Charles TRENET, LE FOU CHANTANT






Charles TRENET, LE FOU CHANTANT
                                           Proposé par Ali GADARI




Charles Trenet, né le  à Narbonne et mort le  à Créteil, est un auteur-compositeur-interprète français.
Surnommé « le Fou chantant », il est l'auteur de près de mille chansons à l'inspiration souvent poétique, dont certaines, comme La MerY'a d'la joieL'Âme des poètes, ou encore Douce France, demeurent des succès populaires intemporels, au-delà même de la francophonie.

Biographie

Enfance

Maison natale de Charles Trenet, à Narbonne, aujourd'hui ouverte aux visiteurs.
Charles Trenet naît en 1913 à Narbonne, trois ans après son frère Antoine, dans la maison de ses parents (Lucien Trenet et Marie-Louise Caussat) au 2 rue Anatole-France (à l'époque) – maison devenue aujourd'hui le musée Charles Trenet, au 13, avenue Charles-Trenet. Son père est mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, mais sa famille garde le niveau de vie de la bourgeoisie de province grâce à son grand-père maternel Auguste, marchand de bois qui s'est opportunément reconverti en tonnelier et fournit en vin les soldats en guerre.
En 1920, ses parents divorcent. Charles partage alors son enfance entre Narbonne où réside sa mère, et Saint-Chinian où habite son père, Lucien, notaire et violoniste amateur. Plus tard, Trenet évoquera sa vision de la féminité à Narbonne comme celle de la masculinité pour Perpignan. Il développe sa sensibilité à la musique et au rythme grâce à sa mère, qui joue au piano le morceau Hindustan et écoute sur le phonographe familial des standards de jazz de George Gershwin, et aussi grâce à son père qui a découvert ces rythmes par les soldats américains pendant la guerre de 14-18.
Charles et son frère Antoine sont placés chez les Pères de la Trinité, un collège religieux à Béziers« L'école était libre mais pas moi » confie-t-il plus tard. Il garde de ses années de pensionnat le souvenir douloureux de l'absence maternelle, thème récurrent dans son œuvre (Le Petit Pensionnaire, L'Abbé à l'harmonium, Vrai vrai vrai…).
Trenet découvre le théâtre, la poésie et le sens du canular grâce à Albert Bausil, poète de Perpignan, ami de son père qui y a acheté une étude de notaire en 1922, et de son journal hebdomadaire Le Coq catalan, dont le titre est déjà un calembour (coq à talent). Dès l'âge de treize ans, il y publie des poèmes sous le pseudonyme de « Charles » ou « Jacques Blondeau », et joue dans différentes pièces. Pendant deux ans, il dévore les ouvrages de poésie de la bibliothèque de Bausil, développant sa culture littéraire. Période joyeuse faite de complicité intellectuelle où Bausil l'initie aux jeux de mots mais aussi probablement aux jeux sexuels5.
En 1928, après avoir été renvoyé du lycée à la suite d'une injure envers le surveillant général, Trenet quitte Perpignan pour Berlin, où vivent sa mère Marie-Louise et son second mari, le réalisateur Benno Vigny, tandis que son père se remarie avec une certaine Françoise. Pendant dix mois, il fréquente une école d'art et rencontre des célébrités allemandes, amies de son beau-père, comme Kurt Weill ou Fritz Lang, et voyage également à Vienne et Prague aux côtés de sa mère6. À seize ans, à son retour en France, il se rapproche du poète Albert Bausil. Il se destine à la peinture – son premier vernissage a eu lieu en 1927 –, prépare un roman, Dodo Manières, qui sera publié en 1939, et s'identifie totalement au monde des arts3

