L'amour n'a pas d'âge






C'est vrai que l'amour n'a pas d'âge, je me suis amusé à vous proposer deux nouvelles de l'auteur cité.



L'amour n'a pas d'âge

                          tirés du recueil de nouvelles érotiques de Paul Edouard GOETTMANN
                                                     Proposé par ALI


Les commentaires allaient bon train sur notre passage lorsque nous déambulions sur les trottoirs de Basse-Terre. Elle était belle Adelise avec ses longs cheveux noirs tombants sur les épaules, sa démarche souple et élégante mettant en valeur des fesses rondes et larges, ses longues jambes soutenues par des chaussures à talons hauts. Elle était un brin provocante en se serrant contre moi un peu plus fort que la normale.
Notre couple faisait les beaux jours des « makrèl » de l’Isle papillon, toute jeune encore, à peine plus de quarante ans. Magnifique métisse et moi les cheveux gris-blancs marquant d’une manière indélébile mes soixante-dix ans. L’amour nous unissait depuis bientôt une année, son regard me rassurait au travers de ses yeux d’un noir absolu où même le diable se serait perdu, s’il l’avait rencontrée.
Pourrions nous expliquer cette attirance mutuelle que nous ressentions l’un pour l’autre ? Cet amour fou qui s’enflammait comme une allumette ? Nos culbutes qui me faisaient oublier mes douleurs de vieux bonhomme ? Nos baisers alimentant tous nos fantasmes, nos gestes, nos caresses, nos mots dictés par un cerveau dérangé en ébullition par les désirs mutuels ?
L’un sur l’autre à la recherche du plaisir, goûtant l’un et l’autre la sueur de nos corps et notre odeur qui activaient l’animalité qui était en nous.  Durant des heures, Adelise, loin de se dérober me donnait les plus belles preuves d’amour par des caresses savantes venues sans aucun doute de l’Afrique de ses ancêtres. J’étais friand de ces moments qui n’appartenaient qu’à nous seuls, de ces cris, de ces soupirs, de ces jouissances qui la faisaient trembler des pieds à la tête en entraînant le drap avec elle. C’était le moment où elle poussait sa langue au fond de ma bouche comme pour me remercier, le moment également où sa peau luisante de métisse resplendissait comme une toile de Matisse me poussant à récidiver.
« Elle court, elle court la maladie d’amour de 13 à 77 ans ! »
Comme il avait raison ce poète-chanteur pour cette merveilleuse analyse. Non l’amour ne faiblit pas. L’envie tout comme le désir est une réaction humaine qui nous porte quelque soit notre âge à aimer, à désirer… Et je dis merde à celles et ceux coincés dans leurs convictions rétrogrades qui ne peuvent admettre que l’amour est universel comme un bienfait du ciel. Et comme un célèbre chanteur nous le dit en créole : sé sèl médikaman nou ni  !

Adelise connaissait tout le monde à Basse-Terre au point que les commerçants l’appelaient Chérie Doudou. Elle naviguait m’entraînant dans un long slalom à travers le marché de la capitale. Gwo Lisyen le pêcheur était son favori pour le poisson, celui-ci la connaissait bien, il savait que tous les mercredis elle venait acheter ce qu’elle aimait : les grosses gueules, les dorades, les balaous… Tous étaient achetés sur les trottoirs à la criée. Le balaou frit, ce poisson au long bec pointu était excellent ! Je m’amusais des commentaires grivois des hommes du marché, tini bèl bonda mam’zèl la . J’étais fier, fier d’être accompagné de cette femme magnifique accrochée à mon bras. Elle me rendait invincible, ou croyait l’être !

Je faisais des jaloux aux bals du samedi soir, collés l’un à l’autre, remuant les hanches sur un zouk love sans pratiquement bouger, les têtes serrée l’une contre l’autre, les bras liés autour du cou comme si nous faisions l’amour. Elle ne refusait pas de danser avec d’autres partenaires, en sachant les tenir à distance, car son ventre seul m’appartenait ! Nous n’étions pas seuls, d’autres amis nous fréquentaient et s’asseyaient à la même table, la bouteille de Bologne ou de Cœur de Chauffe à notre entière disposition. Les ti-punch à répétitions nous mettaient dans un état de communication collective propice aux confidences. Adelise préférait le Planteur bien serré et bien glacé. Ce moment permettait le makrélage ; c’était la gazette de la semaine. Deux heures du matin, je sentais les pieds d’Adelise qui me donnaient le signal.

