Un vaccin universel contre toutes les souches de la grippe et qui n'aurait pas besoin d'être mis à jour chaque année.





  Un vaccin universel contre toutes les souches de la grippe et qui n'aurait pas   besoin d'être mis à jour chaque année. 
                Chronique de Futura Santé/Nathalie MAYER  -  Proposé par Ali GADARI

Les chercheurs en rêvent. Et une équipe australienne assure aujourd'hui avoir fait une découverte majeure en la matière. Des cellules tueuses, capables de combattre tous les virus de la grippe.


Interview : comment lutter contre le virus de la grippe  Le virus de la grippe affectionne particulièrement le froid, qui lui permet de survivre plus longtemps. L’Institut Pasteur nous dévoile, dans cette interview de Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence de la grippe, pourquoi ce virus bien connu revient tous les ans. 
« Les virus de la grippe mutent sans arrêt pour échapper à nos défenses immunitaires et ils sont extrêmement diversifiés. Mais aujourd'hui, nous avons identifié des zones communes à toutes les souches susceptibles d'infecter les humains », explique Marios Koutsakos, chercheur à l'université de Melbourne (Australie). Et c'est à partir de là que son équipe a mis à jour des cellules de notre système immunitaire capables de procurer une immunité contre tous les virus de la grippe.
Des travaux antérieurs avaient déjà montré que ces cellules, connues sous le nom de lymphocytes T tueurs, étaient actifs dans la réponse à certains virus de la grippe. Selon les chercheurs australiens, elles seraient donc à même de combattre tous les virus de la grippe touchant l'homme (A, B et C). De quoi imaginer un vaccin universel qui n'aurait pas à être révisé chaque année.


Les cellules T tueuses constituent-elles la clé de la lutte contre la grippe ? © qimono, Pixabay, CC0 Creative Commons

          De premiers tests                          encourageants

Rappelons que les lymphocytes T sont des globules blancs qui circulent dans notre corps en quête d'infections à combattre. Les cellules T tueuses, quant à elles, ciblent et éliminent les cellules infectées. Elles sont naturellement présentes chez plus de la moitié de la population mondiale.
Pour démontrer la capacité de protection des lymphocytes T tueurs, l'équipe a d'ores et déjà mené des tests de vaccination« Ils ont révélé des niveaux remarquablement réduits de virus grippal et d'inflammation des voies respiratoires », annonce Marios Koutsakos. Mais il reste encore beaucoup à accomplir avant qu'un vaccin commercialisable soit mis au point.
POUR EN SAVOIR PLUS

   Bientôt un vaccin universel                   contre la grippe ?

De nombreux laboratoires sont en quête d'un vaccin universel contre la grippe, qui viendrait remplacer les produits actuels, dirigés contre certaines souches du virus, lesquelles peuvent muter d'une année à l'autre, diminuant l'efficacité de la vaccination. Les chercheurs semblent optimistes, même si le chemin est long. En octobre 2016, une équipe internationale (Espagne et Royaume-Uni) annonçait une piste prometteuse. L'année précédente, deux autres avaient elles aussi commencé à explorer deux voies distinctes.
          Article paru le 26/8/2015 et mis à jour à Marie-Céline Ray le 15/01/2017
Actuellement, le vaccin de la grippe saisonnière est conçu par anticipation, un an à l'avance, en prévoyant les souches qui devraient circuler l'hiver suivant. Mais le vaccin peut devenir inefficace si les souches mutent, ce qui arrive souvent avec les virus influenza (les virus de la grippe). C'est d'ailleurs ce qui s'est passé l'hiver dernier : le vaccin commercialisé s'est alors avéré bien moins efficace que prévu.
La réponse anticorps au virus influenza se concentre souvent sur la tête d'une glycoprotéineprésente à la surface des virions : l'hémagglutinine (HA). Cette protéine sert à la fixation du virus de la grippe sur les cellules humaines. Mais cette tête peut changer, ce qui nécessite de revoir le vaccin contre la grippe saisonnière tous les ans.
Deux équipes de recherche ont travaillé de manière indépendante et ont réussi à développer des vaccins basés sur une partie du virus qui mute moins souvent : la « tige » de l'hémagglutinine. Elle est reconnue par des anticorps capables de se lier à plusieurs sous-types d'hémagglutinines. Pour Ian Wilson, professeur de biologie structurale au Scripps Research Institute (États-Unis) ayant participé à l'une des deux études, « si le corps peut produire une réponse immunitaire contre la tige de HA, il est alors difficile pour le virus de s'échapper ».


Le virus de la grippe porte en surface la neuraminidase (en vert) et l'hémagglutinine (en bleu). © Sanofi Pasteur, Flickr, CC by-nc-nd 2.0

   Le vaccin protège la souris  contre plusieurs virus H1 mais          aussi contre H5N1

La première étude parue dans Nature Medicine a été menée par l'US National Institute of Allergy and Infectious Diseases à Bethesda (Maryland, États-Unis). Dans cet article, les chercheurs ont construit leur vaccin en isolant la tige de l'hémagglutinine et l'ont fusionnée avec des nanoparticules fabriquées à partir de la ferritine, qui transporte l'oxygène dans l'organisme. Ces particules stimulent le système immunitaire pour qu'il fabrique des anticorps contre les virus de la grippe.
Les chercheurs ont alors montré que les nanoparticules associées à la tige de l'hémagglutinine confèrent une protection contre plusieurs sous-types de virus influenza. En testant la vaccination sur des souris et des furets, ils ont en effet constaté qu'elle avait protégé complètement les souris, mais partiellement les furets, contre le virus H5N1 (virus de la grippe aviaire). Les furets sont un modèle animal particulièrement intéressant pour l'étude de la grippe humaine car ils partagent avec les Hommes la même protéine réceptrice utilisée par le virus lorsqu'il infecte les cellules.
La deuxième étude, à paraître dans Science, a été réalisée par le Crucell Vaccine Institute de Leiden, aux Pays-Bas, et le Scripps Research Institute de La Jolla, en Californie. Dans cette seconde étude, le vaccin a été testé sur des rongeurs et des primates. Les scientifiques ont trouvé que les animaux produisaient des anticorps qui pouvaient se lier à des hémagglutinines de plusieurs sous-types.
Dans les deux cas, il faudra encore plusieurs années pour poursuivre le développement du vaccin et le tester chez l'Homme.

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