Charles et Johnny

Inscription sur le mur d'une maison de Narbonne, proche de la cathédrale Saint-Just. Sa ville natale rend hommage à Charles Trenet en retranscrivant une chanson interprétée en 1951, L'Âme des poètes. D'autres murs de la ville célèbrent également le Fou chantant, dont un portrait quai de Lorraine.
Au début des années 1930, il quitte Narbonne pour Paris dans le but de poursuivre dans le journalisme, tout en ayant convaincu son père qu'il y étudie à l'école des arts décoratifs le dessin et l'architecture, comme son grand-père architecte. Pour gagner sa vie à son arrivée à Paris, il réussit à travailler dans les studios de cinéma Pathé, en tant qu'accessoiriste : il est chargé de faire les « claquettes » annonçant le début d'une scène. Il se mêle au groupe d'artistes de Montparnasse. Il rencontre Antonin ArtaudJean Cocteau et Max Jacob, auxquels il confie ses envies littéraires, et qui le surnomment le « téméraire ». Il compose ses premières chansons pour le film Bariole de son beau-père Benno Vigny. S'inspirant de Pills et TabetGilles et Julien8, il forme en 1933 le duo « Charles et Johnny » avec son ami le pianiste suisse Johnny Hess, rencontré en 1932 au College Inn, un club de jazz. Les deux compères, familiers du cabaret Le Bœuf sur le toit, y rencontrent souvent le chanteur Jean Sablon, auquel ils confient l'interprétation de la chanson qu'ils composent l'espace d'un soir, Vous qui passez sans me voir, (musique de Paul Misraki) et qui devient bientôt un succès planétaire. Joséphine Baker leur met le pied à l'étrier en convainquant Henri Varna de les prendre sous contrat au Palace. Adeptes du style « fleur bleue », ils chantent également au cabaret Le Fiacre jusqu'en 1936.

Des débuts en solo éclatants

Le service militaire met fin au duo : en octobre 1936, Trenet est appelé sous les drapeaux à la base d'Istres. Il participe à quelques galas en solo, dont l'un à Marseille au cabaret du Grand Hôtel Noailles, à l'occasion duquel il est surnommé le « Fou chantant ». C'est à ce moment de sa carrière qu'il compose et écrit ses chansons les plus célèbres : Y'a d'la joieJe chante, Fleur bleue. Ces chansons sont – dans un premier temps – confiées à d'autres interprètes : Y'a d'la joie est d'abord chantée par Maurice Chevalier au Casino de Paris, dans la revue Paris en joie, pour l'Exposition internationale de février 1937, puis dans le film L'Homme du jour, de Julien Duvivier. La Valse à tout le monde est interprétée par Fréhel, et Quel beau dimanche par Lys Gauty. Isolé et éloigné de Paris, Charles Trenet parvient à se faire muter à la base de Vélizy dans les Yvelines.
Libéré du service militaire en décembre 1937, il commence véritablement sa carrière en solo par une première séance d'enregistrement chez Columbia : Je chante et Fleur bleue. En janvier 1938, Trenet grave Y'a d'la joie et se réapproprie « son » œuvre par la même occasion. En mars 1938, grâce à l’imprésario Audiffred, vient son premier grand triomphe sur la scène d'un music-hall, à l'A.B.C.. Il chante également au micro de Radio Cité, notamment le titre Boum !, pour lequel il reçoit sa première consécration : le grand prix du disque.
En 1938, il tourne en vedette dans les films La Route enchantée et Je chante.
N'aimant pas son visage poupin, il se crêpe les cheveux, visse sur sa tête un chapeau de feutre mou rabattu en arrière, s'habille avec un complet-veston bleu et plante un œillet rouge à sa boutonnière : le « Fou chantant » entame dès lors une longue tournée internationale qui le conduit en Angleterre, en Espagne, en Italie, au Maroc, en Grèce, en Turquie et en Égypte.