Ma vieille Panda réussie à monter le morne sans trop de difficulté. À peine descendu de voiture Adelise inventa des jeux que la religion réprouve, coincé contre le mur, sa langue scrutait consciencieusement ma bouche. Toute la périphérie de mon palais se voyait examiné et elle s’appuyait sans vergogne sur mon ventre, allant jusqu’à me faire mal.

D’une main habile, après m’avoir baissé le pantalon elle s’incrusta loin au fond de sa Soufrière. Le feu brûlait en elle ! J’aimais ces instants de folies, j’aimais faire l’amour avec elle… Les chauves souris avec leurs cris aigus voletaient autour de la case et les petites grenouilles faisaient un bruit d’enfer. Elle poussa un cri de délivrance, j’eus peur qu’elle réveille le voisin pourtant situé à une cinquantaine de mètres. Nous n'eûmes même pas la force de prendre une douche. Le lit nous reçu avec satisfaction, collés l’un contre l’autre, le sommeil prit vite notre conscience.








La symphonie de la baignoire

                                                 Tiré de son recueil de nouvelles érotiques

Elle m'appelait avec sa voix teintée de l'accent de Basse-Terre. Arrivé dans la salle de bain je ne pu que la voir, flottant dans l'eau tiède. Sylvia avait dénoué ses longs cheveux qui trempaient dans l'eau du bain. Ses yeux brillants, curieusement tirés comme ceux d'une asiatique étaient provocateurs. J'adorais ses seins hauts perchés sur sa gorge, petits, rehaussés de bouts charnus au milieu de grandes auréoles sombres, plus foncés que sa peau noisette.
Son ventre était resté plat autour du nombril en forme de coquille. Le haut de ses cuisses abritait une forêt que le rasoir ne défrichait jamais.
Elle s'ingéniait en gigotant aussi habilement qu’astucieusement au fond de la baignoire pour me faire constater, si besoin était, la différence qu'il y avait entre nous deux. J'étais pieds nus et je ne pris même pas la peine d'enlever le short qui m’habillait avant de plonger dans l'eau. Sitôt fait les vagues inondèrent le carrelage autour de la baignoire. Sylvia se mit à genoux sur le tapis de bain, me poussa sur le fond et d'un coup sec tira le short entraînant mon slip. Elle constata avec un grand éclat de rire ma transformation physique. Sa main accomplit quelques allers-retours avant de s'asseoir sur le bord de la baignoire, les jambes hautement perchées sur les deux côtés, me laissant entrevoir toute la beauté de son intimité. D'une manière autoritaire, elle prit ma tête et la plaça contre sa forêt… La demande était claire. Il n'était pas question d’abandonner l'exploration, même si la position adoptée me blessait les genoux. Ma langue glissait dans sa vallée avec quelques interruptions vivement critiquées, ses mains guidaient ma tête et m'intimaient de continuer avec des mots crus prononcés d’une voix rauque. Un grand soubresaut la désarçonna de sa position initiale et la fit glisser dans le fond de la baignoire. Outre une nouvelle inondation de la salle de bain, je me suis retrouvé scotché contre le bord avec un mal de tête dû au choc.
Un immense sourire éclairait son visage rendant ses yeux encore plus grands qu'avant. Elle entreprit de m'embrasser, sa langue jouant avec la mienne, reconstituant une rectitude quelque peu perdue. Elle ne quitta plus ma bouche tant que sa main n'eut pas finit de coller des affiches sur ma « colonne Vendôme ».
Habillée d'une robe bleue dont la longueur se terminait légèrement en dessous des genoux et munie d’un décolleté harmonieux qui laissait apparaître le haut de sa poitrine, d’une paire de chaussures à hauts talons lui galbant encore plus les mollets de ses jambes, elle était splendide. Elle avait prit le temps de reconstituer sa coiffure, aucun fard ne couvrait son visage, ces longs cils soulignaient naturellement la grandeur de ses yeux éternellement brillants… Lovée dans mes bras elle entourait mon cou et se laissait tanguer contre mon corps au rythme du zouk. Ainsi, elle retrouvait une attitude, loin de la symphonie de la baignoire.
Paul Edouard GOETTMANN


Photo Emmanuel KAMBOO






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