"Un nobody qui a pris sa revanche" : Jair Bolsonaro, l'inquiétant président brésilien
"Un nobody qui a pris sa revanche" : Jair Bolsonaro, l'inquiétant président brésilien
A la tête du plus vaste pays d’Amérique latine depuis bientôt cent jours, l’ex-militaire, nostalgique de la dictature, s’en prend aux gays, aux Noirs, aux journalistes et gouverne à vue avec son clan.
C'est une histoire qui commence comme un roman brésilien, une histoire de pauvreté, de violence et de héros tout droit sortie du sertão de l'Etat de São Paulo, son arrière-pays aride. L'histoire d'un Zorro et d'un Zéro. Le premier s'appelle Carlos Lamarca, capitaine entré dans la résistance armée contre la dictature militaire. L'insaisissable Lamarca est un guérillero communiste : il a rejoint l'avant-garde populaire révolutionnaire en 1969 et nargue les militaires. Jusqu'au 8 mai 1970. Ce jour-là, Lamarca est pris dans un piège à Eldorado, une petite ville de maisons d'argile et de bois. Coups de feu, fuite, le capitaine parvient à s'échapper. Il sera tué l'année suivante.
Le Zéro, lui, est un ado pauvre d'Eldorado qui n'a pas perdu une miette de l'action. Il est le rejeton d'une famille de six enfants que le père, dentiste sans diplôme, fait survivre tant bien que mal. Il s'appelle Jair Bolsonaro. "Pour lui, la lutte armée de Lamarca n'avait aucun sens, raconte Clovis Saint-Clair, auteur d'une biographie du président. A ses yeux, le guérillero était un ennemi et les soldats, des héros. Issu d'une famille pauvre, sans espoir pour son avenir, il a vu dans une carrière militaire le moyen de s'en sortir." "Il m'a dit de rejoindre l'armée avec lui parce que les présidents étaient tous des militaires et qu'il allait être président", confiera bien plus tard un ami d'enfance.
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