Nager en eau trouble






Nager en eau trouble


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Tiré de la série NOUAR la liquidatrice de Paul Edouard GOETTMANN

           Après soixante ans de bons et loyaux services, le barrage de Bin El Ouidane, rend toujours les meilleurs services, construit par des entreprises françaises de pointe pour alimenter en eau la plaine de Bin Moussa, ainsi que tous les villages en aval a été mit en service en mille neuf cent cinquante trois. Le barrage alimente les deux tiers du Maroc en énergie électrique, produisant six cent milliards de kilowatts/heure, irrigue cent douze mille hectares. Il était à l’époque de sa construction le plus grand barrage de toute l’Afrique ! Les dimensions du barrage sont éloquentes, deux cent quatre vingt dix mètres de longueur, cent trente deux mètres de hauteur ? Ainsi s’exprimait le colonel Said Kmédane devant Nour lui laissant entrevoir tout l’intérêt stratégique du Bin el Ouidane pour le Maroc. Si les divers entretiens étaient du ressort de l’entreprise gestionnaire du barrage et des autres ouvrages, leur sécurité en revenait à l’Etat chérifien, plus particulièrement au SIA ! Les terroristes visaient en premiers lieux les lieux stratégiques de l’Etat chérifien. Le barrage en voûte de Bin El Ouidane avait un volume béton de trois cent soixante cinq mille mètres cubes. Le colonel continua en mettant l’accent sur les contrôles exercés sur le barrage, un large suivi de son fonctionnement et de ses équipements avec une instrumentation spécifique et hautement technique permettait d’ausculter le barrage dans des périodes clairement respectée. De plus le lac était vidangé lui aussi à des périodes spécifiques à des dates non communiquée pour raisons de sécurités. Voilà claironna le colonel, vous avez compris lieutenant ! Le lac sera vidangé dans trente jours, Inch Allah !
           Ce colloque à destination de Nour n’était pas sans importance, des services de police avaient signalé au Ministère de l’Intérieur du Royaume, la possibilité d’une attaque par une équipe de jeunes salafistes extrémistes de la région de Tétouan entraînés en Lybie sur une dénonciation d’un équipier à la solde de la SIA.
Nour équipée d’un deltaplane survola sans bruit le lac, comme le vol de l’aigle le barrage et les villages en aval. Un appareil caméra photos sophistiqué, enregistrait avec une extrême précision les lieux survolés, la courbure exacte du barrage, ses points d’ancrages. Si le colonel Said Kmédane l’avait convoquée, c’était pour l’informer des dangers d’agression toujours possibles en cas de vidange du lac ! Atterrissant dans la prairie le long de la route bordant le lac, elle plia tranquillement son appareil de vol, le rangea dans de grands sacs adaptés. Son Duster lui offrit un refuge pour son matériel, elle mit en route pour évacuer les lieux.
L’appareil de prises de vue remis au laboratoire de la SIA, tous les films seront décortiqués au millimètre près. D’abord, en cas de destruction du barrage, il y aurait des milliers de morts d ans la vallée, deux endroits avaient été repérés pour poser les charges explosives sur l’ancrage gauche du barrage, point C, l’eau prendrait de la hauteur du fait de la conformation du terrain elle occasionnerait plus de destructions et dans l’axe de la voûte, point B.
Nour passa au laboratoire de la SIA, il lui fallait un matériel spécifique pour le travail qu’elle allait effectuée. Les scientifiques et techniciens de cette section particulière avaient conçu un pistolet à compression fonctionnant également sous l’eau. Dérivé du pistolet Perfecta S3, il projetait des flèches de 4,5 millimètres jusqu’à dix mètres avec une puissance de cent mètres seconde. La longueur originellement conçue par Perfecta avait été réduite pour rendre plus de services aux membres du SIA à quinze centimètres. Pistolet aquatique de défenses des plongeurs de la SIA, il s’armait par son canon à bascule. Il pouvait s’adapter à l’extérieur dans des combats très rapprochés, les agents de la SIA avaient surnommés ce pistolet, ** Nacira** , la victorieuse. Nour avait suivi tous les stages des commandos de marines, ce qu’elle allait entreprendre était dans son éducation militaire. Elle se munit également d’un appareil respiratoire fermé avec des recycleurs pour une autonomie de trois heures, Elle amènerait également un système de navigation amagnétique, (1), d’une boussole et d’un profondimètre. Nour refit un vol en deltaplane, les conclusions s’assemblèrent !
A quelques kilomètres en amont du barrage, elle gara son Duster à côté de la route, Mohamed resterait à l’écoute, elle s’équipe de sa combinaison de plongée, les deux bouteilles sur les épaules le système de navigation scotché sur le bras gauche de sa combinaison, elle entra doucement dans l’eau, sur le bord elle termina par la fix           ation des palmes, quelques bulles indiquèrent qu’elle avait plongée, elle n’avait pas manqué de noter dans sa mémoire la position de son Duster et celle du barrage, au point d’ancrage A, à droite de la montagne.
