LES RÊVERIES DU JOUR, Compilation de petites nouvelles de Ali GADARI, auteur


                            Photographie Ali GADARI


              LES RÊVERIES DU JOUR 

                           Compilation de petites nouvelles de Ali GADARI



                                                     DEUX GOUTTES D’EAU 



 Deux gouttes d 'eau glissaient sur la vitre de la cuisine comme des larmes sur la joue d’un bébé, puis disparaissaient définitivement sur la terre du jardin, évacuées par l’appui de la fenêtre. J'apercevais à travers la vitre les moineaux sautillants allant à la chasse aux mies de pain jetées à terre et s'envoler sur les branches du pommier. Le chat s'élance d'un seul coup sur le tronc du pommier dans l'intention de déguster l'un de ces petits passereaux toutes griffes dehors. Déçu d’avoir été floué, Minet rejoint la queue basse l’appui sous la fenêtre et s’étend de tout son long. C’est l’époque des mouches, Monia avait accrochée à l’entrée de la porte, un attrape mouches consistant en un ruban de colle forte. Les mouches zigzagantes dans l’espace de la porte se collaient par dizaines sur le ruban, obligeant Monia de le changer souvent. Les hirondelles qui avaient construites leurs nids sous le toit étaient friandes de cet insecte noir au vol lent, les oisillons étaient nourris par les parents de centaines de mouches attrapées en vols avec dextérité. De la cuisine je voyais les nuages défiler vers l’est, quitter la plaine et les rives de l’Atlantique pour se diriger vers le massif du Rif et la Méditerranée. Des oiseaux poussés par le vent, se poseront sur les pyramides d’Egypte, les temples d’Angkor, la Baie d’Along. Moi, je regarde tout cela de mon fauteuil ou de ma chaise de cuisine. Je suis un clandestin de la nature. Je vois dans ma tête ces merveilles placées là par la nature et par l’homme. Je me laisse aller au bonheur de la rêverie bercé par le bruit du vent dans les feuilles des arbres et les chants des oiseaux. Je me fais tout petit, invisible même devant la cohorte de fourmis brunes regagnant leur nid. Ce sont de curieuses bestioles les fourmis, les spécialistes du monde animal, les zoologues ont découvert plus de douze mille espèces de fourmis. Leur ressemblance avec les sociétés humaines est depuis fort longtemps sources d’études scientifiques. Oh là là, serions également une sorte de fourmi ? Curieux quand même cette similitude, brrr, cela me froid dans le dos ! Le mâle est un moins que rien, les ouvrières vivent de trois semaines à un an, la reine se pavane jusqu’à plus de vingt ans. C’est un monde d’une totale cruauté, auquel je ne voudrai pas être confronté. Je tourne la tête, je vois un papillon blanc posé sur mon géranium. Elégant, léger, frivole, volant sans peur de fleur en fleur et marquant de ses ailes blanches et fragiles une tâche presque indélébile sur la rougeur du géranium. Je préfère le papillon aux fourmis, pourtant elles ont toutes deux un rôle à jouer dans l’équilibre écologique. Là encore, mon regard se porte sur le laurier fleurs, domaine des moineaux brailleurs et batailleurs. Comment étaient ces oiseaux à l’origine du monde, d’affreux prédateurs de deux mètres de haut aux griffes redoutables au bout de leurs pattes longues comme des échasses. Leur bec pointu comme une pioche de terrassier qui transperçait leurs proies de part en part. Cela ne devait pas être facile tous les jours pour nos grands-parents, les homos sapiens, obligés de vivre dans des grottes humides. Ils passaient leur temps à la chasse pour se nourrir et à enduire les murs de ces grottes de dessins reproduisant leurs animaux familiers. D’un seul coup, je me sens à nouveau projeté dans la réalité par un vol bruyant de pigeons. Le couple de paons du voisin fait la roue, ils sont splendides ! Tiens, Ahmed conduit son troupeau de moutons à la prairie, aidé par son chien qui jappe après les indisciplinés. La charrette pleine de foin tirée par des chevaux trapus sur le chemin de terre reviennent à la ferme. Hanae a nettoyé l’écurie, les odeurs du fumier arrive jusqu’à moi, l’on dit que ce ferment est source de vie ? Les poules ravies, grattent la paille pourrie et malodorante pour en tirer les éléments nutritifs dont elles raffolent. Un avion va atterrir, il laisse derrière lui une grande fumée blanche qui s’amenuise à fur et à mesure. Le bleu du ciel est brisé par son passage assourdissant, les corbeaux s’envolent pour se poser dans le champ en friches. Mes canards se promènent à la queue leu leu dans un déhanchement de femmes fatales. Dans la mare, ils ont une tout autre allure, seyante, fuyante, gracieuse, distinguée, ce sont les reines de la surface aqueuse. Les grenouilles viennent tenter en vain de les déranger par leurs sinistres coassements. Les têtards ne sont pas à la fête ils sont consommés sin die par mes canards trop contents de déjeuner à domicile. Regarde l’eucalyptus au coin du champ il est plus que centenaire, son tronc à un sérieux diamètre, je ne peux le mesurer, ses feuilles bonifie l’air et nous envoie des senteurs suaves et bénéfiques. Il est parfois conquis par d’étranges lézards, l’inoffensif gros gecko, attendant la nuit pour s’introduire dans les maisons. Cet eucalyptus est immense il monte droit vers le ciel, il doit être l’un de ses gardiens, attentif à la moindre dégradation. Le ciel ne doit pas être déchiré. Toute la clôture est protégée par des pieds de figues de Barbarie formant une haie infranchissable. Cette haie nous donne de magnifiques fleurs rouges qui accoucheront à leur tour de figues juteuses que nous manierons avec délicatesse, leurs piquants minuscules s’incrustant fortement dans la peau. Entre deux figuiers de Barbarie, pousse, je ne sais comment un bougainvillier jaune magnifique, éclatant comme le soleil. De l’autre côté, ma vigne de raisins rouges que je taille soigneusement chaque année au mois de mars, me donne en gros plus de cinquante kilos de beaux et bons raisins dont une bonne partie sera transformée en jus délicieux et frais. J’ai trente oliviers que j’ai planté à la barre à mines tellement le sol était dur. Tous les ans je récolte les olives que Hanae s’empresse de traiter. J’ai aussi des oranges, des figues, des poires, des pêches, des mandarines et des grenades. Côté fleurs, je suis également bien servi, des géraniums montant et fleurissant jusqu’à deux mètres de hauteur, des bougainvilliers blancs et rouges, des lauriers et des arbustes dont je ne connais pas le nom qui fleurissent en rouge toute l’année. Ali, le cri de Hanae pour m’approcher de la table, mais je reste assis, songeur devant la création et la diversité qui l’accompagne, c’est trop beau, le monde est parfait seul l’homo sapiens est un ravageur, un terrible prédateur, alors je me suis reconstitué mon monde de douceur, de beauté pour échapper à la laideur, aux tours infernales des villes invivables. Je préfère l’odeur du fumier à celle de la dictature de l’automobile et du téléphone portatif. Ali, là il faut que j’y aille pour éviter un conflit avec Hanae, je me lève de la chaise, je m’approche de la table après m’être lavé les mains, Hanae me jette un coup d’œil réprobateur, elle a horreur de répéter. 

