Des chercheurs français ont passé en revue 19 essais cliniques testant ce nouveau traitement anticancer.






 Des chercheurs français ont passé en       revue 19 essais cliniques testant ce            nouveau traitement anticancer. 
             Chronique Futuira Sciences/AFP/Relawnews  -  Proposé par Ali GADARI

Leur analyse indique que l'immunothérapie donne des résultats durables chez 25 % des patients en moyenne.
Les médicaments d'immunothérapie, qui cherchent à déclencher une réponse immunitaire du corps contre les cellules cancéreuses, ont bouleversé la prise en charge des cancers depuis quelques années. Mais ils ne sont souvent efficaces que chez une minorité de patients, avec de fortes disparités d'un type de cancer à l'autre.
« Nous avons cherché à quantifier la proportion de patients qui répondent de façon durable aux traitements par inhibiteur de point de contrôle immunitaire et à la comparer avec d'autres familles de médicaments », expliquent des chercheurs de l'Institut Curie et d'autres centres français de recherche sur le cancer, dans un article publié dans la revue JCO Precision Oncology.
L'immunothérapie par inhibiteur de point de contrôle (ou checkpoint) fait appel à des anticorps qui bloquent les points de régulation du système immunitaire, utilisés par la tumeur pour échapper aux défenses de l'organisme.
Les chercheurs définissent une réponse durable au traitement comme le fait d'avoir une durée de survie sans progression du cancer plus de trois fois supérieure à la durée médiane de survie sans progression du cancer de l'ensemble des patients.
Vue d’artiste d’une surface fonctionnalisée munie d’anticorps anticancéreux (en forme de Y). L'immunothérapie représente certainement l'une des pistes d'avenir pour le traitement des cancers. © PNNL, Flickr, CC by-nc-sa 2.0

  Un traitement anticancer qui    pourrait être prescrit plus tôt

Le passage en revue de 19 études internationales menées sur 11.640 patients atteints par différents types de cancers montre que 25 % des patients traités par immunothérapie ont présenté cette réponse durable, contre seulement 11 % chez ceux qui ont reçu une autre famille de traitements (chimiothérapie ou thérapie ciblée).
Selon les études analysées, la proportion de réponse prolongée à l'immunothérapie variait entre 12 % et 39 %, a précisé à l'AFP Christophe Le Tourneau, cancérologue responsable des essais cliniques précoces à l'Institut Curie. Parmi les patients traités par immunothérapie, 30 % ont par ailleurs eu une survie globale plus de deux fois plus longue que la moyenne de tous les patients, contre 23 % chez ceux traités par d'autres médicaments.
Plus l'immunothérapie est donnée tôt, plus la probabilité d'avoir une réponse prolongée est élevée
« Ces travaux soulignent également que plus l'immunothérapie est donnée tôt, plus la probabilité d'avoir une réponse prolongée est élevée, ce qui confirme l'intérêt des médecins à prescrire l'immunothérapie à des stades plus précoces de cancers », note l'Institut Curie. Ces résultats pourront servir de référence à la communauté scientifique « en vue de comparer l'efficacité des nouvelles stratégies thérapeutiques en cours d'évaluation », souligne le Pr Le Tourneau.
De nombreux essais cliniques sont en cours - 30 rien qu'à l'Institut Curie -, testant différentes approches d'immunothérapie.
  • L'immunothérapie consiste à favoriser la réponse immunitaire du patient contre les cellules cancéreuses.
  • Des chercheurs de l'Institut Curie ont compilé les résultats de 19 essais cliniques sur l'immunothérapie.
  • Il apparaît que ce nouveau traitement du cancer a un effet durable dans 25 % des cas environ.
POUR EN SAVOIR PLUS

    L’immunothérapie fait ses          preuves contre une grande                 variété de cancers

