénitra, le terminal du train à grande vitesse Tanger Kénitra, gare d’échanges pour Fes, Tanger et Casablanca par les lignes d’arrêts dans les gares situées sur le parcours de ces lignes étaient passé au peigne fin, chaque centimètre carré était analysé. Un communiqué parvenu à la presse notait que la gare était piégée et sauterait à quatorze heures vingt, signé la République Wahhabite du Maroc. Omar Hssain avait changé de méthode, n’ayant plus d’effectif suffisant, il employait les moyens les plus les lâches, ceux des poseurs de bombes ! Les démineurs s’activaient du sol au plafond sans rien trouver. Il semblerait qu’Omar Hsain ait raconté une histoire. A quatorze heures, la police fit dégager tout le monde, passagers et employés, la gare était complètement vide. Un périmètre de sécurité de deux cents mètres avait été établi autour de la gare. A quatorze heures vingt, une violente déflagration fit tomber murs et plafonds du hall d’entrée, où avait bien pu être caché l’explosif ? Les démineurs étaient consternés. Ils avaient été trompés, joués, la colère leur remplissait l’esprit. Ils décidèrent de se réunir et de réfléchir à la situation. Tout avait été vérifié, centimètre par centimètre, qu’avons-nous manqué ? La fumée s’était dissipée, ils retournèrent sur le lieu de l’explosion. Ils examinèrent soigneusement les lieux sans rien découvrir de spécial. Zohra arrivée sur les lieux leur dit : arrêtez de vous effritez le cerveau, vous n’êtes pas responsables, l’explosion a été provoquée par un petit drone de l’armée, elle se rappelait ceux du désert en Afrique. Devant leur air ébahi, elle leur expliqua que l’armée possédait des petits drones de quinze centimètres de long. Il devait donc y avoir au moment de l’explosion un véhicule militaire garé en première ligne. C’était à la police de se rappeler les éléments qui étaient en première ligne. Un policier se rappelait effectivement qu’une Jeep était garée en première ligne, mais suivant les consignes dans le périmètre de sécurité. Omar Hssain était intelligent, il se servait de toutes les techniques possibles. Le colonel rechercha si à Kénitra il existait un régiment de transmissions. Il existait un régiment à Sidi Slimane tout près de la Boutique avec une unité d’aviation légère. Le colonel eut rapidement les éléments nécessaires pour boucler cette enquête. Le caporal Youssef Irfane, préposé aux différents drones du régiment, avait volé un petit drone, le matériel de gestion et une camionnette. Il est entièrement responsable de l’explosion de la gare ONCF de Kénitra au nom la République Wahhabite du Maroc. Il a avoué sa responsabilité dans l’explosion de la gare et son engagement auprès la République Wahhabite du Maroc. Incarcéré, il sera jugé par le tribunal militaire dans plusieurs mois. Quatre mois après le tribunal militaire le condamnait à trente années de prison sans possibilité de réduction de peine. Douze mois étaient passés, Zohra était venue le visiter.

-Caporal Youssef Irfane, je suis venue vous faire une proposition, je peux vous faire alléger considérablement votre peine et même obtenir votre libération conditionnelle si vous me donnez suffisamment de renseignements sur Omar Hssain.

-Que voulez-vous savoir ?

-Tout ce qui le concerne, où loge-t-il, comment vous joint-il ?

-Je n’ai pas grand-chose à vous dire, personne ne sait où il habite, pour nous joindre, c’est toujours lui qui nous appelle, il se sert de son portable, une conversation très rapide, nous savons que c’est lui, car il commence toujours par : le Bouregreg coule à Rabat !

-C’est tout, je n’ai pas grand-chose pour lui mettre la main dessus ?

-Malheureusement je n’ai pas autre chose à vous dire

-Bien, je reviendrais vous voir, peut -être aurez-vous retrouvé des éléments oubliés aujourd’hui ?

Zohra n’avait rien à se mettre sous la dent, il fallait pourtant que la situation se décante. L’on chuchotait qu’Omar Hssain serait un descendant de juifs berbères du Haut Atlas, si c’était le cas, il y aurait peut- être une solution ?  Une association avec la mafia israélienne, Israeli Connection qui règne sur le monde entier de la pègre serait une bonne idée. Ce ne serait pas la première fois qu’une telle association aurait lieu dans l’intérêt du Maroc. Le colonel étant d’accord, Zohra se retrouva attablée avec Eli Golstein, le patron de la mafia juive au Maroc, la police fermerait les yeux sur le trafic de hachich de la mafia jusqu’à l’arrestation d’Omar Hssain, après Inch Allah. Cela prendra du temps, mais la mafia avait les moyens de le retrouver. Omar Hssain devait s’assurer du soutien de quelques flibustiers pour réussir ses coups fourrés, sans doute la mafia marocaine. Si c’était le cas, l’on assisterait à l’élimination réciproque des soldats du crime de chaque côté, ce qui ne serait pas une mauvaise affaire pour la société civile.

                Cela n’avait pas été long, Zohra comptait les points, le premier à être éliminé a été le check de la mafia marocaine Malek E Allam, service bien fait, tirs de kalachnikov depuis une automobile et le caïd entouré de ses gardes du corps n’était plus disponible. Issac s’occupait de ses intérêts, il avait le champ libre. Achraf Farrath préparait un convoi de cent kilogrammes de cannabis vers l’Espagne, la marchandise était entreposée dans un tout petit garage de Oujda, petit garage impersonnel, surveillé par quatre de ses hommes. Au jour J, Achraf était là avec une vieille camionnette Susuki toute rouillée, il ne fallait pas se faire remarquer, la came était bien cachée. En plus de la Susuki, une deux chevaux Citroen, toute plissée suivait directement au cul de la Susuki, chargée de quatre hommes armés prêts à tout. Derrière la Citroen, une Laguna là aussi chargée de quatre nervis à la solde de Achraf. Devant la Susuki un camion Berliet en protection optimum. Ils avaient pris la direction de Nador où un bateau sardinier les attendait. A un moment, un accident barrait provisoirement le passage, le convoi s’arrêta. Achraf prudent sortit de la Laguna pour s’informer de la situation. C’était vraiment un accident, deux voitures s’étaient rentrées dedans, une sortie de route, l’une s’était même encastrée dans le capot moteur de l’autre. Achraf venait juste de se réinstaller dans la Laguna quand la fusillade éclata, le chauffeur du camion gisait à terre, les quatre truands de la Citroen n’avaient pas eu le temps de dire ouf, ils étaient occis, recroquevillés sur leurs sièges, seuls les passagers de la Laguna avaient eu le temps de sortir du véhicule. Leurs assaillants étaient camouflés derrière les rochers du bas-côté de la route. Ce n’était pas leur jour, les assaillants avaient prévu leur attaque avec une précision d’horloger, ils furent fusillés par- derrière, ils sombrèrent lamentablement dans des flaques de sang. Elie vint se rendre compte du résultat de l’opération, il eut un sourire satisfait, la Susuki fit demi-tour vers Oujda. Zohra se doutait que l’opération Achraf était montée par Elie. Il avait distribué par ailleurs les photos d’Omar Hssain à tout le réseau mafieux de l’Israéli Connection du Maroc, il y allait de sa crédibilité. Pour le moment la mafia marocaine n’avait pas fait le rapprochement des évènements avec l’Israéli Connection. Le bar Charit Bar, Maroc Aujourd'hui, à côté de la bibliothèque de Salé était le quartier général du caïd de la mafia marocaine de toute la région de Salé jusqu’à Kénitra, Youri M’Feddal. Toute la pègre régionale se réunissait là pour discuter affaires, escroqueries, prostitution, attaques de banques. Le cafetier était également le trésorier de toute cette bande de voyous. Il avait un coffre-fort dernier cri, l’ouverture forcée ne pouvait se faire qu’avec l’aide de la dynamite. Le bar du Maroc Aujourd'hui était une place forte imprenable. Un fourgon Mercedès s’arrêta sur le bord du trottoir en face du café, sept malfrats s’engouffrèrent dans le bar Sharit Almaghrib Alyam en aspergeant toute la clientèle de mitrailles, les corps tombaient sans avoir eu le temps de répliquer. Le cafetier était tenu en respect, il refusait de parler, une balle dans la tête l’envoya au paradis. Une chaîne accrochée au coffre traîna le coffre jusqu’au fourgon. Ils disparurent en laissant sur le trottoir l’un de leurs hommes touchés à la jambe par une réplique. La police arrivée sur les lieux amena le blessé à l’hôpital de Rabat. Le quidam, Moïse Abecassis était connu des services de police pour attaques à mains armées, mais il avait toujours échappé à la justice. Il était maintenant évident que l’attaque du café était l’œuvre  d’Israéli Connection, ce qui allait amener une guerre entre les bandes mafieuses. Elie n’était pas mécontent de ce coup-là même s’il avait perdu un soldat qu’il croyait mort. Il avait fait appel à un maître pour l’ouverture du coffre-fort. Il était en acier spécial, si l’on employait la dynamite, l’on risquait de tout faire sauter et de brûler en même temps les papiers et l’argent. La solution serait de percer tout autour de la serrure des trous à un centimètre de distance l’un de l’autre avec des mèches spéciales qui coûtent une fortune avec des rechanges parce qu’elles s’usent vite. Il faudra beaucoup de patience, tout le percement prendra une bonne journée sans doute plus vue la lenteur du travail, mais la réussite vaut bien une journée de travail et de patience. Il n’avait toujours pas de nouvelles d’Omar, à croire qu’il n’existait pas. Dans un sens cela l’arrangeait bien, pendant ce temps il faisait impunément ses affaires. Son quartier général se trouvait au restaurant juif de Rabat, Mathal Almanzil, Comme Chez Soi, curieusement écrit en arabe, pourquoi pas en hébreu, de peur de représailles ? Elie avait disposé ses hommes pour résister à une attaque toujours possible des Arabes, une première ligne de soldats se trouvait avec les serveurs armés de pistolets, à l’entrée du restaurant, entre les tables, une seconde ligne à l’entrée de la cuisine et derrière le bar pour repousser l’adversaire avec des kalachnikovs. Minuit, le restaurant fonctionnait toujours, l’homme à l’entrée donna l’alarme, une automobile venait de s’arrêter juste en face du Mathal Almanzil, les hommes n’eurent pas le temps de s’approcher du restaurant, les soldats d’Eli les avaient occis sur le trottoir. Les clients présents eurent leur repas payé par la direction. La police interrogea les témoins, les clients, les serveurs qui avaient remisé leurs armes. Ils n’avaient rien vu, tout se passait sur le trottoir. La police n’était pas dupe, les cadavres sur le trottoir étaient des maghrébins, la guerre de la drogue venait de commencer, la mafia marocaine contre l’Israéli Connection. Un inspecteur avait trouvé une douille de sept millimètres soixante-cinq près de la porte, signe que la bagarre était partie d’ici, Si Zohra voyait cela d’un bon œil, il n’en était pas de même pour la police qui s’attendait à une recrudescence de violence, les deux mafias n’allaient pas se faire des cadeaux.

                De son côté Omar ne chômait pas, il bougeait beaucoup, à Sidi Slimane il avait révolutionné la cité, aidée par deux voyous en exercice en jouant les kamikazes avec des tirs de mortiers d’artifices en pleine ville, repoussant les forces de l’ordre de l’autre côté de la ligne de chemin de fer. Brandissant le drapeau de la République Wahhabite du Maroc, les deux sbires se sont retrouvés tous seuls sous les tirs de la police après la fin des tirs de mortiers, Omar avait disparu, il avait eu ce qu’il avait voulu, créer de l’agitation dans cette petite ville. Les deux voyous tombèrent sous les balles de la police, sacrifiés par Omar. Les dossiers et les archives des entités juives du Maroc n’avaient pas de trace d’Omar. Il était difficile de retrouver sa judéité, car le nom des juifs n’ont été donnés qu’à partir de Napoléon premier. Les rabbins n’avaient rien dans leurs livres. C’était une course difficile pour retrouver Omar surtout s’il n’était pas d’origine hébraïque. Il sacrifiait sans vergogne les vies qui l’accompagnaient. C’était un tueur par intermédiaire. A Kénitra, il s’était entouré de quatre malfrats, ils devaient faire sauter le port avec le plus d’éclats possible. Ils avaient déposé les pains de plastique dans plusieurs endroits différents du port avec un détonateur réglé à la même heure. Il avait prévenu la presse qu’il y aurait un feu d’artifice à seize heures qu’il avait signé la République Wahhabite du Maroc. La police, la gendarmerie nationale, l’armée étaient là, tous les ouvriers avaient été déplacés. A seize heures, une terrible explosion retentit aux quatre coins du port détruisant les structures métalliques, grues, matériels de levages et le petit cargo qui faisaient le trafic entre les ports côtiers du Maroc. Un malfrat était blessé par l’explosion, il avait commis une erreur d’appréciation, les trois autres et Omar avaient disparu bien avant l’explosion commandée par un téléphone relativement loin du port. Seul l’un des leurs par curiosité morbide était resté. L’interrogatoire du blessé n’avait rien donné, comme d’habitude ils avaient été contactés et payés, ils ne savaient rien d’Omar. Ils avaient fait le travail qu’on leur avait commandé, point à la ligne. Sa blessure n’étant pas grave, il rejoignit la prison de Salé menotté et accompagné par deux gendarmes. Omar devait être loin, sa dernière mission avait été spectaculaire, mais cela s’éternisait. Le Roi, le Parlement demandait des comptes à la police qui n’arrivait pas à le loger, la Boutique attendait le moment où il serait capturé, Omar était un pro de la dissimulation. Zohra était confiante, la mafia juive était puissante, il fallait attendre !

                Saïd El Idrisy avait décidé de s’attaquer à Elie. Il observait depuis des semaines ses déplacements. Une voiture en protection devant, sa voiture ensuite et une autre derrière la sienne. C’était le système de défense américain des gros caïds de la pègre de San Francisco. Le ciel était bleu, il faisait bon avec une brise bienfaisante et pourtant le chaos se déchaîna, la bande à Said avec des armes de guerre, des lances -grenades MK 19 de quarante millimètres de l’armée américaine. Installés dans l’entrée de l’immeuble face au restaurant d’Eli, ils ouvrirent la porte de l’immeuble quand Eli et ses hommes furent montés dans les automobiles. Ils explosèrent les trois véhicules en quelques secondes. C’était la guerre, SAÏD n’y avait pas été de mains mortes ! Rapidement ils mirent le MK19 dans la voiture, démarrèrent et disparurent de la circulation.

                La disparition d’Elie était un coup dur pour l’Israéli Connection. La guerre avait pris une autre dimension, terminé les tueurs à la sauvette, les pistoléros de quartiers, les traquenards de papa, l’on était plus au temps de la lampe à pétrole, les meurtres se réfléchissaient longuement à l’avance, tout était mis à niveau avant de passer à l’action. Avant il suffisait de sortir son arme, de tirer et de foutre le camp, aujourd’hui c’est toute une réflexion, repérage des lieux, armement, possibilité de fuite. Said avait organisé un gros coup, personne avant lui n’avait utilisé des armes de guerre de ce calibre. Il savait qu’il risquait des représailles à la hauteur de son attaque contre Elie. L’Israeli Connection réunit ses principaux collaborateurs au Maroc pour élire le nouveau patron de la mafia israélienne au Maroc. Après plusieurs tours de table, Abbas Gotmann fut élu en remplacement d’Elie. Abbas avait la réputation d’être un type coriace, volontaire, intelligent, retord, prêt à venger Elie. Zohra le contacta rapidement et lui demanda si l’accord passé avec Elie tenait toujours ? Un accord est un accord, dit-il, Inch Allah Imurmura Zohra ! Elle était persuadée que l’Israéli Connection mettrait la main sur Omar.

                Omar une nouvelle fois avait fait parler de lui à l’université de droit de Rabat. Il avait loué une mini grue qui afficha sur le fronton de l’université en pleine nuit le drapeau de la République Wahhabite du Maroc, aussitôt détachée par les pompiers, mais la presse avait été avisée et en faisait ses choux gras ! Omar avait bien entendu disparu. Abbas ne savait pas qui avait commis cet attentat contre Elie et son équipe, il devait se méfier doublement, celui qui avait couché Elie était un malin. Si Abbas ne connaissait pas Said, il en était de même pour Said, il ne connaissait pas le remplaçant d’Elie ni son quartier général, en fait ils s’étaient réinstallés au restaurant Mathal Almanzil. Abbas organisa la défense du restaurant. Il fit construire devant l’entrée un sas en béton avec de grandes vitres résistantes aux chocs, deux hommes lourdement armés étaient en permanence dans le sas avec un changement toutes les quatre heures. L’intérieur avait été également modifié, les piliers avaient été remplacés par des poutres au plafond qui soutenaient l’édifice pour une meilleure visibilité. Le bar tenait toute la place sur l’arrière de la salle, laissant une grande porte à battants ouverte sur la cuisine. Les serveurs, les hommes du bar, les hommes du sas étaient armés, de même en cuisine. Une véritable armée tenait lieu d’employé. Une porte avait été ouverte dans la cuisine sur l’extérieur, une ruelle qui donnait sur la place où se garaient les automobiles. Le premier étage au-dessus du restaurant avait été acquis donnant accès à une visibilité accrue et à une plage de tirs en cas d’attaque. Au menu, les incontournables Falafels, boulettes de fèves et de pois chiches hachées grossièrement mélangées aux épices, persils, coriande, cumin, frites dans l’huile, faisaient le bonheur des gourmets avec le vin rosé d’Israel. Abbas était satisfait, il avait rénové l’établissement enrichi d’un premier étage à l’air de tour de contrôle. Deux de ses hommes tournaient depuis la disparition d’Elie dans toute la ville pour découvrir où se trouvaient les assassins, pour le moment en vain. Said avait remarqué les transformations que subissait l’établissement. Il avait remarqué la porte ouverte derrière sur la cuisine. Une heure du matin, le restaurant venait de fermer. Le lance- grenades installé dans la ruelle avait craché son feu, la porte déchiquetée ainsi qu’une partie du mur avait sautée, une dizaine d’hommes de Said entrèrent en courant dans le restaurant, objectifs, détruire, ils y réussirent, les hommes d’Abbas retranchés dans la grande salle ne pouvaient pas grand-chose contre le MK19 à bande. Quand toute la salle fut ravagée, la bande à Said disparut sans laisser de traces. Aucun blessé, c’était encore une réussite, mais du côté d’ABBAS quatre mort et autant de blessés ! Abbas ne décolérait pas, tout ce travail pour rien. La politique de Said, c’était la mouche du coche pour l’obliger à sortir de son antre. Un minable voleur, drogué fournit enfin une information intéressante le caïd se nommait Saïd El Idrisy, il logeait dans une petite maison isolée sur la route qui menait à l’autoroute. Quatre automobiles stationnèrent devant la maison. Said demanda que l’on sorte la mitrailleuse. Les hommes d’Abbas donnèrent l’assaut, ils furent stoppés net par les tirs de mitrailleuse, onze morts dont Abbas et blessés. Said ne perdit pas de temps, tout l’armement fut enlogé dans une voiture et la bande disparut. Abbas était tombé dans le piège, en pensant que le nombre primerait sur le choix des armes, c’était une erreur, il l’avait payé de sa vie. Zohra commençait à douter de l’efficacité des hommes de l’Israeli Connection.