 
                                      ILS N’ONT PAS VU 




                                                   Photographie Pixabay

 Certains ignorants disent qu'il n'y a rien à voir dans la plaine du Gharb. Je peux comprendre que la campagne repousse les illuminés du savoir mais laissez-moi leur dire qu'ils sont passés à côtés de merveilles, en fait c'est très bien ils nous les ont laissés pour nous seuls. La brume du matin au lever du jour et la fraîcheur du mois de mars, le petit déjeuner constitué de thé brûlant de pain grillé, des crêpes, de l'omelette, des olives vertes et noires, de l'huile d'olive mélangée au beurre frais, le miel d’eucalyptus, voyez-vous, tout cela ils nous l'ont laissé. La brume s'est dissipée sous l'effet du soleil qui éclaire maintenant toute la plaine d'un éclat privilégié, le ciel revêtu de son drap bleu velouté. Les paysans sont là depuis longtemps, ces gens- là travaillent du soir au matin quelques soit le temps, ce sont des ignorés du plus grand nombre les paysans, trop souvent moqués. Le courage est leur motivation, sans cesse ils retournent la terre, l'engraisse puis sèment le blé, l'orge. La betterave est semée dans des sillons bien droits tracés dans le champ, ainsi la terre est mise à l'épreuve, puis vient ensuite le blé ou l'orge. Ils n’ont pas vu Ahmed avec son éternel tarbouche rond, blanc et rouge, réparer les vélos, changer une chaine, arranger un dérailleur. Ils n’ont pas vu Sulliman le vétérinaire aider la vache de Hassan à vêler et mettre au monde, un miracle de la vie, un petit veau encore tout sanguignolant. A peine sorti, il se précipite sur la mamelle nourrissière. Là dans ce village s’écoulent des journées rythmées par les appels du muezzin. Le jour du souk règne une agitation bienvenue autour des boutiques en toile. Chez Hakim le boucher, un bœuf en entier a été accroché à l’étal devant le trottoir, les clients viennent choisir leur morceau de viande. Un homme s’occupait du grill imposant de chez Hakim. Une foule de clients souhaitait des casse-croutes à la viande hachée et aux oignons avec des frites, ce jour-là il y avait un gros débit, et puis il y avait l’artiste aux légumes qui savait tellement décoré son stand avec des pommes de terre, des tomates, des concombres, des artichauds, des courges, des potirons, des ails, des oignons, des haricots verts, des épinards, des poireaux, du persil, des poivrons verts, des poivrons rouges, des aubergines, des radis, des carottes et bien d’autres légumes, présentés comme un tableau à la clientèle fascinée par la beauté de ce décor qui lui faisait un triomphe à chaque présentation. Les couleurs des légumes étaient judicieusement assemblées, Adam était un professionnel des marchés, il avait compris qu’une bonne présentation de ses produits aidait la promotion et la vente. J’aime aussi tendrement la rivière qui s’infiltre dans le village avec discrétion, et pudeur, présentant ses eaux presqu’avec des excuses tant elle était attentive à n’occasionner aucun problème, elle traçait son cours à travers le village. Ses berges abritaient des sortes de hauts roseaux, des genêts blancs, le genévrier rouge et l’eucalyptus. De nombreuses espèces vivent sur ces berges, les savants répètent à profusion qu’il existerait cent cinquante-six espèces d’invertébrés, avec les couleuvres, deux espèces de vipères se cachent dans les roches avec les tortues terrestres. Ma rivière abrite cent soixante et onze espèces d’oiseaux dont les flamants roses, les busards des roseaux, les sarcelles. Vous voyez, tout cela, ces gens- là sont passés à côté. Il n’y aurait rien à voir dans la plaine du Gharb ? Ils n’ont pas vu non plus, l’usine à sucre, qui moult cannes à sucre et betteraves indifféremment suivant les saisons. Des centaines de camions chargés font la queue sur la route sur près d’un kilomètre également à l’intérieur de l’entreprise. La signification de tout cela est une énorme fumée noire qui s’échappe de la cheminée. Attends, attends il y aussi l’usine