La Voie lactée, « fleuve de lait nourricier »,
La Voie lactée, fleuve de lait nourricier
Chronique Futura Sciences/Xavier DEMEERSMAN - Proposé par Ali GADARI
La Voie lactée, « fleuve de lait nourricier », porte des milliards d’étoiles et brille d’innombrables noms chantés par les poètes depuis des millénaires. Voici sa légende la plus courante et quelques autres du monde entier.
Plus difficile à voir de nos jours qu’il y a un siècle ou deux millénaires, la Voie lactée envoûte l’imaginaire de l’humanité depuis des temps immémoriaux. Il faut dire qu’elle est magnifique et fascinante par une nuit noire, en plein désert ou au sommet des montagnes reculées. Sans la pollution lumineuse, si nuisible pour les oiseaux de nuit comme pour les astronomes, on peut admirer dans toute sa splendeur cette longue arche blanchâtre constellée d’étoiles. Et mieux encore, l’été quand elle s’élance à travers le ciel, du nord au sud en passant par le zénith.
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« La Voie lactée comme une fente lumineuse s’élargit chaque nuit »,Blaise Cendrars, Nuits Étoilées
Cette « nébuleuse-mère » est notre galaxie, comme l’ont compris les astronomes à l’aube du XXe siècle. Une immense communauté d’étoiles, pour la plupart concentrées dans un disque de quelque 100.000 années-lumière de diamètre. Une galaxie parmi des centaines de milliards d’autres que les habitants d’une petite planète bleue tournant autour d'une étoile banale (à environ 26.000 années-lumière du centre), ont baptisée Voie lactée (Via lactea).
D’où vient le nom de la Voie lactée ?
Un nom devenu universel qui trouve ses racines dans la mythologie grecque. Mais pourquoi un chemin de lait dans le ciel ? C’est à cause d’Héraclès (Hercule pour les Romains), raconte la légende. Son père Zeus (Jupiter) qui avait une liaison avec la mortelle Alcmène voulait en effet que son fils devienne immortel comme les autres dieux. Pour cela, il fallait que le demi-dieu boive le lait d’une déesse. Aussi, pour ce faire, le dieu de la foudre pensa-t-il à son épouse Héra (Junon) mais comme celle-ci ne savait rien de cette aventure extraconjugale, il fallait que ce soit pendant son sommeil afin qu’elle ne s’aperçoive de rien. Ainsi, c’est à Hermès qu’incomba la délicate tâche de porter le nourrisson jusqu’aux seins de la déesse, une fois la nuit venue. Très avide, Héraclès téta goulûment le lait d’Héra au point même de la mordre, ce qui la réveilla aussitôt. C’est alors qu’en repoussant l'enfant, une giclée de lait divin éclaboussa la voûte céleste, laissant cette trace bien visible.
Telle est la légende de la Voie lactée. Au passage, rappelons que le terme « galaxie » a la même origine : le lait, galaktias en grec (galaxias en latin). Elle désigne le « cercle lacté », galaktías kýklos.
Enfin, une autre légende grecque révèle que la Voie lactée a été créée par le char brûlant d’Hélios que le novice Phaeton, fils de Phébus, n’a pas su maîtriser en passant près du Scorpion. S’ensuivit alors un incendie qui menaça d’embraser l’Univers !
Les autres noms de la Voie lactée
D’une culture à l’autre, aux quatre coins du monde, ce chemin tapissé d’étoiles est chanté et honoré sous d’autres noms, d’autres légendes. En voici quelques-unes.
Pour les Navajos, par exemple, elle est l’œuvre du Coyote qui, dans la précipitation éparpilla tous les galets-étoiles que lui avait confiés, à lui et d’autres animaux, le Grand Esprit. En Estonie, elle est le voile laissé par Lindu dans le ciel. Un voile scintillant qui guide les oiseaux migrateurs dont elle avait la charge. C’est le « chemin des oiseaux ». En Extrême-Orient, c’est le fleuve céleste Tien Ho. Un fleuve d’argent qui sépare les deux amants, Tche-Niu, fille de l’empereur céleste, et un bouvier qui vivait sur Terre. Ils ne peuvent se retrouver dans le ciel qu’une fois par an, lors de la septième nuit de la septième lune. L’une, la « tisseuse céleste » est incarnée par l’étoile Véga et l’autre par Altaïr. Pour des Indiens de Bolivie, la Voie lactée est le serpent Nyoko qui dévore toutes les étoiles insatiablement. En Inde, elle est aussi associée à un serpent : Nâgavithi. D’autres voient en elle, le lit du Gange.
« Tu brilles au sein de la nuit, et sensible à tout l’univers, tu frappes les yeux des mortels ; tu répands ta douce lumière, toutes les fois que l’air sans nuage, nous laisse librement porter nos regards jusqu’à la voûte céleste. Cette blancheur éclatante qui te fait si aisément remarquer, t’a fait donner le nom de Voie lactée. Soit parce que des gouttes de lait, tombées du sein de Junon, coulent obliquement à travers les astres, et tracèrent sur l’azur des cieux cette bande si remarquable par sa blancheur ; soit, selon d’autres, parce que c’est le chemin qui conduit à la demeure des Dieux, et au palais du maître du tonnerre. » Georges Bucahanan, La Sphère
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