                Omar avait trouvé une nouvelle trouvaille, il avait payé le capitaine d’un caboteur pour afficher le drapeau de la République Wahhabite du Maroc en haut du mât, qui naviguait ainsi de Rabat à Nador. Le drapeau fut arraché par un patrouilleur de la marine nationale, le caboteur mis à l’arrêt sur le port de Saidia, le capitaine mis en prison en attendant son procès. Omar était toujours introuvable, l’invisibilité faite homme. Il trouvait à chaque fois une formule médiatique qui mettait à mal l’autorité marocaine. N’ayant plus la troupe importante qu’il avait au début, il jouait avec des individus en mal de reconnaissance, c’est ainsi qu’à Imzouren, Omar lance l’idée chez un épicier d’emballer les marchandises avec du papier imprimé aux couleurs de la République wahhabite du Maroc. Ce fut une belle pagaille, la police investissant brutalement la boutique, repoussant la clientèle au fond de l’établissement, saisie du papier incriminé et saisie immédiate de l’épicier avec comparution immédiate au tribunal pour crime contre le Roi et l’Etat du Maroc et apologie d’une religion non reconnue par l’Etat du Maroc. Zohra chercha dans toutes fabriques de drapeaux du pays, il y en avait une qui avait fabriqué ou qui fabriquait ces drapeaux de la République Wahhabite du Maroc. A partir de là, Omar devait être retrouvé. l’Israéli Connection avait fort à faire en ce moment, se réorganiser à nouvelle fois, trouver ceux qui avaient commis cet attentat et se venger brutalement pour affirmer leur supériorité. Zohra trouva dans le Bottin des entreprises, trente-trois fabriques et quatre-vingt-quatre points de vente de drapeaux et banderoles sur le territoire du Maroc. Ce n’était pas gagné !  Zohra décida de déléguer les recherches à la mafia juive mais aussi à la mafia marocaine. Dans sa position d’attente, elle jouait avec tous les participants sans état d’âme.  Omar avait plus d’un tour dans son sac, plusieurs loustics avaient accroché des banderoles de la République Wahhabite du Maroc  sur les façades des supers-marchés de Fes, qui furent enlevées rapidement par les pompiers, mais le mal était fait, les loustics ne furent pas retrouvés. OMAR triomphait pour le moment. Said avait rejoint son point de repli, un bâtiment en béton qu’il avait récupéré à peu de frais, il y avait déjà pas mal de temps. Ancien entrepôt de pneus usagés, il avait dès son arrivée protégé les accès, les armes lourdes qu’il possédait lui donnaient l’avantage sur les assaillants potentiels. Depuis quelques années il s’était mis en tête de se doter d’un armement acheté aux tribus maliennes de renégats. Il était devenu au fil des années le caïd de la mafia marocaine. Pour le moment personne ne connaissait son nouveau quartier général. Il avait affaibli considérablement la mafia juive, mais il savait qu’elle était capable de se redresser rapidement et de redevenir dangereuse, il se tenait sur ses gardes. Il connaissait ses petits soldats camouflés en restaurateurs, vendeurs de bijoux, il frapperait petit, mais il décimerait la troupe. Au Jérusalem, le restaurant était petit, mais accueillait une clientèle fidèle. Abarbanel  Benguigui avait une corpulence complice ave l’obésité, toujours le sourire, mais derrière le retroussement des lèvres une complicité sans faille avec l’Israéli Connection. Toujours soigné, chemise blanche, gilet noir, nœud papillon noir, pantalon noir et chaussures vernies, portant toujours la yarmoulke, la kippa sur sa tête rasée. Dans son large pantalon, un Beretta logeait dans sa poche en permanence. Youssouf se présenta pour dîner, il avait vécu en Israel plusieurs années, pour y travailler, il parlait l’hébreu parfaitement et sans accent. Il commanda des Böreks, pâte garnie d’épinards avec du fromage et du caviar d’aubergine et pour faire local un verre de rosé d’Iserla. Il s’attarda à table, fuma une cigarette et demanda l’addition, Abarbanel s’approcha, Youssouf sorti un Luger de sa poche et tira à bout portant sur Abarbanel qui s’effondra sur le carrelage du restaurant devant les consommateurs apeurés. Youssouf sortit tranquillement, héla un taxi et disparut de la circulation. Samuel Bitoun, tenait une bijouterie en face de la gare ONCF de Rabat, portant comme Abarbanel la kippa sur la tête, il était toujours habillé d’un tablier noir avec une poche sur le devant, logement du pistolet de défense au cas où ? Youssouf était l’homme de main de Said, efficace, prompt à l’attaque comme la vipère des sables du Sahel. Il passa devant la boutique et repassa plusieurs fois, s’arrêta comme s’il était intéressé par un bijou. Il finit par entrer le Luger à la main, avant que Samuel réagisse, il était déjà mort allongé sur le sol de sa boutique. Il sortit, prit un taxi et disparut comme d’habitude dans la nature. Said savait que les Juifs allaient s’organiser, qu’il faudrait changer de méthode. La réplique ne se fit pas attendre. Marrakech, la ville de tous les vices, quatre loustics incriminés dans la prostitution ont été retrouvés dans les rues, le corps troué par des balles de forts calibres. Un vendeur de drogues à Rabat subit le même sort. C’était dans l’ordre des choses. De l’autre côté, l’on s’activait à la préparation d’un gros coup. Said avait repéré une banque à Sidi Yahya El Gharb, en plein centre-ville, relativement loin de la gendarmerie. Son plan était relativement simple, bloquer la gendarmerie pour éviter leur sortie, ensuite ouvrir la banque avec une lance grenades, ceci fait, piller le coffre et le distributeur, en pleine nuit cela devrait être facile ? Il ne mit pas son projet à l’état de réalisation, une autre idée était apparue suite à un renseignement d’un complice. Il devait y réfléchir, il fallait surtout éviter une mort d’hommes. Le fourgon de convoyage de fonds partait à quatre heures du matin pour prendre l’argent nécessaire aux banques de la région au centre régional des fonds. Il commençait sa tournée à sept heures du matin par les banques de Rabat. Le fourgon avait trois hommes armés à l’intérieur du véhicule, dont le chauffeur. L’agression se terminerait dans un bain de sang, les convoyeurs n’hésiteraient pas à faire feu. L’attaque devait se faire en douceur, sans violence, mais comment ? Sed quod est questio, mais c’était la question ? Said prit le temps de réfléchir, cette histoire rapporterait gros, mais les risques étaient énormes. Said se rappela les attaques de camping-cars avec des gaz soporifiques qui avaient fait la une des informations des journaux et des radios marocaines. Voilà, se dit-il, la solution est trouvée. Il fallait trouver le gaz, la police utilisait ce gaz lors d’interventions majeures, prises d’otages, tentatives de suicide. Les voyous ont toujours des amis dans la police. Mohamed avait un cousin au peloton de la police spéciale, il obtint un litre de gaz. Il acheta un vaporisateur qu’il remplit de gaz, tout était prêt. Ils arrivèrent à cinq à sept heures devant la banque centrale, au moment où le convoyeur ouvrit la porte du fourgon pour monter rejoindre ses collègues, Mohamed envoya la totalité du vaporisateur à l’intérieur du fourgon. Il referma très vite la porte pour que le gaz fasse effet. En cinq minutes seulement, les convoyeurs étaient endormis et sans violence. Mohamed se mit au volant et prit la direction du quartier général. Les cinq hommes de Said se dépêchèrent de transférer les fonds dans le QG, puis suivis par une automobile de la bande à Said, Mohamed conduisit le fourgon sur l’autoroute de Tanger. Il abandonna le fourgon, sauta dans leur véhicule et disparu en direction de Kénitra, là il reprit la route du QG. Said se frotta les mains, une belle opération, sans effusion de sang avec des millions et des millions de dirhams à se mettre sous les dents. Cette attaque eut une grande répercussion sur tout le Maroc, sur la détermination des voyous sans effusion de sang et la perte pour les banques d’un pactole difficile à rembourser par les assurances. Elle hissa encore plus haut Said sur son piédestal.  

                 Omar s’était fait plus discret, il n’avait pas fait parler de lui depuis plus d’un mois, serait-ce que le filet se resserrant autour de lui et que malin comme il l’était, il restait assis comme l’oiseau sur sa branche. l’Israéli Connection avait un nouveau patron au Maroc, Abergel Cadosh, celui qui avait commandé les représailles de Marrakech. Il répliquait coup pour coup à Said qu’il ne connaissait pas, mais qu’il reconnaissait comme un adversaire redoutable. Il saluait le coup de poker de Said dans le vol du fourgon, il lui reconnaissait du génie. Peut-être une piste sur une fabrique de banderoles et drapeaux à Fes, Omar avait commandé cent drapeaux de la République Wahhabite du Maroc, le patron de la fabrique était un juif du nom d’Abécassis Bamberger qui avait prévenu immédiatement l’organisation, mais pas d’Omar à la réception, seul un gamin chargé d’amené les drapeaux à la gare ONCF et de donner le colis au contrôleur. Avant d’arriver à Sidi Kacem, le colis avait disparu, jeté par la porte à l’extérieur du train par le contrôleur payé pour cela où l’attendait Omar. C’était toute une organisation à base de bakchich, d’enfants et de clochards. L’on avait perdu à nouveau OMAR. Renouer le fil serait difficile, qu’Allah nous aide ! Abergel et son équipe avaient repéré une bande de voyous à la petite semaine, vols, exactions, prostitution clandestine à Salé. Ils se réunissaient au café de l’Espagne dans la Médina tous les soirs. Attablés sur la terrasse devant le thé brûlant à la menthe, ils discutaient de leur journée. Un coup de frein brutal, puis la mitraille jaillit par les portières et fenêtres de l’automobile, les voyous s’effondrèrent en emportant dans leur chute leur chaise sur le trottoir. C’était du menu fretin, mais c’était des éléments du caïd. Abergel se félicitait de faire tomber ainsi des soldats d’en face. Ni l’Israéli Connection, ni Said ne connaissaient leur repaire de leur adversaire malgré un repérage minutieux. Un grand commerce de vêtements hommes et femmes à Kénitra était tenu par Abensur Bounchwig religieux pratiquant, portant sur la tête une kippa blanche. C’était un homme bon et honnête. Rondouillard, il portait une veste ouverte sur le ventre, laissant apercevoir une chemise toujours blanche sur un ventre arrondi. Ce jour-là, Youssouf entra dans la boutique, demanda à voir une veste, Abensur lui tournant le dos, il lui tira une balle dans la tête. Cette guerre était improductive pour les uns et pour les autres, ces meurtres n’apportaient rien aux mafias concernées. Les recherches sur Omar continuaient sans résultat pour le moment, il y avait eu une trace à Fes et puis, puiff disparu. Il réapparut à Sidi Kacem pour la fête de la cité. Le défilé empruntait la route principale, celle qui longeait la mairie, la gendarmerie, le centre commercial, au moment où il arrivait devant la mairie, un camion s’infiltra dans le cortège avec le drapeau de la République Wahhabite du Maroc. Stupeur dans la foule, le Maire avec le commandant de gendarmerie qui assistaient au défilé, s’étranglèrent et faillirent s’étouffer devant cette provocation. Le camion s’était arrêté au milieu du défilé empêchant le cortège d’aller plus loin et le chauffeur avait rapidement disparu. Le drapeau arraché du pare-brise, un chauffeur anonyme rangea le camion volé sur le chantier voisin. Un matin, Tanger se réveilla avec toutes les antennes de la ville et ses alentours réhaussés du drapeau de la République factice. Les pompiers travaillèrent toute la matinée à décrocher ces emblèmes provocateurs. La police n’arrivait plus à résoudre toutes ces affaires, contestation de la royauté et de son régime ainsi que sa religion partagée par l’immense majorité des Marocains, meurtres réitérés de commerçants de religion juive, meurtres de voyous marocains dans tout le pays. C’était comme une pandémie, un virus qui s’était développé dans tout le Maroc ! La police n’ignorait pas que les mafias jouaient un rôle important dans ces crimes, mais les assassinats successifs des chefs de l’Israéli Connection et de la mafia marocaine ressemblaient à un jeu d’échecs. La police savait que Saïd El Idrisy était devenu le caïd de la mafia marocaine, entouré en permanence d’une vingtaine de pistoléros de la pire espèce avec un armement à résister à un siège de longue durée. Elle connaissait également le curriculum vitaé de Bamberger. Nettoyeur des zones des colonies, des empêcheurs de s’installer sur de nouvelles terres en Israel, liquidateur de trafiquants et proxénètes au Liban, bras droits du chef de l’israéli Connection en Tunisie et patron de la mafia israélienne au Maroc. C’était un tueur au sang-froid tout comme Youssouf, aucun état d’âme, mais avec une qualité supérieure d’organisation et de constance dans ses actions. Il installa son quartier général dans un bar de Kénitra, A Maghrib, Le Maghreb, petit café niché près du centre commercial sur une grande place pour les automobiles. Abecassis pouvait voir tout ce qui se passait à l’extérieur, personne ne pouvait le surprendre. Les armes étaient fixées par du ruban adhésif sous le plateau des tables. Un fusil d’assaut et une Kalachnikov étaient placés sous le comptoir.  En été des tables étaient placées sous des parasols sur la terrasse. Deux soldats étaient toujours attablés, armés d’armes de poing. Le meurtre d’Abensur avait mis en rage Abecassis, il s’était promis de le venger, fallait-il encore qu’il connaisse le quartier général de Said et ce n’était pas le cas. Ces meurtres de commerçants juifs inoffensifs pour la plupart étaient ressentis comme une haine contre les juifs, le judaïsme. Le rabbin Aaron Traupmann appelait la colère de Dieu sur les assassins de ces commerçants et menaçait le Maroc des foudres de l’Enfer. Il appelait les juifs marocains à se lever et à manifester par milliers contre une religion qui n’était pas venue de Dieu, mais du Diable, de condamner en bloc les musulmans. La riposte ne se fit pas attendre. Youssouf passa devant la synagogue, entra et calmement alla jusqu’à Aaron Traupmann, il le fusilla à bout portant, il s’effondra de tout son long sur le carrelage de la synagogue. Personne ne lui barra le chemin, une fois dehors, il prit un taxi et disparu. C’était une fois de trop, leur grand rabbin disparut, toute la communauté israélite tomba dans la douleur avec la volonté de venger très vite Aaron. Le vendredi suivant, le  jour de la grande prière à la mosquée L’imam officiait dans le silence des croyants. Il récitait un verset du coran quand quatre individus entrèrent brutalement dans la mosquée, certains essayèrent de les arrêter, ils furent tués avec Yassine Belkrouch l’iman de la mosquée. Cette guerre finira par un bain de sang, les autorités se décidèrent de protéger les mosquées, les églises et les synagogues ainsi que les prêtres, les imans et les rabbins. Cela ne pouvait pas durer ainsi, le Maroc était une terre d’accueil, de refuge, ces massacres risquaient de s’étendre à la population tout entière. Omar jouait avec le feu, il se déplaçait beaucoup pour que l’on ne puisse le localiser. Il se trouvait momentanément, à Essaouira, son idée était de doter tous les bateaux de plaisance du drapeau de la République Wahhabite du Maroc. Il se rapprocha des enfants qui dormaient la nuit sur le port avec un bakchich, ils acceptèrent de monter sur les bateaux la nuit et d’afficher le drapeau, il y avait une centaine de bateaux. Le matin, consternation des propriétaires de bateaux, consternation des autorités portuaires, consternation de la police. Il a fallu toute la matinée pour que les drapeaux disparaissent.  

               

                Zohra reçut un message d’Idriss, cela faisait plus de deux années qu’elle n’avait pas reçu de nouvelle de lui. Ils se rencontrèrent au café espagnol de Salé. Il était revêtu de son uniforme de parachutiste. Mon capitaine, lui dit-il, je suis toujours intéressé par l’idée de travailler avec vous. Je me suis conformé aux désirs du colonel, j’ai changé de corps d’armée, de l’infanterie, je suis passé par les parachutistes, vous connaissez le processus, l’on m’a envoyé au Sahel combattre les tribus rebelles du Mali, j’ai eu l’occasion de sauter quatre fois. A mon retour j’ai demandé à participer au stage de commandos parachutistes et voilà mon parcours mon capitaine. Vous savez bien Idriss que je ne suis pas celle qui peut vous engager, seul le colonel a cette possibilité. Je vais lui en parler, laissez-moi votre numéro de téléphone pour vous rappeler. A la Boutique Zohra indiqua au colonel avoir parlé avec Idriss toujours motivé pour intégrer le groupe. Capitaine, je le suis depuis son engagement dans les parachutistes, il est motivé, opiniâtre, il a fait un parcours sans faute, il est digne de nous rejoindre, allez le chercher dans son régiment, je donne des consignes pour sa sortie. Elle prit une Jeep et se rendit chez les parachutistes de Salé en grand uniforme. A son arrivée elle fut saluée par les gardes et les hommes de troupe jusqu’au commandement. Là, le colonel Ibrahim Elfadili reçut Zohra, il la fit asseoir et lui dit sans préambule, vous nous enlevez Idriss, dans quel service sera-t-il affecté ? Mon colonel, répondit Zohra avec son plus beau sourire mensonger, je n’en sais pas plus que vous, ma hiérarchie décide de tout et vous savez bien que nous sommes laissés à l’écart ! Elle se leva, suivie le colonel qui fit appeler Idriss devant le poste de commandement. Vous nous quittez Adjudant, je vous regretterai, je vous souhaite bonne chance dans votre nouveau corps. Au revoir, mon colonel, je vous remercie.

-Où m’emmenez-vous ?