de farines ou sont moulus les grains de blés en une fine farine, des forts en bras et forts en gueule soulèvent les sacs de cinquante kilogrammes remplis de farine fraîche et les entreposent dans le grand hangar avant de les charger dans les camions. Mais j’y pense, il y a aussi l’usine de production d’eau filtrée qui sera distribuée aux abonnés du village, stockée dans deux énormes châteaux d’eau, hauts de vingt mètres, de haut. Ils n’ont rien vu et pourtant, le Gharb est au printemps sous le charme des couleurs, c’est merveilleux, miraculeux. Les collines jaunes déparent les champs verdis par l’abondance des cultures et la clarté de la rivière Ils n’ont pas vu les arbres parés de leurs fleurs splendides qui donneront des fruits tout au long de l’année, des petites feuilles aux couleurs vert tendre des arbres à feuilles caduques. Ils n’ont pas vu les pique-bœufs tous blancs dans les champs, ni les cigognes retrouvant leurs nids en haut des pylônes électriques. Ils n’ont pas vu les marécages surgissant au milieu des champs, ou les grenouilles s’en donnent à cœur joie. Ils ne m’ont pas vu gai, heureux, sifflant un air sur le chemin boueux de mon hameau, seuls les chariots tirés par les chevaux en cette période peuvent passer aisément. Avec le soleil, le chemin va rapidement sécher. Les tracteurs échappent à cette rhétorique, ces mécaniques bruyantes passent partout, en effrayant les poules et les pintades qui s’envolent bruyamment sur les côtés du chemin. Les voisins viennent vous saluer et prennent le thé à la menthe avec nous. La vie est sociale, nous connaissons tous de nos voisins, lorsqu’ils sont malades, les femmes du douar viennent pour les aider, personne ne reste seul, surtout pas les vieillards. Les parents, les grands parents, vivent avec les enfants ou petits- enfants, c’est une organisation qui perdure et m’émeut. C’est un système qui a disparu en Europe et aux Etats Unis, mais ici, c’est le bonheur de constater que toute la famille est réunie, une pièce fait défaut et c’est le grand chambardement, qui allait s’occuper des petits enfants, cuire le riz, préparer le tagine, laver le linge ? C’était une parfaite organisation, qui a disparu des habitudes occidentales. Les vieilles personnes ne sont pas gênantes au contraire, elles occupent des tâches qui paraissent secondaires mais sont en fait primordiales. Quand l’homme est parti travailler, c’est son épouse qui devient la cheffe de la maison, chacun collabore et s’exécute. Elle sort les moutons dans la prairie d’à côté, certaines familles misérables sacrifie généralement l’aîné des garçons pour garder les moutons, c’est son rôle il n’ira pas à l’école, c’est ainsi, il est là pour garder les moutons, il les mène parfois assez loin du domicile sur le bord des routes. Les autres enfants lavés, peignés par la grand-mère ou la sœur ainée s’en vont groupés sur la route de l’école qui peut être longue. Rachida prépare la pâte pour confectionner le pain, tant de fois malaxée, remuée, triturée avant de la placer savamment dans des grands plats en tôle qui seront disposés dans l’antre du diable, un four haut et large en torchis après l’avoir allumé. La pâte est piquée en plusieurs endroits par une fourchette pour éviter que le pain gonfle de trop. Des fers ronds traversent de part en part le four, sur lesquels seront disposés des branches d’eucalyptus, qui s’enflammeront rapidement sous la flamme de l’allumette. Celles-ci se consumerons très vite pour donner la place à d’autres branches placées sur la terre. Les plaques de tôle prendront place sur les fers ronds, alors le miracle s’accomplit, d’une main experte, Rachida place la pâte à pain sur la tôle brûlante. Elle bouche le four avec des morceaux de tissus mouillés, elle surveille attentivement l’opération ; elle a un chronomètre dans la tête, quand elle soulève le tissus, le pain est doré prêt à consommer. Un couple de cigogne quitte et regagne leur nid à grands coups d’ailes, cela non plus, ils ne l’ont pas vu !


