Anne Hidalgo crée une police municipale à Paris






 


Anne Hidalgo crée une police municipale à Paris

La maire de Paris, Anne Hidalgo, lance sa campagne pour les élections municipales avec une mesure choc : la création d'une police municipale dans la capitale, qui sera avalisée le mardi 29 janvier. Un coup d'éclat qui pourrait fracturer sa majorité...





Le secret est bien gardé, mais la décision est prise. Anne Hidalgo crée une police municipale à Paris. Le pré-lancement a lieu à 15 heures ce vendredi 25 janvier, devant la troisième commission municipale, celle de la sécurité. L’adjointe au maire en charge de cette question, Colombe Brossel, doit y présenter aux élus un rapport d’audit dressant un état complet de la sécurité à Paris. A 17h30, Anne Hidalgo réunit ensuite tous les présidents de groupe pour leur détailler l’audit et leur annoncer son intention de proposer le mardi 5 février, au conseil de Paris, la mise en place d'un nouveau corps de police. Selon nos informations, Anne Hidalgo a décidé de maintenir le terme de "police municipale". L'entourage de la maire se refuse à toute confirmation avant la réunion des élus : "La décision est sous embargo jusqu'à 20 heures". "Nous optons pour un modèle comme celui de Bordeaux, évidemment non armé", confirme toutefois à Marianne une source dans la majorité municipale.

HIDALGO ZAPPE LE VOTE DU CONSEIL DE PARIS

Autre décision politique lourde prise par Anne Hidalgo, celle de ne pas solliciter de vote devant le conseil de Paris. "C’est bien trop risqué pour elle. Elle pourrait essuyer un refus et fracturer sa majorité. Alors elle passe en force", peste auprès de Marianne un conseiller de Paris écolo. "Anne Hidalgo a toujours été contre la création d’une police municipale à Paris mais se dit aujourd’hui persuadée que les municipales vont se jouer sur cette question. Elle veut donc couper l’herbe sous le pied de la droite", analyse cet élu, hostile au projet et persuadé que "la majorité va y laisser des plumes". Nicolas Bonnet-Ouladj, le patron du PCF parisien, a déjà fait savoir son opposition dans une tribune à Libération intitulée : "Police municipale à Paris : pour nous c'est non". D’ailleurs, les écologistes et les communistes parisiens devraient prochainement déposer devant le conseil de Paris un "vœu contre la création d’une police municipale"… et provoquer ainsi un vote indirect. La campagne électorale pour les élections municipales de l’an prochain commence aujourd’hui.
Pour "vendre" son projet aux élus, puis aux Parisiens, Anne Hidalgo a en main un rapport d‘audit d’une centaine de pages dressant un état des lieux des forces de sécurité parisiennes. Depuis début 2018, beaucoup de choses ont changé. La première étape a été la mise à disposition par la préfecture de police de Paris, auprès de la ville, des effectifs de "pervenche", les agents jusque-là chargés de verbaliser le stationnement. Ces effectifs ont rejoint une foule d’autres "équipes" municipales parisiennes, en charge par exemple de la surveillance des parcs et jardins, ou de la surveillance des bâtiments publics. Au total, selon l’audit, Paris compte aujourd’hui 3.200 agents, sous plusieurs labels et statuts différents, en charge soit de sécurité, soit de verbalisation. Ce sont ces 3.200 agents, plus 200 supplémentaires à terme, qui seront regroupés sous la bannière "police municipale". A leur tête, la mairie a déjà recruté un ancien commissaire de police venu des BAC, les brigades anti-criminalité.

POLICIERS NON-ARMÉS

Quelles seront leurs missions ? Non armés (sauf de matraques et de bombes lacrymogènes), ces agents peuvent déjà contrôler les identités en cas d’infraction. Comme la ville a privatisé l’an dernier la verbalisation du stationnement, les anciennes équipes de "contractuelles" et les équipes de sécurité municipales sont déjà missionnées pour contrôler davantage les "incivilités" : rangement des poubelles, crottes de chien, mégots, stationnement des scooters sur les trottoirs et dans les voies de bus, surveillance des trottinettes… Une batterie de plus de mille caméras surveille aussi les infractions routières, et des agents en poste à l’Hôtel de ville verbalisent "sur écrans". D’où, ces derniers mois, une inflation des amendes sur la voie publique.
Selon le rapport d’audit, alors que seulement 9% des automobilistes payaient leur stationnement, le ratio est monté ces derniers mois. "On est passé à 20%", indique un élu parisien, persuadé que "ce matraquage est trop brutal". "Tout cela coute encore une petite fortune à ville, peste cet élu. Ces 3.200 agents que la mairie rémunère verbalisent à tour de bras dans le but de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Cela fait peut-être baisser les incivilités et les infractions routières du quotidien, mais cela ne changera rien à la lutte contre la délinquance, même si demain on les appelle policiers municipaux et qu’ils ont un nouvel écusson sur le blouson".
En matière de délinquance, la future police municipale n’aura pas le droit d’effectuer des actes de police judiciaire. Un arrêté du 12 messidor an VIII (1800) confère en effet au préfet de police l'ensemble des pouvoirs de police dans le capitale. Pour autant, le préfet de police Michel Delpuech estimait en juillet 2018 qu'il était loisible à la maire de fusionner les différents corps des agents municipaux et de leur confier des missions de police plus importantes. "Ils pourront interpeller en flagrant délit mais devront aussitôt avertir un officier de police", explique un fonctionnaire spécialisé. Autre grief avancé par les opposants au projet, celui "de faire baisser, par ricochet, le nombre de fonctionnaires d’État, déjà en baisse". Selon le rapport d’audit présenté par la ville aujourd’hui ils seraient 15.000 policiers, opérationnels dans la capitale. Mais le préfet de police, Michel Delpuech, qui a multiplié les réunions ces derniers jours avec Anne Hidalgo, se serait engagé à ne pas diminuer ce nombre.

LA GAUCHE HISTORIQUEMENT CONTRE

A Paris, l'instauration d'une police municipale est un serpent de mer. Abandonnée par le maire Bertrand Delanoë en 2001, la mesure a été longtemps évoqué par Jacques Chirac, puis Jean Tiberi (1995-2001) l'a envisagé sérieusement… avant de faire machine arrière, devant le coût – 150 millions d'euros, avait estimé le ministère de l'Intérieur en 1999 – et la complexité du montage juridique. A défaut d'une nouvelle loi qui donnerait les coudées franches à Anne Hidalgo, les prérogatives de la police des agents resteront d'ailleurs limitées. Pour autant, le préfet de police Michel Delpuech estimait en juillet 2018 qu'il était loisible à la maire de fusionner les différents corps des agents municipaux et de leur confier des missions de police plus importantes. A l'époque, la mairie répétait qu'"un tel scénario (n'était) pas dans (ses) cartons". Avant cette spectaculaire volte-face, la gauche parisienne avait d'ailleurs toujours milité contre une telle réforme.
En août 2013, quand elle lançait sa campagne aux municipales de 2014, Anne Hidalgo excluait d'ailleurs cette réforme de son programme : "Je suis très opposée, à Paris, à la mise en place d'une police municipale". Les temps changent, ce qu'ont prévu de rappeler les conseillers de Paris EELV à la maire, lors de la réunion de 17h30 : les élus liront à l'édile l'ensemble de ses précédentes déclarations hostiles à la création d'une telle police.

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