Il avait jusqu'ici décliné les offres de Macron.
Il avait jusqu'ici décliné les offres de Macron.
l'Obs/Mael THIERRY - Proposé par Ali GADARI
L'ex-ministre Vert a finalement accepté d'être le numéro 2 de la liste de la majorité aux européennes.
Ce sont les larbins du libéralisme, leurs idées ne sont que de façade, ils tomberont avec leur icone! AG
Pascal Canfin, ancien directeur général du WWF, a annoncé qu'il acceptait d'être numéro deux sur la liste LREM aux élections européennes, dans une interview publiée ce mardi dans "Le Monde".
1Tac-O-Tac télé
C'est un habitué des surprises. Directeur du WWF France, Pascal Canfin avait déjà été courtisé par LREM il y a plusieurs mois et son nom avait été cité pour succéder à Nicolas Hulot. Il avait alors décliné et expliqué être très bien dans son ONG. Il a finalement changé d'avis au dernier moment. "Je n'ai jamais eu de plan de carrière et ceux qui en ont, parfois ça ne leur réussit pas. Je ne devais pas être député européen, je ne devais pas être ministre…", expliquait Pascal Canfin à "l'Obs" il y a cinq ans. Pas faux : en 2009, le Vert natif d'Arras avait hérité de la troisième place sur la liste écolo en Ile-de-France aux européennes après… un désistement. Il avait été élu à Bruxelles grâce au succès inespéré de Cohn-Bendit. En 2012, on attendait Yannick Jadot au gouvernement, mais c'est son nom que Cécile Duflot avait glissé à Hollande plutôt que celui d'un potentiel rival. "C'est le gagnant du 'Tac-O-Tac' télé, résume le chef d'EELV, David Cormand. Mais ce n'est pas que du bol, c'est un gros bosseur." Et c'est bien connu, cent pour cent des gagnants ont tenté leur chance.
2Macron- compatible
Il a rencontré le président du nouveau monde dans l'ancien : au début du quinquennat Hollande, il est ministre délégué au Développement du gouvernement Ayrault quand Macron est secrétaire général adjoint de l'Elysée. Depuis, les deux hommes échangent. Canfin passe pour un "visiteur du soir", l'un de ceux qui, discrètement, glissent des mots écolos sur le téléphone du président de la République. Pour ses anciens camarades Verts, cette proximité se voyait un peu trop : "Ça fait des mois qu'il caresse Macron et Philippe dans le sens du poil, il retient ses critiques, à la différence des autres associations." En juin 2018, Canfin lâchait pourtant dans une interview à "l'Obs" : "Très clairement, pour le président de la République, l'écologie est une variable d'ajustement ". Est-ce toujours le cas ?
3Zadistes
Les zadistes de Notre-Dame-des-Landes ne le savent pas mais ils lui doivent une fière chandelle ! 9 février 2017, Macron en campagne vient vendre son programme écolo au WWF. Quelques jours plus tôt, il s'est prononcé pour la construction de l'aéroport en Loire-Atlantique. Canfin, directeur de l'ONG, vient chercher le candidat à sa voiture. Le temps de l'amener au studio, il lui glisse l'idée de nommer des médiateurs pour sortir de l'impasse. Sinon, lui dit-il, le reste de son programme vert sera "inaudible". Ce jour-là, Canfin est entendu : Macron promet dans les minutes qui suivent de nommer une personnalité indépendante. On connaît la suite…
4SOS Hulot
Il était l'un des rares écolos à ne pas charger le ministre Hulot. Ce dernier, disait-il, incarnait "une écologie de responsabilité que j'ai toujours défendue. Tu ne dis pas je sors du nucléaire ou du glyphosate demain matin, ça n'a pas de sens !" En juin 2018, il le défendait encore dans "l'Obs" : "Il a cette relation avec les Français qu'aucun autre n'a. Il n'a pas utilisé ce levier à fond. S'il ne le fait pas, qui va pouvoir le faire ?"
5"Dany"
L'ex-leader de Mai-68 connaît bien Canfin avec lequel il a été élu au Parlement européen en 2009. Il voyait en lui le successeur parfait de Nicolas Hulot au ministère de la Transition écologique : "Pascal a le profil technique pour ce ministère, il a l'expérience de l'Europe ce qui est fondamental sur ces sujets. Il est beaucoup plus structuré que moi ou Hulot pour être ministre." Reste à réussir à incarner la cause écolo autant que ces deux-là.
6Anti-Valls
Lorsqu'il était ministre du Développement, Canfin avait refusé d'embarquer sur un vol transportant un Malien expulsé, provoquant la colère de Manuel Valls… Lorsque ce dernier est devenu Premier ministre en 2014, Canfin et sa copine Cécile Duflot ont démissionné : pas question de cautionner la dérive droitière. Ce qui fait rire les écolos aujourd'hui sur le monde, "il est parti de chez Hollande à cause de Léonarda et il arrive chez Macron !"
7"Idéal-pragmatique"
Février 2013. Canfin est dans un Falcon de la République direction le Mali, pour aller présenter sa politique du développement. Le Vert qu'il est défend l'intervention militaire : "Si on avait été à la place de Hollande, qu'aurait-on fait ? On aurait aussi appuyé sur le bouton. On est dans le monde réel. Quand tu es confronté à des groupes terroristes, tu ne peux pas arriver avec un tournesol… Je me considère comme un idéaliste-pragmatique."
8Finances
C'est son dada : l'ancien journaliste à "Alternatives économiques" est un spécialiste de la régulation financière et de la fiscalité écolo, toujours en quête de mécanismes pour financer la transition énergétique. Il a fondé une ONG, Finance Watch, sorte de Greenpeance contre les lobbies de la finance. Il est aussi l'auteur de plusieurs livres dont "L'économie verte expliquée à ceux qui n'y croient pas" et "Ce que les banques vous disent et pourquoi il ne faut presque jamais les croire" (aux éditions Les Petits Matins). Il a même quitté sa banque qui avait des filiales dans les paradis fiscaux pour ouvrir un compte à la Banque postale.
9"Jugeote"
L'ex -ministre des finances socialiste Michel Sapin louait sa "jugeote" : "Il est pointu, intelligent, pragmatique." Laurent Fabius, qui a été son ministre de tutelle, l'aimait aussi beaucoup et continue à échanger avec lui. Récemment, Canfin a œuvré en coulisses auprès de Macron pour faire entrer le climat dans la Constitution… ce qui n'est pas encore fait.
10Jadot
Son ralliement achève la scission de la bande Europe-Ecologie de 2009 : Cohn-Bendit, Pascal Durand et Pascal Canfin feront donc campagne pour Emmanuel Macron face à leurs anciens camarades avec lesquels ils avaient été élus en 2009 : Michèle Rivasi, Karima Delli et Yannick Jadot, la tête de liste EELV, un peu surpris ce matin : "Hulot avait dit 'on ne peut plus se satisfaire des petits pas', que va faire Canfin dans cette galère ?"
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