opération de libération des deux otages français
Opération de libération des deux otages français.
Ouest-France - Proposé par Ali GADARI
Le chef d’état-major des armées François Lecointre et la ministre des Armées Florence Parly ont donné des précisions sur le déroulement de la complexe opération de libération des deux otages français, réalisée dans la nuit de ce vendredi 10 mai, au nord du Burkina Faso, et au cours de laquelle deux militaires tricolores ont perdu la vie.
C’est « un véritable exploit », « que peu d’armées au monde sont capables de mener », a déclaré la ministre des Armées Florence Parly pour qualifier l’opération de libération, dans la nuit, des deux otages français Burkina Faso. Elle s’est exprimée au cours d’une conférence, ce vendredi après-midi, à Paris. À ses côtés, le chef d’état-major des armées François Lecointre, la gorge nouée par l’émotion, a donné des détails sur le déroulement de cette mission d’une « très grande complexité », au cours de laquelle deux commandos ont perdu la vie. En voici les éléments de récit.
Les autorités ont très vite réagi, dans les heures qui ont suivi l’enlèvement des deux touristes français, dans la zone du parc de la Pendjari, dans le nord de Bénin, le mercredi 1er mai. C’est « comme pour un enlèvement d’enfant », indique François Lecointre. « L’effort doit être marqué au début ». Épaulées par leurs alliés burkinabés et américains, les forces françaises ont rapidement retrouvé la trace des ravisseurs.
Dernière opportunité avant l’entrée en territoire malien
Six jours après le rapt, « une opération discrète a été menée le 7 mai pour préciser le renseignement » notamment donné par les Américains. Objectif : « établir une traque très précise des ravisseurs en train d’amener les otages au nord du Burkina Faso ». Il faut agir vite car l’armée redoute le transfèrement des otages aux djihadistes de la Katiba Macina actifs au Mali voisin. Un tel scénario aurait dès lors « rendu impossible d’organiser une quelconque opération de libération ».
Les chefs de l’armée, avec la validation d’Emmanuel Macron, ont donné l’ordre de passer à l’action dans la nuit de jeudi à vendredi, constatant, grâce au traçage, que les ravisseurs s’étaient fixés dans le nord du Burkina Faso. « C’était la dernière opportunité pour pouvoir faire l’intervention avant l’entrée en territoire malien », souligne François Lecointre.
Les « meilleurs éléments » de la mission Barkhane ont été engagés. Appuyés par des moyens d’aéromobilité et médicaux, une vingtaine de commandos français ont été mobilisés pour infiltrer les abris des ravisseurs. Ils ont progressé sur les lieux « dans la nuit noire, sur 200 mètres, dans un silence absolu malgré la présence d’une sentinelle qui veillait et qui ne les a pas détectés lors de leur approche ». Ils sont parvenus à arriver jusqu’à dix mètres de la sentinelle avant que les choses ne s’accélèrent.
Ne pas ouvrir le feu « pour ne pas faire de perte »
Là, ils ont entendu le bruit des armes à l’intérieur des baraquements, des ravisseurs prêts à les attaquer. Mais les soldats français sont « montés à l’assaut sans ouvrir le feu pour ne pas faire de perte » chez les otages et d’éventuels civils, précise François Lecointre. C’est là que le maître Cédric de Pierrepont et le maître Alain Bertoncello ont été tués, « à très courte distance ».
En face, quatre ravisseurs sont exécutés, deux parviennent à s’enfuir. Les militaires découvrent alors qu’ils ne détenaient sur place non pas deux otages, mais quatre : les deux touristes français Patrick Picque et Laurent Lassimouillas, mais aussi une Américaine et une Sud-Coréenne. Ces dernières avaient été enlevées 28 jours auparavant, selon les informations de l’armée française.
« Personne n’avait connaissance de leur présence. Nous n’avions pas connaissance du fait qu’au côté de nos deux ressortissants il pouvait y en avoir d’autres. Les contacts que nous avons eus depuis quelques heures avec les États-Unis et la Corée du Sud montrent que ces pays-là n’avaient probablement pas conscience de la présence de ces deux ressortissantes en territoire burkinabé », a expliqué Florence Parly.
L’identité des preneurs d’otages était encore inconnue ce vendredi soir. Il est « trop tôt pour se prononcer », a déclaré la ministre. « L’analyse est en cours. Ce que l’on peut dire c’est qu’il y a deux mouvements terroristes principaux qui opèrent dans cette zone et qui sont affiliés pour l’un à Al Qaïda, pour l’autre à l’EIGS (État islamique au Grand Sahara). Nous n’en savons pas plus pour l’instant », a-t-elle précisé.
Les deux soldats morts au combat seront honorés par Emmanuel Macron lors d’une cérémonie d’hommage en début de semaine. Les deux otages français, libérés grâce à leur sacrifice, sont attendus samedi, sur le sol français.
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