                                          

                                        LES MYSTERES DE LA VIE 



 
                                                Photographie Pixabay


 J’ai toujours aimé les mystères de la vie, je suis passionné par la naissance d’une marguerite dans un champ, la naissance d’un petit veau, d’un oisillon. Je suis passionné par les mystères de l’univers immense, tellement inconnu. Je sais que quelque part la vie existe, pas forcément à notre image, mais elle existe, un grand savant a fait remarquer que cet univers est tellement immense qu’il est impossible que la vie n’existe pas ailleurs ! J’y crois. J’y crois tellement fort pour affirmer que des civilisations bien supérieures à la notre viendront un jour nous visiter et nous guider vers un monde meilleur. Un monde où l’on respectera la nature, ou l’on ne coupera plus les arbres, ou les animaux auront retrouvé tous leurs droits, ou les hommes seront fraternels. Je rêve dites-vous, le rêve est une réalité floutée, mais une réalité. Ceux qui ne rêvent pas sont déjà morts, le cœur meurtri par mille blessures non réparées. Je ne rêve pas quand le printemps arrive et couvre la planète de milliards de fleurs multicolores, du blanc au rouge vermeille. Pourquoi dénier à ceux qui croient, le droit de rêver au paradis, de retrouver leurs parents. Certains me traitent de fou, les fous ont souvent raison dans leur génie, Mozart, Bizet entre tous ceux géniaux qui ont marqués les siècles, et le sublimissime Léonard de Vinci et Courbet, Monet, Picasso et tellement d’autres comme en musique. Ils étaient fous aussi les Victor Hugo, Lamartine, Verlaine, Rimbaud, La Fontaine, non, non, arrêtez, je ne me compare pas à tous ces fous géniaux qui ont changé l’art de vivre et l’art tout court ! Je voulais décrire, oh si peu, que la folie débouche souvent sur des créations, des découvertes qui changent et changeront le monde et en Afrique du Nord cette multitude de poètes aux vers convergeant vers le plaisir comme les vagues sur les plages de l’Atlantique. L’Asie possède ses fous mais que ne connaissons pas, c’est dommageable pour la connaissance. Oui, j’aime les mystères de la vie, je vis aujourd’hui au Maroc, un pays accueillant, raffiné. Quand je suis arrivé je me suis installé avec mon épouse dans une petite maison un peu délabrée. J’ai rêvé, j’ai remis cette vieille maison en état, elle revit. Devant cette maison, la terre n’avait jamais été travaillée, c’était comme du béton. J’ai planté une trentaine d’arbres fruitiers et une haie de trente oliviers, avec une barre à mines, j’ai rêvé certes mais aujourd’hui, j’ai des fruits toute l’année, grenades, pommes, mandarines, citrons, raisins noirs, et des espèces de cerises noires dont je ne connais pas le nom en français et des figues délicieuses. Rêver fait avancer, donne à l’âme des aliments pour vivre avec les éléments qui nous entourent. Pourquoi tous ces arbres ont poussé et génèrent tant de gentillesse à notre égard ? Ils savent que nous les aimons, nous les traitons avec délicatesse, un arbre, c’est sacré, ces racines vont chercher au creux de la terre ses commandements. La terre notre mère est à préserver, abandonner les engrais, seraient une très bonne chose, mais la face cachée de l’humanisation fait que l’on continue à détruire ce qui nous nourrit. Un arbre a un cœur, une âme, je le pense vraiment, il étend ses branches vers le ciel comme une prière qui monterait vers lui pour nous protéger du mal. Il y avait un eucalyptus dans le champ d’à côté, un eucalyptus plus que centenaire, j’allais le voir tous les jours. Le paysan a lâché ses moutons dans le champ chaque jour. Le mouton est un terrible prédateur, le troupeau a mangé l’écorce de mon arbre jusqu’à deux mètres de hauteur. Il en est mort, j’en aurai presque pleuré. Ces branches ont jauni, le paysan a coupé l’arbre, maintenant il me manque, il m’appelle par ce vide crée par la tronçonneuse. Serais-je un homme des bois ? J’ai besoin d’eux et de leurs odeurs si différentes qui enchantent mon nez. J’ai besoin d’eux pour leur beauté, leurs formes différentes, leurs feuilles si particulières. Le sapin qui atteint le ciel, le bouleau à l’écorce fragile, l’eucalyptus droit comme un I, et l’arbrisseau penché sur la rivière comme pour le saluer au passage de son eau. Je trouve que l’on va chercher bien loin le bonheur alors qu’il nous côtoie à chaque instant de chaque jour. Le soleil levant nous indique la direction de ce que serait diront certains, le centre du monde par les mélopées religieuses qui s’échappent des temples, des églises, des mosquées. Cela reste du domaine du divin. L’orage qui gronde lançant ses éclairs dans l’espace qu’il a choisi, cet arc en ciel et son demi-cercle géant englobant deux mondes en même temps. Sous les éclairs la pluie tombe et mouille abondamment les cultures et les ruisseaux fugueurs. Le pêcheur surpris tout mouillé s’est mis à l’abri sous le hêtre tout près de lui, en laissant sa canne et son fil plantés dans l’eau s’amusant avec le courant. C’est terminé, le soleil est revenu, chacun vaque à ses occupations, le vieux cheval traînant encore son chariot de fourrages vers le ferme toute proche. Regarde l’hirondelle dans son nid de terre accroché sous le toit de la maison, le pinson rigolo sur la branche du figuier, je suis heureux, l’argent n’a rien à voir avec cela. Cela s’appelle le bonheur ! 


