Se fâcher, mais pas encore trop fort…





      Se fâcher, mais pas encore trop fort…
 
                          L'Obs/Patrick ANGEVIN   -   Proposé par Ali GADARI
Un an après que les États-Unis ont dénoncé l’accord sur le contrôle de son programme atomique, Téhéran réagit. Pour tenter de réveiller les Européens.
L’Iran a décidé de déroger à certains de ses engagements liés l’accord de 2015 sur son programme nucléaire. Une annonce en réponse à la décision américaine de dénoncer unilatéralement ce pacte, il y a un an jour pour jour.

1. Qu’a annoncé l’Iran ce mercredi 8 mai ?

Un an, jour pour jour, après l’annonce du retrait américain de l’accord sur le contrôle du programme nucléaire iranien, Téhéran a promis, ce mercredi, la suspension de « certains de ses engagements ». L’Iran ne limitera plus, par des exportations, ses stocks d’eau lourde et d’uranium enrichi, issus de ses centrales. Le président Hassan Rohani a aussi donné soixante jours aux Européens signataires (France, Allemagne, Royaume-Uni) pour enfin mettre en place les mesures promises pour alléger les effets des sanctions américaines sur les secteurs pétroliers et bancaires de l’Iran.
Derrière cette apparente fermeté, la riposte est plutôt modérée. La suspension temporaire de la limitation des stocks est prévue par l’accord signé à Vienne en 2015. Et « l’ultimatum » aux Européens ressemble à un nouvel appel du pied pour sauver l’accord, malgré les États-Unis.

2. Comment en est-on arrivé là ?

Donald Trump a envoyé promener un accord, pourtant validé par l’Onu, et a rétabli les sanctions. Elles avaient été partiellement levées en échange du contrôle accru de l’Iran pour l’empêcher d’obtenir l’arme atomique.
Le même Donald Trump, qui discute avec Kim Jong-un ou qui veut à tout prix retirer l’armée américaine d’Afghanistan et de Syrie, a fait de l’Iran l’ennemi n°1 de l’Amérique. Téhéran est accusé de déstabiliser le Moyen-Orient, par sa politique offensive en Irak, en Syrie et au Liban. Trump est applaudi par l’Arabie saoudite, les Émirats et Israël.

3. Quelle stratégie de Washington ?

Les sanctions américaines, qui s’étendent désormais à tous les pays qui achèteraient du pétrole iranien, visent à mettre l’économie de l’Iran à genoux. Et cela marche : le rial s’est effondré, les prix s’envolent, des pénuries apparaissent… Une partie de l’administration Trump ne cache pas son objectif de faire tomber le régime par une révolte populaire.
Washington espère aussi pousser Téhéran à la faute. En reprenant ouvertement son programme nucléaire militaire, l’Iran s’isolerait encore plus.
Donald Trump a annoncé en réponse, ce mercredi, de nouvelles sanctions contre « les secteurs iraniens du fer, de l’acier, de l’aluminium et du cuivre » pour renforcer la pression sur Téhéran et menace d’autres mesures si l’Iran ne « change pas radicalement d’attitude ».

4. Quelle est celle de l’Iran ?

Gagner du temps ! En tout cas, pour l’aile modérée du régime islamique, incarnée par le président Rohani, qui parie sur l’élection d’un démocrate en 2020 à la Maison-Blanche et un retour du dialogue. Le souci, c’est que Rohani doit donner des gages de fermeté aux durs du régime islamique. C’est ce qu’il a fait ce mercredi.
Le vrai risque ? Un dérapage incontrôlé, par exemple dans le très stratégique détroit pétrolier d’Ormuz, où Washington vient d’envoyer un porte-avions.

5. Quelles sont celles des Européens ?

La France a fait part de sa « préoccupation » ce mercredi. « Il importe d’éviter toute action qui empêcherait la mise en œuvre de leurs obligations par les parties aujourd’hui engagées dans l’accord ou qui alimenterait une escalade », a déclaré un porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères.
Londres a jugé la décision de Téhéran « inopportune ». Berlin a appelé le pays à respecter l’accord « dans sa totalité ».
Jugeant l’accord « très fragilisé » par le retrait des États-Unis, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a, lui, insisté sur l’importance « de convaincre tous les participants de la nécessité de remplir leurs obligations ».



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