Dick Rivers, icône du rock’n’roll à la française, est mort





Dick Rivers, icône du rock’n’roll à la française, est mort

                        Le Monde/Sylvain SICLIER   -   Proposé par Ali GADARI


Hervé Forneri, de son vrai nom, était tombé dans le rock dès son enfance. Il est mort, le jour de ses 74 ans.

Dick Rivers en 2006.
Dick Rivers en 2006. STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP
Ancien chanteur des Chats sauvages, groupe formé début 1961 et qu’il quittera à l’été 1962, Hervé Forneri, dit Dick Rivers, est mort à Paris des « suites d’un cancer », dans la nuit du mardi 23 au mercredi 24 avril, jour anniversaire de ses 74 ans, a annoncé, dans la matinée de mercredi son manager, Denis Sabouret.
Il était l’un des plus célèbres défenseurs et le propagateur du rock’n’roll à la française au début des années 1960, avec Johnny Hallyday et Eddy Mitchell.
Né le 24 avril 1945 à Nice, fils de commerçants, Dick Rivers – nom pris en référence au personnage de Deke Rivers, interprété par Elvis Presley dans le film Loving You (1957), d’Hal Kanter – est tombé dans le rock’n’roll dès son enfance.
Ses idoles ont pour nom Elvis Presley, Gene Vincent, Johnny Cash, Jerry Lee Lewis, Little Richard…, dont il traque les moindres chansons diffusées à la radio et les rares 45-tours qui traversent l’Atlantique. Il déclarera régulièrement que c’est à leur écoute qu’il a appris l’anglais. Dans son chant en français, d’une voix assez grave, il y avait une pointe de cet accent, tout comme une forme de théâtralité vocale qui rappelait celle de son maître Presley.

Son énergie au service du rock

Après avoir participé à divers groupes locaux sans lendemain, il cofonde Les Chats sauvages début 1961, à Nice, avec les frères Roboly, tous deux guitaristes. Entre adaptations en français de succès du rock et compositions originales, le groupe va devenir l’un des plus populaires des pionniers du rock et du twist au début des années 1960. Le 24 avril 1961, le quintette signe avec Pathé-Marconi et enregistre immédiatement son premier 45-tours. Dick Rivers sera présent au chant sur sept 45-tours (quatre titres) et sur deux albums 33-tours (format 25 cm). Quelques-unes des chansons avec Rivers vont devenir des classiques, dont Twist à Saint-Tropez et Est-ce que tu le sais.
En août 1962, peu après la sortie d’Oh ! Oui, deuxième album du groupe, Dick Rivers décide de commencer une carrière en solo. Il réunit des musiciens anglais qui seront présents sur son premier album, intitulé Dick Rivers, auquel collabore aussi le pianiste de jazz Martial Solal. Dick Rivers prend alors son envol. Et même si la perception de sa carrière en fera souvent un éternel troisième homme derrière Hallyday et Mitchell, rien dans ses déclarations ou son attitude ne montre qu’il l’aura vécu négativement. L’important restant pour lui de mettre son énergie, son enthousiasme au service du rock, que quelques passages vers un registre plus proche de la variété ne viendront pas tempérer.
Il a un gros succès en juin 1963 avec Je ne peux pas t’oublier, adapte les Beatles, Buddy Holly – à qui il consacrera un album entier à l’automne 1991, Holly Days in Austin –, Roy Orbison, etc. Entre mars 1964 et décembre 1965 paraissent quatre albums à son nom. On y entend sa connaissance du rock, des premières virées vers la country. Dès fin 1965, son oreille est attirée par la soul music, qui va irriguer en partie son meilleur album des années 1960, Mister Pitiful, publié en 1966.

De la soul à la country de la Louisiane

Régulièrement, dans ses enregistrements, Dick Rivers convoque de prestigieux musiciens – Steve Cropper, James Burton, Jimmy Page, Chris Spedding, Charlie Sexton… –, se montre attentif aux évolutions des sons de l’époque, sans toutefois perdre de vue une approche authentique de ses racines rock et country. En 1969, il enregistre l’album le plus étrange de sa carrière, intitulé L’?, dont il dira, lors d’une réédition en 2016, qu’il est celui dont il est « le plus fier ». On y entend Gérard Manset en narrateur, un orchestre de cordes et de vents, des déformations sonores venues du rock psychédélique, des ambiances bossa, du flamenco. Un échec commercial.
Les années 1970 lui seront plutôt favorables. Entre 1972 et 1974, Dick Rivers va travailler avec Alain Bashung, pour qui les succès de Vertige de l’amour ou Gaby sont encore loin. Cela donne trois albums The Rock MachineRockin’Along… The River’s Country Side et Rock & Roll Star. Il est en tête d’affiche à l’Olympia, à Paris, pour une série de concerts en mai 1973. Comme il avait réussi son passage vers la soul, celui l’ayant mené vers le country blues de la Louisiane marque par une qualité de production typique des années 1970, avec les albums Mississippi River’s (1976) et Dixie (1977). A chaque fois, Dick Rivers combine des ballades, dont il est un interprète élégant, sensible, à des thèmes plus enlevés, aux sources du rock’n’roll, du blues et de la country.

Dernier album paru en 2014

Dans les années 1980, s’il continue d’enregistrer régulièrement des singles et albums – dont un pour une éphémère reformation des Chats sauvages, en 1982 –, avec des pochettes qui le montrent en gros plan, cheveu noir de jais, mèche en avant, œil de velours, il va se faire plus rare sur scène. De 1982 à 1992, il a la responsabilité d’une émission sur le rock sur Radio Monte-Carlo. Le double-album Linda Lu Baker, en septembre 1989, se veut un rappel de tous les styles de la musique américaine qu’il a pratiqués à travers l’évocation d’une actrice des années 1950 – Norma Jean Baker, dite Marilyn Monroe, n’est à l’évidence pas loin. Participent à cette autre étrangeté de la discographie de Dick Rivers, Francis Cabrel, Liane Foly, le groupe Gold, le Golden Gate Quartet, Eddy Mitchell.
La compilation Very Dick, publiée en 1994, constitue un bon panorama de son parcours phonographique depuis ses débuts. Il gardera ce titre pour son autobiographie publiée en 1996 chez Michel Lafon. Après un passage à Bobino, le 21 novembre 1995, qui marque son retour à la scène, il est en tournée. Le festival des Francofolies de La Rochelle le fête à l’été 1996. En mars 2006, on retrouve la jeune génération de la chanson, pour l’écriture des chansons d’un album à son nom, Dick Rivers. Sont de la partie Benjamin Biolay, Matthieu Chedid, Mathieu Boogaerts, Mickey 3D… En mai 2014 était paru son dernier album, sobrement intitulé Rivers.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Comment Le Creusot, berceau industriel ravagé, a su rebondir,

**Gilets Jaunes** pourquoi le **bleu**Macron entre dans la zone rouge?

Le chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, pourrait avoir été tué par l'armée russe?