Comment Jérôme Rodrigues pourrait remobiliser les gilets jaunes









      Comment Jérôme Rodrigues pourrait 

             remobiliser les gilets jaunes

       Article de Huffpost/Anthony BERTHELIER  -  Proposé par Ali GADARI


Touché à l'oeil pendant l'Acte XI du mouvement, ce proche d'Éric Drouet devient le symbole de la répression policière pour les gilets jaunes.



POLITIQUE - C'est incontestablement l'image de l'Acte XI des gilets jaunes.Après neuf minutes de vidéo en direct sur sa page Facebook, Jérôme Rodrigues s'effondre, touché à l'œil par un projectile non-identifié, tiré par un membre des forces de l'ordre présent sur les lieux. Depuis, la scène filmée par de nombreux observateurs sur le terrain fait le tour des réseaux sociaux et la photo du visage mutilé de ce manifestant est érigée en exemple de dévouement à leur cause.
Proche d'Éric Drouet, l'une des figures les plus médiatiques du mouvement, Jérôme Rodrigues est présenté par ses camarades gilets jaunes, dans un communiqué diffusé samedi soir, comme quelqu'un "connu par tous pour prôner le pacifisme, et ce depuis le début du mouvement". Au début de son live diffusé sur Facebook, il semble d'ailleurs prévenir à plusieurs reprises les manifestants quand la situation se tend et devient dangereuse.
Une figure de vieux sage particulièrement populaire sur les réseaux sociaux, avant même sa mésaventure lors de l'Acte XI. Comme Maxime Nicolle, Mike Rambo, Ramous ou Éric Drouet, ses vidéos en direct sur les réseaux sociaux attirent des dizaines de milliers de spectateurs à chaque prise de parole. Mais rien à voir avec le succès que remportent désormais les publications de celui dont le statut est en train de passer de porte-parole officieux à symbole des violences policières et martyr de la cause.

"TENTATIVE DE MEURTRE"

La scène tournée par le HuffPost juste après que Jérôme Rodrigues s'est effondré laissait déjà présager de l'importance qu'allait prendre le franco-portugais chez les gilets jaunes, ulcérés par la répression policière depuis le début de leur mouvement. Sur les images que vous pouvez retrouver ci-dessous, on voit en effet l'homme se relever, avec un bandage autour de la tête, l'œil ensanglanté avant d'étreindre plusieurs de ses amis en tunique fluo. Escorté par les pompiers de Paris dans la plus grande confusion, Jérôme Rodrigues a alors quitté la manifestation au son des "vengeance" que scandait une foule révoltée.

Depuis le moindre de ses messages écrits, vidéos ou photos fait un tabac sur les réseaux sociaux. La première publication après son évacuation de la place de la Bastille, sur laquelle il montre son visage tuméfié a suscité plus de 20.000 réactions et quelque 42.000 partages via son profil Facebook personnel. Un score rarement égalé depuis le début du mouvement des gilets jaunes.


CAPTURE D'ÉCRAN @JEROMERODRIGUES

La photo mise en avant fait désormais le tour des pages Facebook, tout comme celles publiées par l'AFP quelques minutes après l'impact. Plus généralement, ce sont les publications en rapport avec l'homme blessé place de Bastille qui emportent le plus d'attention sur les pages dédiées au mouvement, véritable agora des gilets jaunes. "Jerome Rodrigues vous embrasse tous! Il a un sacré moral.. Un guerrier... Même pas de haine.. Un homme vraiment incroyable.. Gentil pleins d'amour (sic)", témoigne par exemple une internaute qui s'est rendue à son chevet quand d'autres créent des pages dédiées au franco-portugais.


@JEROMERODRIGUES



CAPTURE D'ÉCRAN @NATHALIAGIMENO
CAPTURE D'ÉCRAN @NATHALIAGIMENO

Et si ces publications trouvent un tel écho, c'est aussi dû à l'environnement virtuel dans lequel sont plongés les gilets jaunes qui ont fait du relai de vidéos et d'images de répressions policières leur spécialité. Depuis plus de deux mois, ils partagent en effet énormément de cas de violences policières présumés qu'ils estiment passés sous silence par les médias. Alors quand un des leaders du mouvement devient victime de ces abus, les interactions sont logiquement décuplées.
Les émotions aussi. Ramous, un autre gilet jaune de "la bande à Drouet", a publié une vidéo en direct ce dimanche 27 janvier au sortir de l'hôpital dans laquelle il apparaît très ému et dénonce une "tentative de meurtre" sur son ami. Un terme qu'il avait déjà utilisé la veille, dans une publication Facebook partagée plus de 75.000 fois et très massivement commentée. "TENTATIVE DE MEURTRE SUR MON FRÈRE JEROME RODRIGUES EN LARME DANS MES BRAS ET ME DIT 'J'AI PERDU MON ŒIL RAMOUS'", expliquait le Youtubeur engagé.


