Face à la crise, les anciens piliers d'Airbus signent un retour en force au chevet de l'aéronautique

Face à la crise, les anciens piliers d'Airbus signent un retour en force au chevet de l'aéronautique

Pour aider la filière aéronautique à affronter la crise, plusieurs anciens piliers d'Airbus sous l'ère Enders-Brégier sont sortis de leur retraite, comme Tom Williams et Didier Evrard. L'ex-numéro deux d'Airbus Marwan Lahoud est aussi à la manœuvre.

Au premier plan, Didier Evrard et Tom Williams, lors de la présentation des résultats 2015 d'Airbus

Au premier plan, Didier Evrard et Tom Williams, lors de la présentation des résultats 2015 d'Airbus. Au second plan, Fabrice Brégier et John Leahy.

AIRBUS / P.MASCLET / MASTER FILMS

La "dream team" est de retour, ou du moins une partie. Face à la crise la plus violente de l'histoire de l'aéronautique, plusieurs piliers d'Airbus sous l'ère Enders-Brégier sont sortis de leur retraite pour aider l'industrie européenne à affronter le choc. Si le supervendeur John Leahy, l'homme aux 16.000 Airbus vendus, n'a pas prévu de rechausser les crampons, deux grands anciens de l'équipe de Fabrice Brégier reviennent aux affaires, moins de deux ans après leur départ en retraite. L'ex-directeur des programmes Didier Evrard a pris la tête de la task force créée par le GIFAS (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) pour identifier et épauler les PME les plus fragiles. Ce proche de Fabrice Brégier avait notamment géré avec succès le développement du long-courrier A350, après avoir fait de même sur le missile Scalp chez MBDA. A 66 ans, il est désormais l'homme-clé des Big Four (Airbus, Thales, Dassault, Safran) pour gérer la crise des sous-traitants français.

Outre-Manche, c'est un autre pilier de l'équipe Enders-Brégier qui a repris du service. L'Ecossais Tom Williams, 66 ans, ancien numéro deux d'Airbus Commercial, a quitté sa retraite pour un poste assez similaire à celui de Didier Evrard: limiter la casse chez les sous-traitants britanniques. Avec son accent écossais à couper au couteau et son humour pince sans rire, Williams, directeur des programmes puis patron des opérations d'Airbus, avait supervisé les programmes-clés de l'avionneur, de l'A380 à l'A350, en passant par les A320neo et A330neo. Piliers essentiels du groupe, Williams et Evrard avaient plusieurs fois retardé leur départ, avant de raccrocher les crampons, fin 2018. La retraite n'aura pas duré longtemps, pas plus que celle de l'allemand Bernhard Gerwert, ancien patron d'Airbus Defence & Space: moins de quatre ans après son départ, il reprend aussi du service pour épauler les fournisseurs aéronautiques allemands...

Fonds d'un milliard d'euros

Fini? Toujours pas. Un autre grand ancien d'Airbus est à la manœuvre pour sauver la filière aéronautique française: l'ancien directeur de la stratégie Marwan Lahoud, 54 ans. Ce pilier d'EADS, qu'il avait contribué à créer, puis d'Airbus, est désormais à la tête d'ACE Management, le gestionnaire qui avait déjà géré les fonds de soutien aéronautiques depuis 2004 (Aerofund 1, 2 et 3). Trois ans après son départ d'Airbus, qui avait sonné le début de la fin de la fameuse "dream team" de l'ère Enders-Brégier sur fond d'enquêtes sur soupçons de corruption, Marwan Lahoud travaille en coulisses sur un fonds d'investissement, d'un montant potentiel d'un milliard d'euros, qui fera partie du grand plan de soutien à l'aéronautique que doit annoncer Emmanuel Macron ces prochains jours.

Selon l'agence Reuters, ce fonds Aerofund 4 serait abondé à hauteur de 200 millions d'euros par les grands industriels (Airbus, Dassault, Thales, Safran). Tikehau/ACE Management apporterait 200 millions d'euros, et la banque publique Bpifrance 100 millions d'euros, le reste devant être levé sur les marchés. Le fonds permettrait de renforcer les fonds propres des sous-traitants, et de fusionner certaines PME du secteur pour les rendre plus solides. Seul hic: contrairement aux éditions précédentes d'Aerofund, qui avaient été confiées à ACE Management sans mise en concurrence, la gestion du futur fonds, pourrait, selon nos informations, être soumise à un appel d'offres. Ce schéma, s'il est validé par Bercy, risque de retarder la mise en place du fonds, alors même que la situation financière des sous-traitants aéronautiques se dégrade rapidement.

20.000 à 40.000 postes menacés

Pourquoi ce retour des grands anciens du secteur? "Il n'y a pas cinquante profils capables de gérer une task force dans le contexte actuel, assure un industriel, du secteur. En France, je ne vois que Didier Evrard, Fabrice Brégier ou l'ex-patron de Safran Jean-Paul Herteman." L'union sacrée des dirigeants actuels et des grands anciens ne sera, en tout cas, pas de trop. Les fournisseurs aéronautiques, dont beaucoup souffraient déjà de la crise du Boeing 737 MAX, ont dû encaisser la baisse d'un tiers des cadences de livraisons d'Airbus liée au contexte du Covid-19. Selon Alain Di Crescenzo, président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Occitanie, les suppressions de postes pourraient atteindre 20.000 à 40.000 emplois directs dans la sous-traitance aéronautique.


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