ça suffit!





                             ça suffit!
                        L'obs/Serge RAFFY  -  Proposé par Ali GADARI







Ils reviennent ! Et au galop. Les partis politiques, ces moins que rien, ces brontosaures, ces oubliés de la Macronie, ces lourdauds de l'ancien monde, ces has been de la démocratie représentative, devant l'étendue des dégâts de la révolte jaune, reprennent du poil de la bête. Et c'est une bonne nouvelle.
En appelant quasiment tous à se rassembler aux quatre coins du pays pour lancer un "ça suffit" face au déferlement de haine qui gagne le pays, et spécialement contre les juifs, ils nous rappellent qu'ils sont les garants de notre démocratie. Certes, ils ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils sont même apparus avec la Révolution de 1789. Bien sûr, ils ont quelques rides, quelques rhumatismes à soigner, quelques habitudes à corriger, mais ils sont le ciment de notre vie en commun. Ils sont surtout les gardiens des valeurs républicaines, et aussi la preuve que des citoyens peuvent se réunir, débattre, manifester, contester le pouvoir, dans un cadre de responsabilité collective.

Une machine infernale

Au fond, ils nous évitent de nous réveiller tous les matins en pensant que nous sommes au bord de la guerre civile. Le torrent de mépris qui les accable depuis ces dernières années a, certes, quelques justifications, mais pas dans les proportions délirantes que nous connaissons aujourd'hui. Le mouvement des "gilets jaunes", aussi légitimes que furent leurs premières revendications, s'est transformé au fil des semaines en un coq sans tête, en une machine infernale, incontrôlée, ouverte à tous les vents, à tous les délires conspirationnistes.
Les manipulateurs professionnels se sont engouffrés dans la brèche. Quelle aubaine d'infiltrer cette auberge espagnole, grand méli-mélo allant du nostalgique de Pétain à l'islamo-gauchiste, avec, au cœur du mouvement, les syndicalistes malheureux, les apôtres du Grand Soir, les démocrates sincères, comme on disait au Parti communiste sous Georges Marchais, et des citoyens portés par un vrai désir de justice sociale.
L'obsession des leaders auto-déclarés des rebelles des péages : surtout ne pas être représentés, rester une vague porteuse, sans autre but que la grogne, la colère, le ressentiment. Ceux d'entre eux qui tentent de s'autoréguler, d'enclencher une mécanique de force de proposition sont aussitôt bannis, envoyés aux galères. Ils ne veulent à aucun prix devenir un corps intermédiaire, ressembler à tous ces partis, syndicats, maires, et autres, devenus obsolètes sous l'ère Macron. Le césarisme 2.0 n'en avait plus besoin. Puisqu'on peut devenir président avec une start-up électorale, à l'obsolescence déjà programmée, pourquoi s'embarrasser de tous ces poids morts, ces médiateurs d'un autre âge ?

Une terrible leçon politique

C'est ce vide sidéral qui a, en partie, provoqué cette fronde du bas contre le haut, des "moins que rien" contre les "nantis", des ruraux contre les métropoles. C'est une terrible leçon politique pour le pouvoir actuel. La disruption ? Aux oubliettes. Plus que jamais, notre pays a besoin de partis politiques, aussi imparfaits soient-ils. Il faut en inventer de nouveaux, plus modernes, plus adaptés ? Sans aucun doute. Le parti du président doit entamer une profonde mutation ? A coup sûr.
De nombreux députés ont déjà commencé le travail, celui de reprendre pied dans l'humus, dans le crottin, retourner sur les marchés, aller à la rencontre du peuple qui n'est pas une entité abstraite. Ils ont compris qu'ils ne pourraient éviter d'être un vrai parti politique, équipé d'une doctrine, d'une vision du monde, porteur d'un projet de société dépassant une simple technique d'administration de la France. On n'irrigue pas le pays avec des incantations venues de l'Elysée, mais avec une force militante déterminée et solide. Beaucoup de cadres macronistes en sont désormais convaincus. Et leur chef ? Pas si sûr…

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