Un cargo pollue-t-il autant que toutes les voitures françaises ?





          Un cargo pollue-t-il autant que toutes les                                          voitures françaises ?

                                                    Proposé par ,Ali GADARI



De nombreux chiffres circulent sur les émissions générées par le fret maritime par rapport aux voitures. Qu’en est-il exactement ? De quelle pollution parle-t-on ?

A l’approche de la manifestation du 17 novembre contre la hausse des prix du carburant, les arguments fusent de toute part et le débat s’élargit parfois à des questions plus larges comme celle des « vrais » responsables de la pollution. Plusieurs lecteurs nous interpellent sur les émissions générées par le fret maritime, en les comparant à celles dues aux voitures. Ainsi peut-on lire sur les réseaux sociaux que quinze – mais on peut lire aussi vingt, soixante, etc. – grands navires pollueraient plus que toutes les voitures de la planète.

L’extrême droite, qui s’est emparée du sujet, n’a pas tardé non plus à dégainerdes chiffres. Marine Le Pen affirmait ainsi le 6 novembre qu’« un cargo de fret maritime représente, en termes de particules fines, l’équivalent de l’intégralité des voitures françaises ».
Qu’en est-il exactement ? De quelle pollution parle-t-on ? Sur quoi a-t-elle un impact ? Le tour de la question en trois points.

POURQUOI C’EST PLUS COMPLIQUÉ

  • Oui, le fret maritime est polluant

Les cargos et porte-conteneurs utilisent l’un des carburants les plus sales au monde, un résidu visqueux du pétrole, lourd et difficile à brûler. Ce pétrole « bunker » est ce qui reste une fois que les autres produits pétroliers – essence, naphta ou encore diesel – plus légers, ont été raffinés. Seul l’asphalte utilisé pour les routes est plus épais.
On y trouve des résidus de métal, de la cendre, et surtout beaucoup de soufre. Le carburant rejettera ainsi beaucoup de NOx et SOx (oxydes d’azote et oxydes de soufre). « Importants polluants de l’air, ils accélèrent la formation de particules fines et ultra-fines », explique l’association écologiste France Nature Environnement. Longtemps utilisé par l’industrie, notamment pour faire tournerdes centrales électriques, le pétrole bunker a été progressivement cantonné au transport maritime en raison des pluies acides qu’il provoquait.
Certains régulateurs ont pris les devants en mettant en place des zones d’émission contrôlées (ECA, pour emission control area) : depuis le 1er janvier 2015, dans la mer Baltique, la mer du Nord et la Manche, où le trafic maritime est dense et proche de côtes très peuplées, la teneur maximum de soufre a été abaissée à 0,1 % du carburant (il se situe plutôt autour de 3 % sinon). L’Amérique du Nord et quelques régions de Chine ont fait de même.
Les zones de contrôle des émissions (ECA) obligent les navires à brûler un carburant plus propre près des côtes de l’Amérique du Nord et de l’Europe du Nord.
UN CARGO DE FRET NE REPRÉSENTE PAS L’ÉQUIVALENT DE L’INTÉGRALITÉ DU PARC AUTOMOBILE FRANÇAIS
A ce niveau de 0,1 %, un porte-conteneurs produirait autant d’oxydes de soufre qu’un million de voitures environ. Ces calculs, partagés entre autres par France Nature Environnement, ne sont que des estimations, mais ils donnent un ordre d’idée qui permet d’assurer que, s’il génère une pollution considérable, un cargo de fret ne représente pas l’équivalent de l’intégralité du parc automobile français, ce dernier étant évalué à 32 millions de véhicules particuliers.
En revanche, la pollution d’un seul cargo équivaut à environ 50 millions de voitures dans les cas où la teneur en soufre est encore de 3,5 %, une pollution tolérée dans des zones de plus en plus limitées et amenées à disparaître d’ici deux ans. En effet, en 2016, l’Organisation maritime internationale (OMI), une entité des Nations unies, a adopté une résolution pour réduire la teneur maximale en soufre à 0,5 % à partir de 2020 au niveau mondial.
  • Mais il émet moins de CO2 que la route

Sur le plan des gaz à effet de serre, les émissions de CO2 de l’industrie maritime représentent environ un milliard de tonnes par an, soit environ 3 % de l’ensemble des émissions mondiales. Si l’on tente de comparer uniquement les transports (en excluant donc l’agriculture, l’industrie…), on observe que le fret maritime arrive loin derrière les transports dits « par voie de surface », en premier lieu ceux transportant des passagers, et donc la voiture.