Nour laissait derrière elle une traînée blanche. Déjà une heure trente qu’elle circulait sous l’eau le long de la paroi en béton du Bin El Ouidane,.
           Elle était arrivée au point B, à la verticale de la voute, Nour avait encore de l’oxygène pour une heure elle devait faire demi tour, elle aperçu une forme au dessus d’elle, Nour l’a vit s’approcher rapidement un long couteau sorti de sa ceinture à la main, la réaction de Nour fut instantanée, défense programmée et instinctive des SIA, avec Nacira son pistolet à flèches de tout petit calibre, le nageur fut touché au ventre une autre flèche l’atteignit au visage ! Nour lui ôta le masque et les bouteilles qui sombrèrent au fond de l’eau. Un appareil photo aquatique, autre trouvaille de l’équipe technologique de la SIA, prit le visage de la victime de face, de côté. Nour remonta à la surface, elle fit rapidement la longueur du bassin, elle nagea jusqu’à la position de Mohamed et de la Logan. A Ouanizerth, la SIA avait retenu un gite, ils se reposèrent la nuit après avoir informé le colonel.
           A Casablanca, le colonel les informa que les photos n’avaient rien données, l’homme était inconnu des services. Qui était derrière cette affaire qui démarrait, Al Quaida, le Front Polisario depuis quelques temps très, trop proche d’Al Quaida, des Mouvements de libération de l’Afrique comme l’Azawad du Mali, proche du territoire marocain ou encore des jeunes des bidonvilles formés en Lybie ? L’informateur était précis c’était des extrémistes salafistes ! Le colonel était inquiet, l’immensité du lac produit par le barrage serait difficile à contrôler. La photo restait muette devant tous les examens. Qui était ce kamikaze ?
           Revenus à Ouanizerth, ils se réinstallèrent dans le gîte retenu par la SIA. Ils louèrent un zodiac comme de simples touristes, ils sillonnèrent la journée entière une grande partie du lac. Des jumelles minuscules adaptées à leurs lunettes de soleil, autre trouvaille du service technologique du SIA, leurs permettaient de visionner grandement l’entourage. Le lendemain, Mohamed se transformerait en pêcheur, le lac était réputé par les prises de carpes de plus de trente kilogs, importées depuis les années mille neuf cent quatre vingt dix de Roumanie. Nour mettrait sa peau au soleil dans la prairie à proximité du barrage. Au soleil couchant elle décida de rentrer à Ouanizerth, près de la Logan, elle fut violemment agressée, les cheveux tirés par l’arrière, une main serrant sa gorge, une jambe de l’agresseur serrant l’une de ses cuisse, erreur de sa part, elle dégagea sa cuisse par un coup de talon sur le pied de l’agresseur, puis elle prit sa tête, la renversa, c’était fini. Le système de ses lunettes de soleil permit de faire des clichés vite faits. Elle eu peur que Mohamed ai subit le même sort ? Elle se dépêcha de rentrer à Ouanizerth, Mohamed avait subi lui aussi une agression qui s’était mal terminée pour l’attaquant. Il pêchait sur son zodiac lorsqu’un nageur s’accrocha au bord du zodiac en voulant le renverser, Mohamed l’envoya en enfer avec Nacira . Ils avaient été repérés, le colonel en fut immédiatement informé, il s’occupa des problèmes de l’assaillant de Nour resté à terre avec la police. Le groupe concerné était bien informé de tous les déplacements de Nour et Mohamed.
A Casablanca Nour remis les photos prises de son agresseur aux services techniques. Une nouvelle fois, c’était un inconnu des services, la tache semblait de plus en plus compliquée ! Pourtant ils avaient été repérés, quel ou quels étaient leurs informateurs, à quels titres ? Un autre membre des SIA fut envoyé à Ouanizerth tester l’environnement, n’avoir aucun contact avec Nour et Mohamed, de faire une enquête approfondie sur le gérant de l’établissement où Nour et Mohamed étaient descendus !
Il fallait continuer de surveiller les abords du barrage, les canoés, les kayaks, les deltaplanes, tout ce qui circulait sur ses eaux et au dessus, les pêcheurs, les baigneurs! Le SIA se devait d’être présent, plusieurs agents furent dépêchés sur place à différents endroits, à différents hôtels. Personne ne se connaissait ! Mohamed pensait que de si importantes informations sur leur compte ne pouvaient venir de nulle part. Le douar surplombant Ouanizerth était un excellent poste d’observations, les extrémistes salafistes devaient être équipés eux aussi de matériels sophistiqués fournis par la Lybie.