La guerre

La Seconde Guerre mondiale éclate et Trenet est mobilisé. Les journaux annoncent même officiellement sa mort ! Il donne une entrevue, en août 1940 au quotidien L'Éclaireur de Nice, dans laquelle il déclare : « C'est la troisième fois qu'on me tue. Je n'arrive pas à comprendre les raisons pour lesquelles on veut me trucider par persuasion. »
Pendant l'occupation, Trenet se consacre essentiellement au cinéma et joue dans six films dont Je chante, Romance de Paris et Adieu Léonard. Écrit par Jacques Prévert en collaboration avec son frère Pierre et réalisé par ce dernier, Adieu Léonard est le seul de ces films à rester dans la mémoire des cinéphiles. Sa carrière cinématographique prend fin avec la guerre.
À partir de 1941, il chante à Paris aux Folies Bergère, où il interprète des chansons telles qu'Espoir – « Tous les jours noirs ont leurs lendemains » – et Douce France, dont la salle reprend le refrain comme un hymne de la résistance, la chanson étant un soutien moral aux « expatriés de force » et non un acte de collaboration3. Trenet dénonce son contrat au bout de quatre jours, lorsqu'il découvre dans le public la présence de soldats allemands.
En 1944, il est dénoncé dans le journal Je suis partout pour sa ressemblance avec « le juif Harpo Marx » ou dans le journal Le Réveil du peuple, au motif que Trenet est une anagramme de Netter, « nom spécifiquement juif ». En fuyant la Gestapo, il est blessé par des agents d'une balle dans la jambe. Hospitalisé, il doit retourner chez sa mère pour trouver les papiers qui prouvent sa « non-judéité » sur quatre générations, réfutant ainsi ces assertions, ce qui lui vaut de ne plus être inquiété par la Gestapo.
À la Libération, la commission d'épuration le critique, notamment pour avoir composé des hymnes pour le régime de Vichy et chanté un concert en Allemagne (sur les trois de prévus) avec Tino Rossi. Il est condamné à 8 mois d'inactivité, ramenés à 3 mois et préfère partir pour l'Amérique.
Trenet évoque cette période de l'Occupation dans deux chansons, Jeunesse plumée, écrite en 1962 et Nous, on rêvait, écrite en 1992. Il admet que cette sombre période a tari son inspiration : selon lui, ses œuvres postérieures à la guerre n'ont plus la fraîcheur et l'insouciance de ses premiers refrains.

L'Amérique

Charles Trenet donnant un spectacle accompagné de quelques musiciens lors d'un rodéo présenté au stade Delorimier à Montréal, au Québec, 24 juillet 1946.
En 1945, Trenet part pour une tournée au Québec puis à New York, où il connaît un assez grand succès. Il va ainsi parcourir pendant près de deux ans le continent américain, du Brésil au Canada. Ce voyage au Canada lui inspire plusieurs chansons, notamment Dans les pharmacieset Dans les rues de Québec. Jusqu'en 1954, il parcourt le monde de concert en concert, sans s'arrêter d'écrire et de composer.

Retour en France

En 1954, Trenet rentre à Paris où le public ne l'a pas oublié. Ses nouveaux succès comme La Mer – écrite dans le train entre Perpignan et Montpellier – ou Nationale 7 confortent sa notoriété. D'autres grandes chansons datent des années 1950 : La Folle Complainte – bien que d'un aspect extravagant, l'une de ses œuvres parmi les plus riches –, Moi, j'aime le music-hall et L'Âme des poètes.
Au début des années 1960, avec la vague yéyé, Charles Trenet se fait plus rare sur scène. Ces années sont pour lui l'occasion de se consacrer à la peinture et l'écriture. Il publie le roman Un Noir éblouissant (chez Grasset).
En 1968, Trenet a cinquante-cinq ans et trente années de carrière, qu'il envisage de fêter sur la scène de Bobino, mais les événements de mai 68 le font renoncer, et c'est au Don Camilo qu'il effectue une rentrée discrète. Son grand retour se fait l'année suivante au Théâtre de la Ville.

