BRIGADES ANTIGANGS
BRIGADES ANTIGANGS
Proposé par Ali GADARI
BRI Brigades de recherche et d'intervention | |
Petit véhicule protégé de la BRI-PP. | |
Création | 1964 |
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Pays | France |
Branche | Police nationale |
Surnom | Brigades Antigang, Antigang |
Les Brigades de recherche et d'intervention (BRI), communément appelées brigades antigang ou simplement l'Antigang, sont des unités d'enquête et d'intervention de la police judiciaire française.
Mis à part la BRI-PP qui dépend uniquement de la DRPJ de Paris, les autres BRI dépendent de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO, ex-OCRB) et sont mises à disposition des DRPJ ou DIPJ, (directions régionales ou interrégionales de police judiciaire) et de leurs composantes (SRPJ, antennes PJ), ainsi que des autres services de police qui les sollicitent (sécurité publique, GIR, police d'un état étranger, etc.)
La plus ancienne des BRI est celle de la Préfecture de police de Paris ou BRI-PP1. En cas de crise, elle forme la brigade anticommando (BAC), avec le renfort d'autres unités de la PP. On parle également de BRI en formation BAC ou de BRI-BAC. La brigade anticommando fait partie, avec le RAID et les GIPN implantés outre-mer, de la Force d'intervention de la Police nationale.
Présentation
À l'exception de la BRI-PP (mais cela devrait prochainement être le cas), les BRI, en tant qu'émanation de l'OCLCO, disposent, pour exercer leurs missions, d'une compétence géographique nationale.
Parmi celles-ci, il convient de distinguer :
La BRI-PP
La BRI-PP (dite brigade Antigang) du « 36, quai des Orfèvres » est une brigade centrale de la direction régionale de la police judiciaire de la préfecture de police. À ce titre, elle est compétente à Paris et dans les départements limitrophes de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne). Elle est créée en 1964 par le commissaire François Le Mouël sous le nom de Section de recherche et d'intervention et prend son nom actuel en 1967. Son principe était - et est encore - de surveiller les bandes organisées de la grande criminalité afin de les interpeller quelque temps après le passage à l'acte et ce afin de pouvoir fournir un maximum de preuves et pas seulement l'association de malfaiteurs. Ce travail demande un grand sang-froid et un esprit d'équipe très poussé. L'interpellation idéale se faisant en profitant d'un relâchement des individus et à un endroit où tout risque de fusillade est écarté pour ne pas avoir des victimes innocentes.
En cas de crise, cette unité comptant cent-trente membres peut regrouper jusqu'à trois-cent-cinquante policiers en formation BRI-BAC (brigade anticommando), constituée avec l'appui d'autres unités de la préfecture de police et notamment de la Compagnie de Sécurisation et d'Intervention (CSI), de la Brigade Anti-Criminalité de Nuit (BAC N), ainsi que d'une équipe cynophile de la direction de sécurité de proximité de l'agglomération parisienne (DSPAP). La brigade anticommando formée autour de la BRI-PP est une des trois composantes de la Force d'intervention de la Police nationale (FIPN) avec le RAID et les différents GIPN ultra-marins.
Le chef de la BRI-PP assume la direction de la brigade anticommando lorsque cette dernière est activée. À noter que l'intervention n'est que l'une des missions de la BRI-PP, qui est une unité permanente de police judiciaire, alors qu'elle est la mission principale de la brigade anticommando (dont elle est la composante principale).
Le 19 avril 2016, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve annonce, lors de la présentation du schéma national d'intervention des forces de sécurité en réponse aux attentats de 2015, un renforcement conséquent de la BRI-PP par doublement de son effectif.
Patrons de la BRI-PP
- François Le Mouël (1964-1971) Section de recherche et d'intervention jusqu'en 1967 puis BRI
- Jean Sautereau (1971-1974)
- Marcel Leclerc (1974-1978)
- Robert Broussard (1978-1982)
- René-Georges Querry (1982-1983)
- Claude Cancès (1983-1987)
- Pierre Cavin (1987-1989)
- Jean-Marc Bloch (1989-1996)
- Yves Jobic (1996-2001)
- Jean-Jacques Herlem (2001-2003)
- Christian Flaesch (2003-2004)
- Pascal Carreau (2004-2008)
- Michel Faury (2008-2013)
- Christophe Molmy (actuel)
Les autres BRI
Elles dépendent de la direction centrale de la Police judiciaire et ont toutes la même structure et organisation (environ deux douzaines de personnels à Strasbourg, par exemple).
Par opposition à la BRI-PP, il y a une tendance à les appeler les BRI de la DCPJ (ou BRI-PJ), bien que la BRI-PP soit aussi formellement une unité de police judiciaire.
Les premières BRI furent créées à Lyon en 1977 puis à Nice en 1978 et à Marseille en 1986. Ce sont les trois BRI dites traditionnelles.
Les BREC (brigades régionales d'enquêtes et de coordination) s'apparentaient aux BRI mais ont disparu au 1er janvier 2008 pour devenir des BRI (avec l'avantage d'une compétence nationale, et non plus régionale ou interrégionale).
