Le Sri Lanka traque ce lundi 22 avril les responsables de la vague d’attentats
Le Sri Lanka traque ce lundi 22 avril les responsables de la vague d’attentats
L'Obs - Proposé par Ali GADARI
Le Sri Lanka traque ce lundi 22 avril les responsables de la vague d’attentats suicides qui ont fait 290 morts la veille dans l’île d’Asie du Sud, dans un déchaînement de violence imputé par les autorités à un mouvement islamiste local.
Tout en désignant le National Thowheeth Jama’ath (NTJ), le porte-parole du gouvernement a indiqué avoir « du mal à voir comment une petite organisation dans ce pays peut faire tout cela ». « Nous enquêtons sur une éventuelle aide étrangère et leurs autres liens, comment ils forment des kamikazes, comment ils ont produit ces bombes », a-t-il ajouté.Les autorités sri-lankaises enquêtent sur d’éventuels liens de l’organisation avec des groupes étrangers. Le NJT avait fait il y a dix jours l’objet d’une alerte diffusée aux services de police, selon laquelle le mouvement préparait des attentats contre des églises et l’ambassade d’Inde à Colombo.
Personne n’a revendiqué les attentats-suicides, qui ont fait au moins 290 morts et 500 blessés, mais les autorités sri-lankaises ont arrêté 24 suspects et indiqué que le FBI américain les assistait dans leur enquête.
Interpol a annoncé le renforcement de son aide, par le déploiement en cours d’une équipe d’enquêteurs sur place.
En annonçant l’arrestation d’un premier groupe de huit suspects, le premier ministre Ranil Wickremesinghe a déclaré à la télévision : « Jusqu’ici, les noms que nous avons sont locaux » mais les enquêteurs cherchent à savoir s’ils ont d’éventuels « liens avec l’étranger ».
Il a par ailleurs reconnu qu’« il y avait des informations », qui « doivent faire l’objet d’une enquête », sur des risques d’attaques. Le chef de la police nationale, Pujuth Jayasundara, avait émis une alerte il y a dix jours, sur la foi d’informations « d’une agence de renseignement étrangère » avertissant qu’un mouvement islamiste, le NTJ, projetait « des attentats-suicides contre des églises importantes » et l’ambassade d’Inde à Colombo.
Le Premier ministre a déclaré dimanche que lui-même et d’autres hauts responsables du gouvernement n’avaient pas été informés de la menace et que « nous devons rechercher les raisons pour lesquelles des précautions adéquates n’ont pas été prises ».
Semer la peur et la division
Le NTJ (National Thowheeth Jama’ath) s’était fait connaître l’an passé en lien avec des actes de vandalisme commis contre des statues bouddhiques. En 2016, son secrétaire, Abdul Razik, a été arrêté pour incitation au racisme.
Galagodaatte Gnanasara, chef d’un groupe radical bouddhiste, le BSS, a alors mis en garde contre « un bain de sang » à moins que Razik ne soit arrêté. Depuis, Gnanasara a lui-même purgé une peine de prison pour avoir intimidé la femme d’un journaliste porté disparu.
Mais si le Sri Lanka, une nation insulaire de l’océan Indien, a été ravagé par des décennies de guerre civile qui s’est terminée en 2009, il n’a guère d’histoire de violence islamiste.
L’objectif du National Thowheeth Jama’ath n’est pas l’insurrection, a déclaré au « New York Times » Anne Speckhard, directrice du Centre international pour l’étude de l’extrémisme violent . Il vise surtout à propager le mouvement djihadiste mondial au Sri Lanka et à créer la haine, la peur et les divisions dans la société, ajoute la chercheuse.
« Il ne s’agit pas d’un mouvement séparatiste », a-t-elle déclaré. « Il s’agit de religion et de punir. »
Les attentats-suicides coordonnés de dimanche, ciblant des membres de la minorité catholique sri-lankaise et des clients d’hôtels privilégiés par les touristes étrangers, sont similaires à ceux perpétrés ailleurs par de grands groupes djihadistes islamistes « qui entretiennent la haine religieuse », comme comme l’Etat islamique ou Al-Qaïda, a déclaré AnneSpeckhard.
Les Tamouls ont été parmi les premiers groupes au monde à utiliser les attentats-suicides comme tactique courante. La guerre civile a pris fin il y a dix ans à la suite d’une opération de grande envergure menée par l’armée pour vaincre les Tamouls et tuer leur chef.
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