                                      MON RUISSEAU, MA RIVIERE 




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 Ma montagne, s’affichait dans les décors, souvent bleue sous le soleil ou rougeoyante au crépuscule, la cime disparaissait souvent dans le coton des nuages. Les pentes étaient drues et les sentiers caillouteux provoquaient des douleurs dans les jambes fatiguées. Domaine des haies et des sapins, ma montagne produisait aussi des hêtres en quantité non négligeable. A l’abri de ceux-ci se cachent les sorbiers, le cytise, le fusain, la myrtille, la coronille et aussi le daphné lauréole. La petite oseille, le tout petit muguet, la prénanthe pourpre, la verge d’or et l’herbe de la trinité. Toutes ces plantes que je connaissais de visu, mais dont j’ignorais presque tous les noms, m’ont obligé à rechercher dans de savants ouvrages. Vous voyez, là entre ces deux gros rochers, perle une eau pure venant du fond de la terre, formant une flaque d’eau profonde d’une dizaine de centimètres qui, avide de voyager, se rue sur la pente de ma montagne en formant un ruisseau encore enfantin. Vous pourriez voir, dès l’aube venue, s’abreuver les bouquetins, les grives, le merle et le niverolle classé par les ornithologues, ancêtre de l’époque glaciaire, (comment font-ils pour annoncer cela, je suis toujours étonné de leurs connaissances) ? L’eau traçait sa route à travers les rochers, les éboulements, disparaissant parfois pour ressurgir là où nous ne l’attendions pas au pied d’un hêtre, en s’excusant presque. Ma montagne, d’une manière désordonnée, favorise la rencontre de plusieurs ruisselets, ruisseaux qui, mêlant leurs eaux, grossissent mon ruisseau qui descend ainsi plus vite la pente de ma montagne, entraînant avec elles des feuilles jaunies par l’automne. C’est curieux comme les paysages sont changeants, ici mon ruisseau borde une forêt de sapins et quelques peupliers d’Italie. Les lézards verts courent le long de la berge et se cachent très vite entre deux cailloux. Un merle sautille curieusement pour s’abreuver dans l’eau claire où son image se reflète. Oh, regardez la buse qui guette le mulot où l’orvet du haut de sa branche avec ses yeux d’expert. Un coude et mon ruisseau se cogne à une roche en l’éclaboussant et file furieusement en créant son chemin à travers la bruyère, inondant la terre brune et sa végétation, créant une colonie d’herbes grasses et d’arbustes bizarres avec un branchage tarabiscoté. Il descend toujours mon ruisseau, fougueux, ruisselant de lumière et d’éclats sous le soleil, là il passe sous la frondaison d’un saule qui borde sa berge, il change ainsi de couleur ravissant le coucou curieux. Attention, regardez bien, la rivière l’accueille dans son lit pour des noces sulfureuses, les eaux se mélangeant avec de nombreux tourbillons et de jolis éclats. Elle est colonisée par différents poissons blancs ma rivière : le blageon, petit poisson blagueur qui disparait plusieurs années et réapparait subitement, la truite fario, la vairon, le goujon, la loche, ces différentes espèces font bon ménage dans les eaux vives. Elle est belle ma rivière, se coulant entre les pierres et les rochers, se transformant parfois en torrent impétueux pour vite se calmer. Elle est encore agitée avant de rejoindre la plaine. Les paysages changent ou se répètent tout en harmonie avec le ciel. Là un vieux pont de pierres ne laissant passer qu’un véhicule. Ce pont faisait la fierté des habitants, il fut construit au quinzième siècle au temps des ducs de BOURGOGNE. Au temps jadis il a vu passer les chevaliers et leurs lourdes armures et les contrebandiers sur une arche en pierres. Ce petit village est resté dans la tradition, le maire de la commune des années mille neuf cent soixante a rédigé avec son conseil municipal un arrêté interdisant toute nouvelle construction ne satisfaisant pas aux normes du village, lorsque des gens des villes ont voulu construire des habitations secondaires. Le béton était interdit ainsi que le parpaing, seuls la pierre et le bois étaient autorisés. La