Missions
Missions communes à toutes les BRI
Les BRI interviennent pour interpeller les groupes de malfaiteurs se livrant à des actes de banditisme graves comme les vols à main armée, les séquestrations, les prises d'otages. Disposant de matériels sophistiqués d'observation et d'écoute, elles sont aussi chargées de rechercher et d'archiver tous les renseignements relatifs au banditisme. Pour ce faire, elles mettent en place des surveillances et filatures discrètes qui durent parfois plusieurs jours, voire plusieurs mois.
Elles assistent aussi les services de police judiciaire (y compris ceux de la sécurité publique, comme les brigades de sûreté urbaine ou sûretés départementales) dans les surveillances, les interpellations et les interventions à risques.
Depuis la vague d'attentats de 2015 en France, et conformément au schéma national d'intervention, toutes les BRI ont acquis une compétence en matière d'intervention antiterroriste. Ainsi, la BRI de Rouen est intervenue lors de l'attentat contre l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray en juillet 2016 et a abattu les terroristes. La BRI de Rouen est encore intervenue aux côtés de la BRI de Lille en août 2017 lors de la traque du terroriste de l'attentat contre des militaires à Levallois-Perret, qui a vu son interpellation musclée sur l'autoroute A11.
Missions spécifiques de la BRI-PP
Conformément à une répartition nationale des zones de compétence des unités d'interventions de la police nationale régissant l'action des groupes d'intervention de la police nationale (GIPN), de l'unité de recherche, assistance, intervention et dissuasion (RAID) et de la BRI de Paris, cette dernière a la particularité d'intervenir en formation BRI-BAC (brigade anticommando) sur les vingt arrondissements de Paris intra-muros. Le RAID intervient quant à lui dans les 21 départements les plus rapprochés de Paris, tout en ayant la particularité d'être compétent sur l'ensemble du territoire dans les situations les plus graves. Cependant, la procédure d’urgence absolue (P.U.A.) adoptée en avril 2016 autorise - en cas de crise majeure ou de crises multiples - l'intervention de toute unité en mesure de la faire en tout point du territoire (donc en s'affranchissant du critère de compétence géographique qui s'impose habituellement)
Interventions notoires
Depuis leur création, les BRI se sont illustrées dans la lutte contre le grand banditisme, dans la libération d'otages ou dans l'intervention à l'occasion d'attentats.
Lutte contre le grand banditisme
- Libération en août 1977 du banquier parisien Bernard Mallet par la BRI-PP, enlevé dans le bois de Boulogne et détenu dans la soute à charbon d'un pavillon du Plessis-Robinson.
Anti-terrorisme
- Libération de 51 otages détenus dans les locaux du consulat de Turquie. Les quatre preneurs d'otages acceptent de se rendre après 15 heures de négociation avec la BRI3.
- Interpellation par la BRI-PP en décembre 2004 de quatre individus suspectés d'avoir dynamité le centre France Télécom et EDF de Melun. Des armes de guerre, des explosifs et plusieurs véhicules volés sont découverts à cette occasion3.
- Traque et assauts à la suite des attentats terroristes de janvier 2015 à Paris et en Île-de-France. Le lendemain de l'attaque qui a visé le journal satirique Charlie Hebdo, qui a fait douze morts, la BRI-PP a été déployée, le matin, à Montrouge, après la fusillade d'Amedy Coulibaly, qui a tué une policière municipale. Quelques heures plus tard, la traque des terroristes s'intensifie dans l'Aisne, où une opération commune avec le RAID et la BRI-PP, qui appartiennent à la Force d'intervention de la Police nationale, ainsi qu'avec le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), a lieu. Le vendredi 9 janvier, ce dernier se positionne auprès d'une imprimerie de Dammartin-en-Goële, où les frères Kouachi, terroristes qui ont mené l'attaque contre Charlie Hebdo sont retranchés. À treize heures, une prise d'otages intervient à Paris, avenue de la Porte-de-Vincennes, dans un magasin de l'enseigne Hyper Cacher. La BRI-PP est la première unité d'intervention à arriver sur place suivie du RAID. Aux alentours de dix-sept heures, un assaut quasi simultané a lieu à Dammartin et à Paris, ce qui en constitue la première opération antiterroriste simultanée menée sur le territoire national. À l'issue de ces assauts, les terroristes sont tous tués et la plupart des otages libérés. Néanmoins, trois otages ont été abattus dès l'entrée du terroriste Amedy Coulibaly dans l'épicerie et un autre tentant de s'emparer d'une des armes du terroriste a été tué d'une balle dans la tête. Cette opération ultra-médiatisée est une réussite pour ces unités. En reconnaissance des opérations du mois de janvier 2015, la BRI défile le 14 juillet 2015, à l'occasion de la fête nationale aux côtés du RAID et du GIGN.
- Intervention de la BRI-PP renforcée par le RAID lors des attentats du 13 novembre 2015 en France et notamment lors des assauts du Bataclan et de Saint-Denis.
