Pape contre pape
Pape contre pape : la « guerre civile » monte d’un cran au Vatican
Benoît XVI est sorti de sa réserve pour publier un texte étonnant qui attribue la crise de l’Eglise à la révolution sexuelle. Le célèbre vaticaniste Marco Politi décrypte pour « l’Obs » ce nouvel épisode de la guerre entre conservateurs et réformateurs au Vatican.
La photo des deux papes diffusée par la presse vaticane pendant la semaine de Pâques – Bergoglio avec le regard mélancolique qu’il arborait dans le métro de Buenos Aires et Ratzinger recroquevillé dans son fauteuil avec ses sandales de touriste allemand – révèle ce qu’elle veut dissimuler. Un équilibre s’est rompu. Les erreurs se paient : le pape démissionnaire devait trouver refuge dans un couvent, jamais au Vatican ; le titre « Sa Sainteté » et l’habit blanc devaient rester réservés au pape régnant. Le texte que vient de publier Benoît sur les abus sexuels, la révolution des mœurs de 1968 et l’affaissement de la morale catholique après le concile Vatican II, a secoué le pontificat de Bergoglio.
L’opposition à François a maintenant son manifeste écrit par « l’autre pape ». Pendant six ans, Benoît s’est montré d’une correction et d’une loyauté sans faille. Aujourd’hui encore, il n’entendait pas s’opposer à Bergoglio, mais il a été poussé psychologiquement par le milieu théologique conservateur, qui se place derrière lui, à prendre une position qui n’est pas, comme l’a cru le pape démissionnaire de 92 ans, une contribution à la réflexion, mais une lourde interférence dans l’activité de gouvernement de François. Ce que tout le monde a compris, au Vatican comme ailleurs.
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