-Dans votre nouveau quartier général

-C'est-à-dire ?

-Là où vous souhaitiez vous rendre depuis des années.

La Jeep traversa Salé puis Sidi Bouknadel, Kénitra, Sidi Yahya en direction de Sidi Slimane, Idriss se taisait, impatient d’arriver à destination. La Jeep tourna dans un chemin empierré et roula pendant deux kilomètres jusqu’à des murs hauts, une bâtisse surplombant les murs et un château d’eau de vingt mètres de haut dans l’enceinte de la propriété. La Jeep arrivée devant la porte, celle-ci s’ouvrit automatiquement, la Jeep stationna devant le bâtiment. Le colonel était là debout,

-Bienvenue à la Boutique adjudant Idriss. Je suis content de vous revoir. Vous avez décidé de vous joindre à nous ?

-Mon colonel cela fait plus de deux années que je travaille pour cela

-Je sais Adjudant je vous suis depuis votre changement de corps.

-Vous avez juré sur le coran que rien de ce qui se passerait ici ne serait divulgué

-Oui mon colonel, je tiendrais parole

-Bien, à partir d’aujourd’hui vous faites partie de la Boutique pas comme agent, mais comme accompagnateur, c’est un mot qui me plait bien. Vous devrez obéir, à votre agent, le protéger, accomplir ce qu’il vous demandera de faire. Notre travail est difficile, il s’agit d’effacer des rangs de la population tous ceux qui se mettent en travers de la route du Roi et du gouvernement de notre pays. Il vous faudra trahir, tuer pour notre pays, acceptez-vous cette tâche difficile et ingrate ?

-Je ne me renie pas mon colonel

-Très bien vous aurez à travailler avec des agents différents, à aucun moment vous ne devrez dévoiler l’identité de cet agent.

-C’est entendu mon colonel.

Un employé de la boutique lui montra sa chambrée qu’il partagera avec cinq autres accompagnateurs. C’est un métier où le silence est d’or.

 

                Omar continuait ses provocations, la dernière, a créé des troubles importants au mausolée de Sidi Bouknadel d’Agadir, celui qui par le passé a combattu les portugais, en nappant le mausolée de banderoles de la République Wahhabite du Maroc, la population d’Agadir se mobilisa et défila devant le mausolée pour crier son indignation. Malgré les photographies et son réseau, l’Israéli Connection, ne parvenait pas à loger Omar, la mafia juive piétinait, ce qui n’était pas du goût du patron.  Avec des centaines de photographies, des sbires de l’Israéli Connection sur tout le territoire et l’incapacité de coincer Omar, cela confinait au ridicule. De plus, Said harcelait la mafia juive, éliminant des soldats, des hommes importants du cartel, commerçants, artisans même des chefs d’entreprises réputés. Noha Bensoussan mariait sa fille Ilana, fille du directeur de la banque du Maghreb à Aaron Benkémoun. Noha était le directeur de l’entreprise électrique Kahraba’ Eamat Lilgharb, la Générale, Electrique du Gharb, deux grosses pointures de la finance marocaine, qui finançait l’Israéli Connection avec qui ils avaient des contacts pour différentes affaires dans des transactions difficiles. La mafia juive était de toutes les combines financières au plus haut niveau. Cette union scellait un pacte entre deux grosses entreprises, la banque récupérait l’entreprise électrique parmi sa clientèle. C’était un partenariat qui valait des millions de dirhams. Said avait décidé de frapper fort mais il ne voulait pas de retombées collatérales, juste les parents des mariés. C’était impossible dans la synagogue, il fallait attendre la sortie des mariés. Les mariés sortirent en premier, suivis par les familles, Youssouf avec un appareil photographique autour du cou faisait un journaliste parfaitement crédible. Au moment où les familles montèrent dans les voitures, Youssouf abattit le banquier et très vite l’électricien, une voiture arriva en trombe et s’arrêta devant Youssouf qui s’infiltra rapidement à l’intérieur. L’automobile disparut aussi vite qu’elle était arrivée. Le mariage de Illana et Aaron a bien eu lieu, mais le contrat liant les deux grosses entreprises était repoussé aux calendres grecques. Said avait réussi son coup, l’union sacrée de deux grosses entreprises juives n’aura pas lieu. Toutes ces attaques étaient teintées de racisme et d’intolérance, mais surtout avec l’idée de s’accaparer de l’entreprise d’électricité, place au jeu financier. Rentrer dans le capital de la Générale Electrique du Gharb était plus difficile que la suppression des capitalistes. Un homme de paille acheta pour deux pour cent des actions à la bourse pour commencer, ensuite par le jeu d’intimidations, il racheta cinq pour cent d’actions au prix du marché à un actionnaire. De ce fait avec sept pour cent d’actions, il entrait au Conseil d’Administration comme actionnaire minoritaire. En deux années, il était à la tête de quarante- quatre pour cent des actions de l’entreprise, actionnaire majoritaire, remettant du même coup l’entreprise à la mafia marocaine. Aaron était pilote de ligne sur Air Arabia, il n’entendait pas abandonner son métier pour se consacrer à la finance. Il décida de vendre ses parts comme actionnaire de la Générale Electrique du Gharb, il souhaitait céder ses parts à la banque du Maghreb, dont son épouse détenait la majorité des actions. Aaron détenait trente-six pour cent des actions de la Générale Electrique du Gharb. Ceci dit, l’actionnaire majoritaire se prononça contre la vente à la banque du Maghreb, souhaitant que les parts d’Aaron soient revendues au sein de la société. Cette affaire traîna des mois, puis Aaron consentit à la vente de ses actions aux actionnaires de la société. Ce fut une bonne affaire, les actions montèrent à un plafond rarement atteint et la mafia marocaine se trouvait confortée dans ses objectifs financiers. Elle avait effectué plusieurs opérations de ce type dans plusieurs villes du Maroc acquérant ainsi un patrimoine industriel et immobilier colossal, sans que la police financière puisse y trouver à redire !

Omar notre triste bonhomme continuait ses fantaisies, à Safi Il arriva à convaincre des clochards contre des bakchichs d’orner les façades du château de drapeaux de la République Wahhbite du Maroc. En pleine nuit, ils s’activèrent pour exécuter ce travail sans se faire prendre par la police, tous n’ont pas eu cette chance. Ils ont été jugés en procédure immédiate le lendemain matin, récoltant dix années de prison sans réduction de peine. La population de Safi manifesta violemment le lendemain matin de cette violation caractérisée contre la monarchie et la religion officielle. Omar avait encore gagné un round contre le régime. Il avait échoué à embrigader les berbères du RIF, il avait abandonné la région. Il avait une autre idée, celle d’attacher une banderole à la queue d’un avion de tourisme, Zohra ne comprenait pas comment tous ces gens se laissaient manipuler et risquaient gros. Sur l’aérodrome de Tarfaya ancien aérodrome de l’aéropostale, il trouva un pilote disposé à voler avec l’emblème de la République Wahhabite du Maroc attaché à la carlingue. C’était un casse-cou, l’aventure l’amusait, voler avec une banderole interdite. Il savait qu’il serait arrêté dès son atterrissage. Il aurait une histoire à raconter, pensait- il ! Il se plaça en bout de piste, accrocha la banderole et décolla sur cinq cents mètres, la banderole se lisait très bien du sol, il fit des allers-retours au-dessus de Tarfaya, il atterrit par manque de carburant. A peine sorti de sa carlingue, la police lui passa les menottes et l’incarcéra immédiatement, la banderole fut brûlée. Au procès il ne sut que dire que cela lui avait plu de braver les autorités pour rien. Le bougre écopa de dix années de détention sans possibilité de réduction de peine. Ainsi agissait Omar, il se dissimulait derrière les autres. Il avait des idées plein la tête. Il profita de la fête du village de Souk E Arbaa du Gharb pour faire accrocher des banderoles avec les banderoles du village par des ouvriers analphabètes. Quand le Maire, la population, la gendarmerie s’aperçurent de la situation, il était trop tard. Les pompiers enlevèrent en urgence ces banderoles de la République Wahhabite du Maroc et les brûlèrent sur la place publique. Il avait le diable dans la peau, rien ne l’arrêtait.  A Sidi Yahya petite ville du Gharb en pleine expansion, cinq ou six immeubles en construction montaient rapidement vers leur finition. Omar soudoya des ouvriers du bâtiment pour accrocher des banderoles de la République Wahhbite du Maroc, les ouvriers, ont été pris à partie le lendemain matin, la gendarmerie a dû intervenir sous les insultes et les jets de pierres de la population.

L’Israeli recherchait toujours Omar, pourtant les photographies d’Omar circulaient dans tout le Maroc, mais il était toujours invisible. Leur crédibilité en prenait un coup, même Zohra, commençait à douter. Il fallait le retrouver, sa Majesté le Roi, le Gouvernement ne pouvait plus tolérer les exactions de cet individu. En attendant, la mafia juive liquidait les petits trafiquants, soldats implicites de Said. Celui-ci s’était impliqué dans les magouilles financières qui rapportaient gros. La dernière affaire était le rachat d’une petite banque régionale, Bank Wadayle Gharb, Banque de Dépots du Gharb devenue le coffre-fort de la mafia marocaine. Toutes les sociétés ayant un lien avec la mafia marocaine transférèrent leurs fonds à la Banque de Dépots du Gharb, devenue en quelques années un géant bancaire régional. Said maîtrisait parfaitement son sujet. Il était entré par la grande porte dans Avia Moroco, une compagnie d’aviation régionale, transportant les passagers d’un point à un autre du Maroc. Il espérait en prendre le contrôle dans quelques années ? Sa reconversion était spectaculaire, même s’il devait de temps en temps rappeler qui il était par des méthodes périmées ! Il avait tissé une toile qui couvrait tout le Maroc, se heurtant souvent à l’Israéli Connection, par manque de place. Des accords avaient eu lieu sur certains points avec la mafia juive, pragmatique en particulier sur les impôts des restaurateurs et hôteliers et les points de vente du cannabis. La guerre s’était arrêtée pour faire place aux discussions, aux accords, chacun à sa place, chacun était content et y trouvait son compte. Les conflits étaient résolus par les hommes désignés par les caïds. Cela convenait aux deux parties, mais n’exonérait pas le doute d’une arnaque toujours possible de l’une ou l’autre des parties. Elles avaient réussi à s’entendre sur le marché de prolongement de quarante kilomètres de l’autoroute. Les entreprises payaient une dîme aux deux mafias, elles les avaient aidées à obtenir les contrats, elles en attendaient un retour lucratif. Elles discutaient point par point en ce moment sur le prolongement du réseau du tramway. Les entreprises ne voulant pas se coucher. Après des mois de tergiversations, il fallait revenir au bon vieux temps. Albert Sucasse le patron de l’entreprise française La Générale du Rail qui devait assurer le prolongement de la ligne du tramway, a été retrouvé dans son appartement cloué au lit par une balle dans la tête. Curieusement, la situation s’éclaircit rapidement pour arriver à un accord longtemps souhaité. Ce n’étaient pas les seuls accords qu’Isréli Connection et la mafia marocaine avaient conclus entre elles. L’agrandissement du port de Nador a donné lieu à de profitables accords de partenariats sur les bétons. Les éoliennes maritimes au large des côtes du Sahel, transportées par des cargos adaptés appartenant à l’Isréli Connection, les ouvriers du montage de l’infrastructure appartenant à l’entreprise Alhadid Waliarkib, Fer et Montage dont le patron était l’un membres de la mafia marocaine. Tout se connectait parfaitement avec des rouages bien huilés. La guerre était enterrée sauf sur le plan financier où les collaborateurs, avocats, comptables des mafias multipliaient les approches auprès des financiers. Ils étaient là pour financer un projet et ainsi entrer dans le capital de l’entreprise. Ils avaient le nez pour déceler l’entreprise qui réservait le plus de fromage. Les soldats étaient devenus des gardes du corps autour du caïd, mais n’agissaient pratiquement plus à l’extérieur. Un évènement allait modifier ce schéma. La mafia marseillaise essayait de s’implanter au Maroc en détruisant les structures existantes des deux mafias solidaires sur le sol marocain. Elle avait liquidé tout le réseau de cannabis du RIF en quelques semaines. Les trafiquants avaient été trucidés. Said était privé de revenus importants, la guerre allait recommencer, il s’agissait de connaître les auteurs de ces exactions, la suite viendra ensuite. Youssouf parti en reconnaissance dans le RIF, effectivement tous les hommes de Said avaient été liquidés et remplacés par des Marseillais. Youssouf rendit compte, il demanda dix hommes à la gâchette facile. Said lui envoya ces hommes une semaine plus tard. Il fallait frapper en une seule fois pour reprendre l’avantage. Youssouf distribua les rôles dans l’oriental. D’Oujda à Nador, les Marseillais furent abattus par des pistoléros qui retrouvaient leur raison d’être. La deuxième partie se jouait de Nador, à Septa. Les Marseillais furent cueillis sans qu’ils puissent répliquer, le nez sur les pavés. Pour la partie occidentale du RIF, de Larache à Septa ce fut une autre manche, les malfrats Marseillais s’étaient organisés en commandos dans des postes bien précis difficile d’attaquer de front sans avoir des dégâts dans la troupe. Said envoya deux émissaires avec des lance-grenades de quarante millimètres. A Larache, les Marseillais s’étaient regroupés au Qahwat Almuhit, café de l’Océan. Deux heures du matin, le café ferma ses portes, les deux lance-grenades en batterie crachèrent leurs projectiles qui anéantirent le bâtiment et les hommes à l’intérieur. Ils rangèrent les armes dans leurs véhicules et disparurent sans laisser de traces.  Les Marseillais qui avaient subi tant de pertes avaient pris des précautions à Tanger. Ils ne s’attendaient pas à de telles réactions des Marocains. Petits truands de la banlieue nord de Mardeille, tueurs occasionnels pour une poignée de cannabis, ils s’imaginaient en caïd après leur nettoyage surprise et prises de contrôle du RIF. C’était par trop facile et surtout sans compter sur une organisation comme la mafia marocaine installée depuis des lustres au Maroc. Said ne pouvait admettre que ces loustics de bas étage viennent compromettre les fruits d’un travail patient et générateur de profits. Il fallut du temps à Youssouf pour dénicher la planque des Marseillais. Le Shams Tunajatan, le Soleil de Tanger était un rafiot en fin de vie, mais qui continuait à naviguer pour du petit cabotage, des trafics de drogues et de cigarettes depuis l’installation des Marseillais dans le RIF. Ancré à l’entrée du port, un Bombard faisait la navette avec les quais. Youssouf l’avait repéré ainsi que les vas et viens du bateau en caoutchouc. Il resta pratiquement toute l’après-midi à la terrasse du café du port à observer le manège des Marseillais. Ils sortaient l’un après l’autre, jamais tous ensemble, la prudence est mère de sureté, semblaient-ils se dire. Quatre heures du matin, sur une vedette rapide arrêtée à cinquante mètres du Soleil de Tange,r Youssouf accompagné de deux autres hommes de main de Said appuya sur la détente du lance-grenades, Le Soleil de Tanger, s’enflamma et s’enfonça doucement en se couchant dans l’eau à la suite d’une large ouverture dans la coque occasionnée par l’arme de Youssouf. La vedette prit la fuite avant l’arrivée de la police maritime. Il semblerait qu’il n’y aurait pas de survivants ? Si la presse disait vrai, effectivement il n’y avait pas de survivants. Toute cette bande était constituée de maghrébins des cités nord de Marseille, voyous à la petite semaine, mais extrêmement dangereux, canardant des gamins de quatorze, quinze ans pour un joint vendu sur un point interdit, prostituant leur sœur et leur copine dans les caves des immeubles, c’étaient d’ignobles crapules. La disparition de ces malfrats redonnait de la fraîcheur aux actions de Said. La disparition de ces canailles n’était pas supportable pour un caïd de la pègre Marseillaise qui pensait se servir de ces petits voyous comme pions pour prendre le contrôle du trafic du RIF. C’étaient des amateurs avec des esprits de grandeur incompatibles avec leur cerveau de porcelet. Ils s’étaient attaqués à un caïd de la pègre marocaine sans réflexion, sans essayer d’obtenir un accord. Ils sont arrivés en tiraillant de gauche à droite en liquidant les types en place et croyant être arrivés à destination ! S’attaquer à la mafia demande de la réflexion, de la pondération, de l’attention. Omar s’était un moment posé la question, devait-il s’allier avec ces trublions ? Ils les avaient trouvés trop tendres pour Said, du poulet de grain, il n’avait rien fait de concret. Il lui fallait du solide pour continuer sa propagande, pas une bande de garnements de vingt ans qui seront prochainement fusillés par Youssouf. Il avait vu juste. A Chefchaouen,  il eut l'idée de mettre à mal la population de la ville bleue et des environs. Il attendit que la ville s’endormit, puis à l’entrée de la zone commerciale avec ses petites ruelles, il tendit une banderole de la République Wahhabite du Maroc.  Le matin, ce fut la consternation dans la ville bleue, Chef-Lieu de la province, cette ville aux vingt mosquées de religion sunnite, ville sainte, s’est sentie salie. La population a bruyamment réagi contre cette provocation, demandant des comptes au Maire de la ville ainsi qu’aux gendarmes qui ne pouvaient rien répondre à la colère des habitants. Omar avait de nouveau parfaitement réussi son coup ! Les Marseillais anéantis, Said avait repris son territoire. Il avait dans l’idée d’acheter des terres aux paysans, de leur payer un très bon prix et de planter du cannabis à leur place pour avoir sa propre production. Il y réussit en partie, les paysans sont très attachés à leurs terres familiales, c’étaient leurs seuls biens, même payées bien au-dessus du cours, ils auraient l’impression de trahir la famille et leurs ancêtres. Said s’établit comme protecteur, car il n’était pas rare que l’on vienne voler la production de résine. Il n’exigea rien de la part de ces paysans, mais ceux-ci payaient aux hommes de Said ce qu’ils croyaient raisonnable, c’était bien comme cela, c’étaient des relations basées sur la confiance. Il y avait de temps en temps des coups de feu contre des prédateurs venus de nulle part, voleurs de barrettes ou de feuilles de cannabis. Les brigades de Said intervenaient rapidement pour nettoyer le secteur. Elles intervenaient jusque sur les ports côtiers de la Méditerranée pour contrôler le transport. Là, Zohra intervenait de temps en temps dans les intérêts de Said, elle voulait le calme tant qu’Omar ne serait pas arrêté et mit hors d’état de nuire. Si elle n’agissait pratiquement pas, elle surveillait la situation et tirait la ficelle à certains moments sans que les joueurs du cénacle s’en aperçoivent. Elle était déçue de l’Isréli Connection, elle avait pensé à une réussite beaucoup plus rapide dans la capture d’Omar. Il fallait attendre, celui-ci était très malin, mais il finirait par tomber dans les mailles du filet de la mafia juive. Celle-ci venait d’acquérir une grosse partie des vignobles de vins rosés de Sidi Kacem. Les juifs étaient amateurs de vins rosés bus en dégustant leurs Böreks ou leurs Falavels, ce vin était un excellent produit d’exportation vers Israel. Ils avaient également investi dans d’immenses troupeaux de moutons de plusieurs milliers de bêtes dans la région du Moyen Atlas, ils n’oubliaient pas l’Aïd el Kébir, il y avait une fortune à faire en cette occasion. Les moutons se vendaient même au Soudan et au Mali, sans oublier l’Algérie, en clandestinité, les frontières étant fermées depuis mille neuf cent quatre-vingt-quatorze.  Ils avaient également investi l’une des plus grandes études notariales du Maroc, ‘Ildarat Altawthiq Bitanaja, Gérance Notariale de Tanger, leur permettant de contrôler les opérations immobilières à leur profit. La fin de la guerre des clans leur permettait de s’épanouir chacun de leur côté dans le domaine financier. Elle eut à répondre à un hobereau régional à Zagora, intéressant pour son marché à bestiaux. Arif Aït Merchad était le mokkadem de la commune et profitait de sa situation pour s’enrichir sur le dos de la population et des étrangers. Pour vendre ses moutons au souk, ARIF réclamait cent dirhams par tête, refusés par Abergel Cadosh le nouveau patron de l’Isréli connection. La semaine d’après il vint au souk avec cinquante moutons. Arif survint et réclama cinq mille dirhams à Abergel, venu en personne. Le regardant bien dans les yeux, il lui dit :

-Tu n’auras rien, tu viens, tu réclames et tu exiges

 

-Je vais vous faire expulser

 

-Par qui, la gendarmerie, pour qu’il soit au courant de tes magouilles

 

-Par le personnel de la mairie

 

-Baraka mokkadem, fous le camp, tu n’auras rien avec moi

Quelques instants plus tard, une dizaine de loustics menés par Arif voulaient entreprendre de chasser du souk les hommes d’Abergel. Ils furent surpris quand tous les hommes de la bande  sortirent leurs armes de leurs poches.

