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Dans la Drôme, la Ferme du faucon vend sa récolte de cannabis non psychotrope

 

Dans la Drôme, la Ferme du faucon vend sa récolte de cannabis non psychotrope

Installés près de Crest, Nathalie Pibonson et son fils Marius misent sur une évolution favorable de la législation, qui permettrait le développement d’une culture de CBD « made in France ».

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Publié aujourd’hui à 02h24, mis à jour à 04h58 

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Nathalie Pibonson et son fils Marius cultivent du chanvre CBD, à la Ferme du faucon, dans la Drôme.

Sur le marché de Crest, dans la vallée de la Drôme, le stand de la Ferme du faucon intrigue avec ses huiles, ses baumes et ses sachets de fleurs de chanvre. Face aux regards surpris ou hésitants des passants, Nathalie Pibonson « s’amuse bien ». A part quelques habitués, beaucoup découvrent ici son CBD – un cannabis riche en cannabidiol, mais dépourvu de sa principale molécule psychoactive, le THC.

Depuis deux ans, les boutiques de chanvre CBD ont fleuri partout en France, vendant uniquement des produits synthétiques ou issus de plantes importées de l’étranger. Cette ferme est l’une des rares en France à vendre sa propre récolte : cultivé en bio, son chanvre pousse à 700 mètres d’altitude, dans les douces montagnes de Drôme provençale.

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Après avoir fait des fromages de chèvres pendant vingt ans, Nathalie Pibonson s’est reconvertie en 2016, à la suite de la mort de son compagnon. Cet été, avec son fils Marius, elle a mis en terre quelque 1 800 plants. « On y va au culot, pour faire avancer la machine », lance-t-elle, consciente des risques liés à cette production, qui baigne en plein flou juridique.

« Qualité et traçabilité »

Car si la variété cultivée sur ses terres est bien légale, il est en revanche interdit d’en récolter la fleur. Depuis un arrêté de 1990, seules la tige et la graine du chanvre peuvent être valorisées en France. La molécule CBD, elle, est uniquement autorisée sous forme synthétique. Pourtant, en droit européen, le CBD n’est pas classé comme stupéfiant, et la fleur de chanvre peut être librement commercialisée, à condition de ne pas dépasser 0,2 % de THC.

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Depuis peu, l’évolution de la législation s’accélère. Le 19 novembre, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a tranché dans l’affaire Kanavape, une entreprise française vendant du liquide pour cigarette électronique contenant du CBD issu de la fleur. Selon son arrêt, la France ne peut interdire la commercialisation du CBD naturel, au nom de la libre circulation des biens, et parce qu’elle n’a pas démontré ses effets nocifs sur la santé

« C’est aberrant : on va développer une économie autour de l’import, en privant nos agriculteurs de ce marché », juge le député LRM Jean-Baptiste Moreau

Pour autant, la situation n’est pas entièrement démêlée pour les agriculteurs : on peut certes importer du CBD, mais rien ne dit qu’on puisse le récolter en France. « C’est aberrant : on va développer une économie autour de l’import, en privant nos agriculteurs de ce marché, et en se privant d’une production française qui assurerait qualité et traçabilité », juge Jean-Baptiste Moreau, député LRM et rapporteur de la mission d’information sur la réglementation du cannabis. Pour lui, l’arrêt de la CJUE doit faire bouger les lignes. Une réflexion est d’ailleurs en cours à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les addictions (Mildeca) pour adapter le droit français.

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