                             Article de Janlou Chaput paru le 18 mai 2013
Deux essais cliniques menés par des laboratoires concurrents montrent l'intérêt des immunothérapies contre différents cancers parmi les plus mortels. Si ces résultats de phase I sont encore très préliminaires, ils suggèrent un avenir prometteur aux traitements anti-PD-1 et anti-PD-L1 pour améliorer la survie des patients malades.
Si les tumeurs se développent, c'est parce qu'elles échappent au système immunitaire. En effet, les cellules cancéreuses se servent de molécules comme les protéines PD-1 ou PD-L1 pour inactiver les lymphocytes T, normalement chargés de les éliminer. Les scientifiques travaillent depuis longtemps avec l'idée de stimuler les défenses de l'organisme contre les tumeurs. Le premier travail sur cette question remonte d'ailleurs à 1893.
Les découvertes récentes suggèrent même que l'immunothérapie pourrait se généraliser à un nombre de cancers toujours plus grand. L'an passé, au congrès de l'American Society of Clinical Oncology (Asco), on désignait l'anticorps anti-PD-1 molécule de l'année. Et lors d'un essai clinique mené par la compagnie pharmaceutique Bristol-Myers Squibb, cet intérêt semble réellement se confirmer.
Sur un panel de 52 patients atteints de mélanome, environ un tiers des patients ont vu leur cancer de la peau reculer rapidement et de manière importante grâce à un double traitement, composé d'ipilimumab (contre la molécule CTLA-4) et de nivolumab (s'attaquant à PD-1). Une avancée intéressante non dénuée de quelques effets secondaires dus à l'inflammation qui découle de l'activité lymphocytaire, mais qui ne présentent pas de danger et sont facilement traités. Cette étude clinique sera plus longuement évoquée lors du prochain congrès de l’Asco, qui se tiendra à Chicago du 31 mai au 4 juin.
Les cancers de la peau, dont on peut voir une cellule tumorale, ne peuvent pas toujours être soignés. Mais les médicaments anti-PD-1 et anti-PD-L1 pourraient bien traiter efficacement la maladie chez de nouveaux patients, pour qui les autres thérapies se sont montrées inefficaces. © Anne Weston, Wellcome Images, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

              Les anti-PD-L1,                          l’immunothérapie anticancéreuse à large spectre

Mais les laboratoires concurrents ont eux aussi des informations importantes à délivrer. Lors de cette même conférence, la firme pharmaceutique Roche parlera de l'essai clinique qu'elle mène avec son médicament, MPDL3280A, qui stimule l'immunité contre divers types de cancers.
Cet anticorps qui cible la molécule PD-L1 des cellules cancéreuses permet de faire régresser les tumeurs de manière significative chez 20,7 % des patients atteints d'un mélanome avancé, d'un cancer du poumon ou du rein. Ce composé active une fois encore les lymphocytes T et les pousse à détruire les cellules malades.
L'efficacité diffère selon les types de tumeurs. Les auteurs, dirigés par Roy Herbst, du Yale Cancer Center, notent une réponse positive dans 31 % des mélanomes, 22 % des carcinomes pulmonaires et 13 % des cancers rénaux. Depuis, l'étude a été élargie afin d'incorporer de nouveaux patients atteints de cancers du côlon, de la vessie ou de la tête et du cou.

       Le traitement du cancer passera par l’immunothérapie

Selon le chercheur, le médicament possède un avantage sur ses concurrents anti-PD-1. Car par son action plus spécifique, il limite les épisodes inflammatoires et donc les effets indésirables. Dans ces premières phases de l'essai clinique, qui visent justement à s'assurer de l'innocuité du traitement, seuls quelques cas bénins ont été signalés, mais ils n'ont pas duré.
Il est cependant trop tôt pour tirer toutes les conclusions de cette étude. On ignore encore par exemple la période de survie sans aggravation, à savoir le temps nécessaire avant qu'un cancer progresse, ainsi que les bénéfices exacts sur la survie. Mais Roy Herbst fait part de son optimisme et pense que ces délais sont bien plus importants comparés aux contrôles.
Il reste encore, dans les deux cas, des problèmes à surmonter, afin de déterminer par exemple quels patients pourraient bénéficier de ces traitements vraiment prometteurs lorsqu'ils fonctionnent. Mais les travaux vont se poursuivre et, espérons-le, déboucher d'ici quelques années sur la mise au point de nouvelles thérapies anticancéreuses toujours plus puissantes.

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