Le gouvernement souhaite bloquer l’arrivée de salariés polonais de PSA
Le gouvernement souhaite bloquer l’arrivée de salariés polonais de PSA
Le constructeur automobile fait venir 531 salariés de son usine polonaise à Hordain, dans le Nord.
Le gouvernement n’a pas tardé à monter au créneau. Vendredi 12 juin au soir, le ministère du travail a demandé au groupe automobile PSA de renoncer à son projet de faire venir des ouvriers polonais pour renforcer ses équipes du site d’Hordain (Nord), et de privilégier l’embauche d’intérimaires.
Jeudi, lors de son comité social et économique, le constructeur a annoncé l’arrivée d’un « premier contingent » de 120 Polonais de l’usine de Gliwice (sud du pays) – produisant des Opel Astra –, puis de 150 autres la semaine suivante pour une mission de trois mois. D’autres salariés pourraient ensuite les rejoindre. En tout, quelque 531 employés polonais du groupe viendraient rejoindre le site français afin de monter une troisième équipe de production dans l’usine, et ainsi résorber les quelque 30 000 commandes accumulées de véhicules utilitaires.
Un affront pour les syndicats
Ces salariés en sous-activité dans leur pays seront logés par l’entreprise dans la région et payés selon la convention collective française du secteur. Pour les syndicats, et notamment la CGT qui s’est opposée à cette mesure, c’est un affront. Dans le même temps, quelque 370 intérimaires travaillant pour l’entreprise au lion ont perdu leur emploi. De plus, assure le syndicat, ces salariés européens devraient disposer des mêmes avantages que les employés français de PSA, dont la convention collective est plus protectrice que la convention collective française.
Les ministres du travail et de l’économie, « Muriel Pénicaud et Bruno Le Maire, ont demandé à PSA de renoncer à cette opération et d’embaucher en priorité les intérimaires », assure-t-on à Bercy. « Dans la situation actuelle, les entreprises doivent tout faire pour protéger l’emploi en France. »
Si les prêts de salariés entre sites français sont assez habituels pour faire face aux pics d’activité de certaines usines et de sous-activité d’autres, les prêts entre usines européennes sont bien plus rares. Pour la direction du constructeur automobile, la « crise économique brutale » générée par l’épidémie due au coronavirus « nécessite de réagir avec agilité et efficience, afin d’assurer la pérennité du groupe PSA », a-t-elle confié à l’AFP. « La responsabilité de la direction de l’entreprise est de trouver des solutions pour donner de l’activité aux salariés du groupe », et « les mobilités temporaires entre sites s’inscrivent dans la logique de solidarité industrielle pour des salariés », a-t-elle expliqué. « Cela répond à une logique économique, mais une entreprise a aussi une responsabilité sociale dans son pays. A ce titre, cela paraît peu raisonnable », juge Franck Don, de la CFTC.
Commentaires