Theresa May va-t-elle devoir laisser sa place pour débloquer les impossibles négociations autour du Brexit ?





Theresa May va-t-elle devoir laisser sa   place pour débloquer les impossibles           négociations autour du Brexit ?
                                          L'Obs/AFP   -   Proposé par Ali GADARI



Faute d'avoir pu rallier les députés britanniques derrière l'accord de divorce qu'elle a péniblement négocié avec Bruxelles, la Première ministre britannique a été contrainte de demander aux dirigeants de l'Union européenne un report de cette échéance historique, fixée désormais au 12 avril au plus tôt, date qui doit encore être validée par le Parlement.
Considérablement affaiblie, la dirigeante britannique a déclaré ce lundi que l'accord négocié avec Bruxelles n'a "pas le soutien suffisant" au Parlement britannique pour être soumis une troisième fois au vote des députés :"En l'état actuel, il n'y a pas de soutien suffisant au Parlement pour soumettre à nouveau l'accord à un troisième vote."
L'adoption de cet accord est la condition mise par l'UE à un Brexit ordonné dont la date a été repoussée au 22 mai.
Dimanche, le ministre chargé du Brexit, Steve Barclay, a ainsi déclaré sur la BBC :
"Nous le présenterons à nouveau quand nous serons sûrs d'avoir [le soutien nécessaire]." 
La Première ministre doit donc d'abord rassembler ses troupes. Or, certains Brexiters tenteraient de leur côté de négocier leur soutien au dernier accord en échange... d'une démission de la Première ministre. Et même la presse s'y met. Le journal "The Sun" la pousse également vers la sortie.

      "Time's Up, Theresa"

Ce lundi matin, Theresa May discutait avec ses ministres de sa stratégie pour le Brexit, ouvrant une semaine qui pourrait voir le Parlement britannique prendre la main sur le processus de sortie de l'UE, face à une Première ministre aux abois.
Dimanche, elle avait réuni plusieurs membres de son gouvernement dans sa résidence de campagne de Chequers pour de "longues discussions" consacrées, notamment, à ce problème, a indiqué un porte-parole de Downing Street.
Etaient aussi invités plusieurs Brexiters influents, dont l'ancien ministre des Affaires étrangères, Boris Johnson, et Jacob Rees-Mogg, président de l'European Research Group, un groupe de députés partisans d'une sortie de l'UE sans concession.
Selon plusieurs commentateurs politiques, certains Brexiters auraient à cette occasion tenté de négocier leur soutien à l'accord en échange d'une démission prochaine de la Première ministre. Le député conservateur David Lidington aurait même été envisagé pour la remplacer. Une information que l'intéressé a depuis démenti
Un troisième rejet du texte pourrait, en effet, être le coup de grâce pour Theresa May. Lundi, le tabloïd ultra-conservateur "The Sun", quotidien le plus lu du pays, affichait clairement son point opinion : "Time's Up, Theresa" ("Il est temps, Theresa"), estimant qu'elle devait démissionner pour donner à son accord une chance d'être approuvé.
"Nous ne partirons pas [de l'UE] ce vendredi parce que le gouvernement s'est dégonflé", pestait quant à lui Boris Johnson dans le quotidien conservateur "The Telegraph", incitant Theresa May à dire à Bruxelles de "laisser partir (son) peuple". 

         Sortie sans accord ?

Anticipant un possible rejet de l'accord de Brexit, les dirigeants de l'UE ont donné à Theresa May le choix : soit l'accord est voté et le Royaume-uni effectue une sortie ordonnée de l'UE, avec un court report fixé au 22 mai.
Soit l'accord est rejeté et Londres aura jusqu'au 12 avril pour décider d'organiser des élections européennes, et demander un nouveau report. L'autre possibilité étant une sortie sans accord.
Dans ce climat incertain, la confiance des entreprises du secteur financier au Royaume-Uni au premier trimestre a chuté le plus fortement depuis la crise financière internationale, indiquait lundi une étude de l'organisation patronale CBI et du cabinet PwC réalisée auprès de 84 sociétés du secteur.
Avant cette semaine cruciale, des centaines de milliers de personnes ont défilé samedi à Londres pour réclamer un nouveau référendum. Et une pétition en ligne demandant au gouvernement de renoncer au Brexit continuait de rencontrer un succès spectaculaire, dépassant lundi les 5,5 millions de signatures.


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