L’ère de l’« harmonie ordonnée »
L’ère de l’« harmonie ordonnée »
L'Obs - Proposé par Ali GADARI
C’est un pays qui a un mot pour décrire l’action de regarder les cerisiers en fleurs – o-hanami – ou pour évoquer les feuilles qui rougissent à l’automne – momijigari. Un pays où, merveille !, le passage des saisons est annoncé au journal télévisé, tandis qu’une pléthore d’applications permettent de suivre au jour le jour l’évolution des bourgeons et la couleur des feuillages, thermomètre plus poétique que l’indice du CAC 40, on en conviendra.
C’est aussi le dernier pays au monde qui découpe le temps en ères, impériales en l’occurrence, un système de datation qui figure dans tous les documents officiels en parallèle avec notre calendrier grégorien, comme si le Japon finalement vivait toujours dans son temps à lui. Depuis 1989 et la mort de Hirohito, le pays vivait à l’ère Heisei : la décision de l’empereur Akihito d’abdiquer le 30 avril 2019 en faveur de son fils Naruhito – contrairement à ce que veut la loi impériale où le changement d’ère n’intervient qu’à la mort du souverain – a mis en effervescence le pays.
L’ère de l’« harmonie ordonnée »
Il a fallu baptiser cette nouvelle ère. Des comités d’experts ont travaillé des mois dans le plus grand secret : pendant les réunions, leurs téléphones étaient confisqués et les plantes du bâtiment où avaient lieu les conciliabules avaient même été inspectées pour vérifier qu’il n’y avait pas de micros !
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