La capacité des plantes à « purifier » l’air intérieur repose largement sur un mythe.






  La capacité des plantes à « purifier »           l’air intérieur repose largement                              sur un mythe. 
        Chronique de Futura Maison/Celine DELUZARCHE  -  Proposé par Ali GADARI

Des chercheurs ont pourtant mis au point une plante réellement efficace pour dégrader les composés organiques volatils en y introduisant un gène codant pour une enzyme trouvée dans le foie de lapin.

L’air de votre maison est bien plus pollué que celui de votre voiture ou de l’extérieur. Dans les appartements, il se forme des composés organiques volatils (COV), des substances issues des produits d’entretien, fumée de tabac, bois aggloméré, chauffage au fuel, bougies parfumées, peinture ou aérosols. Or, certains COV comme le benzène, le formaldéhyde et le chloroforme ont des effets cancérigènes prouvés ou présumés.

  Les plantes purifiantes, une   croyance sans réel fondement

Pour se débarrasser de ces composés toxiques, Stuart Strand et ses collègues de l’université de Washington ont eu l’idée d’utiliser une plante d’intérieur commune modifiée… avec un gène de lapin. Plusieurs plantes sont réputées « purifier » l’air intérieur, mais c’est en réalité assez inefficace, souligne Stuart Strand, auteur de l’étude parue dans la revue Environmental Science and Technology. « Il faudrait remplir la pièce de plantes pour observer un effet. » De plus, les études sont souvent contradictoires et biaisées. « La dépollution est davantage obtenue par des interactions microbiennes avec des bactéries présentes dans la terre plutôt qu’en absorbant les composés de l’air. » En 2012, une étude du programme Phyt’Air, initiative de l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (Appa), avait déjà montré que les plantes n’avaient pas « d’impact significatif » sur la qualité de l’air.

Stuart Strand, professeur à l’université de Washington, avec un pot de lierre du diable génétiquement modifié. © Mark Stone/University of Washington

        Un lierre fluorescent et                           détoxifiant

Pour parvenir à un « biofiltre » végétal réellement efficace, Stuart Strand a alors eu l’idée d’aller chercher un gène codant pour une enzyme nommée cytochrome P450 2e1… chez le lapin. Présente dans tous les mammifères, celle-ci dégrade les composés toxiques dans le foie, dont le benzène et le chloroforme. Il a ensuite transféré le gène dans le génome d’une plante d’intérieurcommune, le lierre du diable (Epipremnum aureum). Cette plante de la famille des Aracées présente en effet plusieurs avantages : elle requiert peu d’entretien, n’a pas besoin de beaucoup de lumière, et comme c’est une plante exotique qui n’est pas cultivée en Europe et aux États-Unis, elle ne présente pas de risque de « fuite génétique » dans l’environnement. Les chercheurs ont en outre ajouté un gène de fluorescence pour différencier la plante et lui donner un look plus attrayant, même si cela « n’a aucun intérêt sur le plan de la dépollution », reconnaît Stuart Strand.


Le lierre du diable génétiquement modifié absorbe la quasi-totalité du benzène et du chloroforme présent dans l’air. © Mark Stone/University of Washington
Du lierre normal et du lierre génétiquement modifié ont ensuite été placés dans des tubes à essai et exposés à deux polluants, le benzène et le chloroforme. Après huit jours, la concentration en benzène avait chuté de 90 % dans les tubes contenant la plante OGM contre à peine 10 % chez la plante normale. La concentration en chloroforme est elle « quasi-indétectable » après six jours. Il s’agit toutefois de résultats expérimentaux menés dans un tube à essai. « La dépollution n’est réellement efficace que si les plantes sont placées dans un endroit clos avec un système permettant de faire circuler l’air sur les feuilles, comme un ventilateur », souligne Stuart Strand. D’après ses calculs, il faut ainsi 10 kg de lierre pour éliminer 34 % du chloroforme d’un volume d’air de 0,7 m3.

        Ouvrez vos fenêtres !

Les chercheurs espèrent à présent améliorer encore les capacités dépolluantes des plantes en combinant 2e1 avec d’autres gènes détoxifiants. De précédentes études ont par exemple montré qu’un gène de la bactérie Brevibacillus brevis pouvait augmenter de deux à trois fois la vitesse de capture du formaldéhyde dans un plant de tabac. En attendant de pouvoir remplir votre salon de plantes fluo-assainissantes, « le meilleur moyen d’améliorer la qualité de l’air de votre maison est d’ouvrir les fenêtres », sourit le chercheur.

  • Les composés organiques volatils (COV) sont des substances présentes dans l’air des maisons et potentiellement cancérigènes.
  • Les plantes classiques n’ont que peu d’intérêt pour les éliminer.
  • En introduisant un gène d’une enzyme métabolique du foie de lapin dans une plante, celle-ci absorbe le benzène et le chloroforme de façon bien plus efficace. 

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