Second retour et premiers adieux

Buste Charles Trenet - Maison natale Charles Trenet, Narbonne.
Il reprend la route des studios et de la scène en 1971 pour faire ses adieux à l'Olympia en 1975. Il a alors soixante-deux ans. Affecté par la mort de sa mère en 1979, il s'enferme dans le silence et retourne dans sa propriété du sud de la France.
Le producteur québécois Gilbert Rozon, qui admire Trenet, se met alors en tête de relancer sa carrière, et finit par le convaincre. Charles Trenet revient à la scène en 1983 à l'occasion du festival Juste pour rire de Montréal. Il ne la quittera plus. Au passage, il accepte d'être le président d'honneur de la première cérémonie des Victoires de la musique en 1985. En 1987, âgé de soixante-quatorze ans, il obtient un grand succès au Printemps de Bourges, où Jacques Higelin, inconditionnel des chansons de Trenet, l'a déjà présenté – voire imposé – lors du premier festival, à l'époque résolument rock, en 1977.
Les années passent, mais « le Fou chantant » reste indémodable et inépuisable. Il fête ses quatre-vingts ans sur scène à l'Opéra Bastille en mai 1993 devant de nombreux admirateurs, dont le président de la République française François Mitterrand. En 1999, il est fait membre de l'Académie des beaux-arts après avoir été refusé à l'Académie française en 19837. Il enregistre sa dernière chanson Les poètes descendent dans la rue en studio, le 5 mars 1999, avec des musiciens de l'Orchestre philharmonique de Radio France, à l'occasion de la première édition du Printemps des Poètes. Son dernier concert a lieu, en novembre 1999, salle Pleyel à Paris, où il donne trois récitals, chantant assis.

Décès

Tombe de Charles Trenet au cimetière de l'Ouest de Narbonne.
Fatigué, Charles Trenet se retire chez lui, où deux accidents cardio-vasculaires successifs l'épuisent. Transporté à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, il meurt le 19 février 2001, à l'âge de quatre-vingt-sept ans.
Son corps est incinéré et ses cendres sont déposées au cimetière de l'ouest de Narbonne, dans le caveau familial en simple ciment.

Contestation de l'héritage

Il a légué quelques années plus tôt la totalité de son patrimoine à Georges El Assidi, qui fut son secrétaire particulier pendant près de vingt ans. Selon Lucienne Trenet (demi-sœur de Charles), et Wulfran Trenet (fils de Claude et neveu de Charles), Georges El Assidi aurait dilapidé l'héritage, et ils contestent en 2008 le testament signé du 28 décembre 1999 en assignant ce dernier pour « abus de faiblesse, extorsion, violence et homicide volontaires ». L'affaire aboutit à un non-lieu.
Un second procès en appel se tient à partir du 31 janvier 2013. La cour d'appel rejette la demande d'annulation du testament le 6 mars 2013.

Vie privée

Charles Trenet, qui fréquentait beaucoup avant-guerre les grandes figures du milieu homosexuel de Montparnasse (CocteauMax Jacob) n'a cependant jamais parlé publiquement de sa vie privée, à l'exception d'une « aventure pendant la guerre, avec une jeune femme qui s'appelait Monique Pointier », mais cette relation est rompue car la mère de Charles, Marie-Louise Caussat, ne la supporte pas et laisse entendre qu'elle ne peut pas avoir d'enfant.

Affaires judiciaires

  • Nota : cette section est (notamment) réalisée à partir de la source Les années 1960 : Tempéramentale. Au début des années 1960, Trenet est en procès contre Claude François et Charlie Chaplin, qu'il accuse de plagiats. Les deux se règleront à l'amiable.
Conséquence d'une plainte anonyme, le 13 juillet 1963, le chanteur, qui séjourne alors dans sa propriété « Le Domaine des Esprits », proche d'Aix-en-Provence, est appréhendé en compagnie de quatre jeunes hommes dont deux de vingt ans et inculpé d'outrages à la pudeur et attentats aux mœurs. Mis sous mandat de dépôt, il est écroué à la prison d'Aix. Son ex-cuisinier, chauffeur et secrétaire, qui l'accuse de l'avoir contraint à recruter de jeunes personnes pour des parties, est également incarcéré. Sa détention, durant laquelle Charles Trenet compose une prière pour les prisonniers et une chanson pour le gardien-chef — grâce à l'archevêque du diocèse Monseigneur Charles de Provenchères, ses nombreux soutiens ont réussi à lui faire parvenir un harmonium —, dure vingt-huit jours. Quelques mois plus tard, il est condamné en première instance à un an de prison et 10 000 francs d'amende avec sursis. Un jugement dont il fait appel : il obtient un non-lieu et est blanchi par la justice.
Cet épisode révèle au public son homosexualité ; il avait toujours souhaité rester discret sur ce sujet
Wikipédia



Source: dalida.com



source:osfront.forumpro.fr


Source: lefigaro.com


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