petite église était d’une splendeur sans pareille, son clocher en chêne sculpté, comme l’intérieur avec le retable derrière l’autel, et les statues des saints sculptés dans du chêne, reflétait tout l’art du quinzième siècle et les fastes des ducs de BOURGOGNE. Ce petit village encore un peu isolé embellissait ma rivière par son reflet dans ses eaux tumultueuses. Les terres de cette moyenne montagne est riche en arbres à feuilles caduques, le hêtre, le chêne roi de la montagne, l’érable, l’alisier employé dans les placages de certains meubles. Il produit des baies comestibles utilisées par certains spécialistes pour produire un alcool de grande qualité. Pardon, J’ai oublié la vesse de loup produisant un fruit pouvant être de la taille d’une grosse balle de hand-ball. Quelle est belle ma rivière qui serpente encore dans les dernières terres de montagne, là où les hommes ont transformé les paysages d’une manière irrémédiable. Des vignobles bien alignés, des champs où paissent les moutons et les vaches. Des villages sont nés au fil des siècles remplaçant irrémédiablement les forêts de hêtres détruites à la hache. Profitant des déclivités elle s’écoule parfois tumultueuse sur les dernières pentes de la montagne avant la longue plaine. Entre collines et plaines, la ville s’étale le long de ses berges autrefois boisées et fleuries devenues grises sous le béton. La ville est la première rencontrée depuis la source génératrice de ces eaux encore claires. C’est une belle ville malgré le béton encore marquée par les siècles passés. Son cœur historique a gardé de multiples maisons à colombage. Leur ossature est formée d’un assemblage de poutres en chêne horizontales ou verticales, fixées entre elles par des tenons et des mortaises. Certaines avaient des pierres de montagne pour remplir les vides, mais la plupart étaient en torchis. Ces maisons étaient séparées par des ruelles pavées qui donnaient l’impression d’être au Moyen Âge. De nombreux commerçants animaient le quartier médiéval, jouxtant la cathédrale, construit à une époque toujours mal définie, au quatrième ou au cinquième siècle ? L’on retrouve le Roman, le Gothique et le Néo- Gothique dans son architecture. La cathédrale reconstruite par Charlemagne fut édifiée sur les ruines de l’église primitive, qui avait été détruite par les Sarrazins selon les historiens. Les pierres étaient sans doute jointées à la chaux, je n’ai trouvé aucun détail pouvant me renseigner. Les accidents étaient courants dans la construction des cathédrales. Quelquefois une centaine de compagnons étaient tombés de leurs échafaudages précaires, la hauteur de la cathédrale pouvant être à la hauteur des nuages. La cathédrale de Strasbourg culmine à plus de cent quarante-deux mètres. A l’ouest de celle construite ici, la façade est adossée à deux tours carrées de quarante mètres de style Gothique flamboyant, un jardin entoure une petite chapelle secondaire. Les habitants de cette ville sont fiers de leur cathédrale. Trois cloches habitent dans les tours, le bourdon, d’un poids de cinq mille deux cent kilogrammes est niché dans la tour gauche de l’édifice, deux autres cloches beaucoup plus petites sont logées dans la tour de droite. Quant à l’orgue, elle a été construite à la fin du dix-septième siècle. Cette ville ne pouvait être construite que sur le bord de ma rivière éclairant les esprits des bâtisseurs de la cathédrale. Cette rivière embellit la nature de ses méandres sauvages et de la beauté de ses paysages incomparables, puis elle s’enfuit vers la platitude et la tranquillité. Tout change, les eaux sont devenues beaucoup plus calmes et avec elles la nature a transformé l’environnement, mais pas seulement, les habitants de ses eaux sont également différents. Le brochet, le requin des eaux douces règnent en maîtres incontestés de ces eaux. La perche, la carpe, le gardon et la brème vivent en bonne harmonie dans les herbes bercées par le courant. Les troènes et les sureaux font bon ménage sur les berges accompagnés de noisetiers, de saules et de peupliers