Une énergie record détectée dans le cosmos
Une énergie record détectée dans le cosmos
Deux explosions cosmiques détectées en 2018 et 2019 ont produit des particules de lumière transportant une énergie considérable, phénomène connu sous le nom de « sursaut gamma ».
Détectées en 2018 et 2019 par deux observatoires spatiaux (le Fermi Gamma-ray Space Telescope et le Neil Gehrels Swift Observatory), deux explosions cosmiques lointaines ont produit des rayonnements atteignant des niveaux d’énergie encore jamais observés, selon des études publiées mercredi 20 novembre dans les revues Nature et The Astrophysical Journal. Ces salves de photons à haute énergie, appelées « bouffées de rayons gamma » ou « sursauts gamma », naissent dans des explosions qui libèrent en quelques secondes plus d’énergie que notre Soleil n’en émettra tout au long de sa vie, qui durera dix milliards d’années.
Aussitôt après les détections de 2018 et 2019, des alertes ont été lancées aux astronomes du monde entier pour que des observatoires au sol prennent le relais de leurs homologues spatiaux. C’est ainsi que le High Energy Stereoscopic System (HESS, situé à Gamsberg, en Namibie) et le Major Atmospheric Gamma-ray Imaging Cherenkov (Magic, installé à La Palma, dans les îles Canaries) ont pu détecter des photons transportant une énergie considérable, équivalant à celle libérée par les collisions de protons dans le plus puissant accélérateur de particules du monde, le LHC du CERN, en Suisse.
Un « énorme succès »
« Ce sont de loin les photons les plus énergétiques jamais découverts à partir d’un sursaut gamma », explique Elisa Bernardini, une des responsables des télescopes Magic. « Un triomphe », pour Bing Zhang de l’université du Nevada, aux Etats-Unis, qui publie un commentaire accompagnant les études publiées dans Nature. « Il y a vingt ans, nous avons conçu Magic spécifiquement pour rechercher les émissions de très haute énergie des sursauts gamma, c’est donc un énorme succès pour notre équipe », a aussi déclaré Razmik Mirzoyan, de l’Institut Max-Planck pour la physique, à Munich (Allemagne), et porte-parole de la collaboration Magic.
Depuis la révélation de leur détection tout à fait fortuite en 1967 par deux satellites américains chargés de surveiller l’application du traité d’interdiction des essais nucléaires dans l’atmosphère, les sursauts gamma constituent un des plus grands mystères de l’astrophysique. « Ces photons n’ont probablement pas été générés directement par l’explosion », explique Gemma Anderson de l’International Centre for Radio Astronomy Research, en Australie, coauteur des travaux, qui évoque plutôt un choc entre la matière éjectée par l’explosion et le milieu interstellaire.
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