Brexit :leParlementbritannique donne mandat à Theresa May pour renégocier l’accord avec Bruxelles







Brexit :leParlementbritannique  donne mandat à Theresa May             pour renégocier l’accord                             avec Bruxelles

        Le Monde/Philippe BERNARD  -  Proposé par Ali GADARI

Par 317 voix contre 301, dans une ambiance électrique, les députés ont approuvé dans la soirée l’amendement qui demande le remplacement du « backstop ».

Theresa May, mardi 29 janvier au Parlement britannique.
Theresa May, mardi 29 janvier au Parlement britannique. OLI SCARFF / AFP
Pour tenter d’éviter l’éclatement du parti conservateur qu’elle dirige, Theresa May a pris le risque, mardi 29 janvier, d’un affrontement majeur avec l’Union européenne et accru le danger d’un Brexit sans accord (« no deal ») potentiellement catastrophique pour l’économie. Par une spectaculaire volte-face, la première ministre a demandé et obtenu d’une majorité de députés un vote demandant la renégociation de l’accord de sortie de l’Union européenne (UE) qu’elle a elle-même discuté pied à pied à Bruxelles depuis deux ans.
Par 317 voix contre 301, dans une ambiance électrique, les députés ont approuvé dans la soirée l’amendement déposé par Graham Brady, un élu tory proche de Mme May, qui demande le remplacement du « backstop », irlandais, pièce maîtresse de l’accord Brexit avec les 27 par un « dispositif alternatif » non précisé. Par ce coup de force du Parlement, Mme May obtient le « mandat » qu’elle avait sollicité quelques heures plus tôt, en ouvrant les débats parlementaires, alors que l’UE a exclu formellement une telle renégociation.
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« Il existe un appétit limité pour un tel changement au sein de l’UE, a lancé la première ministre à l’issue du vote avec un brin de provocation. Le négocier ne sera pas facile. Mais la Chambre [des Communes] a exprimé clairement quel genre d’accord de retrait elle souhaite. Il existe désormais une solution susceptible de rassembler une majorité substantielle et durable pour quitter l’UE avec un accord ».
En votant l’amendement Brady, les députés s’engagent à approuver l’accord de Brexit « sous réserve de cette modification ». A deux mois jour pour jour de la date du 29 mars prévue pour le divorce officiel entre Londres et l’UE, Theresa May prétend désormais repartir négocier à Bruxelles forte du soutien d’une majorité en faveur d’un deal dont la garantie irlandaise aurait été retirée. Ce « backstop » prévoit le maintien provisoire de l’Irlande du nord dans le marché unique européen et celui du Royaume-Uni dans l’union douanière. Un provisoire que les opposants soupçonnent d’être définitif et qui transformerait selon eux le pays en « vassal » de l’UE.
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« Triste soirée »

A Bruxelles mardi soir, le président du Conseil européen Donald Tusk a dit « regretter le résultat du vote » et demandé aux Britanniques de préciser leurs intentions le plus rapidement possible. Des discussions sur les « dispositifs alternatifs » évoqués par l’amendement Brady (notamment technologiques) ont eu lieu pendant des mois à Bruxelles et ont conclu qu’ils n’existaient pas. En déplacement à Chypre, Emmanuel Macron a également adressé une fin de non-recevoir, affirmant que l’accord était le « meilleur accord possible et n’était pas renégociable ». « Ce vote fait augmenter le risque de sortie chaotique », a conclu M. Tusk. Le marché des devises a immédiatement tiré la même conclusion et la livre Sterling a plongé.
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« Triste soirée », a résumé le chef des députés nationalistes écossais (SNP), Ian Blackford, en prenant la parole à l’issue des votes. M. Blackford a accusé les conservateurs d’avoir « déchiré » l’accord de paix qui, en 1998, a mis fin à trente années de guerre civile en Irlande. L’absence de frontière garantie par le « backstop » désormais remis en cause, est l’une des conséquences de cet accord. C’est l’une des réalités concrètes qui a favorisé le climat de paix en Irlande depuis vingt ans.

Deux échecs pour les pro européens

Visiblement défait, le leader travailliste Jeremy Corbyn a insisté sur un autre vote intervenu dans la soirée qui a confirmé l’existence d’une majorité hostile à un Brexit sans accord : un amendement défendu conjointement par une députée conservatrice et un élu Labour affirmant l’opposition du parlement à un tel « no deal » a été adopté par 318 voix contre 310. Mais les pro européens ont enregistré coup sur coup deux échecs retentissants.
L’amendement des députés Yvette Cooper (Labour) et Nick Boles (Tories), destiné à reporter la date du Brexit (29 mars) à la fin de 2019 si aucun accord n’était voté par le parlement, a été rejeté par 298 voix contre 321. Ce score décevant résulte de l’abstention ou de l’opposition de certains députés Labour dont les électeurs favorables au Brexit n’auraient pas compris, disent-ils, qu’ils repoussent l’échéance. Quant à l’amendement du député conservateur pro européen Dominic Grieve visant à permettre aux députés de voter librement sur des issues possibles à l’impasse sur le Brexit (maintien dans une union douanière avec l’UE ou second référendum), il a été rejeté par 321 voix contre 301.
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En esquissant une synthèse de tous les votes intervenus mardi soir, il est tentant de conclure qu’à ce stade, l’hypothèse d’un second référendum – qui suppose le vote d’une loi par les députés – reste lointaine, puisqu’une majorité n’existe même pas pour retarder le Brexit, condition sine qua non d’un deuxième vote. On peut aussi remarquer que les députés ont adressé au gouvernement deux messages potentiellement contradictoires : une majorité refuse un Brexit sans accord avec l’UE, mais une autre majorité existe aussi pour mandater Theresa May en vue d’une renégociation si hypothétique – surtout en deux mois – qu’elle risque d’aboutir précisément à ce « no deal » tant redouté.

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