Le clin d’œil de Serge Raffy.





         Le clin d’œil de Serge Raffy.

 En s’enfermant dans un duel féroce avec Marine Le Pen, Emmanuel Macron s’est-il enfermé dans une tactique référendaire ? Au risque de tout perdre ? Comme de Gaulle en 1969 ?

                                         L'Obs/ Serge Raffy



Emmanuel Macron a-t-il vraiment compris qu’en 2017, il avait été nommé Président de la République et non pas chef de parti ? Il semble, hélas, que ce ne soit pas tout à fait le cas. Intervenir en Roumanie, cette semaine, lors d’un sommet européen à Sibiu, en soutenant la liste de Nathalie Loiseau, Renaissance ou LREM, selon les humeurs du jour, comme seul vote utile pour défendre l’Europe, il s’est enfermé dans un rôle de chef de bande. Le Président de tous les Français a donc choisi la posture, curieuse, paradoxale, de chef de parti. D’une certaine manière, il a rabaissé la fonction présidentielle. Sabre au clair, depuis l’étranger, il a quasiment posé un diktat à l’opinion française, « Moi ou le chaos », avec son corollaire, un seul vote possible : celui en faveur de l’équipe de choc de Nathalie Loiseau.
Pourquoi une telle précipitation et un tel engagement ? Le chef de l’Etat n’aurait-il pas mieux fait de se garder une marge de manœuvre, en laissant l’opinion faire son choix, éventuellement l’inciter à voter pour tous les défenseurs de l’Europe quels qu’ils soient, aussi bien les Républicains de François-Xavier Bellamy, l’UDI de Jean-Christophe Lagarde, le Parti Socialiste et Place Publique, avec sa tête de liste, Raphaël Glucksman, les Verts de Yannick Jadot, et, bien sûr tous ceux qui soutiennent le principe que l’institution bruxelloise n’est pas à détricoter mais à rénover ? Après tout, ces courants, depuis des décennies, s’allient au Parlement européen pour voter des lois, après avoir longuement ferraillé en commissions, mais avec la volonté de ne pas enrayer la machine en permanence. Cela s’appelle prendre de la hauteur, que l’on soit d’accord ou pas avec les décisions prises.
La logique européenne n’a rien à voir avec les petits calculs politiciens français. A Bruxelles ou Strasbourg, des majorités se constituent entre les conservateurs, les sociaux-démocrates, les centristes et aussi les Verts, au gré des textes et de l’intérêt général de notre continent. Ces pratiques politiques, ignorées dans l’hexagone, sont le signe d’une grande ouverture d’esprit, d’une tolérance, malgré les divergences affichées, et d’une volonté de vaste rassemblement, un mot dont le Président français se gargarise pourtant régulièrement. Or, le chef de l’Etat n’a pas choisi cette voie, qui l’aurait protégé d’un échec de sa championne LREM, dont l’aura dans les meetings se révèle désastreuse.

Bonaparte au pont d’Arcole ?

Encore une fois, il s’est mis en danger, comme il le fait trop souvent, en voulant imposer au pays la confrontation directe, en tête à tête, entre lui et Marine Le Pen. Il a remis en selle son adversaire du deuxième tour de la présidentielle de 2017, comme s’il voulait rejouer le match, persuadé de sa supériorité évidente. Il lui a donc offert une tribune inespérée. La patronne du Rassemblement National n’en attendait pas tant. Elle a sauté sur l’occasion pour réduire l’affaire du 26 mai à un référendum anti-Macron, en citant de Gaulle qui avait accepté le verdict des urnes, en 1969, à la suite du référendum sur un projet de régionalisation. Ce dernier avait démissionné sans hésiter. Depuis, militants et sympathisants RN s’en donnent à cœur joie et répètent en boucle sur les réseaux sociaux «Il devra partir !».
Un simple slogan de campagne ? Pas si sûr. Le risque n’est pas mineur pour ce Président aux choix politiques intempestifs et souvent précipités. On peut y trouver un certain charme, un côté Bonaparte sur le Pont d’Arcole, avançant sous la mitraille. Mais, cette fois, il y a danger. Cette surexposition, cette volonté de toujours vouloir se positionner seul, en première ligne, n’ont pas que des avantages. A-t-il été contraint, poussés par les organisateurs de la campagne des Marcheurs, effarés par l’amateurisme de leur tête de liste, de reprendre en catastrophe l’étendard de son parti pour le sauver d’une déroute possible ? A-t-il délibérément fait le calcul que la joute électorale avant le 26 mai, bien trop courte, ne permettra pas un vrai débat sur le fond à propos de l’Europe ? Et donc, qu’il fallait cravacher dur, jouer la guerre éclair, et, au fond, s’enfermer dans un quitte ou double mortifère. Et tenter un coup de poker politique. Et si le RN le devance de quelques points, ne serait-ce qu’un ou deux ? Il devra partir ? Certains, pas seulement chez Marine Le Pen, prennent cette hypothèse très au sérieux. Dans l’entourage des deux anciens présidents de la République, on évoque à mi-voix ce scénario du départ anticipé. Avec un bémol : ce Président aura-t-il le panache du Général ?