CAPTURE D'ÉCRAN @RAMOUS

Facteur d'union et de remobilisation des gilets jaunes?

Évidemment, les messages de soutien fleurissent sur ces pages Facebook. Les "Tout notre soutien" succèdent aux "Force a toi frero !!".
Mais plus que de provoquer de la tristesse ou de la peur, cette blessure a semble-t-il attisé la détermination du noyau dur des protestataires, comme en témoignent les commentaires les plus appréciés sous la photo de l'homme blessé. "Vous venez de déclarer la guerre", "Je suis prêt à remettre mon treillis militaire pour défendre les intérêts de la France", "voila pourquoi le pacifisme a ses limites réveillons nous", peut-on lire notamment parmi le flot incessant de réactions. Lui-même répète au gré de ces messages qu'il ne lâchera rien, sans toutefois prôner la violence comme certains des internautes qui le suivent.


CAPTURE D'ÉCRAN @JEROMERODRIGUES

Un de ses proches, l'emblématique Éric Drouet n'a pas hésité pour sa part à appeler dès samedi soir à "un soulèvement sans précédent par tous les moyens utiles et nécessaires." Le même qui s'est affiché avec Priscillia Ludosky, quelques heures après l'évacuation de Jérôme Rodrigues, malgré leurs désaccords et leur récente brouille stratégique.
Une rencontre qui pourrait paraître anecdotique mais qui révèle, au fond, comment la blessure de leur camarade pourrait redonner de l'union et par conséquent du souffle à la contestation. L'Acte XI a également été marqué par un léger affaiblissement de la mobilisation et les leaders de la contestation, aussi officieux soient-ils, savent qu'ils ne peuvent pas se permettre de partir divisés à chaque manifestation s'ils veulent "faire le nombre" et s'imposer dans la durée.
De quoi imaginer un regain de forme pour samedi prochain? Relayé par Eric Drouet, l'Acte XII en ligne sur les réseaux sociaux prévoit déjà de rendre hommage aux nombreux manifestants blessés depuis deux mois. Jérôme Rodrigues en fera sans doute partie et nul doute que son statut de symbole de la répression policière saura mobiliser les foules.
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Touché à l'oeil pendant l'Acte XI du mouvement, ce proche d'Éric Drouet devient le symbole de la répression policière pour les gilets jaunes.




POLITIQUE - C'est incontestablement l'image de l'Acte XI des gilets jaunes.Après neuf minutes de vidéo en direct sur sa page Facebook, Jérôme Rodrigues s'effondre, touché à l'œil par un projectile non-identifié, tiré par un membre des forces de l'ordre présent sur les lieux. Depuis, la scène filmée par de nombreux observateurs sur le terrain fait le tour des réseaux sociaux et la photo du visage mutilé de ce manifestant est érigée en exemple de dévouement à leur cause.
Proche d'Éric Drouet, l'une des figures les plus médiatiques du mouvement, Jérôme Rodrigues est présenté par ses camarades gilets jaunes, dans un communiqué diffusé samedi soir, comme quelqu'un "connu par tous pour prôner le pacifisme, et ce depuis le début du mouvement". Au début de son live diffusé sur Facebook, il semble d'ailleurs prévenir à plusieurs reprises les manifestants quand la situation se tend et devient dangereuse.
Une figure de vieux sage particulièrement populaire sur les réseaux sociaux, avant même sa mésaventure lors de l'Acte XI. Comme Maxime Nicolle, Mike Rambo, Ramous ou Éric Drouet, ses vidéos en direct sur les réseaux sociaux attirent des dizaines de milliers de spectateurs à chaque prise de parole. Mais rien à voir avec le succès que remportent désormais les publications de celui dont le statut est en train de passer de porte-parole officieux à symbole des violences policières et martyr de la cause.

"TENTATIVE DE MEURTRE"

La scène tournée par le HuffPost juste après que Jérôme Rodrigues s'est effondré laissait déjà présager de l'importance qu'allait prendre le franco-portugais chez les gilets jaunes, ulcérés par la répression policière depuis le début de leur mouvement. Sur les images que vous pouvez retrouver ci-dessous, on voit en effet l'homme se relever, avec un bandage autour de la tête, l'œil ensanglanté avant d'étreindre plusieurs de ses amis en tunique fluo. Escorté par les pompiers de Paris dans la plus grande confusion, Jérôme Rodrigues a alors quitté la manifestation au son des "vengeance" que scandait une foule révoltée.
Depuis le moindre de ses messages écrits, vidéos ou photos fait un tabac sur les réseaux sociaux. La première publication après son évacuation de la place de la Bastille, sur laquelle il montre son visage tuméfié a suscité plus de 20.000 réactions et quelque 42.000 partages via son profil Facebook personnel. Un score rarement égalé depuis le début du mouvement des gilets jaunes.



