Le père Fournier, aumônier des pompiers de Paris, raconte comment il a sauvé des reliques de Notre-Dame





Le père Fournier, aumônier des pompiers de Paris, raconte comment il a sauvé des reliques de Notre-Dame

        
L’aumônier a été nommé à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) en 2011. (Etienne Loraillère / Twitter)

L'obs   -   Proposé par Ali GADARI

L’aumônier, qui était déjà intervenu lors de l’attentat du Bataclan, a insisté pour entrer dans l’édifice en flammes.


Aumônier de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), le père Fournier était de permanence lundi 15 avril, lorsqu’un incendie a embrasé Notre-Dame de Paris. En arrivant sur place, son premier réflexe a été de pénétrer dans la cathédrale pour sauver la couronne d’épines et le Saint-Sacrement. Il a livré mercredi le récit de son exploit.
Face à la cathédrale en feu, le père Fournier, un ancien militaire qui est notamment allé en Afghanistan, a insisté pour entrer avec les pompiers dans le bâtiment, comme l’a raconté Philippe Goujon, maire du 15e arrondissement de Paris, à CBS. Sauver les deux reliques lui semblait « essentiel à accomplir », a expliqué l’aumônier à la chaîne catholique KTO.
Sa description de l’intérieur de la cathédrale en proie aux flammes est saisissante :« Elle était peu occupée par la fumée, il n’y avait pas du tout de chaleur. Mais nous avions une sorte de vision de ce que pourrait être l’enfer : des cascades de feu qui tombaient des ouvertures occasionnées par la chute de la flèche. »

La bénédiction du Saint-Sacrement au milieu de la cathédrale en flammes

Accompagné d’un officier supérieur, le père Fournier a été ralenti par la recherche du code du coffre-fort dans lequel se trouve la couronne d’épines. « Une équipe de pompiers sur place était déjà à l’œuvre afin de préserver les reliques, se souvient-il, c’est-à-dire en attaquant le reliquaire, le pulvérisant malheureusement. Nous sommes arrivés simultanément et la sainte relique a été sortie. » Sauvée des flammes, la Sainte Couronne, dont les catholiques croient qu’elle a été posée sur la tête de Jésus avant sa crucifixion, a été placée sous la protection de fonctionnaires de police.



Le père Fournier a ensuite atteint le Saint-Sacrement au moment où le feu a pris dans la tour Nord. Seul au milieu de la cathédrale, dans « un environnement, de flammes, de feu et de choses incandescentes qui tombent du plafond », il a béni le Saint-Sacrement. « J’encourage Jésus à nous aider à préserver son logis », explique-t-il à KTO.
« M’a-t-Il entendu et la manœuvre du général était-elle si brillante, il se trouve que non seulement le feu s’est arrêté, mais en plus, on a pu préserver la tour Nord et donc la tour Sud ! »
L’aumônier a tenu à saluer l’action de ses camarades sapeurs-pompiers, ainsi que le général Jean-Claude Gallet, qui a dirigé les opérations lundi soir : « [Il] a été absolument extraordinaire », a-t-il estimé.
Il a également expliqué pourquoi la sauvegarde du Saint-Sacrement, une hostie consacrée, était si importante à ses yeux. Il s’agit en effet, pour les catholiques, de la manifestation de Jésus, « son corps, son âme », comme l’explique l’aumônier. « Il est difficile de voir quelqu’un qu’on aime périr dans les flammes, ajoute-t-il. Accompagnant assez régulièrement les sapeurs-pompiers, je vois trop souvent des victimes des incendies. Voilà pourquoi je tenais à préserver absolument la présence réelle de notre seigneur Jésus-Christ. »

L’incendie, un « Carême miniature »

Face à l’incendie, le père Fournier ne se laisse pas abattre, et préfère trouver une morale chrétienne au drame : « Nous avons commencé le Carême en imposant des cendres et en disant “Souviens-toi, homme, tu es poussière et tu retourneras à la poussière”. Et bien c’était exactement un Carême en miniature. » Il explique :
« La cathédrale était en train de retomber à la poussière, non pas pour disparaître complètement, mais comme pour les Chrétiens, pour renaître plus belle et plus forte encore. »
Nommé à la BSPP en 2011, le père Fournier est intervenu au cours de plusieurs évènements importants ces dernières années, notamment lors de l’attentat du Bataclan en 2015. Selon « Famille chrétienne », il avait d’abord aidé des blessés à évacuer, avant de prier sur le corps des morts : « [J’ai donné] l’absolution collective, comme l’Eglise m’y autorise », avait-il commenté.
M. F.

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