-Comment vois-tu la suite mokkadem ?

 

-Arrêtons là, pas de panique

 

-Mais c’est toi qui voulais jouer aux gros bras, je viendrais quand je voudrais sur le souk et je vendrais mes moutons. Tu vas arrêter de prendre de l’argent aux marchands, si tu continues je te garantis que tu le regretteras.

 

-Nem, nem, on arrête tout !

 

Abergel fit un signe à Noha, quelques instants plus tard, Arif n’existait plus, allongé sur le pavé dans une ruelle menant à la mairie. L’affaire de Zagora se terminait bien, mais elle fit grand bruit, cela commençait à fuiter sur les malversations d’Arif. La police ne fut pas longue à relier ces extorsions à son assassinat, mais pas le moindre indice, cela sera encore une fois, une affaire classée. Les mafias ne supportent pas les interdictions. L’adjoint d’Arif, grand abruti, n’avait pas compris le message, il voulait continuer le trafic pour son compte. Abdelmalek Akhrif était un grand gaillard qui pensait mieux s’en tirer qu’Arif, sa bêtise était aussi grande que sa taille, mais l’argent amène les individus dans des chemins tortueux. Il reçut une raclée mémorable, il était dans un triste état, un visage boursouflé, un bras cassé avec deux côtes qui l’empêchait de respirer normalement. Il n’avait aucun élément à fournir à la police, il n’avait rien vu, cela avait été si vite. Cet évènement avait eu l’avantage avec la douleur de lui faire retrouver une juste vision des choses.

                Une bonne nouvelle, Omar avait enfin été repéré à Sidi-Ifni, il fut pris en chasse immédiatement, Omar était malin, quand il avait l’impression d’être suivi, il prenait les transports en commun, revenait en arrière, s’arrêtait dans une station pour la quitter aussitôt. A la descente du train d’Oujda, il fondit sur le premier et seul taxi disponible, c’était fini, à nouveau Omar avait disparu. Zohra en voulait à l’Isréli Connection d’avoir fait dans l’amateurisme, qui n’avait pas pris son rôle au sérieux, elle ne se gêna pas pour le dire à Abergel. Le pisteur était nul, en plus Abergel n’avait pas couvert ses arrières en mettant une automobile également sur les traces d’Omar, ce qui aurait évité sa disparition. Abergel se sentait discrédité dans son rôle de chef, il réunit ses hommes avec ordre de retrouver Omar et de ne plus le lâcher. Ils retrouvèrent le chauffeur de taxi qui avait pris Omar, il l’avait amené sur une petite route de campagne, là une automobile l’avait emporté. La piste s’arrêtait là ! Le chauffeur de taxi se souvenait que c’était une Dacia Laguna rouge, c’était tout. Le rendez-vous avait été fixé par téléphone. Zohra via le colonel demanda que l’on retrouve le numéro de téléphone incriminé, le réceptionniste. Il s’agissait d’Ahmed Ben Oukhri marchand de fruits à la sauvette à Oujda. Il fut facile à retrouver. L’on avait également le numéro d’Omar mis sous surveillance. Ahmed ne put rien dire de plus, Omar l’avait appelé, le Bouregreg coule à Rabat, il lui avait fixé rendez- vous et il l’avait déposé à Oujda à côté de la grande mosquée. Nouvelle échappée, c’était du grand art, digne de la prestidigitation. Il aurait été vu une nouvelle fois à la frontière algérienne pour disparaître à nouveau, dans la fumée de cheminée. Amar Beroud, l’assassin, déserteur de Darkla avait été remarqué par la gendarmerie de Sidi Kacem, il rôdait dans les parages, en se faisant tout petit. Omar serait-il à ses côtés ? Ce serait un fil à tirer. Amar disparaissait à son tour, laissait un grand vide autour de lui. Il y avait gros à parier qu’ils s’étaient rejoints pour organiser un coup dont ils avaient le secret ! Zohra faisait du sur place, mais elle savait qu’il fallait de la patience, beaucoup de patience pour appréhender un individu de l’intelligence d’Omar. C’était la politique de l’anguille, il se faufilait entre les pierres de la rivière pour réapparaître dans les herbiers. Il avait jusqu’à maintenant bénéficié de nombreuses complicités, mais celles-ci avaient fondu comme neige au soleil. L’hécatombe de ses partisans morts dans ces actions suicides avait anéanti ses troupes, il ne pouvait plus compter que sur quelques individualités rescapées des tueries. Zohra savait qu’il tirait ses dernières cartouches, mais il restait dangereux. Il fallait le localiser, elle comptait toujours sur l’Israéli Connection pour cela, elle couvrait tout le territoire marocain du Sahel au RIF, en concurrence avec la mafia marocaine, celle-ci était surtout implantée dans le RIF et le centre du Maroc autour de Marrakech.  Amar Béroud avait été de nouveau remarqué à Sidi Kacem, la gendarmerie ne le lâchait plus avec l’intuition qu’Omar ne devait pas être loin. Amar était son homme de confiance, mais aussi son épine plantée dans son pied. Les sbires de la mafia juive suivaient comme son ombre Amar Béroud sans se faire remarquer par les gendarmes spécialisés dans ce genre d’enquête. Omar avait besoin d’Amar, il était trop isolé, il lui fallait de l’aide. Ils avaient rendez- vous devant les écuries royales de Sidi Kacem, les quatre hommes de l’Israeli Connection se séparèrent pour mieux contrôler la situation. Amar attendait devant l’entrée des écuries quand il vit arriver Omar suivi par des hommes de la mafia juive, il tira son pistolet et s’écroula à terre touché par un tir des gendarmes. Omar couru pour s’enfuir et échapper à la gendarmerie, il tomba dans les bras de la mafia juive qui l’amena très vite hors circuit.

               

                Zohra eut une communication du patron de l’Israeli Connection, Amar avait été ceinturé et gardé à vue dans des locaux de la mafia juive. En accord avec le colonel, elle s’entoura d’Ibrahim et d’Abdéramane et demanda une escorte de policiers. En arrivant à Dar El Gueddari dans le garage d’Ethan Alaoui, ils trouvèrent Omar Hssain, les mains derrière le dos, menottées, les jambes également ficelées pour éviter les escapades. Zohra invita le patron de la mafia juive à venir avec elle jusqu’à la forêt qui court jusqu’à Sidi Yahya Arrivé à une clairière, Omar fut descendu de l’automobile. Ibrahim fusilla Omar d’une balle dans la tête. Nous avons fait justice, sa Majesté le Roi pourra dès ce soir dormir sur ses deux oreilles. Au moment où les membres de l’Isréli Connection voulaient rentrer, la police les arrêta sur le champ en leur passant les menottes.

-Vous êtes une belle garce de nous avoir joué ce tour de cochon

-Je vous remercie d’avoir rajouté cette épithète, je n’ai fait que suivre notre accord, vous faisiez ce que vous vouliez tant qu’Omar était libre, dès son arrestation, la police retrouvait tous ses droits, c’est ce qui a été fait. Je ne vous ai pas trahi.

-Je vous garde un chien de ma chienne, nous nous retrouverons.

Dès que la police eut amené au commissariat le patron de la mafia juive et ses quatre soldats, Ibrahim et Abdéramane, roulèrent le corps d’Omar dans une toile et le mirent dans le coffre de la voiture. Ibrahim roula sous la conduite de Zohra jusqu’à une casse importante située dans la nature. Arrivé devant le portal, un coup d’avertisseur suffit pour que Malek Farhat ouvre les portes. Une fois à l’intérieur, Abdéramane aspergea le corps d’Omar et l’intérieur du véhicule d’essence, une allumette suffit pour allumer le feu. Ils restèrent sur place pour assister à l’avancement de la crémation. Quand il ne resta plus que des cendres, Malek mit son engin en route, l’automobile fut happée, écrasée comme un vulgaire pot de yaourt et réduit en quelques secondes en un cube de ferraille d’un mètre de côté. C’était terminé, personne ne viendrait s’incliner sur la dépouille d’Omar. Cette presse venait d’Italie, construite par la société Projac, un véritable bijou de technicité. Il était l’heure de se dire au revoir, Malek s’approcha, Zohra le fusilla de son Glock, aucun témoin. Ils reprirent la route de la boutique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                Des installations du terminal de phosphates de Safi ont été sabotées, retardant le transfert du minerai sur les minéraliers à quai. La police accusa immédiatement les tenants de la République Wahhabite du Maroc d’avoir saboté les installations. Zohra n’était pas convaincue, en général Omar prévenait de ses intentions par des déclarations tonitruantes avant ses forfaits. Elle pensait que le Maroc était à nouveau confronté aux extrémistes islamiques du Polisario et de ses alliés. Elle avait raison, un communiqué du Groupe Islamique du Sahel revendiquant l’attentat rétablit l’ordre des choses. A la tête de dix hommes, elle coinça un petit groupe de terroristes du Polisario entre Dakla et la Mauritanie. Peu armés, ils furent exécutés par un feu nourri des partisans de Zohra. Le Maroc ne pouvait relâcher sa vigilance, il était attaqué de toute part, les services spéciaux du pays avaient du travail, chaque jour la police exécutait des opérations menant à l’arrestation de groupes ou d’individus dangereux pour la stabilité de l’Etat. Les agents des services spéciaux avaient très souvent la responsabilité de plusieurs affaires en même temps qui se recoupaient, se chevauchaient, se complétaient, Zohra en était à ce stade. Omar était traqué par la police et l’Israéli Connection, le colonel l’avait dirigé vers d’autres affaires en attendant l’arrestation d’Omar.   

 

La semaine fut difficile pour la police d’Agadir, d’autant que c’était une région relativement calme dans le Souss. Une série d’attentats individuels contre des policiers attaqués au couteau, heureusement sans gravité. Un problème beaucoup plus important se produisit quelques jours après, une voiture fonça dans la foule, un policier anticipa,et  a tiré sur le véhicule, tuant les deux occupants. Malheureusement la voiture devenue folle et incontrôlable s’encastra sur la terrasse du grand café. Quatre consommateurs furent blessés dont l’un plus gravement avec un pronostic vital engagé ! Les habitants de la région du Souss étaient sous le choc, ces évènements n’étaient pas habituels dans la région, mais cela démontrait que le Maroc était toujours sous la menace des musulmans extrémistes.  Peu nombreux, ils exerçaient une pression sur le gouvernement du royaume. A peine coupés de leurs belligérants, ils se reconstruisaient très vite et repassaient à l’attaque. Il fallait couper la tête ! Nous avons commis une erreur Capitaine en croyant avoir anéanti toute l’organisation, il n’en est rien, il reste une poignée d’irréductibles qui seront difficiles à repérer. Il faudra des semaines, voir, des mois, répondit Zohra.

Zohra se fit remettre la liste de tous les fichiers des musulmans radicaux fichés par la police dans la région d’Agadir. Des mois d’enquêtes, de filatures discrètes, rien de concret ! Les attaques avaient cessé, mais il suffisait de peu de choses par un renforcement du groupuscule pour que cela devienne endémique. Elle avait eu des soupçons un moment sur un élément qui fréquentait assidûment la mosquée de Sidi Bouknadel construite à côté du Mausolée après le tremblement de terre de mille neuf cent soixante, à l’entrée d’Agadir. L’homme, Adam Akram habitait une toute petite maison en pierres en face du souk, entre une épicerie miniature et un réparateur de bicyclettes. Après une longue filature, elle n’avait rien remarqué de suspect. Elle décida de revenir quand même s’occuper d’Adam, quelque chose, sans savoir quoi au juste l’interrogeait ! Devant la maison d’Adam, un large trottoir en terre servait de garage aux nombreux chariots tirés par les ânes et les chevaux livrant les produits pour le souk et les arrêts obligés des cars pour Casablanca.  En fait la maison d’Adam chaque jour durant la durée du souk était entièrement cachée. Derrière la maison, un jardin minuscule non entretenu était colonisé par les chardons et les herbes hautes. Un chemin de terre montait et s’évacuait vers les champs des collines alentour. A une centaine de mètres, une grande ferme d’élevage de poulets était abandonnée. Elle était intriguée par ce grand bâtiment en béton abandonné si près de la maison d’Adam. Elle décida de visiter les lieux. A l’intérieur du deuxième bâtiment parallèle au premier, une vieille table en bois et deux bancs pas très reluisants étaient posés sur ce qui devait être du béton. Elle fit demi -tour, elle reviendrait la nuit explorer ces lieux qui risquaient de lui apporter de précieux éléments.

Deux heures du matin, armée du fusil lance- grenades, elle s’approcha furtivement du bâtiment. Un groupe tenait un conciliabule, ses jumelles infra rouges lui permettaient de voir comme en plein jour, Adam était-là ! Elle s’approcha davantage, son pied s’accrocha à une branche alertant les malfrats. Armés, ils sortirent en groupe, ne voyant rien, ils entrèrent à nouveau dans le bâtiment, sans doute un chien pensèrent -ils ? Zohra s’approchait encore à plat ventre sur la terre cachée par un eucalyptus. Les techniciens de la boutique avaient mis au point un instrument d’écoutes jusqu’à dix mètres. La discussion portait sur un projet d’attentat à la gare ONCF de Salé avec tous les détails, les approches, la pose d’explosifs, la fuite. C’était d’un grand intérêt pour eux, la gare était au-dessus d’un grand magasin et jouxtait un bâtiment sportif, ils feraient un massacre.

