Yanick Lahens bouscule le Collège de France
Yanick Lahens bouscule le Collège de France
Marianne/Marion Rousset - Proposé par Ali GADARI
« Je ne vis pas en France, donc, au début, je n'ai pas vraiment mesuré la nouveauté ou même la rupture que symbolise la présence d'une femme noire au Collège de France », affirme l'écrivaine haïtienne Yanick Lahens, première titulaire de la chaire des mondes francophones. « Je l'ai vraiment réalisé quand le corps professoral m'a rejointe dans le bureau attenant à l'amphithéâtre pour m'y accompagner, comme le veut le protocole. »
Il faut dire que la prestigieuse institution, à la tonalité plutôt monochrome, accueille parmi ses professeurs 83 % d'hommes. Alors, quand Yanick Lahens monte sur l'estrade, l'émotion est palpable. Il se passe quelque chose, comme un frémissement. « Vous verrez, c'est un public différent, c'est bien », se réjouissait d'ailleurs un instant auparavant l'attaché de presse.
CÉRÉMONIE DANS LES FORMES
En apparence, pas de révolution, le rituel est respecté. D'abord l'administrateur Alain Prochiantz prend la parole, auquel succède l'écrivain Antoine Compagnon. Mais déjà des mots sont prononcés - « diversité des Français », « discriminations », « racisme », « esclavage », « colonialisme » - qui hérissent les présentations de rigueur.
Puis c'est au tour de l'auteur de Bain de lune, couronné du prix Femina en 2014, de se lancer. On sait l'exercice de la leçon inaugurale périlleux, il en a fait transpirer plus d'un. Pourtant, en ce jeudi 21 mars, alors qu'à l'extérieur le jour décline, sa voix est ferme et posée. Avec l'aisance de celle qui vit loin des cénacles parisiens et des intrigues intellectuelles propres à ce petit milieu, elle électrise aussitôt la salle par le récit de ses premiers pas dans l'enceinte du Collège de France, à l'occasion d'une journée consacrée à l'historien Jules Michelet.
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