CAPTURE D'ÉCRAN @JEROMERODRIGUES

La photo mise en avant fait désormais le tour des pages Facebook, tout comme celles publiées par l'AFP quelques minutes après l'impact. Plus généralement, ce sont les publications en rapport avec l'homme blessé place de Bastille qui emportent le plus d'attention sur les pages dédiées au mouvement, véritable agora des gilets jaunes. "Jerome Rodrigues vous embrasse tous! Il a un sacré moral.. Un guerrier... Même pas de haine.. Un homme vraiment incroyable.. Gentil pleins d'amour (sic)", témoigne par exemple une internaute qui s'est rendue à son chevet quand d'autres créent des pages dédiées au franco-portugais.



@JEROMERODRIGUES




CAPTURE D'ÉCRAN @NATHALIAGIMENO
CAPTURE D'ÉCRAN @NATHALIAGIMENO

Et si ces publications trouvent un tel écho, c'est aussi dû à l'environnement virtuel dans lequel sont plongés les gilets jaunes qui ont fait du relai de vidéos et d'images de répressions policières leur spécialité. Depuis plus de deux mois, ils partagent en effet énormément de cas de violences policières présumés qu'ils estiment passés sous silence par les médias. Alors quand un des leaders du mouvement devient victime de ces abus, les interactions sont logiquement décuplées.
Les émotions aussi. Ramous, un autre gilet jaune de "la bande à Drouet", a publié une vidéo en direct ce dimanche 27 janvier au sortir de l'hôpital dans laquelle il apparaît très ému et dénonce une "tentative de meurtre" sur son ami. Un terme qu'il avait déjà utilisé la veille, dans une publication Facebook partagée plus de 75.000 fois et très massivement commentée. "TENTATIVE DE MEURTRE SUR MON FRÈRE JEROME RODRIGUES EN LARME DANS MES BRAS ET ME DIT 'J'AI PERDU MON ŒIL RAMOUS'", expliquait le Youtubeur engagé.



CAPTURE D'ÉCRAN @RAMOUS

Facteur d'union et de remobilisation des gilets jaunes?

Évidemment, les messages de soutien fleurissent sur ces pages Facebook. Les "Tout notre soutien" succèdent aux "Force a toi frero !!".
Mais plus que de provoquer de la tristesse ou de la peur, cette blessure a semble-t-il attisé la détermination du noyau dur des protestataires, comme en témoignent les commentaires les plus appréciés sous la photo de l'homme blessé. "Vous venez de déclarer la guerre", "Je suis prêt à remettre mon treillis militaire pour défendre les intérêts de la France", "voila pourquoi le pacifisme a ses limites réveillons nous", peut-on lire notamment parmi le flot incessant de réactions. Lui-même répète au gré de ces messages qu'il ne lâchera rien, sans toutefois prôner la violence comme certains des internautes qui le suivent.



CAPTURE D'ÉCRAN @JEROMERODRIGUES

Un de ses proches, l'emblématique Éric Drouet n'a pas hésité pour sa part à appeler dès samedi soir à "un soulèvement sans précédent par tous les moyens utiles et nécessaires." Le même qui s'est affiché avec Priscillia Ludosky, quelques heures après l'évacuation de Jérôme Rodrigues, malgré leurs désaccords et leur récente brouille stratégique.
Une rencontre qui pourrait paraître anecdotique mais qui révèle, au fond, comment la blessure de leur camarade pourrait redonner de l'union et par conséquent du souffle à la contestation. L'Acte XI a également été marqué par un léger affaiblissement de la mobilisation et les leaders de la contestation, aussi officieux soient-ils, savent qu'ils ne peuvent pas se permettre de partir divisés à chaque manifestation s'ils veulent "faire le nombre" et s'imposer dans la durée.
De quoi imaginer un regain de forme pour samedi prochain? Relayé par Eric Drouet, l'Acte XII en ligne sur les réseaux sociaux prévoit déjà de rendre hommage aux nombreux manifestants blessés depuis deux mois. Jérôme Rodrigues en fera sans doute partie et nul doute que son statut de symbole de la répression policière saura mobiliser les foules.
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