 Trop près, elle se recula jusqu’au chemin, ajusta la mire du fusil qui lui donna la distance exacte de l’objectif, le chargea d’une roquette, appuya doucement sur la détente, une colonne de feu monta vers le ciel, le bâtiment explosa, envoyant les terroristes en enfer ! Il n’y aura plus d’attentat à la gare de SALE. Sur le chemin elle enfourcha sa moto qu’elle avait poussée là en arrivant silencieusement, remonta ses cheveux sur la tête, vissa son casque sur la tête et se dirigea vers la nationale, là elle prit la direction de Tan-Tan. Quelques kilomètres plus loin sa caméra, (chaque véhicule de la boutique était équipé d’une caméra à l’arrière du véhicule et un écran sur le tableau de bord), lui indiquait qu’un véhicule arrivait à toute vitesse derrière elle, prudente, elle tourna la poignée des gaz de sa BMW qui prit rapidement de la distance. Sa caméra lui indiqua que la voiture avait également accéléré, elle était suivie, le chauffeur tenterait de l’écraser, cela passerait pour un banal accident de la route. Elle changea de vitesse, tourna la poignée des gaz, la BMW bondit à cent soixante kilomètres à l’heure, elle entendit le crépitement des balles tirées par la fenêtre du passager avant, elle slaloma sur l’asphalte pour éviter les projectiles. Dans un réflexe, elle passa sur le côté opposé de la chaussée roula une centaine de mètres en sens contraire de la circulation puis vira brusquement sur la roue arrière dans un crissement de pneu quand la roue avant retomba sur la chaussée, la BMW fit un bond et se rua sur la voiture poursuivante, elle arma d’un reflex son fusil enfilé dans un fourreau sanglé sur le guidon, arrivée côte à côte de son poursuivant, elle lâcha une salve qui tua le chauffeur et le passager à l’arrière la voiture devenue folle s’écrasa contre un poteau en béton, se disloqua tous en flammes. Elle continua sa route, car une deuxième voiture la poursuivait elle la dépassa rapidement et revint dans sa ligne, arrivée à cinquante mètres, elle s’écarta légèrement sur la droite et envoya une nouvelle fois une salve meurtrière tuant le tireur à côté du chauffeur et le passager à l’arrière, elle doubla la voiture à toute vitesse et reprit de la distance. Sa caméra lui indiqua que la voiture s’était arrêtée, elle fit de même pour observer la situation, en fait les survivants jetaient les morts sur le bas- côté de la chaussée. Le chauffeur accéléra à fond les pneus crissèrent, la voiture fit du sur place quelques secondes et bondit en avant, Zohra avait anticipé, elle gardait une distance convenable avec ses poursuivants. Elle connaissait leur intention, attendre qu’elle atteigne son but pour s’occuper d’elle. Arrivée au pont sur l’oued Souss elle s’engagea à droite dans le boulevard du petit port de pêche, arrivée au port de pêche, elle arrêta la BMW et la déposa contre une coque en réfection. Elle courut en slalomant entre les barques posées sur le quai, elle entendait l’impact des projectiles sur les coques en bois. Elle avisa un vieux bateau pourri, jeta son sac sous la coque et plongea dans l’eau froide du Souss, elle se laissa couler au fond du fleuve. Sept mètres d’eau empêcheraient les projectiles de la toucher, elle nagea rapidement vers l’autre bord. C’était un exercice habituel dans les commandos, de nombreux entraînements l’avaient aguerri à la nage en apnée à des profondeurs allant jusqu’à quinze mètres. Elle pouvait tenir huit minutes en apnée sous l’eau ce qui déconcertait l’adversaire, mais c’était encore bien loin du record du monde homologué de l’espagnol Aleix Ségua Véwrel avec vingt- quatre minutes !
Elle toucha le quai de l’autre côté du fleuve, elle laissa juste sa tête dépasser de l’eau et observa la rive d’en face brillamment éclairée. Les trois assassins semblaient déconcertés, ils scrutaient avec attention les eaux du fleuve. Ils étaient sûrs de l’avoir touché, ils guettaient sa réapparition au bout d’une quinzaine de minutes, ils tournèrent les talons persuadés qu’elle s’était noyée emportée par le courant du Souss et de la marée de l’Atlantique, Zohra resta encore par prudence une dizaine de minutes au cas où ils reviendraient sur leurs pas. Ne voyant pas le retour des malfrats, elle replongea dans l’eau et nagea jusqu’à la berge du départ, récupéra son sac et la BMW. Toute mouillée, elle fonça à la planque d’Agadir. Elle sonna, suivant le code convenu, la porte s’ouvrit automatiquement. Youssef la regarda et tourna les talons sans mot dire. Quelques instants plus tard, une femme entra avec des vêtements secs, elle entraîna Zohra dans la salle de bains, l’aida à se déshabiller et se déshabilla également. Elle fit couler l’eau chaude sur tout le corps de Zohra, la savonna avec du savon parfumé au gingembre et la frotta avec une pierre ponce sur toutes les parties du corps, Zohra sentait la chaleur l’envahir. Après un rinçage long et bienfaisant, toujours sans un mot, la femme l’aida à se sécher, Zohra s’allongea sur le lit, la femme entreprit de la masser avec de l’huile d’argan jusqu’au moment où la peau l’aurait absorbé ! La femme se rhabilla et disparut. Zohra en profita pour faire sa prière sur le petit tapis, puis elle appela le Colonel et le mit au courant des derniers évènements. Quelques instants plus tard, la femme revint avec une théière remplie de thé brûlant à la menthe, un verre d’eau et un cachet d’aspirine effervescent. Tous les membres des planques de la Boutique étaient des commandos parachutistes, triés sur le volet par le colonel.

Elle se réveilla de bonne humeur, le traitement subi la veille avait été bénéfique, elle reprit une douche sans se mouiller la tête et s’habilla de vêtements secs déposés par la femme, plus tard elle eut la surprise de revoir sa BMW démontée entièrement repeinte et les plaques d’immatriculation remplacées, avec un signe discret, police militaire. La femme revint avec un grand plateau garni pour le petit déjeuner, thé, petits pains au chocolat, croissants, crêpes marocaines, olives noires et huile d’argan. Elle était traitée comme une reine. Elle plongea son croissant dans l’huile d’argan qu’elle avala avec des olives, le thé servait à faire couler tout cela. Elle était contente d’avoir retrouvé son sac, c’était son outil de travail. Le sac était en fibres de jute réversible, un côté vert avec un lion de l’Atlas, l’autre rouge avec la tour Hassan, avec un cordon passé sur l’épaule, le sac descendait sur la hanche, pratique pour mettre la main dans le sac et se saisir de l’arme de son choix ! Elle avait toujours une burka à l’intérieur au cas où elle devrait changer de physionomie et des deux joujoux, un Glock 18 petit pistolet mitrailleur de 9 millimètres automatique et semi- automatique, avec une cadence de tir incroyable, 1100 coups par minute et une petite merveille, le pistolet pneumatique STOEGER en polymère anti corrosion modifié par les armuriers de la boutique envoyait des aiguilles d’acier jusqu’à dix mètres. A quatre mètres, la cible était réduite au silence, l’aiguille perçait les os du crâne et se logeait dans le cerveau sans coup férir ! D’un poids de six cents grammes, sa vitesse de tir était de cent trente mètres secondes. Elle resta deux jours dans la planque de Youssef, elle en profita pour démonter entièrement ses joujoux, les nettoya et les remonta soigneusement. Elle réfléchissait également à ses poursuivants du deuxième cercle, elle n’aurait jamais dû passer avec la moto sur le chemin, le deuxième cercle de gardes devait se loger à une centaine de mètres du local anéanti, si non, comment expliquer le succès de son entreprise ? Il y avait eu une faille dans leur système de sécurité ! 

Le groupe d’Agadir avait été anéanti ! L’agresseur au couteau n’avait pas été retrouvé, celui-ci pouvait être n’importe qui et pas forcément l’un des membres surveillés par la police. C’était comme rechercher une aiguille dans une botte de paille ! L’un des témoins de l’attaque au couteau décrivait l’agresseur comme plutôt maigre, pas très grand, les cheveux coupés courts, mais pas rasés sur les côtés à la mode marocaine avec un visage jeune, pantalon Jean troué à la mode et pull de couleur verte. C’était peu ! Les dessinateurs de la boutique avaient fait plusieurs portraits- robots, aucun ne correspondait à ce qu’avait vu le témoin. Retour à la case départ, plutôt maigre, visage jeune, cheveux coupés courts non rasés sur le côté, habillé d’un jean troué et d’un pull vert. Quelque chose titillait l’esprit de Zohra, les cheveux courts non rasés sur les côtés de la tête, plutôt maigre. 

-Colonel, si cette description donnée par le témoin de l’attaque était celle d’une jeune femme, nous chercherions alors que dans une seule direction ? Elle doit être très jeune, Colonel, elle portait des jeans troués, à la mode, sa coiffure courte est le signe d’une fille dans le vent ! Son pull vert fait référence au drapeau du Hamas, c’est aussi la bande verte de la République Arabe Saharoui démocratique. Colonel, je pense que nous avons à faire à un cas isolé qui peut répéter son geste, mais ne serait pas coordonné avec un groupe d’individus.

Il faisait très beau, Zohra juchée sur la BMW de la boutique se laissait aller à son inspiration sans but particulier. Elle se retrouva au mausolée Sidi Bou El Quenadel, lieu sacré, sanctuaire vénéré. Sidi Bouknadel appelé aussi Sidi Abi Al Kanadil avait de nombreux antécédents historiques. Protecteur des pêcheurs, ce Saint était aussi un héros, mort en martyr contre des combats l’opposant aux envahisseurs portugais. Elle posa sa moto sur son trépied et s’engagea dans le chemin rocailleux amenant à la basilique, elle ressentit le besoin de faire sa prière devant le mausolée. Relevée, elle se dirigea vers l’entrée du mausolée, elle croisa, elle en était sûre la jeune femme en pull vert qui avait attaqué les policiers. Elle se retourna et la suivit du regard. Zohra se dirigea vers un groupe de masures en pierres un peu plus bas et décida malgré les risques de la suivre. L’escalier de pierres était des plus rustiques, à un moment une dalle en pierres plates stoppait l’escalier provisoirement. Elle s’apprêtait à descendre la deuxième partie de l’escalier quand la garde rapprochée de la fille en pull vert intervint menaçante, Zohra avait été repérée. Les trois hommes s’approchèrent avec l’air méchant. La fille en vert avait disparu. L’un des hommes s’approcha avec l’insulte facile : alkhuruj min hunak 'aw tafjir famakin, (tire- toi de là ou j’te fais sauter la gueule). Devant cette tirade pour le moins inamicale, Zohra leva sa jambe droite, le talon de sa chaussure perça l’œil de l’immonde crapule il s’écroula dans des cris. Quelle surprise cria Zohra tu ne t’attendais pas à cela hein mon coco ! Un autre de ces assassins, trop sûr de son fait courut vers elle un couteau à la main, c’était toujours le même scénario, Zohra leva avec dextérité comme un élastique la jambe gauche, le talon aiguille de sa chaussure perça le tympan de l’individu. Le troisième croyant maîtriser les évènements se courba pour abattre Zohra, celle-ci le cueillit dans la gorge d’un formidable coup de pied, il s’écroula. C’était fait, la placette était vide, mais où était passée la fille au pull vert ? Zohra avait fait le nettoyage du premier cercle de l’entourage du pull vert, il devait en rester encore planqué autour du mausolée protégeant miss pull vert, personne autre que les assassins n’étaient intervenus ! Elle remonta l’escalier et s’assit au petit café fleuri devant un thé brûlant à la menthe. Là elle regarda l’environnement avec attention, une multitude de petites maisons de pierres mitoyennes jouxtaient le mausolée de Sidi BouknadelL coincée dans des ruelles tortueuses avec des niveaux différents.  Elle n’était pas dans son assiette, parfaite inconnue, elle ne pouvait agir comme elle le souhaitait. L’effet de surprise avait été des deux côtés, pour elle avec l’attaque- surprise des assassins de la demoiselle au pull vert et un effet de surprise pour les assassins qui ne s’attendaient pas à cette défense impitoyable déployée par Zohra. Des chaussures de femmes en armes fatales ! Il y avait une planque chez Amine à Kénitra, elle pensait se servir d’un drone piloté depuis le zouk d’Agadour.

Deux jours plus tard, Amine et Zohra s’étaient réfugiés dans le champ après le souk avec un drone militaire de quatre- vingt centimètres de long pouvant se déplacer avec un propulseur électrique silencieux jusqu’à quarante kilomètres. Le drone s’envola et survola en silence le quartier du mausolée Sidi Bou El Quenadel. Pendant des heures, il survola les ruelles par des allées et venues à quatre -vingt mètres de hauteur sans rien de notable piloté par Amine et surveillé sur un écran. Ils stoppèrent le survol pour recommencer durant la nuit. Ils prendront patience, si ce n’était aujourd’hui, la surveillance devrait continuer durant plusieurs jours si ce n’est plusieurs semaines. En général, ces gens -là n’aimaient pas changer de place. La môme en vert s’était éclipsée, volatilisée, mais Zohra était persuadée de sa présence dans le quartier du mausolée. Le drone d’Amine était sans doute trop imposant pour rester invisible tout ce temps. La situation était provisoirement bloquée. Le quartier du mausolée était habité depuis longtemps par les mêmes personnages même avec une burka Zohra ne serait pas invisible. La solution serait de se servir d’un habitant du quartier contre un pourboire conséquent pour amener des renseignements à Zohra. Amine avisa un vieillard qui marchait difficilement avec une canne. Le vieillard s’appelait Abad, il habitait depuis toujours le quartier du mausolée, il connaissait tout le monde sans exception. Amine lui remit pour preuve de sa bonne foi, cinq- cent dirhams, Abade devra aviser Amine des allées et venues de la fille en vert. Ils se rencontreraient chaque soir au petit café fleuri. Zohra était obligée de travailler avec Amine car aucune personne du quartier ne lui donnerait de renseignements, son statut de femme jouait contre elle ! Abad était un homme affable, souriant connaissant toutes les histoires du quartier et son rôle d’espion l’amusait beaucoup. La fille en vert s’appelait Aafrae, c’était la fille du gardien du mausolée, elle avait fait de hautes études tout le quartier en était fier. Elle était partie deux années en Syrie pour s’initier au djihad, revenu à Sidi Bouknadel elle semblait s’être rangée et suivre une vie de prières, fréquentant assidûment la mosquée de la ville. Abad disait que le diable dormait avec elle. Elle était toujours entourée de quatre ou cinq hommes à l’air mauvais. Tout cela était en contradiction avec sa vie de prières ? Zohra avait un peu plus d’éléments sur la demoiselle au pull vert, mademoiselle Aafrae, mais comment l’atteindre, ni Zohra ni Amine ne pourraient intervenir directement dans le quartier ! Vu l’aura qui l’entourait, il était impensable de lever trois ou quatre hommes pour en finir avec elle. Le seul avantage dans l’état était qu’elle se sentait traquée, elle restait prudemment dans son quartier. Le vendredi, jour de la grande prière, Abad était retrouvé égorgé derrière le mausolée, Amine et Zohra étaient en danger, la population serait certaine que c’était eux les responsables. Il fallait qu’ils quittent le quartier, c’était bien joué au prix d’un crime, elle avait desserré l’étau autour d’elle. Intelligente, futée, elle avait éloigné le danger, elle pourrait désormais aller et venir dans le quartier à sa convenance. Le site de Bouknadel resterait en constante surveillance. Aafrae était prisonnière dans son propre quartier !

            Zohra avec une équipe de quinze commandos parachutistes partait sur les traces des sbires d’Aqmi. Comme la première fois, elle se fit conduire dans la petite oasis à une quarantaine de kilomètres d’Agadir par les Jeeps de la Boutique. Elle retrouva Aanan le chef Touareg qui accepta une nouvelle fois de l’accompagner avec deux autres Touaregs. Ceux-ci seront récompensés par la saisie des armes et munitions ainsi que les vivres prisent sur les restes des rebelles. Durant deux jours la petite troupe de Zohra apprit comment monter sur les chameaux et les manœuvrer. Le dressage des chameaux est très long en un peu plus, un peu moins d’un an, ensuite ce sont des animaux dociles à piloter. Avant de partir, les Touaregs choisirent deux chameaux de bâts, ceux-ci pouvaient transporter jusqu’à cent soixante -dix kilogrammes sur leur dos. A raison de soixante kilomètres par jour, ils feront du chemin ! Toute la troupe sur les conseils d’Aanan avait appris à nouer le foulard bleu autour de leur tête pour se protéger de la poussière de sable.

            A deux heures du matin, Aanan commanda le départ, les chameaux se dirigeaient très bien la nuit. L’information qu’avait eu le Colonel concernait Oulad D’riz sur un commando d’Aqmi replié dans les dunes à quelques kilomètres du village était très importante, vitale. Zohra considéra qu’attaquer la nuit serait la meilleure formule, approuvée par Aanan. Les chameaux n’ayant pas de sabots, l’approche se fit dans le silence. Curieusement les sbires d’Aqmi n’avaient pas posté de gardes, ils se pensaient en sécurité ? Zohra mit une partie de sa troupe derrière leur campement pour répliquer immédiatement. A son commandement la troupe ouvrit le feu, l’ennemi surpris n’eut pas le temps de répliquer efficacement. Les extrémistes anéantis, les Touaregs récupérèrent les armes, les munitions et les provisions de bouche qu’ils sanglèrent sur les chameaux de bâts. Ils reprirent leur marche à deux heures du matin. La savane s’étendait sur plus de deux cents kilomètres. Aanan fit stopper la troupe pour alimenter les chameaux qui se gorgèrent d’herbes sèches et d’épineux. Ils purent admirer une gazelle qui détala à cent à l’heure. Au bout d’un moment, Aanan assis dans l’herbe, se leva d’un bond : sanadhab, on y va ! Chacun remonta sur sa monture et la petite troupe prit la direction indiquée par le chef Touareg, les deux autres Touaregs n’étaient pas militaires comme Aanan et n’obéissaient qu’à lui-même. Une autre information venant de caravaniers croisés en chemin indiquait que des hommes lourdement armés, sans aucun doute des membres d’Aqmi se trouveraient à quatre -vingt kilomètres d’Oula D’Riz tout près de la frontière de la Mauritanie, s’il fallait traverser, cela se ferait. D’après les informations reçues par Aanan ces hommes avaient des armes lourdes, lance -roquettes, fusils d’assauts et deux Jeeps armées de lance-roquettes. Sans doute l’avant-garde d’Aqmi. Zohra lança un message au Colonel. En retour il lui annonçait qu’ils étaient entrés en Mauritanie, les Pleiades étaient d’un grand secours. Aanan changea de direction et la troupe de Zohra avec. Les Touaregs étaient alléchés par l’idée de récupérer un armement moderne dont ils ont besoin face aux bandes armées du Mali. Les Touaregs ne sachant pas piloter une automobile laisseront donc les deux Jeeps aux militaires conduits par Zohra mais en raflant les lance-roquettes. Ils étaient nombreux, Zohra sortit son arbalète de trente centimètres en acier flexible qui possédait une incroyable détente et qui touchait une cible à cent mètres. Ils dormaient dans une grande tente berbère, trois hommes montaient la garde. Zohra visa le premier qui s’effondra sans bruit, elle changea de position pour viser le second qui s'écroula à son tour dans le silence. Elle se déplaça encore une fois pour aborder en meilleure position le troisième garde n’eut pas le temps de réagir une flèche lui avait percé la gorge. Au moment de rejoindre ses hommes, un homme sortit de la tente pour se soulager, une flèche mit fin à sa vie en le frappant dans la tête. Zohra donna des ordres, ne pas réveiller autant que possible les assassins d’Aqmi, les commandos était des habitués des attaques à l’arme blanche, elle fit un geste, tous s’engouffrèrent sans bruit dans la tente en dehors de quatre ou cinq assassins, tous furent exécutés par des poignards de combats. Le nettoyage effectué sans dommage pour les assaillants, mais avec quelques coups de feu après que les Touaregs aient récupéré les armes et les munitions, ceux-ci se dépêchèrent de rentrer sur le territoire marocain, il fallait éviter tout problème frontalier avec la Mauritanie. Le Colonel avisé du succès de l’opération ordonna le retour immédiat à la Boutique.

