Partir, nouvelle d'Ali GADARI tirée de: chroniques de mon village et d'ailleurs
Publié le 30 décembre 2020
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Jean Jacques Paul CoudiereLe statut est en ligne
Jean Jacques Paul Coudiere
Le trublion de l'écriture
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Il faut partir, l’éternité n’est faite que pour Dieu, personne ne connaît l’horaire du train, ni la gare d’embarquement ! Partir dans le silence de la nuit où l’esprit se perd pour rejoindre l’incertitude de sa destination.
Partir et pourtant, sa main dans la mienne cherche vainement à me retenir, ses lèvres sur ma joue murmurent encore des mots d’amour, ceux que nous avons ensemble murmurés ou criés toute notre vie, cet amour qui nous a uni durant tant d’années à travers les difficultés et les tourmentes, celles qui nous ont blessées sans laisser de traces sensibles. Que vais-je trouver au fond de ma fosse recouverte de cette terre fertile, serais-je déjà parmi les élus ou sur le chemin de l’enfer ?
Curieusement, à ce moment ultime l’on se remémore les étapes de sa vie, la rencontre de la femme qui m’a faite de si beaux enfants, celle qui m’a donné tant de bonheur par ses caresses, celle qui chaque jour n’avait jamais fini de m’émerveiller par la profondeur de son regard aux pupilles vertes rehaussées par de longs cheveux auburn.
Toute une vie, une longue vie qui s’achève sur un souffle tranquille, Que de choses avons-nous vécues souvent insignifiantes mais tellement importantes sur le moment, l’achat de meubles, de vêtements, du choix de l’école pour les enfants. Rien en fait ou pas grand-chose en dehors de cet amour qui nous a fait, construit jour après jour sur une rencontre d’un jour, d’un amour fou désireux de ne jamais s’éteindre, de coller nos lèvres sur nos lèvres et de laisser passer le temps. Sur nos désirs impérieux, ceux de la jeunesse mais aussi tous aussi impérieux quand la moisson fut venue de ne pas laisser échapper le temps.
Sa main se faisait plus forte, me faisant presque mal, les larmes de ses yeux verts mouillaient mes joues qu’elle essuyait tendrement de son mouchoir parfumé. Il faut partir, le train était en gare, alors je me laissais guider les yeux fermés vers l’inconnu.
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