Emmanuel Macron a décidé de restituer « sans tarder » 26 œuvres réclamées par le Bénin.
Emmanuel Macron a décidé de restituer « sans tarder » 26 œuvres réclamées par le Bénin.
Article de 20 minutes/AFP - Proposé par Ali GADARI
Emmanuel Macron a décidé de restituer « sans tarder » 26 œuvres réclamées par le Bénin. Selon l’Elysée, le président français entend également réunir les partenaires européens et africains pour construire « une politique d’échanges ».
La décision du chef d’Etat émane de la remise d’un rapport sur la restitution par la France d’œuvres d’art africain. Ce rapport de deux universitaires, Bénédicte Savoy du Collège de France, et Felwine Sarr, de l’université de Saint-Louis au Sénégal, était très attendu et a suscité des avis partagés. Il suggère notamment un changement radical de la loi française sur le patrimoine pour redonner à l’Afrique une partie de son patrimoine.
Entre 85 à 90 % du patrimoine africain serait hors du continent
L’Elysée n’évoque pas dans son communiqué cet aspect législatif du rapport. Le président Macron a cependant fait ce vendredi deux annonces principales : la première est la restitution « sans tarder » au Bénin de 26 œuvres qu’il réclamait. Il s’agit principalement des statues royales d’Abomey, actuellement propriété du musée du Quai Branly. Des prises de guerre du général français Dodds dans le palais de Béhanzin en 1892.
La deuxième annonce d’Emmanuel Macron vise à impliquer dans ce vaste enjeu les autres ex-puissances coloniales européennes, en proposant de « réunir à Paris au premier trimestre 2019 l’ensemble des partenaires africains et européens » pour définir le cadre d’une « politique d’échanges » d’œuvres d’art. Il s’agit principalement de la Belgique, du Royaume Uni et de l’Allemagne.
Au moins 90.000 objets d’Afrique sub-sahariennes sont dans les collections françaises
Entre 85 à 90 % du patrimoine africain serait hors du continent, principalement dans les musées européens, selon les experts. Et au moins 90.000 objets d’art d’Afrique sub-sahariennes sont dans les collections publiques françaises. Plus des deux tiers des objets d’art (70.000) se trouvent au Quai Branly, dont 46.000 « acquises » durant la période 1885-1960. Plus de 20.000 autres se trouvent dispersés dans de nombreux musées.
Pour l’Elysée, la restitution des œuvres béninoises ne doit donc pas constituer un cas isolé ni purement symbolique. Si lee chef de l’Etat « souhaite que toutes les formes possibles de circulation soient considérées : restitutions, mais aussi expositions, échanges, prêts, dépôts, coopérations », le rapport suggère, lui, un échéancier précis en trois phases. Il propose aussi un changement du Code du patrimoine pour permettre des restitutions, quand des Etats africains en font la demande.
L’Afrique a droit à son patrimoine
Pour rappel, en novembre 2017 à l’université de Ouagadougou, Emmanuel Macron avait reconnu que l’Afrique avait droit à son patrimoine. Une démarche accueillie comme un acte de justice, mais aussi comme une boîte de Pandore, avec de multiples chausse-trappe potentiels.
Le périmètre des restitutions pourrait englober les biens pillés, volés, butins de guerre, mais aussi ceux, très nombreux, acquis à des prix dérisoires. En Afrique, outre le coût et les infrastructures de conservation manquantes, pourraient se poser des contestations territoriales, quand des œuvres appartenaient à des royaumes disparus.
Ainsi, selon l’avocat spécialisé Yves-Bernard Debie, opposé aux restitutions, « ce rapport est inopérant », car « aucun marchand d’art africain ancien n’a été consulté ». Selon Me Alexandre Giquello, de la maison de ventes Binoche et Giquello, spécialisée dans les collections d’art primitif, il est « inapplicable » et « 90 % des biens africains ont été achetés, offerts, échangés, troqués ».
20 minutes/AFP
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