            Le retour se fit dans une relative tranquillité pour rejoindre l’oasis des Touaregs. Une nuit, la grande tente berbère dressée pour le repos de la troupe avec deux hommes de garde remplacés toutes les deux heures. Les Jeeps étaient garées à proximité de la guitoune. Un cri retentit vers une heure du matin, Zohra se leva d’un bond, le fusil à la main avec le gros de la troupe. Un soldat avait été mordu au bras par une vipère des sables qui s’était promptement éclipsée et parfaitement indiscernable dans la nuit. Zohra constatant les faits, réagit très vite, prenant sa trousse de secours, elle nettoya soigneusement la plaie, fit un garrot bien serré au-dessus de la morsure, cassa l’ampoule de l’antivenimeux, aspira le vaccin dans la seringue, la veine gonfla, elle introduisit l’aiguille et injecta par une poussée progressive le vaccin antivenimeux adapté, l’effet serait de plusieurs heures. C’était douloureux, le soldat se plaignait d’une brûlure à l’endroit de la morsure. Zohra lui administra un comprimé d’Izalgi, un opiacé anti douleur. Vingt minutes après la douleur s’était envolée, disparue. Durant ce temps Aanan avait demandé à ses deux hommes d’aller cueillir des herbes dans la savane. Malgré les dangers que la lumière représentait, celle-ci se voyait à des kilomètres dans le désert, Zohra avait doublé la garde, une petite bouteille de gaz était allumée, un petit réchaud la couvrait. Quand l’eau du récipient se mit à bouillir, Aanan jeta une grosse poignée d’herbes dans l’eau bouillante et laissa l’eau infuser et se gorger du jus d’herbe durant près d’une heure. Ceci fait, il fit boire au militaire deux gros gobelets de cette tisane artisanale et ancestrale, il n’aura pas de fièvre, dit- il.  Le lendemain ils restèrent sur place pour que le militaire ait complètement récupéré ! Les Touaregs, les Bédouins et les Amazigs de cette partie du territoire avaient conservé précieusement l’héritage venant du moyen-âge des usages des herbes et des plantes qui avaient fait le renom de la médecine arabe. Ils auraient pu éviter le vaccin en restant à l’oasis, certaines plantes sont très efficaces contre le venin de la vipère des sables. Le lendemain matin, au réveil du militaire, Zohra et Aanan constatèrent l’amélioration de l’état de santé du soldat effectivement il n’avait pas de fièvre, juste encore la sensation de brûlure à son bras. Un demi cachet d’Izalgi améliora rapidement son état. Il pourra reprendre la route demain, tout allait bien ! C’était la dernière fois qu’il avalait de l’Izalgi, ce produit produisait une adaptation rapide à l’opium contenue dans le médicament auprès du consommateur, il convenait de stopper les prises.

Dès l’arrivée à l’oasis Zohra se lava abondamment avec du savon de lait de chamelle, elle se nettoya consciencieusement le visage pour enlever toutes traces de teinture bleue générée par le foulard. Elle se sentait revivre, elle déplia le petit tapis de prière et récita quelques versets du coran ! Le Colonel envoya des Jeeps pour transporter la troupe de Zohra jusqu’à Safi. Le Colonel avait fait le voyage jusqu’à Safi. Capitaine, lui dit- il, Afrae a été abattue avec deux de ses hommes, ce n’était pas bon pour Aqmi qu’elle reste bloquée et isolée dans le mausolée. Ceux-ci ne reculaient devant rien ! Il préférait la trahison, la clandestinité, les attentats aux combats frontaux. La réussite de la troupe de Zohra au SaheL et en Mauritanie était exceptionnelle ! Vous avez fait du bon travail, de ce fait vous avez stoppé l’avance d’une centaine d’hommes réfugiés en Lybie. Je vous remercie d’avoir sauvé la vie de votre soldat, les cours à l’Ecole militaire vous ont été bénéfiques, Inch Allah. Avec les Touaregs, nous avons trouvé des alliés de poids, ils seront à nos côtés quand l’occasion se présentera, ce sont des guerriers de qualité.  Avec l’armement qu’ils ont récupéré, ils nous aideront également contre les tribus hostiles du Mali. Aanan m’a beaucoup aidé mon colonel, il a cueilli des herbes dans la savane et constitué une décoction qu’il a fait boire au soldat pour faire tomber la fièvre d’une manière durable. Ils ont encore la science des plantes, ils peuvent pratiquement tout soigner de cette façon. Ils sont les héritiers des médecins arabes du seizième siècle.

 

 

, je vous charge une nouvelle fois d’une mission délicate, vous partirez à la fin de la semaine avec Abdéramane à Riyad. Les services des USA nous signalent que l’Arabie Saoudite continue de financer Al Qaida et Aqmi qui leur permettent de s’armer et de payer des nervis pour des attentats. Votre rôle sera d’éliminer ces financiers, mais leur famille est grande, importante, très riche, tout près du pouvoir sans appartenir à la famille royale. Ce sera très difficile, mais je vous confiance, vous serez munis de passeports diplomatiques, l’Ambassade vous couvrira en cas de besoin. Quand vous arriverez à RIYAD, présentez- vous à l’ambassadeur, il vous remettra vos armes. L’ARABIE SAOUDITE n’est pas un pays démocratique, ce pays pratique la torture, la maltraitance des enfants, trafics d’êtres, humains, sans parler de la condition de la femme. Une pauvreté chronique règne dans le pays en particulier pour les travailleurs étrangers alors que la richesse pétrolière explose et enrichit la famille royale et quelques nantis.  C’est en mille neuf cents trente- deux qu’arrive au pouvoir Ibn SAOUD qui est proclamé roi. La richesse du pays provient de l’or noir, l’ARABIE SAOUDITE est devenue le chef du cartel des pays pétroliers. Dans les années mille neuf cent quatre -vingt, les ultras conservateurs et fondamentalistes prennent le pouvoir après la prise de la mosquée de LA MECQUE. La Muttawa, police des mœurs s’assure que tout ce qui se passe dans le royaume n’enfreint pas les règles de l’Islam rigoriste. La musique n’est pas autorisée en public, encore moins le théâtre, la ségrégation sexuelle est fortement accentuée et le port du voile intégral obligatoire. Voilà très rapidement présenté le tableau, vous devrez vous habiller d’une burka chaque jour et ABDERAMANE comme tous les hommes. Ce sera très difficile. La famille dont vous allez vous occuper est la famille xxxxxxxxxxxxxxxxx Elle se compose du père, potentat, il règne sans partage dans sa famille, et dans le monde des affaires, de ses deux fils et de trois neveux, cela fait beaucoup de monde à approcher.

RIYAD, on y était. Ils passèrent de suite à l’ambassade du MAROC, l’ambassadeur les attendait, il leur remit une valise. ZOHRA l’ouvrit elle trouva son arbalète, son Glock dix- huit et le petit pistolet à aiguilles ainsi que le Béretta d’ABDERAMANE. L’ambassadeur ne dit mot, mais resta un moment interloqué devant l’armement en particulier devant l’arbalète en acier. Rentrés à l’hôtel, ils tinrent conciliabule sur la famille xxxxxxxxxxxxxxxxx. Ils sont six, il faudra beaucoup d’idées pour arriver à notre fin. Nous aurons toute la police royale à nos trousses sans compter les agents de la Muttawa. Réfléchissons, ayons des idées et agissons. ABDERAMANE, proposa de commencer par le patriarche et ses fils, les abattre avant le reste de la famille serait un exemple. Ils se replieront sur eux-mêmes, s’enfermerons avec une armée de garde du corps, nous pourrons mieux les loger, mais plus difficile à les abattre. De toute façon nous laisserons le temps au temps. ABDERAMANE regagna sa chambre. ZOHRA réfléchit à ces propositions et s’endormit après avoir faite sa prière. Le lendemain sans armes ils déambulèrent dans RIYAD pour mieux connaître l’environnement.  La grande mosquée AL RAJHI était magnifique, tout en face un hôtel somptueux. RIYAD avait deux côtés, les palais et toute la pauvreté inscrite dans ce pouvoir autocratique avec des masures qui s’alignaient le long de rues peu engageantes. Tout ceci contrastait avec les lieux de cultes érigés pour ALLAH. La KAABA aurait été édifiée par ADAN, mosquée sacré lieu incontournable pour les croyants en ayant les moyens. Le vendredi jour de la grande prière du JUNAH, le midi, était pratiquement une obligation pour tous les hommes, parfumés pour rendre grâce au seigneur. L’ARABIE SAOUDITE aurait dépensé quarante -cinq milliards de dollars pour financer la construction de mosquées en particulier dans les pays où les musulmans sont minoritaires, soit mille cinq cents mosquées. L’ARABIE SAOUDITE impose le courant rigoriste du wahlabite dans la pensée sunnite. La Boutique avait fabriqué un faux certificat de mariage à ABDERAMANE et ZOHRA pour qu’ils puissent se promener en paix l’un derrière l’autre sans être coincés par la Muttawa. Ils habitaient provisoirement à l’hôtel, la situation n’était plus gérable, cette proximité n’était pas du goût de ZOHRA. Ils louèrent très vite une villa avec un certain panache, ils n’oubliaient pas qu’ils avaient un passeport diplomatique, aussitôt installé ils haussèrent le drapeau marocain au fronton. Les apparences étaient sauves. 

Ils avaient fait le tour de la ville en enregistrant soigneusement dans leur mémoire les quartiers, les rues, les ruelles, les particularités de RIYAD, les villas de la famille xxxxxxxxxxxxxxxxx. Ils étaient étonnés de tant de taudis encore debout. Ils voulaient commencer par le père et les deux fils sortant de la grande mosquée, cela s’était avéré impossible. La mosquée donnait accès à une grande place et aucun emplacement susceptible de se mettre à l’abri lors des tirs. Il faudra trouver un autre environnement. Le frère aîné logeait dans une splendide villa. Un jardin décorait l’emplacement avec des palmiers. ZOHRA demanda au COLONEL de lui faire parvenir par la voie diplomatique dix flèches explosives fabriquées par la Boutique. Ils attendirent le bon moment, il n’avait pas lieu de s’inquiéter, c’était son erreur. L’arbalète exécutée et modifiée par la Boutique, envoyait un trait jusqu’à cent vingt mètres. Les portes s’ouvrirent devant une dizaine de gardes du corps, la somptueuse automobile conduite par le chauffeur en costume sortit doucement de la propriété. ZOHRA et ABDERAMANE s’étaient postés derrière un palmier et une petite clôture de bougainvilliers. ZOHRA ajusta son arbalète, chargea avec une flèche explosive, l’automobile explosa tuant ses occupants. Ils disparurent sans être inquiétés, l’absence de coups de feu éliminait leur présence et surtout d’où venaient le ou les tireurs.  Cette famille tout prête du pouvoir avait été agressée, la famille royale se confondit en regrets et s’en prit aux nombreux contestateurs du royaume menaçant toux ceux qui s’en prenaient aux familles dominantes. Une dizaine de contestataires furent arrêtés et torturés l’un deux décéda après ces sévices. C’était la première fois qu’un tel évènement apparaissait en ARABIE SAOUDITE, la police était sur les dents. Une arme nouvelle avait été employée, il était techniquement impossible que l’automobile ait été piégée. Ce qui intriguait la police était le silence qui entourait l’arme du projectile. Elle ne trouva pas le lieu exact d’où avait été lancé le projectile. Une lance- roquettes aurait produit une détonation permettant de situer le tireur. Quelle était cette arme silencieuse ? ZOHRA et ABDERAMANE se devaient d’être prudents, la famille xxxxxxxxxxxxxxxxx était sur ces gardes avec une troupe de nervis renforcée. Le check était en ce moment intouchable, il fallait cibler les autres membres de la famille.

Le frère aîné habitait une villa de rêve, entouré de serviteurs lui étant entièrement dévoués. La villa était défendue par une armée de gardes à l’extérieur et à l’intérieur, pas question d’une attaque frontale. Il aurait fallu un drone, mais difficile à dissimuler. ABDERAMANE fit le tour de la villa en se promenant et en faisant très attention à la garde. Toute la villa était défendue, difficile d’approcher. Pourtant il faudra trouver une idée. Elle est venue d’ABDERAMANE. Il y avait une masure en destruction en face de la villa, en venant la nuit il serait possible de cibler la villa. Un mur permettait de se hisser dessus et de voir l’emplacement de la villa. De là il serait possible de détruire la villa avec les traits explosifs. Deux nuits après, ils revinrent se hisser sur le mur. Un éclairage agressif illuminait la villa. Des gardes montaient la garde devant l’entrée. Un trait bien ciblé détruirait une grande partie de la villa et mettrait le feu avec la certitude de la mort du frère aîné. Le problème c’était les femmes qui résidaient à l’intérieur de la villa, ZOHRA ne voulait pas de dommages collatéraux. Ils redescendirent du mur et rejoignirent leur villa. C’était pourtant une bonne idée ! Ils surveillaient toujours la villa sans progrès notables.

Le cadet habitait avec son frère dans un endroit qui lui était réservé environ deux cents mètres carrés. Il était célibataire, il avait une vie très particulière loin des dogmes de l’Islam. Il s’adonnait aux plaisirs de la chair et buvait de l’alcool. ZOHRA et ABDERAMANE eurent une meilleure connaissance de l’individu par une rencontre impromptue. Un soir une jeune femme se présenta à la porte, croyant que c’était une annexe de l’ambassade. Elle demanda de l’aide, elle était Marocaine d’OUJDA. Elle raconta son histoire. Elle était venue travailler avec un contrat de trois ans chez ce monsieur de la famille xxxxxxxxxxxxxxxxx. Dès son arrivée, il lui confisqua son passeport. Elle travaillait douze heures par jour, courses, lavages, repassages, cuisine et nettoyages. Elle n’avait reçu aucun salaire depuis deux années.  Dernièrement il lui demanda de coucher avec lui, elle refusa, elle était fiancée et devait se marier en rentrant au MAROC. Il fut brutal, la battit et la menaça. Devant ses nombreux refus, il la viola et la fouetta puis la jeta à la rue. C’est ainsi qu’elle aboutit dans la villa de ZOHRA et ABDERAMANE. ZOHRA la consola comprenant son traumatisme, elle était passée par là en AFRIQUE. Vous allez rester ici lui dit-elle, vous ne répondrez pas à la sonnerie de la porte, bloquez votre téléphone pour effacer vos traces. J’ai besoin d’en connaître plus sur la situation de la villa et de ses propres appartements.

La villa est très grande et très riche, le frère aîné à la moitié de la villa, l’autre moitié est séparé par un grand corridor. Le grand salon donne sur le jardin protégé par le mur en béton, la cuisine est du côté du corridor, les chambres sur le côté opposé au salon. Il n’y a pas de femmes sauf quand il organise des fêtes orgiaques, en général ce sont tous les mercredis dans la piscine.

- Bon vous avez bien comprise LEILA vous ne sortez à aucun prix de cette villa.

-Elle acquiesça

 -Nous allons faire quelque chose pour vous.

Le salon donnait sur le jardin protégé par un mur. A l’extérieur quatre hommes montaient la garde, autant à l’intérieur. Il faudra se débarrasser des nervis en premier, l’arbalète sera d’un bon secours. Pour les gardes à l’extérieur cela ne posait pas de difficultés majeures, pour l’intérieur c’était autre chose. Ils seraient immédiatement repérés sur le mur. C’est LEILA qui amena une solution Il existait une petite porte en fer dans le mur côté des chambres. De cette porte ZOHRA pourra fusiller le garde à proximité, la porte ouverte à l’aide d’instruments, ils s’occuperaient des autres gardes. ZOHRA s’occuperait de l’un, ABDERAMANE et son Beretta doté d’un silencieux de l’autre. Cela semblait réalisable. Ils entreraient dans la villa, la tête cagoulée, menaceraient le cadet et lui ôteraient la vie après avoir récupéré la somme d’argent et le passeport qu’il devait à LEILA. Ils s’enfuiraient par la petite porte. ZOHRA aurait remis sa robe à la mode d’ARABIE SAOUDIE et ABDERAMANE ressemblait copie conforme à un natif du pays. Ils réfléchirent encore sur l’action à développer.

Le jeudi deux heures du matin, pleine lune, ils se faufilaient avec prudence dans l’ombre restante. L’arbalète de ZOHRA abattit le premier garde qui lui tournait le dos en fumant une cigarette. De la même place, elle sacrifia le deuxième debout contre le mur d’un trait dans la gorge. Il fallait qu’elle se déplace sans bruit, elle trouva le troisième larron adossé à la porte d’entrée, un genou replié, la chaussure contre la porte, un trait le meurtrit irrémédiablement, ABDERAMANE, venu de l’autre côté ne laissa aucune chance au quatrième gardien en lui logeant une balle de sa Beretta, mode incognito dans la tête. Ils coururent retrouver la petite porte en fer dans le mur côté chambres. ZOHRA l’ouvrit avec un passe-partout électronique. Elle grinça, mauvais augure, un garde arriva curieux, il tomba percé par un trait de l’arbalète à la tête. Il en restait trois. ZOHRA et ABDERAMANE s’avancèrent en catimini en longeant le mur de la villa, au coin du mur, les trois autres étaient en conciliabule. ZOHRA arma son outil, le premier tomba, rejoint par les deux autres exécutés par ABDERAMANE dans un silence le plus total. Ils firent marche arrière pour rejoindre les chambres. ZOHRA coupa une vitre et ils s’introduisirent dans la villa. Ils avaient chaussé des chaussures à semelle de crêpe silencieuses. D’après les détails de LEILA, le salon était sur le côté opposé aux chambres. Le cadet était assis dans un super sofa avec un verre de champagne à main et un havane aux lèvres, il ne se refusait rien ce croquant. Il sursauta en les voyant arriver, la cagoule sur le visage, la peur se voyait sur son visage, la sueur coulait de ses tempes.

-Nous voulons l’argent que tu entreposes ainsi que le passeport de LEILA !

-C’est cette garce qui vous envoie ?

-Pas tout à fait, tu as commis un crime envers ALLAH, tu vas payer, mais avant sort le flouse.