noirs et blancs et des herbes prenant racines dans les fonds sablonneux. Tout cet équilibre sert de réservoir biologique, d’abri et de nourriture pour la faune. Le pêcheur silencieux pourra apercevoir le martin pêcheur aux couleurs orange et bleue facilement remarquable sur sa branche. Là, il n’y a pas de pont, deux barques traversières relient toute la journée les deux rives à coups de pagaies et de force dans les bras pour quelques centimes. DANS LE SENS DU VENT Le vent change très souvent de direction, nous le perdons au détour d’un chemin, mais il nous rafraîchit la mémoire en soufflant dans nos cheveux. Le vent indique le sens de nos aspirations, pourquoi suis-je arrivé très près de la Baie de Somme dans cette petite ville très jolie, historique avec un nom curieux comme celui d’une rue. En effet cette petite ville se nomme Rue, elle appelle à la traverser doucement, délicatement en prenant soin de découvrir ces innombrables trésors. Je ne veux pas jouer à l’agence touristique mais j’ai été surpris de toutes ses beautés. La Maye petite rivière ravissante alimente un petit moulin en tournoyant dans la ville. Elle était au temps jadis une étape de Wikings qui avaient construits des huttes dans le marécage bordant la mer. Rue subissait de fait beaucoup d’incursions wikings. Rue par la suite était devenu un port de pêches florissant avant l’ensablement inexorable qui changé la physionomie de la ville, bien qu’il existe encore de nombreux marais et ruisseaux. Ce n’est pas seulement les paysages, la rivière, le moulin les marécages et les ruisseaux qui font la beauté et la réputation de cette petite ville, mais tout le côté historique qui m’a bluffé en arrivant à Rue. La chapelle Saint Esprit est du véritable gothique, Le beffroi inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. La réputation des frères Caudron, pionniers de l’aviation au début du siècle dernier, la commune leur a dédié un musée dans la maison de la culture de la ville. Avant de vous rendre dans la Baie de Somme arrêtez- vous à Rue, vous ne le regretterez pas ! Vous voyez comme le vent nous pousse, nous sommes déjà dans le petit train à vapeur qui nous fait faire un magnifique voyage autour de la baie de Somme. J’aime voir la fumée sortir de cette cheminée et d’entendre le bruit particulier de la locomotive. Dans le leitmotiv de ses roues d’acier, nous contournons les marais, nous franchissons des ponts, nous voyons, les hérons, les cygnes, les aigrettes et toutes sortes d’oiseaux. Le vent n’est pas toujours mauvais. J’aime beaucoup ces petits voyages à la sauvette, faits d’idées saugrenues venues sur le moment. Retour à Rue pour manger des spécialités de Picardie. Un joli restaurant avec façade en bois, magnifique restauration à l’ancienne, nous invite à entrer. Un très bon accueil, une bonne table et une dégustation d’une coupe de Champagne offerte par le patron. Ensuite nous attaquons directement sur un agneau de pré salé de la Baie de Somme, accompagné de champignons de Paris avec de la flamiche, pâte brisée avec un mélange d’œufs et de poireaux. Nous avons fini par gourmandise par un gâteau battu. Nous avons arrosé le tout, d’une bière régionale des brasseries de la Somme. Le vent était bon enfant ce jour-là. Le monde est beau, chaque pays recèle des beautés qu’il est bon d’observer, partout règne une empreinte particulière, du Fado Portugais, chanté par la magnifique Mahalia Rodriguès, au Fandango Espagnol, au Chaabi Berbère, à tous les chants et musiques de cœur des peuples du monde. Les montagnes de l’Himalaya, le volcan du Maroc saharien le Siroua haut de trois mille mètres, tout est beau dans le monde, ne sacrifions pas cette beauté ! Ou le vent vous pousse, vous trouverez de l’amour, de la beauté, de l’oasis du Sahara à Rue en Picardie, sur l’archipel de Guadeloupe, au Siam, sur chaque parcelle de terre de notre monde. Les animaux nous accompagnent sans eux nous ne sommes rien, le monde est un tout. Je me laisse pousser par le vent bon et mauvais, mais où je serai, je sentirai l’amour. -


