Didier Queloz : “Il y a trop d’étoiles, de planètes et de galaxies pour que nous soyons seuls”

SCIENCE & TECHNO RÉVEIL LA TERCERA - SANTIAGO Publié le 14/03/2021 - 06:08 51 Pegasi b (vue d’artiste), la première planète identifiée en dehors du Système solaire par Didier Queloz et Michel Mayor, au milieu des années 1990.  Photo ESO/M. Kornmesser/Nick Risinger51 Pegasi b (vue d’artiste), la première planète identifiée en dehors du Système solaire par Didier Queloz et Michel Mayor, au milieu des années 1990. Photo ESO/M. Kornmesser/Nick Risinger Il y a des planètes en dehors de notre Système solaire. C’est l’incroyable découverte qu’a faite Didier Queloz alors qu’il était tout jeune chercheur. L’astrophysicien suisse, lauréat du prix Nobel de physique en 2019, revient pour le journal chilien La Tercera sur l’avancée majeure qu’ont permis ses travaux. Et sur son rôle pour promouvoir la science aujourd’hui. NOS SERVICES En 1994, Didier Queloz était étudiant et préparait une thèse sous la direction de l’astrophysicien Michel Mayor lorsqu’il fit une découverte qui allait révolutionner notre compréhension de l’Univers. Il scrutait le comportement des étoiles depuis un observatoire du sud-est de la France lorsqu’il remarqua que la lumière de l’une d’entre elles baissait périodiquement ; un signe possible de l’influence gravitationnelle exercée par une planète [gigantesque]. Un an plus tard, Didier Queloz et Michel Mayor suscitaient la stupéfaction de la communauté scientifique internationale en prétendant avoir détecté la première planète en dehors du Système solaire (ils l’ont baptisée 51 Pegasi b). [Il s’agit d’une planète géante, au même titre que Jupiter, qui] tourne autour d’une étoile semblable à notre Soleil. Ce type d’objet a depuis reçu le nom d’“exoplanète” ou “planète extrasolaire”. Vingt-cinq ans plus tard, Didier Queloz revient sur la portée de cette découverte, qui lui a valu le prix Nobel de physique en 2019 [aux côtés de son mentor, Michel Mayor]. LA TERCERA : On a longtemps pensé que l’Univers se limitait à notre galaxie et que les trous noirs n’étaient qu’une construction théorique. Mais il a été prouvé que l’Univers est beaucoup plus grand et que les trous noirs existent vraiment. Il en a été de même avec les exoplanètes. Selon vous, en quoi votre découverte est-elle importante ? DIDIER QUELOZ : Il est toujours difficile d’évaluer l’importance du travail que l’on fait. Mais il est clair qu’il y a un monde avant et après [la découverte des] exoplanètes, qui ont complètement changé notre perception de notre place dans l’Univers. Nous savons aujourd’hui qu’il existe des milliers d’autres planètes que la nôtre, et le plus fascinant est que la plupart ont l’air différentes des planètes du Système solaire. Le processus d’apprentissage que nous sommes en train d’effectuer est très intéressant : nous étions persuadés que tous les systèmes solaires étaient comme le nôtre et que nous finirions par trouver d’autres planètes, mais nous avons détecté beaucoup de types de planètes auxquels nous ne nous attendions pas. La découverte d’exoplanètes a eu de nombreuses conséquences, dont la plus importante a été de stimuler la quête d’autres formes de vie dans l’Univers, ainsi que la recherche sur l’origine de la vie. L’existence d’une planète semblable à Jupiter orbitant très près d’une étoile [en dehors de notre Système solaire] n’était prédite par aucune théorie. Vous vous faites une idée de ce que vous allez trouver en vous fondant sur ce que vous savez, et vous vous rendez compte que l’inconnu est bien plus grand que vous ne l’imaginiez. Personne n’avait imaginé qu’une planète pouvait être si différente de celles que nous connaissions, alors nous avons dû reconstruire la théorie. La première chose, qui a été très difficile, a été de nous assurer que nous avions raison. Puis nous avons dû nous battre contre tous les autres scientifiques ou presque, et essayer de les convaincre que c’était la seule explication possible. La science ne se base pas [seulement] sur des théories, mais sur des faits. Quand avez-vous mesuré l’impact de votre découverte ? Lorsque vous avez reçu le prix Nobel, en 2019 ? Ou peut-être n’en avez-vous pas encore pris toute la dimension ?J’ai été très surpris de trouver “quelque chose”. Il me paraissait impossible que ce soit une planète. J’ai passé beaucoup de temps à m’assurer que cet objet était bien réel. J’ai envoyé à Michel Mayor un résumé de mon travail, en lui disant à la fin que j’avais peut-être découvert une planète parce que je n’avais pas d’autre explication. Michel a suivi le même processus : au début, il ne m’a pas cru, puis il est parvenu à la conclusion que c’était la seule explication possible. Ensuite, nous avons formulé des hypothèses, puis nous les avons confirmées, et c’est à ce moment que nous avons pris conscience que nous avions mis le doigt sur quelque chose de très important et que nous devions le dire. Je savais que c’ [...] Francisca Carriel

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