Il leur remit cinquante mille dollars et le passeport, une balle du Beretta le coucha définitivement sur le sofa. Ils se rhabillèrent façon saoudienne et sortirent tranquillement. Et de quatre commenta ZOHRA. Il reste un frère celui-ci sera difficile à approcher, entouré de ses quatre femmes et de ses enfants, il est très entouré. LEILA avait été d’un atout précieux en indiquant précisément les lieux de la villa. Ils lui remirent en rentrant l’argent et le passeport, un large sourire éclairait le visage de la jeune fille sans lui indiquer la punition que son patron avait subie. C’est encore elle qui fournit une indication concernant les femmes. Celles-ci se rendaient chaque semaine avec les enfants apprécier un défilé de mode très prisé par celles-ci. Une créatrice saoudienne Mashel ALRAJHI avait beaucoup de succès. LEILA les avait déjà accompagnés pour s’occuper des enfants. Elles s’y rendaient tous les mercredis laissant l’aîné des frères seul avec ses gardes du corps à la villa. C’était enfin l’opportunité d’agir. Le mercredi ils assistèrent au départ des femmes, des enfants protégés par une armée de garde du corps. Montés sur le mur de la masure, ZOHRA arma son arbalète d’un trait explosif, elle visa le centre de la villa, la flèche fusa à grande vitesse en atteignant sa cible le bâtiment explosa et sombra dans les flammes, elle se dépêcha de réarmer et tira à nouveau sur le côté droit, tout fut détruit en quelques secondes. Rapidement ils se fondirent dans la foule apeurée et inquiète. La presse accordait une place importante à ces évènements. Quel groupe s’en prenait ainsi à l’une des familles les plus riches du pays La police penchait pour une vengeance d’un groupe terroriste qui n’aurait pas obtenu satisfaction sur le plan financier, mais sans preuve ! La famille xxxxxxxxxxxxxxxxxx avait été meurtrie dans le sang depuis quelques temps. La presse rappelait les faits, le chef de la famille, ses deux fils, ses deux frères, qui seront les suivants ? Le pays était devenu une terre de ragots, de trahisons, tout était analysé par les spécialistes par la torture s’il le fallait. Les opposants étaient systématiquement emprisonnés, battus, humiliés. La moindre suggestion était immédiatement traitée en complot contre la monarchie et réglée par des tortures et assassinats. Le Roi voyait une tentative de déstabilisation de son régime venu du YEMEN qu’il avait réduit au silence par les armes. La muttawa avait reçu le feu vert pour mettre son nez partout. Arrogante elle s’arrogeait des droits bien loin de la liberté. Tout individu suspecté d’homosexualité ou de vivre à l’encontre de la charia était immédiatement supprimé, liquidé sans aucun procès. Heureusement ZOHRA et ABDERAMANE étaient protégés par leur passeport diplomatique, mais en tant qu’étrangers ils avaient été souvent arrêtés et maltraités plusieurs fois par la muttawa, poussés contre le mur. L’ARABIE SAOUDITE sombrait dans le cauchemar de la peur et de l’autoritarisme. Leur villa n’avait pas été fouillée du fait de leur représentation marocaine. Un jour, deux membres de la muttawa les avaient à nouveau arrêtés avec des insultes à la clef, ZOHRA ne put le supporter de la part de ces nervis abrutis par un pouvoir usurpé. Sa jambe se détendit sur le premier de ces nervis, il s’effondra la gorge bloquée, le second eut le même sort touché à la tempe, tous les deux rejoignirent rapidement le pays des enfers du roi Shaiitane. Ils sortirent très vite de la ruelle. La muttawa devenait dangereuse, elle s’attaquait à quiconque. Cette police s’octroyait des droits et des devoirs incompatibles avec la liberté de croire ou de circuler. Le pouvoir s’en servait dans le but de créer la peur et faire recroqueviller le peuple des croyants sur eux- mêmes.  Il faudra être très prudent dorénavant.

En rentrant à la villa, ZOHRA s’isola avec LEILA.

-Aimez- vous toujours votre fiancé ?

-Oui mais que faire, celui-ci ne voudra plus de moi après le viol que j’ai subi.

-Chouffé, écoutez LEILA il vous faut oublier ce drame, j’ai subi la même chose en AFRIQUE, mais je suis militaire, je ne me marierai pas, je reçois un ordre, je l’exécute !  Vous, il faut penser à votre avenir, être heureuse, avoir des enfants, avoir de la tendresse, de l’amour pour votre époux. Il existe en FRANCE et à TANGER des cliniques de réparation de l’hymen vous redeviendrez une vraie jeune fille. Cette intervention chirurgicale est à votre portée, les cinquante mille dollars changés en dirhams marocains vous amèneraient dans la poche quatre cent soixante- huit mille quatre cents dirhams marocains. Vous n’avez pas de soucis à vous faire. Avouez la vérité à votre fiancé, la maltraitance et les coups que vous avez subis, les zébrures sur votre dos attesteront de la vérité de vos dires. Ne parlez pas du viol, dans la vie il y a quelques fois des choses à cacher, ALLAH est miséricordieux, il vous aidera.

            Revenue près d’ABDERAMANE, elle lui dit nous avons fait un bon et excellent ménage, mais il nous reste encore les trois neveux qui habitent des villas différentes. Il faudra des jours, des semaines sans doute pour observer les derniers membres de la famille xxxxxxxxxxxxxxxxx gardés comme à la banque du MAROC. L’un des neveux habitait à une quarantaine de kilomètres de RIYAD. Ils se décidèrent d’aller visiter le village et par là même la villa du neveu.  Effectivement, une véritable armée protégeait la villa. Il n’y avait aucune possibilité d’entrer. Une dune s’était plantée sous l’effet du vent au-devant le grand portail à deux cent mètres environ, mais pas assez grand pour s’y cacher, de plus elle était isolée et l’environnement ne se prêtait pas à une attaque. Une palmeraie se situait à quatre ou cinq cents mètres de la villa, bien loin pour lancer un trait explosif et occupé en permanence par des bédouins ! Cette enquête demandait beaucoup de réflexions, d’attentions, chaque cas était particulier. Il n’y avait aucun endroit où se protéger. Ils s’installèrent plusieurs jours avec les bédouins accueillants au demeurant. Dormants sous la tente, participants aux discussions avec eux ce fut un court séjour intéressant de par la découverte des habitudes des nomades. C’était un monde à part, ils n’avaient aucun lien avec les gens des villes et villages sauf pour le commerce. Ils n’en parlaient pas, mais ils avaient une forte animosité pour la muttawa qui leur occasionnait beaucoup de problème du fait de leurs moeurs et coutumes de vie. Le neveu de la villa était le chef de la muttawa emmagasinant beaucoup de pouvoirs entre ses mains dont il abusait et recevait en retour une haine féroce. ZOHRA se dit que c’était peut- être une ouverture ? ABDERAMANE en parla au chef des nomades, en tant que femmes elle n’aurait pas eu le crédit attendu, qui n’était pas contre une expédition punitive contre le caïd de la muttawa qui l’empêchait de se rendre à MEDINE. Un plan fut discuté avec le chef bédouin. Le caïd ne se méfiera pas des nomades qui abriteront ABDERAMANES et ZOHRA. A cent mètres maximum, l’arbalète armée d’un trait explosif qui sera lancé sur la garde extérieure, rechargée, l’arbalète par la brèche ouverte dans le mur fera exploser la villa. Le plan fut exécuté comme sur le papier, les bédouins n’ont pas été les derniers à tirer sur les gardes. Arrivés à proximité de la villa en caravane prête à partir, les gardes de la villa ne s’en préoccupèrent pas habitués à leurs déplacements. Montés sur des chameaux, ZOHRA et ABDERAMANE le visage enturbanné de bleu était anonyme.  L’arbalète cachée entre la bosse de l’animal et son cou détendit son ressort sur un geste de ZOHRA, la flèche atteignit la garde extérieure et le mur par une explosion nettoyant l’environnement Une autre flèche vite rechargée sur l’arbalète frappa la villa, ce fut l’enfer, flammes et destructions. Nettoyé, il restait deux frères du neveu encore à s’occuper. Le colonel était satisfait du résultat, mais conseilla à ZOHRA et ABDERAMANE d’être très prudents, ils devaient en être au stade de rechercher les cloportes dans les tapis.

Les deux derniers frères habitaient aussi une villa différente, la disparition de leur frère avait été un rude coup ainsi qu’à l’organisation de la muttawa. Ceux-ci s’étaient volatilisés, plus de traces, rien, de la fumée, évanouis dans le brouillard. ZOHRA et ABDERAMANE durant une semaine remuèrent ciel et terre sans succès. Ils avaient été bernés ! Un bruit courait sur la possibilité d’un refuge à JUBAIL Le port de JUBAIL offrait des perspectives d’évasions dans ce qu’était devenu le petit port de pêcheurs. C’était aujourd’hui sur une superficie de soixante -quinze hectares une ville industrielle et commerciale moderne dénommée MADINAT AL JUBAY AS SINA IYAH, ( JUBAIL INDUSTRIEL CITY).  Il était l’un des ports de l’ARABIE SAOUDITE les plus importants, chimie, engrais, sidérurgie, port industriel et d’industries diverses. Défendu par une base navale importante de la marine royale saoudienne avec une base aérienne de la Royal Saoudi Air Force. Rendons à César ce qui est à César la misère est endémique au Royaume, mais l’ensemble abrite la plus grande compagnie pétrochimique du Moyen Orient et au niveau mondial elle se place à la quatrième place ABDERAMANE souffla à ZOHRA que JUBAIL abritait également La SABIC l’une des plus grandes usines au monde de dessalement d’eau de mer appartenant à la compagnie MARAFIQ, elle fournit cinquante pour cent de l’eau douce du pays. Arrivés à JUBAIL ils se mirent à la recherche du bateau de plaisance des deux frères. Ils le trouvèrent amarré sur le quai destiné aux bateaux de plaisance. C’était un bateau confortable de trente- mètre de long à moteur au nom de : JOUJ JEMOULA, des DEUX CHAMELLES. En plus de l’équipage, une armée de gardes du corps hantait les espaces. Ils passèrent de nombreux jours à observer Ils allaient sans doute bientôt lever l’ancre, car des provisions arrivaient sans cesse passées au crible. Les deux frères étaient invisibles gardés par une armée de nervis payés à prix d’or. Il n’y avait pas de femmes à bord, tant mieux, il n’y aurait pas de débordement. Le jour J approchait, un camion- citerne de fioul s’approcha et le chauffeur aidé par un matelot remplit le réservoir du bateau. L’ambiance était morose, la joie ne se reflétait pas sur les visages pour le voyage envisagé. Le golfe persique débouchera sur l’océan indien, il y aura de l’espace. Le capitaine du navire avait fait et refait le point, s’éloigner au plus vite de JUBAIL trop d’interrogations et de soucis hantaient les esprits, la peur aussi. C’était une échappatoire, une fuite, mettre de la distance entre l’ARABIE SAOUDITE et les derniers membres de la famille xxxxxxxxxxxxxxxxxxx encore vivants. La mer était le seul espace encore garanti pour un refuge et fuir suffisamment loin. D’autant qu’ils ne savaient toujours pas, qui voulait la destruction de la famille. Cette interrogation alimentait la peur, elle disparaitrait que lorsqu’ils sortirent du golfe. ABDERAMANE et ZOHRA étaient toujours assis au bout du môle à surveiller JOUJ JEMOULA. L’heure était venue, le grand bateau de plaisance s’éloigna du quai en se dirigeant tout doucement vers la sortie du port. ZOHRA déplia son arbalète, fixa un trait explosif et attendit que le bateau sorte du port et s’engage sur la route du golfe. La flèche zébra la nuit, atterrit sur la coque du JOUJ JEMOULA provoquant une énorme explosion. C’était fini, sans se presser ils revinrent vers le complexe industriel sans être inquiété. Revenu à leur villa, ZOHRA appela le COLONEL et lui fit part du succès de l’opération.

            Ils étaient de plus en plus surveillés par la muttawa, soupçonnés d’être à l’origine de l’attentat pour leurs déplacements dans la région. Leur statut d’émissaire officiel du Royaume du MAROC les empêchait d’être conduits aux bureaux de la muttawa, d’être interrogés. Ils ne pouvaient pas faire un pas sans être suivis par l’un de leurs sbires. L’ambassadeur se plaignit auprès des autorités saoudiennes du sort réservé à leurs ressortissants.

            Le décès de tous les membres de la famille xxxxxxxxxxxxxxxxx mettait un terme à leurs trafics financiers, le temps viendra pour se partager l’héritage, ce sera un long parcours, les lois de l’ARABIE SAOUDITE ne sont pas construites sur l’égalité, la justice. Il était temps de reprendre le chemin du MAROC, accompagné de LEILA munie exceptionnellement d’un passeport diplomatique. ZOHRA avait demandé de rester avec des vêtements saoudiens. Elle avait remarqué un individu dans l’avion qui semblait trop attentionné à leurs faits et gestes. La muttawa n’avait pas dit son dernier mot. Après un long vol, l’avion atterrit à RABAT. Sur ordre du Colonel, ils se dirigèrent vers le ministère des affaires Etrangères. Reçus par le Secrétaire d’Etat qui voulait les recevoir, ils furent complimentés pour leur travail, le MAROC leur en serait reconnaissant.  ZOHRA l’informa de l’homme de la muttawa qui les suivait partout. Faut-il le rapatrier ou je m’en occupe monsieur le Secrétaire d’Etat ? Faites de votre mieux Capitaine. C’était très clair pas de complication, suppression. Tous les trois étaient heureux de se retrouver chez eux loin d’une dictature religieuse de fait, de la misère, des crimes commis au nom de l’Etat. LEILA malgré la fatigue reprit le train pour TANGER, ZOHRA l’avait convaincu qu’il y avait une vie après ce qu’elle avait subi. Le chirurgien lui donnerait à nouveau une virginité. ZOHRA lui souhaita bonne chance, bien entendu, ABDERAMANE n’était au courant de rien.

Il se dirigèrent vers le chantier du nouveau pont sur le BOUREGREG, un ouvrage colossal entrepris par la CHINE. Le sbire de la muttawa avait compris, et avait fait demi-tour pour mieux les suivre les jours d’après. Ils ne rentrèrent pas à la Boutique, ils réservèrent une chambre à l’hôtel de RABAT. Ainsi ils l’auront toujours à l’œil et il ne connaîtra pas l’adresse de la Boutique. C’est toujours le jeu du chat et de la souris, le jeu de cache-cache. Elle prit une bonne douche, déplia son petit tapis et fit sa prière, demanda à ALLAH de lui pardonner les crimes commis sur ordre et dans l’intérêt de son pays. Elle déplia le recueil de poésie de Wafaa LAMRANI, lut une dizaine de pages et s’endormit. Elle eut un sommeil agité, sa mission en ARABIE SAOUDITE n’avait pas été facile l’obligeant à employer une extrême violence, éliminer une famille tout entière tout en respectant les femmes et les enfants. Elle eut des cauchemars, elle se retourna de droite à gauche, se réveilla. Calmée elle se rendormit jusqu’au matin.

 

 

 

 

 

 

 

 

Onze jours plus tard, capitaine, la gendarmerie venait d’arrêter Ali BENKRAME le plus gros trafiquant de drogues du MAROC, il régnait sans partage sur ce trafic avec des ramifications en Espagne grâce à des complicités à tous les niveaux. Son arrestation n’a pas mis fin à son réseau tenu par ses lieutenants et une bande de loustics malfaisants. Faites attention, car ce sont des professionnels du crime. TANGER, le Colonel lui avait fourni un renseignement capital. L’un de ses revendeurs les plus influents Adam BENKRICH dit la VALISE opérait quartier de la gare ONCF. Elle avait reçu le soutien d’ABDERAMANE. Habillée d’une burka et ABDERAMANE en employé de la commune balayait les caniveaux. Sur un petit tréteau devant la sortie de la gare, il vendait des cacahouettes, sous les graines, de la résine de cannabis et de l’herbe. Commerce discret, indiscernable. Il distribuait également la marchandise à d’autres revendeurs. ABDERAMANE en avait repéré deux. Il suivit l’un d'eux qui s’installa devant la gare des autobus. Ils choisissaient la foule, pour mieux se fondre parmi elle. Revenu à la gare ONCF il balaya consciencieusement le caniveau. La VALISE avait disparu, le balai d’ABDERAMANE avait été trop voyant. Celui de la gare des autobus avait également disparu, il y avait donc un relais entre tous les revendeurs de poison. Ils restèrent dans les environs une semaine pour surveiller leur retour, sans succès.  Ali BENKRAME était natif d’un tout petit village de montagne proche de TETOUAN. Il avait constitué son empire à partir de TETOUAN et de MELLILA, l’enclave espagnole au nord du MAROC. Il était raisonnable de penser que tout le trafic existant profitait à Ali BENKIRANE. ZOHRA et ABDERAMANE firent leurs bagages pour TETOUAN. TETOUAN était en pleine transformation avec la construction d’un port gigantesque qui sera le plus grand de la Méditerranée, drainant une quantité d’ouvriers arrivés du MAROC et des pays d’EUROPE. C’était tout bonus pour les trafiquants de drogues. ZOHRA et ABDERAMANE auront du pain sur la planche !

Chacun de leur côté ils arpentèrent les rues de la ville, jetant un coup d’œil par ici et par là, observant avec attention la situation. ZOHRA avait l’impression d’avoir découvert quelque chose, elle en parla à ABDERAMANE. Il se rendit seul sur le port. Il observa avec attention un kiosque comme il y en a tant au MAROC. En bois et en toiles, le petit établissement vendait des cigarettes, des téléphones et des friandises, rien que de très banal. Quelque chose l’intriguait lui aussi, certains individus repartaient avec de petits paquets, rien à voir avec des téléphones portables, serait-ce une piste ? Ils revinrent tous les deux à la fermeture du kiosque à une heure du matin. Salem Aleikoum, ZOHRA entra à l’intérieur du kiosque, ABDERAMANE resta dehors

-Qu’est-ce que tu vends krouya ?

-Tu veux un portable mon frère ?

-Non, je veux mieux que cela, je veux de l’herbe

-Je ne vends pas ce produit, c’est interdit et cela coûte très cher si l’on se fait prendre

-Qu’est-ce que tu as sous la planche ?

-Rien, des chiffons

-ZOHRA lui mis son Glock dans les reins, et ça, c’est un chiffon ?

Il haussa la planche sur lesquels s’alignaient les téléphones portables, des paquets tout prêts à être vendus Elle en prit un, c’était de la résine de cannabis Elle en prit un autre, l’ouvrit, c’était de l’herbe

-Tu appelles cela des chiffons ?

Le bougre n’était même pas désarçonné par les découvertes de ZOHRA. C’était un dur à cuire.

-Ecoutes lui suggéra ZOHRA dis-nous qui est le caïd en remplacement d'Ali BENKIRANE.

-Je ne le connais pas, il est invisible caché dans un village de la montagne.

-Fais un effort krouya où je te troue la peau

-Par ALLAH je ne le connais pas puis se ravisa, de toute façon, vous ne le trouverez pas. Nous l’appelons El ALRAAEL, le BERGER il a des troupeaux de moutons dans la montagne. Nous ne le connaissons pas, il vit loin des villes. Il s’effondra, une aiguille du pistolet pneumatique de ZOHRA lui avait transpercé la tête. Il fallait faire le ménage ! La méthode employée sera de liquider les revendeurs pour faire venir LE BERGER jusqu’à eux. L’observation continua, un autre revendeur fut repéré près de la mosquée. Une aiguille lui transperça le cœur. Il n’y avait pas de débandade de la part de ces loustics à la suite des suppressions radicales de leurs partenaires, mais une mise au vert momentanée de ceux-ci, dictée vraisemblablement par le BERGER, ils avaient disparu, s’étaient volatilisés. Une mise au vert soit, mais le trafic devait continuer, le téléphone portable devait servir de relais avec des lieux choisis à l’avance et différents à chaque fois. Il y avait donc un intermédiaire entre les revendeurs de poisons et EL ALRAAEL. C’étaient des professionnels, ils devaient changer à chaque fois de téléphone pour éviter que la police les repère. Ils étaient organisés pour continuer leur trafic, la survie du réseau en dépendait. Des coursiers avaient dû prévenir les consommateurs en les approchant.