                                               
                                 UN JOUR COMME LES AUTRES 







                                                Photographie Pixabay





Ce jour-là je rentrai plus tard à la maison, j’avais bu le thé avec des amis au café de Rachid et discuté sur les performances du Raja-club. Comme d’habitude personne n’était d’accord et en arrivant je me ferai passer un savon par Hanae. J’en avais l’habitude, Hanae ne supportait pas que j’arrive en retard pour dîner. Sur le chemin de retour pour retrouver mon automobile, je tombais sur une bande de gamins qui martyrisait un chien, terrifié couché à terre, n’osant pas se relever. Il y en avait même un qui avait un bâton et tapait sur la pauvre bête. Après y avoir mis le hola, les gamins s’éparpillant de tous côtés, je m’approchais de ce pauvre chien, c’était un petit griffon, je voulu le caresser, j’eu droit à une profonde morsure à la main. Je me résolu à ne pas laisser cette pauvre bête dans la rue, j’avais une couverture dans la voiture. Après l’avoir prise, je la jetais sur l’animal. Aveuglé par la couverture, j’ai pu le prendre dans les bras et l’amener jusqu’à la voiture. Je me résolu de me rendre chez le vétérinaire, mais avant je téléphonais à Hana pour lui expliquer la situation. Le vétérinaire avec beaucoup de dextérité lui enfila une muselière pour éviter de se faire mordre à son tour. Avant toute chose il le vaccina puis, il le palpa pour observer des malformations handicapantes. Se fut son employée qui pris les choses en mains, en baignant le petit chien, le savonnant doucement avec des produits désinfectants qui le débarrassait de ses parasites. Il avait meilleure allure. Le vétérinaire m’interrogeant : -Comment voulez l’appeler ? -Quel jour sommes-nous docteur ? -Nous sommes jeudi -Bien dis-je l’appellerai Jeudi Il me remplit son carnet de santé à son nom, et maintenant dit-il à nous deux. -Donnez-moi votre main Il me désinfecta la plaie qui me faisait souffrir mis dessus une crème recouverte de sparadrap. -Enlevez votre chemise dit-il d’un air autoritaire, ceci fait, il me piqua dans l’épaule avec de l’antibiotique si vous deviez avoir quelques problèmes d’ici deux ou trois jours, allez voir votre médecin. J’avais acheté un collier que j’avais passé autour du cou de Jeudi relié à une laisse en cuir. Je lui enlèverai sa muselière à la maison. J’ai remercié le vétérinaire, une fois payé, j’ai traîné Jeudi dans mon automobile qui n’en revenait pas d’avoir un passager à quatre pattes. Je m’attendais à une scène de ménage en rentrant à la maison, comment allait réagir Hanae ? -C’est à cette heure que tu rentres, je travaille sans arrêt à la cuisine et monsieur arrive à son heure ! -Je te l’ai dit Hanae je suis passé au vétérinaire, regarde avec qui je viens. -Qu’est-ce que c’est que ça ? -Je m’attendais à une scène de ménage historique, mais Dieu soit loué, non. -Il est très beau dit- elle, elle le caressa, il avait sa muselière -J’avais acheté un paquet de croquettes et un bol en plastique chez le vétérinaire, j’étais content de la réaction de Hanae. Je déposais le bol dans un coin de la cuisine, le rempli de croquettes à la viande et dans une boîte vide de margarine que j’avais rempli d’eau. Je lui enlevais avec précaution sa muselière et m’éloignais. Il ne bougea pas, encore terrifié par le boucan des enfants sur le trottoir. Ici il n’aura plus de problème, il n’aura que de l’amour. Après avoir dîné je passais faire un tour à la cuisine, Jeudi avait avalé toutes ses croquettes, c’était bon signe. J’avais installé des chiffons par terre à côté de mon lit pour qu’il puisse se coucher à l’aise. De ce côté-là ce n’était pas gagné, il restait dans la cuisine allongé les pattes en avant sur le carrelage, nous regardant avec des yeux si tristes que nous en aurions pleuré. Le matin j’allais voir dans quel état se trouvait Jeudi, il n’avait pas bougé de sa position de la veille au soir, les pattes toujours en avant. Je voulu lui donner des croquettes, il grogna quand je voulu approcher, il n’avait pas oublié le coup de la couverture. Hanae était la seule à l’approcher, elle distribua les croquettes dans son bol et lui caressa le dos sans qu’il y trouvât à redire. C’était toute une approche, d’abord Hanae, ensuite moi s’il le voulait bien. Il fallut plus de dix jours pour que Jeudi m’accepte, il avait beaucoup changé, son agressivité avait disparu, ses yeux battus du début n’étaient plus. Sa queue battait la mesure, il mettait ses pattes sur nos genoux en se dressant sur ses pattes arrière et en nous léchant les mains. Nous avions trouvé un nouvel ami. Au moment où Hanae allait lui accrocher la laisse, mon rêve se brisa, m’abandonna et disparu si bien que j’oubliais de quoi il s’agissais, tant Jeudi tirait sur la couverture pour que nous le sortions comme tous les jours. Jeudi était la réalité pas une fantaisie venue du fond de mon cerveau à travers un rêve. Je mis les pieds par terre Jeudi était tout joyeux en agitant sa queue de droite à gauche. Une nouvelle journée commençait !

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