- Intervention de la BRI de Rouen lors de l'attentat de l'église-de-Saint-Étienne-du-Rouvray qui a conduit à la mort du Père Jacques Hamel. Les terroristes sont abattus par les opérateurs de la BRI lors de l'assaut7.
- Interpellation par des effectifs des BRI de Lille et de Rouen de l'auteur présumé de l'attaque contre des militaires à Levallois-Perret sur l'autoroute A16 au niveau de la commune de Leulinghen-Bernes. L'intervention des policiers de la BRI a lieu dans l'après-midi qui suit l'attaque8. Un des fonctionnaires a été blessé9 ainsi que l'assaillant mais leurs jours ne sont pas mis en danger.
Moyens
Les BRI disposent de moyens matériels et humains en rapport avec les missions délicates qui leur sont dévolues : véhicules rapides, matériels de surveillance électronique, moyens d'enregistrement vidéo discret, tenues d'intervention et armements spécifiques. À la différence des GIPN ou du RAID, les policiers des BRI travaillent principalement en civil et n'interviennent que rarement cagoulés et en uniforme. Ils interviennent cagoulés principalement lors d'interpellations au domicile des malfaiteurs, afin de protéger leur anonymat.
Le nombre des BRI va évoluer :
- BRI-PP Paris (DRPJ Paris)
- BRI Lyon (DIPJ Lyon)
- BRI Marseille (DIPJ Marseille)
- BRI Montpellier (DIPJ Marseille – SRPJ Montpellier)
- BRI Nice (DIPJ Marseille – antenne PJ Nice)
- BRI Nantes (DIPJ Rennes – antenne PJ Nantes)
- BRI Rouen (ex-BREC) (DIPJ Rennes – SRPJ Rouen)
- BRI Lille (ex-BREC) (DIPJ Lille)
- BRI Versailles (ex-BREC) (DRPJ Versailles)
- BRI Strasbourg (ex-BREC) (DIPJ Strasbourg)
- BRI Bordeaux (ex GES) (DIPJ Bordeaux), qui dispose d'une antenne BRI à Bayonne (ex-BRI Bayonne).
- BRI Toulouse (ex-BREC) (DIPJ Bordeaux – SRPJ Toulouse)
- BRI Ajaccio (ex-BREC) (DRPJ Ajaccio), qui dispose d'une antenne BRI à Bastia.
- BRI Orléans (ex-GRI) (DIPJ Orléans)
- la BRIF-N créée en 2001, (dénommée brigade de recherche et d'investigations financières nationale jusqu'en 2015, puis brigade de recherche et d'intervention financière nationale depuis lors). Elle a pour mission le soutien des offices de la SDLCODF en matière d'infractions financières. La BRIF-N, tout en gardant sa compétence nationale, rejoint la communauté des Brigades de recherche et d'intervention à compter du 24 décembre 2015. Administrativement, cette brigade est sous la direction de l'OCRGDF et, pour emploi opérationnel, sous les instructions du chef de la BRI-N.
Une BRI est désormais implantée à Dijon (DIPJ Dijon), une autre devrait voir le jour à Rennes (DIPJ Rennes), tandis qu'une Antenne BRI a vu le jour à Metz (DIPJ Strasbourg - SRPJ Metz), et que deux autres devraient voir le jour à Dreux (DIPJ Orléans - nouvelle Antenne PJ Dreux) et à Creil (DIPJ Lille - Antenne PJ Creil)., ce qui ferait un total de 18 BRI (dont les BRI-PP, BRI-N et BRIF-N) et de 5 Antennes BRI.
Recrutement
Les fonctionnaires exerçant au sein des BRI de la DCPJ ont fait l'objet d'un recrutement se déclinant ainsi :
Les tests de sélection ont lieu généralement une fois par an et sont ouverts aux fonctionnaires de la police nationale, appartenant soit au corps des gradés et gardiens de la paix, soit au corps des officiers de police, comptant au moins trois ans d'ancienneté en tant que titulaire. Après une sélection sur dossier et une consultation médicale d'aptitude, les fonctionnaires font d'abord l'objet d'une présélection au cours de laquelle ils sont évalués sur leurs capacités physiques et leur aptitude au tir opérationnel. Les candidats reçus à l'issue des présélections sont ensuite évalués au cours d'une batterie de tests professionnels articulés autour de plusieurs ateliers (exercice de filature et surveillance, tir de discernement, progression en milieu hostile, interpellation d'individus dangereux, etc.). Au cours de cette période de sélection, les candidats sont également soumis à des tests psychologiques et des entretiens avec les psychologues de l'administration. À l'issue de ces différentes évaluations, le candidat est déclaré apte ou inapte à l'emploi au sein des brigades de recherche et d'intervention. S'il est déclaré apte, le candidat habilité intègre alors un vivier national pour une période de trois ans.
La BRI-PP, de par sa double compétence intervention et police judiciaire procède à un processus de sélection différent, alliant épreuves physiques et de discernement (sur une semaine), complété par un stage d'immersion de trois semaines au sein des groupes opérationnels.
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