Emissions de CO² : la voiture, de loin le transport le plus polluant

En millions de tonnes de CO² produit par chaque catégorie pour les transports nationaux et internationaux
Autre facteur à prendre en compte : la mer transporte beaucoup plus de marchandises à « pollution égale » par rapport à la route et aux airs. Dans le graphique ci-dessous, on considère uniquement les échanges internationaux, sans les échanges domestiques donc.

Le fret maritime représente 52% des émissions du fret, mais 87% des tonnes-kilomètres transportés

Comparaison entre les émissions de CO2 du fret mondial selon son type et
Source:cma-cgm.fr

Source:petitoiseau-de-revolution.eklablog.com

Source:rfi.fr


SOURCE : ITF TRANSPORT OUTLOOK 2017 (OCDE)
LES ÉMISSIONS D’UN BATEAU EN « TONNE-KILOMÈTRE » RESTENT MOINS FORTES QUE DANS LES AUTRES SECTEURS
Même en ramenant la pollution en « tonne-kilomètre » – combien de CO2 on consomme pour faire avancer une tonne d’un kilomètre –, sachant qu’un bateau transporte plusieurs milliers de tonnes de plus qu’un camion, les émissions restent moins fortes que dans les autres secteurs : la fourchette varie de 10,1 à 32,5 g de CO2 par tonne-kilomètre pour des cargos porte-conteneurs contre 91,6 pour un camion de 40 t, d’après les chiffres du ministère de l’environnement.
Selon les scénarios de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), les rejets du secteur maritime pourraient toutefois augmenter drastiquement avec l’intensification du commerce mondial. L’Organisation maritime mondiale s’est, elle, engagée en avril à diviser par deux les émissions de CO2 des navires d’ici à 2050.
  • Une comparaison peu pertinente

Il existe plusieurs raisons qui permettent de douter de la pertinence de comparer le trafic maritime mondial et la pollution générée par les automobilistes français, la première étant que le commerce mondial ne dépend pas de la France ; le plus souvent, ces navires ne sont pas sous 
Ensuite, la pollution aux particules fines n’a pas le même impact en pleine mer qu’à proximité des zones peuplées. Les habitants des zones 
côtières et portuaires sont certes soumis à des risques de pollution non négligeables. En 2015, la loi de transition énergétique a prévu que « l’Etat favorise, notamment en soutenant des opérations pilotes, l’installation de systèmes de distribution de gaz naturel liquéfié et 
d’alimentation électrique à quai dans les ports pour les navires et les bateaux ».
Enfin, si la question de la fiscalité du diesel soulève avec pertinence l’iniquité qui persiste entre la taxation des carburants (le kérosène des avions et le fioul lourd des bateaux en sont exonérés), elle ne peut pas servir à dispenser le diesel de tout effort. Rien n’empêche, en effet, de taxer la pollution maritime (et aérienne) comme on taxe la pollution
 automobile (l’euroredevance ne concerne actuellement que la route). Depuis plusieurs années, de nombreuses voix appellent à s’atteler à cette question. L’OMI s’est engagée à présenter une feuille de route détaillée en 2018.
LE MONDE | Par 
Millions de tonne-kilomètres transportés
 Aérien: 141 421
 Routier: 7 576 767
 Ferroviaire: 4 602 534
 Maritime: 79 714 505





transport de passagers en surface (voiture, bus, train...)
 Emissions : 3 911,00 millions de tonnes de CO²


























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