Les investigations avaient donné quelques résultats, sur une idée de Nour, les mosqués et les fidèles furent mis à contribution sur tout le territoire. Le visage de l’agresseur de Nour au bain de soleil aurait été repéré à Tétouan à une mosquée salafiste, de où était prêchée encore malgré le pardon du roi, une religion de combat contre les étrangers et les non musulmans. Ces interventions bien que religieuses pouvaient inciter un certain nombre de jeunes des quartiers délaissés à s’appuyer sur leurs déclarations pour agir brutalement à l’encontre des théories de l’Islam admises au Maroc et conduites par le Roi Mohamed VI, commandeur des croyants ! Cet homme se faisait appelé Nourade El Kacem originaire d’Oujda, il n’avait jamais fait parler de lui avant l’attaque perpétrée contre Nour !
Nour était persuadée qu’il fallait chercher autour de Nourade les éléments concordants à Tétouan et à Oujda, sa famille, ses amis, même de longue date. Le colonel Said Kmédane pris la décision d’accepter la proposition de Nour, quatre agents de la SIA prirent la direction de Tétouan, de Nador d’Oujda passer au peigne fin la vie de Nourade.
Le lac avait été mis en vidange, de grosses vannes commandaient des ouvertures pour chasser les boues accumulées depuis des mois, d’autres faisaient baisser le niveau de l’eau et la pression sur l’ouvrage en béton. Les membres du SIA toujours sur place, scrutaient toutes interventions intempestives.
           Mohamed et Nour se rendirent au douar surplombant Ouanizerth équipés de pistolet Beretta dans la poche intérieure ainsi que Nacira, silencieux, facile à mettre dans les poches de pantalon. Un tout petit café avec une avancé e en toile de tente, proposait des grillades. Mohamed et Nour s’assirent devant un jus d’orange, commandèrent un plat de saucisses de bibi, (2) grillées. De là ils pouvaient inspecter une très grande partie du lac avec une vue imprenable du barrage. Ils n’avaient pas fini de manger que deux individus en moto passaient et repassaient devant l’établissement, au quatrième passage, sans se concerter Nour et Mohamed se jetèrent à terre, bien leur en a pris, les tueurs en moto lâchèrent des rafales de mitraillettes saccageant la devanture dans leur direction avant de s’enfuir. Les SIA avaient échappés à la mort grâce à leur présence d’esprit. Casqués ils étaient restés invisibles, leurs visages masqués par les visières du casque. Le gérant du café leur dit qu’il existait une ferme plus haute sur la montagne avec un seul chemin d’accès. C’était là leur refuge ! Il faudra y monter de nuit sans bruit ! Ils se réfugièrent sur le versant en face d’Ouanizerth. Deux heures du matin, Mohamed et Nour avaient monté leurs deltaplanes tirés de grands sacs de toile, ils s’élancèrent dans le vide, conduits par les vents ils s’élevèrent au dessus du lac. La lune éclairait parfaitement la montagne, Mohamed aperçu la ferme au dessus du douar, il donna un coup de barre à gauche, imitée par Nour, le deltaplane docilement obliqua soulevé par le vent, ils volèrent à cinquante mètres plus hauts que la ferme qui effectivement n’avait qu’un seul chemin d’accès. Tout doucement, ils atterrirent sur une surface plane à environ trois cent mètres de la ferme. Ils laissèrent leurs deltaplanes dans l’état, ils en auraient besoin pour le retour. Chaussés de basket, silencieusement ils s’approchèrent du bâtiment concerné, devant la clôture la moto était posée.
Nour entrera par la porte, Mohamed par l’une des fenêtres à l’arrière du bâtiment. A l’aide de leur montre micro, ils se donnèrent le top d’intervention. Les terroristes n’eurent pas le temps de réagirent, ne s’attendant pas à une attaque ciblée de nuit, les Beretta aux poings, Nour et Mohamed les abattirent encore titubants de sommeil. Cinq terroristes avaient été envoyés à terre. Le champ était libre après inspection minutieuse des locaux. Malgré l’heure tardive, le colonel fut avisé ! Nour et Mohamed trouvèrent des lunettes de visée extrêmement sophistiquées provenant de l’armée libyenne, des armes, des explosifs, preuve indiscutable de leur volonté de nuire sur le barrage de Bin El Ouidane.
Comme d’habitude, il ne devait rien rester, tout devait disparaître, les motos furent rentrées à l’intérieur. Les explosifs furent disposés de telles façons qu’il ne reste rien mais que cela se fasse rapidement.
Nour et Mohamed se rapprochèrent avec leurs deltaplanes du vide, Mohamed sera chargé de tout faire sauter avant de s’envoler vers le lieu d’atterrissage choisi pour sa tranquillité. Une explosion gigantesque secoua la montagne, le douar et Ouanizerth. Deux anges planaient au dessus du lac. Opération réussie, le colonel en fut immédiatement informé.
La dizaine de spécialistes de la SIA restaient sur place, la protection de Bin El Ouidane était essentielle !
Amagnétique- qui n’est pas magnétique
Bibi – dénomination commune au Maroc de la dinde, brochettes de bibi, jambon de bibi, etc

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