. En s’enfermant dans un duel féroce avec Marine Le Pen, Emmanuel Macron s’est-il enfermé dans une tactique référendaire ? Au risque de tout perdre ? Comme de Gaulle en 1969 ?

                   L'Obs/Serge Raffy


Emmanuel Macron a-t-il vraiment compris qu’en 2017, il avait été nommé Président de la République et non pas chef de parti ? Il semble, hélas, que ce ne soit pas tout à fait le cas. Intervenir en Roumanie, cette semaine, lors d’un sommet européen à Sibiu, en soutenant la liste de Nathalie Loiseau, Renaissance ou LREM, selon les humeurs du jour, comme seul vote utile pour défendre l’Europe, il s’est enfermé dans un rôle de chef de bande. Le Président de tous les Français a donc choisi la posture, curieuse, paradoxale, de chef de parti. D’une certaine manière, il a rabaissé la fonction présidentielle. Sabre au clair, depuis l’étranger, il a quasiment posé un diktat à l’opinion française, « Moi ou le chaos », avec son corollaire, un seul vote possible : celui en faveur de l’équipe de choc de Nathalie Loiseau.
Pourquoi une telle précipitation et un tel engagement ? Le chef de l’Etat n’aurait-il pas mieux fait de se garder une marge de manœuvre, en laissant l’opinion faire son choix, éventuellement l’inciter à voter pour tous les défenseurs de l’Europe quels qu’ils soient, aussi bien les Républicains de François-Xavier Bellamy, l’UDI de Jean-Christophe Lagarde, le Parti Socialiste et Place Publique, avec sa tête de liste, Raphaël Glucksman, les Verts de Yannick Jadot, et, bien sûr tous ceux qui soutiennent le principe que l’institution bruxelloise n’est pas à détricoter mais à rénover ? Après tout, ces courants, depuis des décennies, s’allient au Parlement européen pour voter des lois, après avoir longuement ferraillé en commissions, mais avec la volonté de ne pas enrayer la machine en permanence. Cela s’appelle prendre de la hauteur, que l’on soit d’accord ou pas avec les décisions prises.
La logique européenne n’a rien à voir avec les petits calculs politiciens français. A Bruxelles ou Strasbourg, des majorités se constituent entre les conservateurs, les sociaux-démocrates, les centristes et aussi les Verts, au gré des textes et de l’intérêt général de notre continent. Ces pratiques politiques, ignorées dans l’hexagone, sont le signe d’une grande ouverture d’esprit, d’une tolérance, malgré les divergences affichées, et d’une volonté de vaste rassemblement, un mot dont le Président français se gargarise pourtant régulièrement. Or, le chef de l’Etat n’a pas choisi cette voie, qui l’aurait protégé d’un échec de sa championne LREM, dont l’aura dans les meetings se révèle désastreuse.

Bonaparte au pont d’Arcole ?

Encore une fois, il s’est mis en danger, comme il le fait trop souvent, en voulant imposer au pays la confrontation directe, en tête à tête, entre lui et Marine Le Pen. Il a remis en selle son adversaire du deuxième tour de la présidentielle de 2017, comme s’il voulait rejouer le match, persuadé de sa supériorité évidente. Il lui a donc offert une tribune inespérée. La patronne du Rassemblement National n’en attendait pas tant. Elle a sauté sur l’occasion pour réduire l’affaire du 26 mai à un référendum anti-Macron, en citant de Gaulle qui avait accepté le verdict des urnes, en 1969, à la suite du référendum sur un projet de régionalisation. Ce dernier avait démissionné sans hésiter. Depuis, militants et sympathisants RN s’en donnent à cœur joie et répètent en boucle sur les réseaux sociaux «Il devra partir !».
Un simple slogan de campagne ? Pas si sûr. Le risque n’est pas mineur pour ce Président aux choix politiques intempestifs et souvent précipités. On peut y trouver un certain charme, un côté Bonaparte sur le Pont d’Arcole, avançant sous la mitraille. Mais, cette fois, il y a danger. Cette surexposition, cette volonté de toujours vouloir se positionner seul, en première ligne, n’ont pas que des avantages. A-t-il été contraint, poussés par les organisateurs de la campagne des Marcheurs, effarés par l’amateurisme de leur tête de liste, de reprendre en catastrophe l’étendard de son parti pour le sauver d’une déroute possible ? A-t-il délibérément fait le calcul que la joute électorale avant le 26 mai, bien trop courte, ne permettra pas un vrai débat sur le fond à propos de l’Europe ? Et donc, qu’il fallait cravacher dur, jouer la guerre éclair, et, au fond, s’enfermer dans un quitte ou double mortifère. Et tenter un coup de poker politique. Et si le RN le devance de quelques points, ne serait-ce qu’un ou deux ? Il devra partir ? Certains, pas seulement chez Marine Le Pen, prennent cette hypothèse très au sérieux. Dans l’entourage des deux anciens présidents de la République, on évoque à mi-voix ce scénario du départ anticipé. Avec un bémol : ce Président aura-t-il le panache du Général ?

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