            Elle voulait connaître la fabrication de la résine de cannabis. Un pharmacien, expliqua à ZOHRA sa confection, (La résine de cannabis sera effritée et consommée à l’aide d’un vaporisateur. Au MAROC, la plante est séchée puis la sève est récupérée, ensuite passée au tamis. Elle est frappée avec des baguettes sur le feuillage. La poudre de sève sera chauffée et compressée en blocs.) Il faut donc des petits laboratoires pour confectionner le produit, d’où une gestion professionnelle du réseau avec des spécialistes.  C’était toute une équipe de professionnels que le réseau a créé. Cette équipe était le nec plus utra de la bande de voyous. Plusieurs problèmes se posaient à ZOHRA et ABDERAMANE, mettre la main sur les laboratoires, dénicher les revendeurs et EL ALRAAEL Les revendeurs reviendraient se poster dans des endroits stratégiques, il fallait attendre ! Ils avaient le don de disparaître, de se cacher. Zohra avait un atout en mains, le Colonel lui avait fait faire un stage de six mois dans un institut de langue berbère à RABAT il y a plusieurs mois. Elle se demandait si le Colonel n’avait pas le don d’ubiquité, de prémonition des évènements ? Ainsi, elle parlait parfaitement et écrivait en plus de l’arabe, le berbère, le français, l’espagnol, l’anglais et l’italien, c’était un sérieux patrimoine linguistique. Elle pouvait dialoguer avec la population du RIF dans leur langue, sans problème, ce n’était malheureusement pas le cas d’ABDERAMANE.

            Depuis plus d’un mois, ils attendaient le retour des revendeurs à la sauvette. Elle eut une information sur un petit laboratoire qui se trouverait dans un village de montagne. C’était risqué, chacun se connaissait dans les villages. Ils seraient de tout de suite repérés. Zohra décida de se rendre seule dans le village. Elle loua une Kawasaki pour une semaine, s’arma du Beretta d’ABDERAMANE et de son Glock 18. Elle se coiffa de la perruque blonde qu’elle avait achetée en Espagne lors de son enquête sur les maisons closes. Au village, elle fut entourée des soldats du poison. Elle demanda de voir le chef du laboratoire. C’était en fait un entrepôt en plein air jouxtant une maison en pierres de montagne. Une dizaine de femmes s’occupaient du produit. Un grand gaillard barbu, s’exprimant en berbère, l’air pas commode lui demanda ce qu’elle voulait. Mes commanditaires ne souhaitant pas être connus, m’ont envoyé pour négocier avec vous dix tablettes de résine de cannabis que je viendrais récupérer lorsque vous l’aurez décidé.

-Dites- moi quand vous voulez venir les chercher ?

-Il n’en est pas question dit-elle d’un air assuré, c’est à vous à me dire le jour que vous souhaitez

-Mercredi après- midi.

Bien, je serais là mercredi après -midi, elle sauta sur la Kawasaki et disparut.

Ouf, cela s’était relativement bien passé. Elle enleva sa perruque et rentra à l’hôtel retrouver ABDERAMANE rassuré. Le mercredi après-midi elle retourna au village la tête recouverte de sa perruque et toujours armée des pistolets. Deux hommes en plus avaient été placés par le Berger avisé elle se devait de faire très attention de ne pas blesser ou tuer les femmes du laboratoire. Arrivée sur place, elle ne laissa pas le temps aux voyous de réagir, des deux mains elle tira, les hommes s’écroulèrent. Elle était ambidextre et tirait des deux mains avec précision, ce qui avait étonné les instructeurs de l’école militaire. Les femmes hurlèrent et s’enfuirent dans le village. Elle aspergea le laboratoire rapidement d’essence et mit le feu, dans quelques instants il ne restera plus rien du laboratoire et de la maison. Elle sauta sur la Kawasaki, se faufila dans le village et disparue avant une riposte toujours possible des villageois. Elle savait que ce n’était qu’un coup d’éclat, il y avait une dizaine de ces laboratoires dans le RIF, si ce n’est plus, EL ALRAAEL en ferait une jaunisse. Le problème maintenant c’était celui de leur sécurité, EL ALRAAEL allait leur faire payer au prix fort. Ils devaient se méfier à chaque instant, la mort pouvait survenir. Ils sortaient toujours armés et s’asseyaient dans des endroits et terrasses de cafés découverts. Un matin ABDERAMANE dit à ZOHRA, j’ai déjà vu cette Nissan noire hier soir, je la revois ce matin, mais accompagnée par quatre hommes. Bien, dit ZOHRA nous allons sortir par la porte de service. L’hôtel faisait un angle avec une autre rue, chacun de nous essaiera de les prendre à revers, ne ratons pas notre coup. Elle arriva habillée d’une burka elle s’approcha d’eux sans se presser, à deux mètres elle envoya ses aiguilles dans le crâne des deux assassins, pour ABDERAMANE, le silencieux de son Beretta amortit le bruit des projectiles. Les deux autres assassins s’écroulèrent, la foule s’amassait devant les quatre cadavres, la police ne tarderait pas à arriver. Noyés dans la foule, ils s’éclipsèrent. Il fallait changer d’hôtel et vite, TETOUAN n’en était pas dépourvu !       Un nouvel hôtel, un nouveau quartier, mais très vite ils s’aperçurent qu’ils avaient été pistés, normal, pour des professionnels du crime. Les enfants sont les meilleurs pisteurs des criminels, tout était à rejouer ! Dans sa chambre à coucher, ZOHRA entendit un bruit bizarre sur le palier, elle réveilla ABDERAMANE, tous les deux s’armèrent. Tout contre le mur du fond, ils entendirent la serrure tourner, c’était bien pour eux. Les chambres étaient dans le noir les assassins connaissaient le périmètre ils tirèrent à répétition sur le lit, ZOHRA d’un seul coup alluma la lumière et tira immédiatement sur les deux malfrats éblouis, ils sombrèrent dans le néant. Il fallait fuir, les silencieux n’avaient pas occasionné de bruits. Ils montèrent sur la terrasse et avisèrent l’environnement, un petit immeuble jouxtait le mur de l’hôtel à trois mètres plus bas. ZOHRA et ABDERAMANE se laissèrent tomber sur la terrasse de l’immeuble et redescendirent par l’ascenseur jusque sur la rue. Là ils prirent le temps de surveiller l’environnement, ils n’étaient pas convaincus qu’il n’y avait plus personne qui les recherchait. Au moment où ils sortirent de l’immeuble, ils furent la cible de tirs d’automatiques, banco, ils avaient joué à la loterie de la vie et de la mort. Ils s’abritèrent derrière une automobile et repérèrent le tireur qui heureusement n’était pas très précis. Il se trouvait dans l’encoignure de la porte du garage d’à côté. Impossible de se dégager de ce foutoir l’homme tirait mal, mais il finirait par avoir leur peau. Les projectiles perçaient la tôle de la voiture sans traverser l’intérieur. L’envoyé d’EL ALRAAEL mettait du cœur à son ouvrage en acculant ainsi ZOHRA et ABDERAMANE derrière le véhicule. ZOHRA comptait sur la fin de ses réserves de munitions, il ne pouvait pas asperger indéfiniment la pauvre Fiat qui ne lui avait rien demandé, surtout sans dommage pour ses adversaires. Il était déterminé à en finir avec ZOHRA et ABDERAMANE, ce fut son erreur, il sortit de son encoignure, il fut cueilli par ABDERAMANE au thorax, ils prirent la fuite. Le taxi les amena jusqu’au port, après une discussion en Berbère avec le chauffeur, elle eut une adresse. Une rue du port, une maison parfaitement anonyme et un couple pas trop regardant contre un petit paquet de dirhams étaient une garantie provisoire contre EL ALRAAEL. ABDERAMANE ne sortait plus, trop voyant, mais fort enragé de ne pouvoir suivre ZOHRA toujours armée, revêtue d’une burka qui se promenait tranquillement sur le port et dans la Médina. Elle repéra enfin un revendeur dans la Médina, assis sur un caisson en plastique très bas, il jouait les handicapés, il récoltait les dons des fidèles et vendait de l’herbe aux consommateurs, c’était révoltant ! Elle avait bien observé le manège du triste sire. Elle s’avança et demanda un renseignement, sorti le pistolet pneumatique et tira sans bruit, le voyou s’effondra en silence la tête en avant toujours assis sur son caisson plastique. Elle continua son chemin comme si de rien n’était, elle se dirigea vers la moquée, elle ne s’était pas trompée, un autre sans honte officiait presque à la porte du lieu sacré. Elle mit la main dans son sac, saisit le pistolet pneumatique et balança une aiguille de trois millimètres de diamètre dans le crâne du malfrat. Les fidèles essayèrent de le ranimer, en vain. Elle se dirigeait maintenant sur le port en pleine transformation, celui-ci sera prochainement le plus grand port de la Méditerranée. Sa construction donnait lieu à un brassage de peuple différent et par conséquent aux trafics de toutes sortes. Elle était rodée à leur cinéma, elle était capable de les repérer. Sur le mur en béton qui surplombait le port de plaisance à raz du trottoir, ils étaient deux cette fois-ci, les ports étant depuis toujours des lieux dangereux. Sur un linge ils avaient étalé des portables, des cigarettes, à terre une boîte en carton recelait les produits illicites. Elle passa devant eux, descendit les marches de l’escalier, puis remonta de quelques marches. Les voyous occupés à leur commerce ne virent pas l’évènement venir. ZOHRA le pistolet pneumatique à la main à hauteur de hanche tira deux fois, les deux malfrats ne revirent jamais le jour. Elle rentra dans la maison, ABDERAMANE était comme un lion en cage, il fut soulagé de revoir son officier. Elle lui communiqua qu’elle avait éliminé quatre revendeurs, très peu par rapport à l’importance du trafic. Demain sera difficile, ils auront tous les nervis de la filière de la drogue sur le dos. EL ALRAAEL sera forcé de réagir, si c’est le cas, ils auront réussi leur opération.  Le lendemain, ABDERAMANE resta de nouveau dans la maison, ZOHRA habillée de sa burka se promena dans le quartier comme la veille. Elle devait faire attention aux pièges du BERGER, d’autant qu’ABDERAMANE n’était plus en couverture. Elle remarqua au même endroit que la veille un revendeur, trop beau pour être vrai, un pion poussé par le BERGER pour l’attirer. Elle passa devant incognito. Pour le moment elle était invisible sous la burka, les seules descriptions que l’on avait d’elle, provenaient de sa première visite au laboratoire de montagne. Tout à -côté du revendeur bidon, une voiture avec quatre hommes. Ce serait un suicide de tenter quoi que ce soit ! Elle retourna à la maison et expliqua la situation à ABDERAMANE. Nous ne connaissons pas EL ALRAAEL, était-il dans le véhicule, cela semblait impensable de la part d’un chef tel que LE BERGER, il était ailleurs, tout prêt sans doute, à une intervention. ABDERAMANE fit une liste de produits pour confectionner un explosif artisanal de faible puissance. Elle repassa sa burka et acheta du fioul, de l’engrais et de la lessive, ABDERAMANE se mit au travail, trois heures plus tard, il avait confectionné un explosif artisanal capable de liquider l’automobile et ses locataires ainsi que le vendeur de drogues et ses produits. C’est encore ZOHRA qui sortit avec sa petite boîte, ABDERAMANE n’était pas tranquille. Elle marcha tranquillement, arrivée devant l’automobile, elle se recula suffisamment pour ne pas être touchée par l’explosion. Elle jeta la boîte sous la voiture celle-ci sauta en l’air, se disloqua puis s’enflamma. Il ne restait plus rien, elle sentit le souffle de l'explosion, elle disparut comme si de rien n’était au contraire de la foule étonnée et amassée.  Quelque chose lui disait qu’EL ALRAAEL était toujours vivant et qu’ils seraient appelés à se rencontrer. ABDERAMANE ne voulait plus rester seul.

            La situation devenait critique, Le BERGER avait été touché et humilié, il ne le pardonnerait pas, son empire s’écroulait sous les coups de ZOHRA et ABDERAMANE mais aussi de concurrents qui commençaient à avoir les dents longues en grignotant de nombreux territoires. Qui était LE BERGER ? Tout dépendait de sa visibilité, de son habitat. Pour le moment c’était lui qui avait la donne, d’où la prudence redoublée de ZOHRA et ABDERAMANE.  Elle décida de sortir sans la burka, sans foulard, la jupe mi- mollets, les cheveux sur le dos, un corsage très légèrement échancré, ses vêtements étaient provocateurs, le loup sortirait il du bois ? Attablés à la terrasse d’un café avec ABDERAMANE, ils attendaient à l’affût. Il fallait s’armer d’une patience infinie, dans le jeu du chat et de la souris ce n’était pas toujours le chat qui gagnait. Leurs armes, le silencieux vissé au canon étaient dans le sac de ZOHRA et à l’intérieur de la veste d’ABDERAMANE. Un geste, une grande habitude et les armes crachaient le feu ! Leurs consommations réglées, ils se levèrent et se dirigèrent vers la mosquée. Ils prirent la ruelle le long de la mosquée avec beaucoup de prudence. Au moment où ils débouchèrent sur le boulevard, un homme de taille moyenne, une légère calvitie, l’automatique à la main venait vers eux, c’était EL ALRAAEL vindicatif, les lèvres fermées. Il allait faire usage de son automatique mais ABDERAMANE fut le plus rapide, EL ALRAAEL s’écroula sur place. Il fallait fuir hors du boulevard, ils se dégagèrent de la foule curieuse qui s’attroupait. Mission accomplie, le Colonel avisé, ils quittèrent rapidement le RIF, heureux d’avoir réussis !

            De retour à la Boutique, ZOHRA comme à ses habitudes reprit l’entraînement, les allées et venues dans le SEBOU, crawl, brasse, de courir le long de la berge et de retour à la Boutique, combats rapprochés avec le maître d’armes. Les après-midis consacrés à la lecture, les poésies d’auteurs marocains, le repos. Elle eut une communication du patron de l’Israeli Connection, Omar HSSAIN avait été repéré et gardé à vue. En accord avec le colonel, elle s’entoura d’IBRAHIM et d’ABDERAMANE et demanda une escorte de policiers. En arrivant DAR EL GUEDDARI dans le garage d’Ethan ALAOUI, ils trouvèrent OMAR HSSAIN, les mains derrière le dos menottées, les jambes également ficelées pour éviter les escapades. Avec lui, le tueur, déserteur de DAKLA également ligoté. ZOHRA invita le patron de la mafia juive à venir avec elle jusqu’à la forêt qui court jusqu’à SIDI YAHYA. Arrivé à une clairière, les deux prisonniers furent descendus de l’automobile. IBRAHIM fusilla le déserteur d’une balle dans la tête et récidiva avec OMAR. Nous avons fait justice, sa Majesté le Roi pourra dès ce soir dormir sur ses deux oreilles. Au moment où les membres de l’Isréli Connection voulait rentrer la police les arrêtèrent sur le champ en leur passant les menottes.

-Vous êtes une belle garce de nous avoir joué ce tour de cochon

-Je vous remercie d’avoir rajouté cette épithète, je n’ai fait que suivre notre accord, vous faisiez ce que vous vouliez tant qu’OMAR était libre, dès son arrestation, la police retrouvait tous ses droits, c’est ce qui a été fait. Je ne vous ai pas trahi.

-Je vous garde un chien de ma chienne, nous nous retrouverons.

Dès que la police eut amené au commissariat le patron de la mafia juive et ses quatre soldats, IBRAHIM et ABDERAMANE, roulèrent le corps d’OMAR dans une toile et le mirent dans le coffre de la voiture. IBRAHIM roula sous la conduite de ZOHRA jusqu’à une casse importante située dans la nature. Arrivé devant le portal, un coup d’avertisseur suffit pour que Malek FARHAT ouvre les portes. Une fois à l’intérieur, ABDERAMANE aspergea le corps d’OMAR et l’intérieur du véhicule d’essence, une allumette suffit pour allumer le feu. Ils restèrent sur place pour assister à l’avancement de la crémation. Quand il ne resta plus que des cendres, MALEK mis son engin en route, l’automobile fut happée, écrasée comme un vulgaire pot de yaourt et réduit en quelques secondes en un cube de ferraille d’un mètre de côté. C’était terminé, personne ne viendrait s’incliner sur la dépouille d’OMAR. Cette presse venait d’Italie, construite par la société PROJAC, un véritable bijou de technicité. Il était l’heure de se dire au-revoir, MALEK s’approcha, ZOHRA le fusilla de son GLOCK, aucun témoin. Ils reprirent la route de la boutique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’informe mes aimables et chers lecteurs que tous les patronymes arabes, juifs et autres qu’ils trouveront dans ce tome ont été choisis au hasard dans les listes de noms d’Internet. Tout homonyme ne serait que le fruit de pure coïncidence. AG

Références

Google, traductions

WIKIPEDIA, régiments d’artilleries du MAROC         

WIKIPEDIA, renseignements généraux au MAROC

WIKIPEDIA, les iles PURPURA

Wikipédia, la ville de DARKLA

Wikipédia, la mafia juive dans le monde

Wikipédia, lance grenades

Le Journal des femmes, cuisine israelienne

Wikipédia, coiffure israelite, kippa

Wikipédia, cuisine israelienne, böreks

Wikipédia, ville sainte de CHEFCHAOEUN

L’oued SOUSS Wikipédia

Sidi BOUKNADEL, Aujourd’hui

Armurerie Jean-Pierre FUSIL

 

www.ladépeche.fr, Fashion wee

Wikipédia Jubail

Vaporisateurs.cannabis.fr

Wikipédia, explosifs

www youtube.com<watch-presse à ferraille

 

 


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Comment Le Creusot, berceau industriel ravagé, a su rebondir,

**Gilets Jaunes** pourquoi le **bleu**Macron entre dans la zone rouge?

Le chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, pourrait avoir été tué par l'armée russe?